Images de page
PDF
ePub

ralenti l'essor de la filature. L'esprit d'entreprise continue à se porter avec ardeur sur cette branche d'industrie, et l'année qui s'écoule verra s'ouvrir de nouveaux établissements importants à Twer, à Jaroslaw, à Vichni-Volotchok (gouvernement de Novgorod) et près de Narva (gouvernement de Saint-Pétersbourg). Cette dernière filature est annoncée comme devant avoir des dimensions colossales.

Les prix des cotons filés étaient à Moscou :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small]

Industrie linière. La plus ancienne et la plus nationale des industries russes. Matière première abondante, occupant, dans la consommation intérieure, la seconde place après les céréales, et la première dans le commerce d'exportation. La moyenne de l'exportation du lin et des graines de lin a été, en 1844-48, de 17,500,000 roubles, et en 1849-53 de plus de 20 millions de roubles (80 millions de francs). La culture du lin est surtout répandue dans les gouvernements de Jaroslaw, Vologda, Kostroma et Wladimir; puis viennent ceux de Kalouga, Pskow, Novgorod, Witebsk, Kovno, Wilna et les provinces de la Baltique. D'après un calcul approximatif très-modéré, la Russie produit 12 millions de pouds de lin, dont 4 1/2 millions sont exportés et 7 1/2 alimentent l'industrie intérieure. Celle-ci est très-répandue dans les villages; partout où l'on cultive le lin, on le file et on le tisse. Les femmes surtout lui consacrent le temps libre que leur laissent les travaux des champs et les soins du ménage. Une grande partie des produits grossiers de ce travail ne servent qu'à la consommation locale des producteurs eux-mêmes. L'industrie des lins acquiert une véritable importance commerciale dans les gouvernements de Jaroslaw, de Kostroma, de Wladimir et en partie dans celui de Vologda. C'est là qu'on trouve le plus de fabriques montées. Moscou et son gouvernement ne prennent qu'une faible part à cette branche de l'industrie.

Le régime prohibitif, qui a eu la prétention d'étendre sa protection sur l'industrie linière en Russie, ne lui a nullement profité : indirectement il a dû même lui nuire en en détournant les capitaux et l'esprit d'entreprise. Depuis 1822, non-seulement on ne peut y signaler de progrès remarquables, mais il y a même un déclin sensible sous quelques rapports. La première opération pré

aratoire du lin, celle dont dépend le plus la qualité de cette matière première, t restée vouée à la routine des villageois et ne présente presque aucune trace amélioration. Les autres préparations du lin, qui partout ailleurs en Eupe tendent à devenir manufacturières, en Russie conservent opiniâtrément caractère agricole; c'est partout le cultivateur lui-même qui rouit, teille, at, sèche et peigne le lin récolté. Pour le peignage, l'on se sert encore presde partout de brosses en soie de porc, qui donnent moins d'étoupes, il est vrai, ais plus de déchets et un long brin défectueux. Malgré tous les soins de administration des domaines, l'usage des peignes à dents d'acier ou serrans répand péniblement. La filature à la main règne presque sans partage. Le Duet est assez répandu dans le gouvernement de Jaroslaw, mais le fuseau rédomine partout ailleurs. On prétend même que le filage au fușeau donne ne meilleur chaîne. Quelques essais de la filature mécanique ont cependant é tentés; plusieurs n'ont pas abouti, et pour le moment il n'y a en Russie le deux ou trois établissements de ce genre de médiocre importance. Le eilleur se trouve combiné avec une filature de coton dans la ville de Géorniewsk (gouvernement de Riazan). Une filature de lin, fondée à Moscou avec he forte subvention de la part du gouvernement, après avoir végété pendant ux ou trois ans, est fermée depuis 1857. Sauf trois ou quatre établissements, ɔnt un à Moscou et un à Oustoug (gouvernement de Vologda), le tissage se it à la main, au moyen d'anciens métiers d'une construction défectueuse. usage routinier des empeignes en bois ou en cuivre lutte contre l'introducon des empeignes en acier. Le blanchiment et l'apprêt participent de l'immolité générale: la plupart des établissements perfectionnés qui ont été fondés diverses époques n'ont pu se maintenir faute d'affaires. Avec de tels moyens, telles ressources, l'on ne peut s'attendre à de beaux produits. Les princiux sont des toiles de ménage à l'usage des paysans, de 5 fr. 50 c. à 8 francs pièce de 30 archines 3/4 de largeur; on en fait presque partout dans les vilges. Dans le gouvernement de Kostroma on confectionne beaucoup de serettes, dont le prix varie de 4 fr. 60 à 10 et 12 fr. 60 c. la pièce de 24 à 27 chines 3/4 de largeur, également du linge de table façonné de 12 à 14 fr. la uzaine de serviettes et les nappes de 3 archines de long de 2 fr. 80 c. à fr. 60 c. la pièce. Dans cette dernière fabrication on n'a pas encore tout à it remplacé par des jacquarts les vieux métiers à la tire.

