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statistiques belges. L'espace nous manque pour relever les chiffres importants de cette partie de l'industrie belge. Nous y voyons le nombre et l'étendue des mines de houille concédées ou tolérées provi soirement, à la date du 31 décembre 1858; le nombre et l'étendue des mines de houille en exploitation en 1858; les moyens mécaniques d'extraction, le nombre des ouvriers employés à l'exploitation de la houille.

Les mines métalliques ont aussi leur chapitre dans ce beau travail; nous y voyons le nombre et l'étendue des mines concédées, les moyens mécaniques d'extraction, le nombre des ouvriers employés et les produits des mines métalliques.

Les documents statistiques sont enrichis, cette année, de tableaux relatifs à l'exploitation des carrières, ainsi que nous l'avons dit, et à l'exploitation des minerais de fer.

L'industrie métallurgique est en progrès chez nos voisins; elle prouve une grande activité. Les tableaux d'exportation des produits des principales branches de cette industrie sont significatifs en ce sens.

Les documents statistiques se terminent par le tableau des recettes et dépenses générales du département des travaux publics.

Tout cet ensemble de tableaux et de chiffres, qui révèle l'activité, l'ordre, le progrès chez un peuple intelligent et habile, font honneur à la nation qui en fournit les éléments et au gouvernement paternel et libéral qui sait si bien la seconder sans pression et sans intervention intempestive.

JULES PAUTET.

CORRESPONDANCE

Question monétaire.

A Monsieur le Directeur du JOURNAL DES ÉCONOMISTES.

Monsieur,

Dans mes premières lettres sur la question monétaire, je me suis attaché à défendre le système qu'avait fondé la législation de l'an III et de l'an xi. En examinant attentivement cette législation, on reconnaît sans peine que le privilége de servir d'étalon n'a été attribué qu'à l'argent, et que le franc de 5 grammes d'argent, au titre de 1, est notre seule unité monétaire.

Il était facile de maintenir ce système, si on l'avait voulu, au moment même où l'or a commencé à devenir plus abondant, c'est-à-dire il y a une dizaine d'années. A cette époque, nous n'avions en France qu'une petite quantité de monnaie d'or, et jamais un payement de quelque importance ne se faisait en or. Lorsque, dans un cas particulier, pour les dépenses d'un voyage, par exemple, quelqu'un avait besoin d'une somme plus ou moins forte en monnaie d'or, il allait acheter chez un changeur un certain nombre de pièces d'or, moyennant une prime qui variait généralement de 20 à 50 c. par pièce de 20 fr.

L'or avait donc, en réalité, une valeur variable, par rapport à l'argent, et rien n'aurait empêché de consacrer cet état de choses par la loi. Le public s'était habitué à voir une pièce d'or, dite de vingt francs, valoir un peu plus de 20 fr. en argent; il se serait habitué tout aussi bien à la voir valoir un peu moins. En déclarant la valeur de l'or variable, on ne froissait aucune habitude, on ne portait aucun trouble dans les transactions.

Une décision prise dans ce sens, en 1849 ou 1850, aurait suffi pour retenir en France une grande quantité d'argent et pour ralentir l'invasion de l'or; et cela pouvait se faire, je ne dirai pas sans objection, mais du moins sans difficulté grave.

A tort ou à raison, on ne l'a pas fait. Notre monnaie d'argent est sortie de France par centaines de millions, et elle a été remplacée par une énorme quantité d'or, qui est venue se faire monnayer chez nous. L'état de choses qui existait il y a dix ans est donc aujourd'hui complétement renversé, et telle mesure qui eût été toute simple dix ans plus tôt, devient maintenant, d'année en année, plus difficile à réaliser (1).

Les payements, qui autrefois se faisaient en argent, se font aujourd'hui en or. L'argent ne sert plus que d'appoint. Le public s'est habitué à voir les pièces d'or circuler avec une valeur constante et devenir l'instrument principal des échanges. Si l'on voulait maintenant déclarer variable la valeur de cette monnaie, qui s'est emparée presque exclusivement de la circulation, le public se récrierait et accueillerait probablement fort mal une pareille mesure.

Quoi qu'on puisse penser du changement qui s'est ainsi opéré, il faut bien en tenir compte. L'argent est resté notre étalon légal; mais, en fait, l'or tend à se substituer à l'argent comme étalon, et, par le seul effet de la force d'inertie, une révolution s'est accomplie dans notre régime monétaire. Pour mettre la loi d'accord avec le régime nouveau qui s'é

(1) Nous n'avons pas besoin de dire que nous laissons à notre correspondant, très-compétent d'ailleurs, la responsabilité de la proposition qu'il émet par suite de cette assertion. (Note de la rédaction.)

tablit presque en dépit d'elle, on sera conduit, un jour ou l'autre, à transférer officiellement, de l'argent à l'or, le privilége de servir d'étalon.

