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la préposition, dont on s'est servi aupa- est celle-ci : a-t-on parlé plus honoraravant. Corneille a dit :

Réduit à te déplaire, ou souffrir un affront.

Il fallait répéter la préposition, et dire, réduit à te déplaire ou à souffrir un affront. Lorsque soit doit être redoublé, on met quelquefois ou au lieu du second soit. Soit que vous ayez fait cela ou que vous ne l'ayez pas fait. Ou ne doit être employé que dans le sens affirmatif. Dans le sens négatif

on se sert de ni. C'est donc avec rai-
son qu'on a critiqué ces vers de Cor-
neille :

Ce n'est pas que Chimène écoute leurs soupirs,
Ou d'un regard propice anime leurs désirs,

Il fallait mettre ni d'un regard propice. Il faut remarquer qu'on ne met jamais l'accent grave sur l'u de ou conjonction.

la

blement de mon oncle que de mon père? Ainsi, de ce que, dans cette seconde phrase duquel des deux a-t-on, etc., préposition de n'est employée que parce deux est lui-même précédé de la préque le terme interrogatif duquel des position de, on doit conclure que, dans fut le plus intrépide, etc., on ne doit la première locution, lequel des deux pas employer la préposition de, parce que le terme interrogatif, lequel des deur, n'en est pas précédé.

La Grammaire des Grammaires observe avec raison que l'usage n'a point sanctionné la locution que l'on condamne ici, et les observations qu'on vient de lire paraissent d'autant plus justes, qu'elles se trouvent confirmées par des exemples tirés de nos meilleurs écrivains. Ils ne savaient lequel ils devaient admirer davantage, ou un roi de Suède qui, à l'âge de vingt ans, donnait la couronne de Pologne, ou le prince qui la refusait. (Voltaire, Histoire de Charles XII.) Lequel des deux a tort, ou celui qui cesse d'aimer ou celui qui cesse de plaire. ( Marmontel. )

Lamoignon, nous irons, libres d'inquiétude,
Chercher. ...

Quel chemin le plus droit à la gloire nous guide,
Ou la vaste science, ou la vertu solide?
(BOILEAU.)

Je ne sais, dans mon funeste sort, Qui m'afflige le plus, ou sa vie, ou sa mort. (CORNEILLE, Rodogune.)

Où, Adverbe de lieu et de temps. Dans les phrases interrogatives, il se met avant le verbe. Où allez-vous ? où sont-ils ?

On a demandé s'il faut dire, lequel des deux fut le plus intrépide de César ou d'Alexandre? ou en supprimant la préposition de, lequel des deux fut le plus intrépide, César ou Alexandre? Hest certain que plusieurs écrivains emploient de dans ces occasions, et que d'autres l'omettent. Quelques grammairiens se sont élevés contre la première de ces locutions, et ont exposé ainsi leurs raisons: « L'analyse fait connaître le vice de cette locution. Dans cette phrase, lequel des deux fut le plus intrépide, de César ou d'Alexandre, je distingue trois propositions: 1o. Lequel des deux fut le plus intrépide? 2°. César fut-il plus intrépide qu' Alexandre? 3°. Alexandre fut-il plus intrépide que César? César et Alexandre font donc chacun le sujet d'une proposition. Or, le sujet d'une proposition ne saurait être précédé d'une préposition; il doit être énoncé purement et simplement. Il s'ensuit donc qu'on doit dire, lequel des deux fut le plus intrépide, César ou Alexandre? C'est ainsi que parlent les Latins, les Anglais, les Italiens, et Il y aurait donc aujourd'hui quelque tous les peuples qui ont une langue rai-chose à reprendre dans ce vers de Rasonnée. La préposition de, que l'on a cine: introduite dans ces sortes de locutions, ne peut être regardée comme euphoni-. que; c'est un terme né de l'ignorance, l'usage l'a sanctionné en quelque sorte; mais la raison, plus forte que l'usage, veut enfin qu'on le proscrive.

Vous direz, par exemple, duquel des deux a-t-on le plus honorablement parlé, de mon père ou de mon oncle? parce que la proposition sous-entendue

On disait autrefois indifféremment, dans le temps que j'étais jeune, ou dans le temps où j'étais jeune. On dit aujourd'hui, dans le temps où j'étais jeune. Boileau a dit :

Hélas! qu'est devenu ce temps, cet heureux temps,

Où les rois s'honoraient du nom de fainéans ?

encore

Non, non, le temps n'est plus que Néron jeunc
Me renvoyait les vœux d'une cour qui l'adore.

