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permis d'entrevoir sur les hommes et les choses du mystérieux empire. Depuis plusieurs années, M. Charles Lavollée, qui a accompagné, il y a quinze ans, M. de Lagrenée dans sa célèbre mission en Chine, a entrepris ce travail. « Je me suis attaché, dit-il, à noter les points saillants, les épisodes caractéristiques, les traits de mœurs épars dans les récits des voyageurs; j'ai essayé de prendre, en quelque sorte, un raccourci, une réduction de la Chine telle que chacun de ces observateurs l'a décrite. J'ai pu ainsi comparer les impressions des uns et des autres, et, par ce rapprochement, signaler les différences d'appréciation, les jugem nts contradictoires qui s'appliquent, ici et là, aux mêmes faits et aux mêmes

coutumes. »

Le résultat de ces études a été résumé dans l'ouvrage que nous analysons. On ne doit donc pas s'attendre à ce que M. Lavollée nous présente un traité systématique, un exposé comprenant l'ensemble de la situation de la Chine. Narrateur aussi scrupuleux qu'il est observateur attentif, il ne raconte que ce qu'il sait, et évite de bavarder sur ce qu'il ignore. Le lecteur a appris, d'ailleurs, par les articles que M. Lavollée a publiés dans la Revue des Deux-Mondes, que la plume de cet auteur est aussi ferme qu'élégante, et que ses travaux sont aussi substantiels qu'intéressants.

La Chine contemporaine renferme les chapitres suivants : La guerre de 1840 à 1842, d'après les documents chinois. - Aventures d'un missionnaire catholique, M. l'abbé Huc. - La mission de Kiang-Nan; les Jésuites en Chine au XVIIe et au XIXe siècle. Pérégrinations d'un botaniste, M. Fortune. La campagne de 1857, d'après une correspondance. Les traités de Tien-Tsin.

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Le premier de ces chapitres nous initie aux idées politiques, géogra phiques et militaires des Chinois. Pour qu'on les juge, il suffit de citer le détail suivant : Le vice-roi de Canton, un lettré éminent, propose à la cour de Pékin d'expédier, à travers le territoire russe, une armée chinoise qui s'emparerait de l'Angleterre. Il a abouti à ce beau projet, après une étude approfondie de la question politique du moment, étude qui lui a fourni l'occasion de publier un ouvrage en douze volumes, intitulé: Notes statistiques sur les royaumes de l'Ouest.

Les aventures de M. Huc, que nous avions lues dans la relation du savant et courageux missionnaire qui vient de mourir, nous ont paru toutes nouvelles dans le récit de M. Lavollée. Nous avons refait avec lui ce voyage si rempli de fatigues et d'émotions, en nous laissant aller au charme que cet écrivain répand sans effort sur tout ce qui sort de sa plume.

La mission de Kiang-Nan est un tableau très-instructif à plusieurs égards. Il renferme de curieux rapprochements sur les XVII et XIX siècles. Mais nous avons lu avec un intérêt bien plus soutenu les pérégri

nations d'un botaniste. M. Fortune, le botaniste en question, nous introduit dans un monde un peu différent, quoique toujours chinois. Il ne satisfait pas moins que les missionnaires notre curiosité relativement aux mœurs des habitants : les traits singuliers, les aventures abondent; et nous apprenons en outre bien des choses qui intéressent l'économiste. Nous signalerons notamment la description de la culture du thé.

Mais c'est surtout la question politique qui a été traitée dans les deux derniers chapitres. M. Lavollée nous y fait assister aux premiers actes du drame dont le céleste empire est actuellement le théâtre, et dont nous venons d'apprendre le dénouement, que, du reste, tout le monde avait prévu. Force est restée à la civilisation.