Je crois qu'il n'y aura bientôt plus d'autre parti à prendre, et je le dis sans prévention, car j'aurais mieux aimé le moyen tout différent dont j'ai parlé d'abord, et j'ai regretté qu'on n'y eût pas recours. Peu importe, au surplus, qu'une autre solution eût été possible ou préférable dans le passé; il s'agit de pourvoir à l'avenir et d'apprécier ce qu'il reste de mieux à faire désormais.

Mais le plus mauvais de tous les partis serait de ne pas prendre de parti du tout et de laisser se prolonger indéfiniment une situation dans laquelle la loi est en désaccord avec les faits. On peut déjà voir les conséquences de cette anomalie: elle entrave nos relations journalières avec nos voisins de Suisse et de Belgique, et menace d'amener la rupture de l'association monétaire qui existait entre eux et nous (1).

Supposons donc, et la supposition ne tardera peut-être pas beaucoup à se vérifier, supposons que, d'accord avec nos voisins et alliés, nous reconnaissions la nécessité d'adopter l'étalon d'or. Quelle devra être alors notre unité monétaire? Ce ne sera plus le franc, je l'ai déjà fait remarquer, car le franc est un disque d'argent du poids de 5 grammes, et nous ne pourrions pas désigner une autre chose par le même nom sans tomber dans la plus déplorable confusion. Il résulte, d'ailleurs, de la loi du 7 germinal an XI, que le franc de 5 grammes d'argent serait représenté en or par la fraction de gramme, ou 0 gr. 32258. Or, personne ne peut songer à prendre une pareille fraction pour unité de mesure; et si nous avions jamais une idée si bizarre, il faudrait renoncer à faire accepter notre système monétaire par qui que ce soit. On repousserait partout nos propositions comme irrationnelles et inconséquentes. Pour nous, en effet, qui voulons maintenir l'ensemble et la coordination du système métrique, l'unité monétaire ne peut être qu'un multiple du gramme ou une fraction simple et décimale du gramme. Mais qu'y a-t-il de plus simple que de prendre le gramme lui-même? Puisque la valeur des monnaies se détermine par leur poids, la matière une fois convenue, n'est-il pas naturel que l'unité de mesure admise pour les

(1) Les embarras qu'éprouve la Banque, et qui se sont révélés tout récemment, tiennent encore, en grande partie, à la même cause. La Banque, dit-on, a dans ses caves 300 millions en argent, qu'elle n'ose ni vendre, ni utiliser pour les paiements; en sorte que les deux tiers de son encaisse sont à peu près immobilisés. Pourquoi la Banque hésite-t-elle tant à se dessaisir de son argent? Uniquement parce qu'elle ne sait pas lequel des deux métaux nous prendrons définitivement pour étalon. Le jour où elle le saura, elle s'arrangera immédiatement pour rendre la totalité de son encaisse disponible.

poids serve aussi pour la mesure des monnaies? et qu'a-t-on besoin d'en chercher une autre?

En prenant le gramme d'or pour unité monétaire, nous écarterions ou nous affaiblirions les principales objections que nous font les étrangers quand nous voulons les rallier à notre système. Ces objections tiennent, en effet, soit au peu de valeur du franc, soit à la difficulté de le représenter par un poids d'or, soit enfin au nom lui-même qui froisserait chez eux le sentiment populaire. Sur ces trois points les objections tombent si nous proposons de substituer le gramme d'or au franc.

Ajoutons encore que l'adoption du gramme, comme unité de monnaie et de poids, entraînerait inévitablement, dans un avenir très-prochain, l'adoption du mètre comme base générale du système des mesures, c'est-à-dire l'établissement complet du système métrique chez toutes les nations qui auraient accédé à nos arrangements monétaires.