(Britannicus.)

On dit bien où pour dans lequel, auquel, dans laquelle, à laquelle, dans lesquels, auxquels, dans lesquelles auxquelles, mais seulement quand il s'agit de temps ou de lieu. Le lieu où

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de; au lieu qu'avec pourquoi, le pronom doit suivre le verbe. Pourquoi me gronde-t-il ? On ne doit pas dire, d'où vient me gronde-t-il?

QUATE. Substantif féminin. L'Acadé

je suis, la maison où je demeure, le siècle où il vivait. Mais on ne dira pas, comme l'Académie, le bonheur, la félicité où il aspire; ce sont des affaires où je suis intéressé; il faut dire le bonheur auquel j'aspire, la félicité à la-mie de 1798 prétend que l'on dit plus quelle j'aspire. C'est par cette raison que d'Olivet trouvait insupportable ce vers de La Fontaine :

Chacun a son défaut, où toujours il revient.

Il fallait auquel toujours il revient. On peut reprocher le même défaut à cette phrase de Montesquieu, c'est un mal où mes amis ne peuvent porter de remède. (Lettres persanes.) Il a mieux dit dans la phrase suivante: Sois assuré qu'en quelque lieu du monde où je sois, tu as un ami fidèle. (Idem.)

Il faut avouer cependant que les poètes s'affranchissent de cette règle, parce que dans lequel, dans lesquels, etc., ne sont pas des expressions très-propres

à entrer dans un vers.

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communément ouète. Il nous semble que c'est une erreur. Cette même Académie dit que l'on écrit et que l'on prononce communément de la ouate ou de la ouète; ce qui ferait croire que l'o de ce mot est aspiré; et cependant, dans tous les exemples qu'elle donne, il ne l'est pas. Une camisole d'ouate, jupe doublée d'ouate, une couverture d'ouate. Boileau a dit ́:

Où sur l'ouate molle éclate le tabis.

une

ou

Il est possible que quelques couturières de Paris disent de la ouate, de la ouète; mais il vaut mieux en ceci, imiter Boileau que les couturières.

OUATER. Verbe actif de la première conjugaison. L'Académie prétend qu'on prononce ouèter. Voyez Ôuate.

OUBLI. Substantif masculin. Il n'a point de pluriel.

OUBLIABLE. Adjectif des deux genres. Mot nouveau proposé par Mercier. Qui est de nature à être oublié, qui n'est pas assez important pour qu'on puisse en conserver la mémoire ou le ressentiment. Ce mot me semble utile. Une bévue, une sottise, une légère insulte est oubliabe; un crime, une trahison ne l'est pas.

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On dit aussi où, au lieu de dont, OUBLIANCE. Substantif féminin. Vieux mais seulement quand il est question mot que Mercier voudrait rajeunir : ce de lieu ou de temps. La maison d'où il qu'il y a de plus nécessaire au repos, est sorti, en parlant d'un logis; la mai-au bonheur de la vie, c'est l'oubliance son dont il est sorti, en parlant de race. des injures passées. Ce mot dit quelD'après ce principe, Wailly trouve une que autre chose qu'oubli; il indique la faute dans cette phrase: Les alliés de disposition habituelle, l'habitude d'ouRome indignés et honteux tout à la fois blier. de connaître pour mattresse une ville OUBLIER. Verbe actif de la première dont la liberté paraissait bannie; il fal-conjugaison. On dit oublier à, quand il lait d'où la liberté paraissait bannie. s'agit d'un manque d'usage, d'habitude; Dans le discours oratoire, quand il y a ainsi on oublie à danser, à lire, en ne plusieurs interrogations de suite, on dansant pas, en ne lisant pas. On dit oune met quelquefois le verbe que dans la blier de, quand il s'agit d'un manque première, et on le supprime dans les de mémoire.J'ai oublié d'aller en tel enautres. Où sont, diront-ils, les promes- droit ; j'avais oublié de vous dire que.— ses de Jésus-Christ? où la fermeté de Je n'oublierai jamais d'avoir vu pleurer son église? où la pureté tant vantée du une petite fille qu'on avait désolée avec christianisme? (Bossuet.) — Là où est la fable du Loup et du Chien.(J.-J. Rousune locution dure, et par conséquent seau.) vicieuse. On dit familièrement d'où vient que, au lieu de pourquoi; mais il faut observer qu'alors le verbe doit être précédé du pronom personnel qui lui sert de sujet, d'où vient qu'il me gron

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Ces nuances délicates, dit la Grammaire des Grammaires, n'étaient pas connues sans doute du temps de Boileau, car il a dit : J'oubliais à vous dire que les libraires me pressent fort de don

ner une nouvelle édition de mes au- sensiblement. ( Remarques sur Corvres. Aujourd'hui il dirait: J'oubliais neille.) de vous dire.