Nous appelons surtout l'attention sur les détails que nous trouvons, à partir de la page 292, sur le commerce chinois. Nous regrettons même que cette matière n'ait pas reçu plus de développements. Ce qui manque au négociant français pour étendre ses relations à l'étranger, ce ne sont ni les capitaux, ni l'esprit d'entreprise, ni les marchandises en état de soutenir la concurrence de nos compétiteurs, c'est une connaissance plus approfondie des pays lointains. Des ouvrages comme celui de M. Lavollée contribuent à répandre ces connaissances. Et qu'on ne pense pas que le progrès à réaliser soit peu important. Pour se détromper sur ce point, on n'a qu'à lire la Note d'un très-haut intérêt que M. Natalis Rondot a soumise récemment à la Chambre de commerce de Lyon, et dont cette Chambre a voté l'impression. Pour ne citer qu'un seul des faits rapportés par cet éminent négociant, nous dirons qu'en 4852, 85 balles de soie chinoise furent envoyées à Lyon en consignation, et que l'importation de cette précieuse matière atteint aujourd'hui 30,00 balles. Les propositions faites par M. Rondot et approuvées par la Chambre de commerce de Lyon sont en ce moment l'objet de l'examen d'une commission instituée auprès du ministère du commerce. Nous rappellerons en passant que M. N. Rondot a été l'un des délégués élus par les Chambres de commerce pour accompagner M. de Lagrenée. En résumé, si l'attention portée actuellement sur la Chine est, comme nous l'espérons, féconde en résultats avantageux pour notre commerce, M. Lavollée aura une large part dans le mérite d'avoir provoqué ce

mouvement.

E. BOUQUET.

BULLETIN FINANCIER.

SOMMAIRE.

Les espérances de paix se consolident. La hausse continue. - Mort du comte de Cavour. La hausse, un moment interrompue, reprend le dessus. Détachement du coupon sur le 3 0/0 français. Causes de bausse. Emi-sions d'obligations de chemins de fer français par la Banque de France de 1858 à 1861. Diminution du taux d'intérêt des bons du trésor à Paris. — Augmentation de l'escompte à Londres. Taux d'escompte sur les diverses places de 'Europe Recettes des chemins de fer français urant le premier trimestre de 1861 et 1860. Assemblées générales. Coupons détachés. Tableau des Bourses de Paris, Lyon et Marseille. - Bilans du Comptoir d'escompte de Paris et de la Société géné rale de crédit industriel et commercial.

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Les espérances de paix et de tranquillité, non-seulement dans le présent mais encore dans l'avenir, s'implantent de plus en plus dans les esprits. Un moment, la mort d'un grand ministre, qui était en même temps un économiste distingué, la mort du comte C. de Cavour, a paru compromettre cet équilibre de quiétude. Mais après sa mort, comme pendant sa vie, l'illustre homme d'Etat semblerait destiné à aider à la consolidation de l'unité italienne, si, comme chacun le croit, la reconnaissance par la France du royaume italien était enfin résolue, sauf les formalités diplomatiques qui en retardent encore l'accomplissement. Quoi qu'il en soit, on le croit, et cela suffit pour imprimer aux' fonds sur toutes les places (excepté celle de Londres) un mouvement de hausse ou au moins une fermeté assez remarquable. Ainsi, à Paris, le coupon de 30/0 s'est détaché, le 7 juin, sur le cours de 68.35 (soit 67.35 coupon detaché); depuis, on est revenu à 68.10; c'est peu si on oublie les appréhensions que causa tout d'abord la mort du premier ministre de Victor-Emmanuel; mais quand on se reporte à l'impression qu'elle produisit, et qu'en fin de compte on voit la rente revenue au plus haut cours de mai, on peut dire qu'i, y a eu hausse marquée, et se féliciter, au point de vue du crédit public, de la manière dont cet événement aura influé sur le cours de la rente.

Il est vrai qu'il y a des causes sérieuses de hausse en ce moment; on détache en juin et en juillet une grande quantité de coupons, et une forte partie de cette somme est capitalisée chaque année et employ e en achats de valeurs similaires. On comprend donc que le marché du comptant soit très-actif et donne l'impulsion au marché à terme, loin de le recevoir de lui.

