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COMMERCE EXTÉRIEUR DE LA FRANCE EN 1860

Le traité de commerce avec l'Angleterre et le régime douanier libéral qu'il a inauguré prêtent un intérêt particulier à l'aperçu sur le commerce extérieur de la France en 1860, publié récemment par le Moniteur. Toutefois, les changements du tarif n'ayant été appliqués que dans le courant de l'exercice, même à des époques différentes pour les divers articles, il ne faut pas s'attendre encore à des résultats bien tranchés. Mais on pourra peut-être découvrir des tendances. Examinons donc les chiffres et voyons où ils parlent clairement, et où il s'agit de démêler le sens d'indications plus ou moins obs

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Portons avant tout notre attention sur les denrées et matières dégrevées sans distinction de provenance, et commençons par les denrées coloniales, le café, le sucre et le cacao. Nous trouvons les chiffres suivants :

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L'accroissement de l'importation du café ne saurait encore être mis sur le compte de la réduction des droits, puisqu'il y a progrès de 1858 à 1859, et qu'en 1860, les commandes en vue de profiter de la modération des droits ne pouvaient être expédiées que vers le milieu de l'été. La loi est du 23 mai. De là vient peut-être aussi, que les plus fortes augmentations se constatent pour les provenances favorisées par leur moindre éloignement de la France, Haïti, Cuba, le Brésil, etc. — y a eu diminution sur l'importation du café de Java et des Indes anglaises.

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Les fluctuations des quantités de sucre importées des colonies doivent être attribuées aux vicissitudes des récoltes. Le sucre étranger montre une tendance à fréquenter notre marché; espérons qu'il persévérera dans cette voie.

Nous passons aux matières premières, dont le tarif a été modifié par la loi du 5 mai dernier.

L'effet nous paraît surtout sensible sur le coton. De 795,530 quint. mét. en 1858, il n'est arrivé en 1859 qu'à 816,176 quint., augmentation 2 à 3 0/0 ; mais en 1860, l'importation a atteint 1,256,988 quint., augmentation 54 0/0. Quelles que soient les autres causes qui peuvent avoir contribué à ce résultat, il est évident que le nouveau tarif y entre pour sa part.

Nous devons en dire autant de la laine. L'importation a été de 360,187 quint. mét. en 1858, de 400,409 qu. en 1859 et de 532,287 qu. en 1860. Presque toutes les provenances ont participé à cet accroissement; il est remarquable que l'exception ne porte pas sur le Rio de la Plata, par exemple, mais sur l'Allemagne et l'Algérie; cela voudrait-il dire que la laine de l'une est trop fine et celle de l'autre trop commune pour être affectée par le tarif?

Négligeant les autres matières premières degrevées par la loi du 3 mai et qui ont toutes, comme l'indigo, la cochenille, etc., vu accroitre considérablement leur importation, nous réunirons ici quelques-unes des marchandises comprises dans le traité avec l'Angleterre.

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Il n'y a ici, sauf peut-être pour les fils et tissus de lin, encore aucune trace de l'influence du traité. D'une part, parce que le nouveau tarif n'a été mis en vigueur que vers la fin de l'année, et de l'autre, parce que plusieurs circonstances en ont neutralisé les effets. Nous citerons dans ce sens la hausse du prix de la houille. Ajoutons que, cette année, le traité a naturellement agi d'une manière défavorable, car l'attente d'une réduction prochaine des droits diminue toujours l'importation.

Parmi les autres marchandises importées, voici celles dont l'accroissement a été le plus fort en 1860.

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Les seuls objets sur lesquels le tableau du commerce de 1860 montre un accroissement d'exportation décidé sont, pour la plupart, précisément ceux qui, d'après certaines personnes, pouvaient le moins soutenir la concurrence étrangère, ou dont la production est censée décliner en France. Nous les réunissons sur le tableau qui suit :

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Nous pouvons ajouter certains tissus de coton, quelques produits moins importants et notamment les tourteaux, dont nous aimerions mieux voir l'exportation diminuer, et la consommation agricole augmenter. La diminution de l'exportation des tissus de coton écrus ne date pas seulement de 1860; il n'y a donc pas à l'imputer au tarif. Nous avons malheureusement à signaler la décroissance de la sortie d'un assez grand nombre de produits, et de produits essentiellement français. Pour abréger, nous allons également donner, sous forme de tableau, les principaux d'entre eux :