OURDIR. Verbe actif de la secondc OUBLIEUX, OUBLIEUSE. Adjectif qui ne conjugaison. L'Académie ne le dit au se met qu'après son substantif. il est ou-figuré que d'une trahison. Ourdir une blieux, elle est oublieuse. trahison; c'est lui qui a ourdi cette traOui. Mot qui marque l'affirmation; il hison. Il s'emploie figurement avec est opposé à non. Il se prononce ordi-d'autres mots on dit, par exemple, nairement comme s'il était écrit houi,ourdir un ouvrage, une trame. Si j'oavec un h aspiré. L'on écrit et l'on pro-sais vous donner un conseil, dit Volle oui, ce oui. Le oui et le non.taire, ce serait de songer à étre simple, On le répète en vers sans qu'il fasse à ourdir votre ouvrage d'une manière hiatus. bien naturelle, bien claire, qui ne coûte aucune attention à l'esprit du lecteur. (Correspondance.)

nonce

Oui, oui, cette vertu sera récompensée.

(RACINE, les Frères ennemis.)

Qui, oui, vous me suivrez, n'en doutez nullement. (RACINE, Andromaqu.)

OURVARI. Terme de vénerie. Cri pour faire retourner les chiens quand le cerf a fait un retour. On dit figurément et familièrement, un grand ourvari, pour dire un grand bruit, un grand tapage. C'est ainsi que s'exprime

Cependant cette répétition paraît un
peu dure, et Racine l'a évitée dans ses
autres pièces. On dit je crois qu'oui.
Oui est souvent la réponse à une inter-l'Académie.
rogation, et alors il équivaut à une
phrase entière. Avez-vous fait cela?
Oui, c'est-à-dire, j'ai fait cela.
dit quelquefois absolument, et se met
comme incise au commencement d'une
phrase. Oui je le soutiendrai devant
tout le monde. Voyez Apostrophe.

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OUï-DIRE. Substantif masculin. Ce nom étant composé de deux mots qui ne prennent point de s au pluriel, on ne peut en mettre ni à l'un, ni à lautre ; et on dit au pluriel, des oui-dire.

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Au mot hourvari, elle dit: Substantif masculin, h s'aspire. Terme dont les chasseurs se servent pour faire revenir les chiens sur leurs premières voies quand ils sont tombés en défaut. Il se dit aussi familièrement pour un grand bruit, un grand tumulte. Il y a eu la un étrange hourvari.

D'après ces deux articles, il est assez difficile de deviner s'il faut dire ourvari, ou hourvari. Le véritable mot est hourvari. Voyez ce mot.

OUTIL. Substantif masculin. On ne prononce point le 7.

d'outils.

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OviR. Verbe actif, irrégulier et défectueux de la seconde conjugaison. On disait autrefois j'ois, tu ois, il oit; OUTILLER. Verbe actif de la première nous oyons, vous oyez, ils oient. On conjugaison. On dit familièrement d'un disait, à l'imparfait, j'oyais; au fu- ouvrier, qu'il est bien ou mal outillé, tur, j'oirai; mais il n'est plus employé pour dire qu'il a de bons ou de maumaintenant qu'au passé simple de l'in-vais outils; ou qu'il a beaucoup ou peu dicatif; j'ouis, il ouït; à l'imparfait du subjonctif, que j'ouïsse, qu'il oult; OUTRAGEANT, OUTRAGEANTE. Adjectif à l'infinitif, ouir; et aux temps com-verbal tiré du verbe outrager. On peut posés qui se forment avec l'auxiliaire le mettre avant son substantif, lorsque avoir, et le participe passé oui, ouïe. l'analogie et l'harmonie le permettent. Corneille a dit dans le Menteur : Des paroles outrageantes, ces outrageantes paroles; un procédé outraQuand je vous oy parler de guerre et de tourmens. geant, cet outrageant procédé; il ne se dit que des choses. Voyez Adjectif.

