siste selon lui à ne rien affirmer et à toujours suspendre son juge-
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III. ZENON ET LES STOÏCIENS.
II. EPICURE. I. Logique et Physique. Toute connaissance vient des
sens; toute existence se réduit à la matière. La matière est composée
d'atomes qui se meuvent éternellement dans le vide. Ces atomes renfer-
ment une certaine spontanéité qui se traduit par le pouvoir de s'écarter,
de décliner de la ligne droite, ou déclinaison. Grâce à ce pouvoir, les
atomes se rencontrent et se combinent. La déclinaison a son ana-
logue dans notre liberté d'indifférence qui nous permet de nous mettre
à l'écart de la souffrance et de goûter le vrai plaisir. Le destin ne gou-
verne pas toutes choses; il faut faire une part au hasard, c'est-à-dire
à la spontanéité du mouvement dans les corps et à la liberté d'indiffé-
rence dans l'âme. II. Morale. Le souverain bien est le plaisir
stable, non le plaisir mobile et fugitif. Toute la morale consiste dans
l'art d'être heureux.
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Le fond de l'être est la
force, la tension, l'énergie. Nous ne sentons les choses qu'en mesu-
rant leur force à notre propre force. La force, essence des choses,
suppose un principe passif et un principe actif; la matière est passive,
la pensée ou raison est active. Ces deux principes ne sont séparés que
par l'abstraction. La raison agit au sein même des choses, non au-
dessus; elle est intérieure ou immanente, non supérieure ou trans-
cendante. Cette raison intérieure est à la fois le destin et la providence
du monde; car tout s'enchaîne rationnellement et nécessairement.
Dieu n'est que la Raison qui agit et lutte dans l'univers. Panthéisme
II. Morale des Stoiciens.
stoïque.
·1° Doctrine de la liberté. — Il y
a dans l'individu un principe de liberté intime: la volonté faisant ef-
fort sur soi et luttant contre les obstacles extérieurs. - Distinction fon-
damentale des choses qui dépendent de nous, comme la force d'âme,
et des choses qui ne dépendent pas de nous, comme les richesses ou
la santé. Dans les premières seules se trouve le bien proprement dit :
la volonté seule peut être bonne ou mauvaise; les autres choses sont
agréables ou désagréables, vraies ou fausses, mais non à proprement
parler bonnes ou mauvaises. Le bien moral est donc le seul bien.
Grandeur et beauté de ce principe. Les Stoïciens ont eu raison de
placer le bien dans la liberté intérieure, mais ils se sont fait une idée
insuffisante de cette liberté, qu'ils conçoivent à la fin comme la néces-
sité comprise et acceptée. 20 Doctrine de la fraternité et de la justice.
- La liberté ou raison, qui est l'essence de chaque homme, le rap-
proche de tous les autres hommes et de tous les autres êtres : le monde
entier est une famille. Vivre conformément à sa nature, c'est vivre
conformément à la nature entière; vivre conformément à sa raison,
c'est vivre conformément à la raison universelle; être libre, c'est tra-
vailler à la liberté de tous. Caritas humani generis. Le droit, fonde-
ment de la justice, n'est que la raison écrite. - Le stoïcisme a produit
les plus grands jurisconsultes de l'antiquité. Comment cette idée
du droit aboutit à la condamnation de toute tyrannie et de tout escla-
vage: Homo res sacra homini. 30 Doctrine du souverain bien. Le sou-
verain bien est la vertu, qui trouve sa joie en elle-mème: Gratuita
est virtus; virtutis præmium ipsa virtus. Divinisation du sage : il est
seul libre, seul roi, seul beau, seul heureux. Il est égal ou supérieur
aux dieux mênies. Il s'affranchit de plus en plus des passions et de-
vient impassible. Il s'affranchit au besoin de la vie par un acte de sui-
cide raisonné et volontaire. Grandeur et défauts du stoïcisme. Sa
haute idée de la dignité humaine et de la force intérieure ; comment
il a méconnu la torce expansive de l'amour.