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Les quantités de vin, d'alcool, de garance, même de soie, disponibles pour l'exportation dépendent de la faveur des saisons; mais à quoi attribuer la diminution de la sortie des modes? Le monde civilisé, car le marché de nos modes l'embrasse tout entier, souffrirait-il de quelque malaise? Le luxe serait-il en voie de déclin? Ce serait tirer de trop sombres pronostics d'un fait tout temporaire qui s'explique peut-être par la seule circonstance que l'Italie a cessé momentanément d'être notre cliente, ou la cliente de nos modistes, ses dames ayant des soucis bien autrement graves que la coupe d'une robe ou d'un chapeau, ou que d'autres détails semblables.

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La comparaison du produit des douanes en 1860 avec le revenu qu'ils ont fourni en 1858 et 1859 peut servir à indiquer à quel prix le Trésor a payé les améliorations introduites récemment dans notre tarif. Les progrès ne s'obtiennent pas pour rien; seulement, contrairement aux fautes qu'on commet, ils remboursent avec bénéfice, quelquefois avec usure, les dépenses qu'ils ont occasionnées. A ce titre, nous aurions à demander plus de 50 millions à nos douanes, si tant est que ce soit à eux à en opérer le remboursement intégral. Les compensations peuvent venir d'autres sources de revenu et peuvent même consister en avantages d'autre nature; mais c'est là une question que nous n'avons pas à traiter en ce moment. Bornons-nous à mettre en regard les principales marchandises sur lesquelles on constate une perte.

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Nous passons les produits d'une moindre importance.

Pour quelques-unes des marchandises de ce tableau, pour les matières premières, l'année 1860, ou plutôt 1859, marquera comme la dernière d'une série. Relativement aux denrées coloniales, au contraire, c'est une nouvelle série qui commencera en 1860, ou mieux encore en 1861.

L'année 1860, qui a vu opérer toutes ces réformes, se trouve exclue des deux côtés, parce qu'elle n'appartient en entier ni à l'un ni à l'autre régime. Combien de temps faudra-t-il jusqu'à ce que les produits antérieurs du café et du sucre soient retrouvés? Nous l'ignorons, et nous n'essayerons même aucune conjecture, parce que le bon marché n'est pas l'unique stimulant de la consommation, parce que la réduction des droits peut coïncider avec la hausse des prix, enfin parce que les circonstances qui favorisent la consommation peuvent être neutralisées par des événements qui la resserrent.

Après les fortes diminutions constatées sur le tableau qui précède, les augmentations de revenu produites par un certain nombre d'articles feraient une triste figure. Comment mettre des milliers de francs en regard de millions? Comment comparer un progrès lent et normal avec des changements à vue, avec des transformations à coup de baguette?

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Celui qui, du paragraphe précédent, déduirait la conséquence que notre commerce a diminué en 1860 se tromperait certainement. On ne doit pas confondre les revenus du Trésor avec les quantités importées ou exportées. Quant à celles-là, leur augmentation ressort, ce nous semble, dans une certaine mesure, du mouvement de la navigation, dont voici les principaux chiffres:

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Bâtiments.

Navires.

Tonnage.

Navires.

Tonnage.

Navires. Tonnage.

Français... 10.681 10.681 1.667.093 10.384 1.621.727 10.538 1.586.983 Étrangers.. 14.409 2.350.200 14.409 2.350.200 14.629 2.375.777 13.525 2.224.131

Totaux.. 25.081 4.017.293 25.013 3.997.504 24.063 3.811.114

SORTIE.

Français... 8.013 1.342.714 8.782 1.475.181 9.270 1.400.432 Étrangers.. 10.443 1.503.016 11.168 1.563.457 10.698 1.482.524 Totaux.. 18.456 2.845.730 20.450 3.038.638 19.968 2.882.956

Il est regrettable que nous ne sachions pas encore combien de ces navires étaient sur lest et combien étaient chargés. Ces indications eussent été nécessaires pour rendre la démonstration décisive.

C'est toujours Marseille qui figure en tête des ports français. Le mou

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