doit

OUTRAGER. Verbe actif de la première lc g conjugaison. Dans ce verbe, toujours être prononcé comme unj; tion lorsqu'il est suivi d'un a ou d'un et pour lui conserver cette prononcia

o, on met un e muet avant cet a ou cet

Voltaire a dit, au sujet de ce vers: Je vous oy ne se dit plus. Pourquoi? Cette diphthongue n'est-elle pas sonore? Foi, Loi, crois, bois, révoltent-ils l'oreille? Pourquoi l'infinitif ouïr est-il resté, et le présent est-il proscrit? La syntaxe est to ujours fondée sur la raison. L'usage et l'abolition des mots dépendent quel-j'outragai, j'outragais. L'Académie ne o. J'outrageai, j'outrageais, et non pas quefois du caprice ; mais l'on peut dire le dit que des personnes. Voltaire a dit que cet usage tend toujours à la dou- dans l'Enfant prodigue : ceur de la prononciation. Je l'oy, j'oy est sec et rude; on s'en est défait in

J'ai de tous deux outragé la tendresse.

dit

On dit, outrager quelqu'un de paroles; avec tant d'outrecuidance. (Corresponmais c'est le seul cas où l'on dise outra-dance.) ger de quelque chose. On ne pas, il OUTRER. Verbe actif. C'est excéder la la outragé de termes injurieux, les ter- juste mesure. On dit, des pensées oumes dont vous m'avez outragé. Cette ré-trées, une déclamation outrée, une gle, qui est certaine en prose, n'est pas plainte outrée, des passions outrées. toujours respectée par les poètes; et Mais où est la règle de ces choses? Qui Racine a dit élégamment dans Iphigé- est-ce qui a fixé le point en decà duquel la chose est faible, et au delà duquel elle est outrée? Qui est-ce qui a donné au public, mêlé de tout état et dans la représentation d'une pièce, lui de toute condition, ce tact délicat qui, fait discerner un sentiment juste d'un sentiment outré, une expression vraie d'une expression fausse? Il le fait sou

nie :

Croyez qu'il faut aimer autant que je vous aime, Pour avoir pu souffrir tous les noms odieux Dont votre amour le vient d'outrager à mes yeux. On ne dirait point en prose, vous m'avez outragé de noms odieux.

OUTRAGEUSEMENT. Adverbe. Il se met après le verbe. Il m'a traité outrageu-vent de manière à étonner les hommes du goût le plus délicat.

sement, et non pas,
il m'a outrageu-
sement traité. On l'a battu outrageuse-

ment.

OUTRAGEUX, OUTRAGEUSE. Adjectif. On peut quelquefois le mettre avant son substantif. Des paroles outrageu ses, ces outrageuses paroles. Voltaire a dit, au sujet de ce vers de Corneille :

Cesse de me tenir ce discours outrageux,

le mot outrageux n'est pas usité; mais plusieurs auteurs s'en sont heureusement servis. Nous ne sommes pas assez riches pour nous priver de ce que nous

avons.

OUVERTEMENT. Adverbe. On peut le mettre entre l'auxiliaire et le participe. Il m'a déclaré ouvertement ce qu'il pense, ou il m'a ouvertement déclaré ce après l'adjectif qu'il modifie. Il est ouqu'il pense. On peut le mettre avant ou vertement ambitieux, ou il est ambitieux ouvertement.

OUVERTURE. Substantif féminin. Dans le sens figuré d'expédiens, on dit donner des ouvertures, et non pas faire des ouvertures. Combien d'ouvertures a-t-il données ? (Fléchier.) — Dans le sens d'avis, de proposition, on dit faire et non pas donner. Il fit un ouverture qui plut à tout le monde.

OUVRABLE. Adjectif des deux genres qui ne se met qu'après son substantif. Un jour ouvrable, des jours ouvrables.