Le succès de l'émission des obligations de chemins de fer français par la Banque de France est une preuve de ce fait.

Cette institution agissant au nom et pour compte du syndicat des chemins de fer, a proposé au public la souscription de 786,000 obligations. Voici les bases de l'émission et les résultats de la souscription:

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On voit que les demandes ont atteint trois à quatre fois les offres; il est vrai que se doutant, d'après les précédentes émissions, de ce résultat, beaucoup de capitalistes ont, en consequence, souscrit un nombre d'obligations dépassant de beaucoup les fonds à employer à ce placement.

C'est la quatrième fois que la Banque de France aide les compagnies de chemins de fer dans l'émission de leurs titres d'obligations. Depuis 1858, cela fait 3.851.487 obligations placées par les soins de cette institution, et, par son entremise, un capital de plus d'un milliard aura passé de la circulation dans la caisse des compagnies de chemins de fer français. Il est utile de rappeler les chiffres obtenus durant ces quatre périodes et de les rapprocher du mode employé on pourra ainsi apprécier les résultats de la réunion des compagnies en syndicat et de l'influence de la forme de souscription publique sur la consolidation du marché et le classement des titres.

En 1857, le cours des obligations 3 0/0 des chemins de fer français est vers 272.50; chaque compagnie opère isolément pour son compte et livre directement au marché les titres dont l'émission lui est indispensable pour ses travaux. Le 3 0/0, dont le cours moyen, en 1856, était de 70.42, a pour cours moyen, en 1857, 68.02.

En 1858, huit compagnies (Orléans, Lyon, Genève, Dauphiné, Est, Ouest, Midi et Ardennes) se réunissent en syndicat, empruntent à la Banque de France, sur dépôt d'obligations, une somme de 100 millions, et autorisent cette institution à émettre, pour leur compte, un nombre d'obligations suffisant pour réaliser une somme d'environ 250 millions. La Banque, par des ventes successives ou directes, en écoula les deux tiers vers 275 fr. Le 1er juillet 1858, elle interrompt ses ventes et met en souscription publique 71,000 obligations; on lui en demande 986.887. Après un succès pareil, il semblait rationnel d'employer le même procédé Cependant, en 1859 encore, la Banque vend directement et peu à peu 881,952 obligations vers 287.50 à 288.75, soit, pour un capital réalisé. de 250 millions. Le prix de vente est plus haut, comme on voit, que les cours des années antérieures. Cependant le 3 0/0, dont le cours moyen est de 70.63 en 1858, n'est plus que de 67.49 en 1859; on voit donc que le mouvement d'ascension des obligations de chemins de fer français leur est propice et peut être attribué à l'organisation du syndicat.

En 1860 et 1861, la Banque reprend le mode de souscription publique; en 186, 1,023,000 obligations, et en 1861, 786.000 sont offertes au public. En 1860, le capital realisé a été de 297 millions, en 1861, il est de 233. Le prix de vente est à peu près le même pour les deux années: 290 à 291.25,

jouissance des 1er juin et juillet. Il est à remarquer que le cours de la rente n'a pas non plus sensiblement varié.

En 1860, pour 1,023,000 obligations offertes, le public en a demandé 1,625,155; mais il y a eu de grandes inégalités entre les diverses compagnies. Ainsi, tandis que pour l'Ouest on a été contraint d'attribuer aux souscripteurs 98 00 de leurs demandes; pour les Ardennes, 86; pour le Midi, 83, et pour l'Est, 82, on n'en pouvait attribuer que 56 aux souscripteurs d'obligations du Dauphiné, 55 à ceux de titres de Paris à la Méditerranée, et 40 pour l'Orléans. Cependant ces divergences n'ont pas eu par la suite d'influence sensible sur les cours. On RECETTES BRUTES DE L'EXPLOITATION

CHEMINS DE FER FRANÇAIS.

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