Le plus bel article de l'industrie linière en Russie consiste toujours en toiles rtes, connues dans le commerce sous le nom de toiles flamandes et ravenouks, qui, dès la moitié du siècle dernier, formaient le fond du commerce isse de tissus de lin avec l'Europe. Depuis une trentaine d'années, cette sportation n'a cessé de diminuer, et, par suite, l'industrie elle-même a périité. On a exporté en moyenne en 1824-26 143,600 pièces, et en 1848-50 8,176 seulement. Quoi qu'il en soit, cette fabrication donne toujours d'excelnts produits; elle est concentrée dans le gouvernement de Wladimir et prinpalement à Wiasnik et Mourom, et se trouve soutenue en grande partie par s besoins de l'armée. Pour le tissage de ces toiles on commence à se servir u fil à la mécanique. La toile flamande se vend sur place de 32 à 36 francs, tle ravendouk de 22 fr. 50 à 24 fr. la pièce de 50 archines de 6/4 de lareur. On fabrique en outre, dans les gouvernements de Wladimir et de Kos2e SÉRIE. T. XXX. — 15 mai 1861.

17

troma, plusieurs espèces de coutils, tels que tykes, tchechouïka, pestriad, dont certaines qualités sont spécialement destinées pour le commerce avec la Chine et l'Asie centrale. La plupart de ces coutils se font avec un mélange de coton et rarement avec un fil de lin pur. On fabrique aussi beaucoup de toiles ordinaires dans les gouvernements de Pskow, de Witebsk, en Lithuanie et en Livonie, pour la consommation intérieure. Quant à la fabrication des toiles fines, à l'instar de celles de Bilefeldt et d'Irlande, on s'y livre principalement à Ve·liko-Celo (gouvernement de Jaroslaw); il y a aussi 3 ou 4 établissements assez bien montés pour cette fabrication dans le gouvernement de Kostroma, 1 à Jaroslaw, 2 à Moscou, et 1 près de Riga. Les produits de ces fabriques s'adres sent à une consommation fort restreinte et n'ont pas une grande importance commerciale. Les toiles fines de Jaroslaw se ressentent de tous les défauts de la matière première, et en outre l'apprêt en est défectueux. Quoique offertes à des prix de 20 à 30 0/0 au-dessous des toiles de même finesse de Bilefeldt et d'Irlande, improprement dites de Hollande, elles trouvent peu d'acheteurs. Cette circonstance a été prise souvent pour thèse dans les doléances de certains fabricants, qui attribuaient la mévente de leurs produits à une protection insuffisante. Cette dernière, d'après le tarif de 1850, était de 1 rouble (4 fr.) par livre de Russie. Le tarif de 1857 a remplacé ce droit par une imposition ad valorem de 25 0/0 par mer et de 23 0/0 par terre. Par suite, les toiles étrangères fines seront un peu plus grevées; mais, pour l'industrie indigène, cela ne peut avoir aucun résultat, puisque ses produits sont offerts à meilleur marché que les produits exotiques. La préférence dont jouissent ces derniers sur le marché intérieur tient à des causes indépendantes de leur cherté relative. On ne fabrique pas de batiste en Russie; le droit de 3 roubles (12 fr.) par livre sur cet article a été baissé, en 1857, à 1 rouble 25 kopecks (5 fr.). Il est juste d'observer que, dernièrement, l'attention publique s'est dirigée, en Russie, sur l'amélioration de l'industrie linière et particulièrement sur le perfectionnement de la matière première. L'administration des domaines fait de louables efforts pour introduire parmi les villageois des méthodes meilleures. La société impériale de l'agriculture de Moscou y contribue beaucoup de son côté. Deux ou trois établissements pour le rouissage et le teillage perfectionnés sont déjà montés ou se montent dans les gouvernements de Wladimir et de Kostroma.