Maintenant, comment passerions-nous du franc, qui est notre unité monétaire actuelle, au gramme d'or, qui deviendrait la nouvelle unité de mesure? Il y aurait, sans doute, certains ménagements à garder dans la transition et certaines difficultés à surmonter. L'une des principales tiendrait à la relation compliquée qui lie la nouvelle unité à l'ancienne. La loi de l'an XI ayant établi entre les deux métaux le rapport de 15 à 4, le gramme d'or, au titre de, vaut 3 fr. 10 c. Mais le chiffre de 15 ne représente plus le rapport réel, aujourd'hui fort rapproché du chiffre 15. Si l'on considère, d'ailleurs, que les deux métaux ont subi une notable dépréciation depuis l'an xi, et qu'ils continuent de se déprécier, on reconnaîtra sûrement que le rapport de 15 à 4 peut être admis sans préjudice sensible pour les débiteurs; en sorte que tout débiteur de 15 grammes d'argent aurait à donner en paiement 1 gramme d'or. La transformation des valeurs s'opérera alors très-simplement, puisque le gramme d'or sera l'équivalent de 3 fr., et qu'il suffira de prendre le tiers d'une somme énoncée en francs pour avoir l'énoncé de la même somme en grammes d'or.

Si l'on craignait pourtant de léser les débiteurs en modifiant ainsi les termes de l'obligation contractée, on pourrait leur conserver, au moins pendant un certain temps, la faculté de se libérer en donnant pour le franc 5 grammes d'argent, au titre de, ou 4 grammes d'argent fin; mais il est facile de prévoir qu'aucun d'eux ne ferait usage de cette faculté, quand la monnaie d'argent en circulation serait à un titre de moins de, c'est-à-dire quand les pièces nouvelles qui auraient remplacé le franc contiendraient moins de 4 grammes d'argent fin.

L'adoption de l'étalon d'or aurait, en effet, pour conséquence, l'abaissement du titre des pièces d'argent. Ces pièces perdraient le caracLère de monnaie normale pour prendre celui de monnaie de convention, destinée seulement aux appoints; le gouvernement s'en réserverait l'é

mission, et leur valeur, déduite du système décimal, serait exprimée en décimes, ou dixièmes du gramme d'or. On frapperait donc des pièces d'argent d'un ou plusieurs décimes, le décime représentant le dixième de 3 fr. ou 30 c. de notre monnaie actuelle.

On frapperait également des pièces de cuivre d'un ou plusieurs centimes, ou centièmes du gramme d'or, le centime nouveau représentant trois des centimes actuels.

Les décimes d'argent ne pourraient être donnés en payement, ou du moins F'acceptation n'en serait obligatoire que jusqu'à concurrence de la valeur de dix grammes d'or, ou 30 fr. actuels. De même, l'obligation de recevoir la monnaie de cuivre serait limitée à la valeur d'un gramme d'or, ou de 3 de nos francs d'aujourd'hui.

Je n'ai pas besoin de dire que je n'entends présenter ici qu'une esquisse. Sans doute il y a bien d'autres combinaisons possibles; mais je crois, cependant, qu'on peut trouver dans celles que j'indique les éléments d'un système rationnel et les bases d'une discussion sérieuse. Agréez, etc. LÉON.

Les Associations de prévoyance.

RÉPONSE A M. LEYMARIE.

Monsieur,

Vous avez bien voulu, dans le dernier numéro du Journal des Économistes, vous occuper de mon livre : Le Paupérisme et les Associations de prévoyance. Je suis de ceux qui pensent que l'auteur d'un écrit quelconque appartient en toute propriété à la critique; qu'il est tenu de gratitude, même envers une appréciation erronée, et qu'il n'y a rien à désirer pour lui si son œuvre, petite ou grande, au lieu de rencontrer dans tous les camps une banale approbation, a la bonne fortune d'être jugée en sens divers, fût-ce avec partialité ou injustice. C'est vous dire, monsieur, que je n'aurai pas la mauvaise grâce de venir justifier, contre une critique aussi bienveillante que la vôtre, une opinion qui serait en réalité la mienne. Vous me prêterez encore moins, je l'espère, la prétention de convertir mon juge à ce que je peux croire être le vrai. Que si, cependant, en présence d'accusations graves, et à mon sens particulièrement imméritées, je me bornais à en appeler d'une lecture incomplète à une lecture plus attentive, et, preuves en mains, à invoquer le témoignage de notre juge commun; que si, en outre, le soin de ma propre défense m'entraînait accessoirement à quelques rapides rectifications de principes sur un sujet dont chacun doit prendre aujourd'hui quelque souci, je n'aurais, je crois, ni outrepassé mon droit strict, ni violé aucune élémentaire prescription.

Eh bien, monsieur, mettez-vous, je vous prie, à la place d'un écrivain qui a consacré 500 pages (c'est vous qui les supputez à ma honte) au seul désir de mettre en honneur une idée déterminée, et qui s'entend un jour tenir ce lan

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