Industrie des chanvres.

Relativement, n'est pas aussi importante en Russie que celle des lins. On cultive le chanvre presque partout en Russie, mais cette culture prend une importance commerciale seulement dans la région composée de la partie orientale du bassin du Dnieper et en totalité de celui de l'Oka. Cette région comprend en totalité ou en partie les gouvernements de Riazan, Toula, Kalouga, Orel, Smolensk, Mohilew, Witebsk, Mindk, Tehernigoff et Koursk. On évalue approximativement à 6 millions de pouds la quantité de chanvre récolté. La moitié environ est exportée à l'état brut; la moyenne de cette exportation, en 1849-53, a été de 3,010,476 pouds. Le reste sert à la fabrication indigène, qui consiste en toile de ménage, à l'usage des paysans, et de leur propre confection, en toiles à voiles et en cordages. Les principales fabriques de toiles à voiles se trouvent à Koselsk (gouvernement de Kalouga, à Béloff (gouvernement de Toula) et à Serpouhow (gouvernement de Moscou.

Les toiles à voiles russes ont joui de tout temps d'une grande réputation, ce qui leur a même valu les honneurs de la contrefaçon en Angleterre et en Belgique, particulièrement dans le commerce avec les États-Unis de l'Amérique du Nord. La qualité de ces toiles est toujours la même; nonobstant, le commerce étranger de cet article a beaucoup perdu de son importance; l'exportation, qui était en moyenne, en 1824-26, de 60,400 pièces, est successivement tombée à 23,280 pièces (moyenne de 1848-50). On l'attribue à l'extension de la navigation à vapeur, qui demande moins de voilure, ainsi qu'à l'usage des toiles à voiles en coton; nous croyons plutôt que c'est une des suites du régime prohibitif qui, en repoussant les produits étrangers, tend à tarir les débouches pour les produits indigènes. Les principaux établissements pour la fabrication des câbles et cordages se trouvent à Saint-Pétersbourg, à Arkangel, dans les gouvernements.de Perm,'d'Orel, de Kourik eta Nijnii-Novgorod. Ceux de Saint-Pétersbourg et une fabrique à Nijnii-Novgorod sont munis de machines perfectionnées. L'exportation de cet article suit un mouvement ascendanten 1824-26, la moyenne en était de .259,383 pouds, valeur 580,860 roubles; en 1848-50, de 449,910 pouds, valeur 4,163,600 roubles. La Russie exporte, d'après les moyennes de 1849-33, 164,000-pouds de câbles et cordages pour l'Amérique, et 281,000 pour les pays de l'Europe. La moyenne de l'exportation des toiles de chanvre et de lin a été, en 1849-53:

[ocr errors][ocr errors]

Pour l'Amérique, pour une valeur de... 566.100 roubles.
Pour l'Europe,

Pour l'Asie,

[ocr errors]

687.600
157.000

tf:;

1

Industrie des laines. La plus progressive des, grandes industries de la Russie. La base de ce progrès git dans l'abondance de la matière première et les améliorations notables effectuées dans l'élève des races ovines. Ces dernières se divisent en deux parties bien distinctes; races indigènes et races acclimatées à toison fine. Les races ovines indigènes sont nombreuses en Russie; les plus remarquables sont connues sous les noms de zigayes, valochs, tchoundoucks, asiatiques et romanofski. Cette dernière race est élevée principalement dans le district de Romano-Borissoglebsk (gouvernement de Jaroslaw); elle provient, dit-on, `de brebis de forte taille et à long poil, introduites dans cette contrée par Pierre le Grand. Les moutons dits asiatiques, à grosse queue ou sans queue, sont naturels aux steppes orientales en deçà du Volga. Les trois autres races prédominent dans le midi de la Russie d'Europe. La laine fournie par ces moutons ne sert qu'à la fabrication des draps grossiers de paysans, des draps de soldats et des tapis. Les espèces les plus communes sont destinées aux matelas et à la confection des feutres. Le nom générique sous lequel toutes ces laines ordinaires sont connues dans le commerce est celui de laines russes, par opposition aux laines dites d'Espagne (Schpanskaia). Les provenances les plus estimées sont celles du pays du Don, des gouvernements de Voronėje, de Sinebirsk et de, Saratoff. L'élève des races ovines à toison fine ou merinos ne date, en Russie, que du commencement du siècle actuel; ses premiers progrès remarquables se rapportent aux années 4820-24. Depuis, cette branche de l'économie rurale n'a pas cesse de se développer; en 1853 on y comptait déja 8,700,000 têtes de mérinos. Les meilleures et les plus impor

tantes bergeries se trouvent dans les gouvernements de la Tauride, de Kherson, d'Ecatherinoslaw, de Poltava, de Kieff et de Kharkow. Il y en a aussi dans les gouvernements de Podolie, de Volhynie, de Saratoff, de Voronéje, de Tchernigoff, de Grodoro, en Bessarabie, en Pologne et en Livonie. Dans cette dernière province on élève aussi en petit nombre des moutons dishley à longue toison. On évalue en bloc à près de 3 1/2 millions de pouds la quantité de laines produites annuellement en Russie, y compris au moins 600,000 de laine mérinos. L'exportation des laines pour l'étranger s'accroît tous les ans, malgré la concurrence de l'Australie; en 1825-29, elle ne dépassait pas en moyenne 66,058 pouds; en 1836-40, 328,739; en 1846-50, 478,217 pouds; et atteignait, en 1851, 583,797; en 1852, 808,644; en 1853, 752,749 pouds. Cette exportation comprend de notables quantités de laines russes ordinaires.

Les paysans russes se servent d'un drap grossier, sans teinture, naturellement foncé, qu'on appelle sermiajnoïé, que l'on tisse partout dans les villages avec de la laine filée à la main; on ne peut évaluer un poud de ce drap au delà de 24 francs. Les meilleures laines russes ordinaires sont affectées à la fabrication des draps de soldat, dont le prix varie de 2 fr. 40 à 4 fr. l'archine; ce drap se distingue des draps ordinaires, dont nous parlions ci-dessus, parce qu'il n'est que fort peu lainé. Pour les soldats de la garde, on fabrique du drap plus soigné avec de la laine mérinos; il se vend de 4 fr. 05 c. à 6 fr. l'archine. Les fabriques de draps de soldats sont disséminées dans un grand nombre de gouvernements; on en compte le plus dans les gouvernements de Moscou, de Voronéje, de Kharkow, de Poltava, de Koursk, de Tambow et de Simbirsk. La fabrication des draps de qualité inférieure et moyenne pour la consommation des classes bourgeoises est principalement concentrée dans les gouvernements de Moscou et de Tchernigoff. Cette branche se développe et se perfec tionne de plus en plus. A Moscou, notamment, il y a plusieurs établissements parfaitement montés. Le prix de ces draps est réduit jusqu'à 3 fr. 60 c. l'archine; il y en a de fort bons à 6 et 8 francs, et ceux que l'on vend à 12 franes l'archine peuvent servir déjà à la consommation des classes aisées. La draperie de la Pologne, de Podolie et de quelques établissements en Lithuanie, surtout à Bielostock, s'adresse plus particulièrement à cette dernière consommation et fournit d'excellents draps et tricots feutrés à raison de 10, 12 et 14 fr. l'archine. Pour les draps fins, on compte en Russie un petit nombre d'établis sements dont les plus remarquables sont en Livonie et en Pologne. Ces draps se vendent à raison de 16, 20 et 24 francs l'archine, mais ils ne peuvent concourir avec les draps fins de France, d'Allemagne et d'Angleterre, qui sont gé néralement préférés par les hautes classes. On fabrique à Moscou et en Pologne, avec beaucoup de succès des grosses étoffes en laine feutrée pour paletots et pantalons. Au résumé, la fabrication des draps et tissus de laine feutrés fait en Russie de sensibles progrès; on peut en trouver la preuve en ce que, malgré l'abaissement des droits d'entrée en 1850, l'importation de ces articles a toujours été en diminuant. En moyenne, pendant les années 1848-50, on importé des draps étrangers pour 324,000 roubles, et pendant les années 185153, pour 225,000 roubles, y compris le royaume de Pologne. On peut dire qu'actuellement l'importation étrangère ne porte que sur les draps fins et les articles de fantaisie. Outre les draps destinés à la consommation intérieure

« PrécédentContinuer »