Je pense qu'il y a quelque différence entre outrageux et outrageant. Outrageant me semble avoir rapport particulièrement à l'action, au geste, au ton; et outrageux à la nature de la OUVRAGE. Substantif masculin. On chose. Je dirai donc à quelqu'un que je dit ouvrage de l'esprit, et ouvrage crois avoir eu intention de m'outrager: d'esprit, et ces deux expressions ne Vous m'avez adressé des paroles outra-signifient pas la même chose. L'esprit a geantes, c'est-à-dire par lesquelles vous part à l'un et à l'autre ; mais on entend avez eu intention de m'outrager. Mais on pourra me répondre Comment pouvez-vous appeler outrageantes, des paroles qui ne contiennent rien d'outrageux? On pourrait dire, un geste, un regard outrageant; on ne dirait pas, un geste, un regard outrageux. OUTRE. Préposition. Corneille a dit dans Héraclius :

par ouvrage de l'esprit un ouvrage de la raison et de cette intelligence qui distingue l'homme de la bête; et par ouvrage d'esprit, un ouvrage de la raison polie, de cette fine intelligence qui distingue un homme d'un autre homme. Tout ce que les hommes inventent dans les sciences et dans les arts, est un ouvrage de l'esprit. Les compositions ingénieuses des gens de lettres, soit en prose, soit en vers, sont des oud'esprit. Les systèmes des règles vrages dit Voltaire, que, de ce vers, ne doit jamais entrer dans qui constituent la logique, la rhétoun vers héroïque. (Remarques sur Corrique, la poétique, sont de beaux ouvrages de l'esprit; le Lutrin, la Henriade, Athalie, le Tartuffe, sont OUTRECUIDANCE. Substantif féminin. d'excellens ouvrages d'esprit Il est vieux. Voltaire s'en est servi. On appelle ouvrage d'esprit, une Quant à l'attraction, voici très-naïve-composition d'un homme de lettres ment ce qui m'a déterminé à en varler faite pour communiquer au public et à

Outre que le succès est encore à douter.

Outre

neille.)

à l'occasion

OUVRIER, OUVRIÈRE. Adjectif qui ne se met qu'après son substantif. Jour ouvrier, cheville ouvrière.

Il s'emploie aussi substantivement.
Un ouvrier, une ouvrière.

Ce mot est de trois syllabes en vers.
Soyez plutôt maçon si c'est votre métier,
Qu'écrivain du commun et poète vulgaire.
Ouvrier estimé dans un art nécessaire,
(BOILEAU.)

?

la postérité quelque chose d'instructif dit adjectivement, du linge ouvré ou d'amusant. L'histoire d'un ouvrage pour dire du linge de table façonné, renferme ce que l'ouvrage contient ; et travaillé; nappes, serviettes ouvrées. c'est ce qu'on appelle ordinairement Du fer ouvré, du cuivre ouvré, traextrait ou analyse. Le corps d'un ou- vaillé, pour le distinguer du fer en orage consiste dans les matières qui y barres, du cuivre en lames. sont traitées; entre ces matières, il y a un sujet principal, à l'égard duquel tout le reste est seulement accessoire. Le plan d'un ouvrage consiste dans l'ordre et la division de toutes ses parties. La beauté d'un ouvrage dépend beaucoup du plan que l'auteur s'est formé. L'intérêt d'un ouvrage consiste dans le choix, l'ordre et la représentation de la pensée. Le choix décide le sujet, l'ordre établit le plan, la représentation donne le style si l'ouvrage affecte par le sujet, s'il satisfait le plan, s'il attache par le style, c'est un ouvrage intéressant. Un ouvrage est complet, lorsqu'il contient tout ce qui regarde le sujet traité. On dit qu'un ouvrage est relativement complet, lors-Il fallait dire l'ouvrier. Il n'est pas perqu'il renferme tout ce qui était connu mis de changer les mots d'un proverbe. sur le sujet traité pendant un certain On dit d'un ouvrage qu'on veut louer temps; ou si l'ouvrage est écrit dans qu'il est de main de maître; la Bruyère une vue particulière, on peut dire a dit en ce sens, de main d'ouvrier. qu'il est simplement complet, s'il con- C'est une faute. Tout ouvrage est fait tient tout ce qui est nécessaire pour de main d'ouvrier; et quand on dit de atteindre son but. Au contraire, on main de mattre, on entend distinguer appelle incomplets les ouvrages qui les maîtres, que l'on suppose plus hamanquent de cet arrangement, ou dans biles que de simples ouvriers. lesquels on trouve des lacunes causées dirait pas aujourd'hui ouvrier d'un par la perte de certains morceaux de poète, comme Vaugelas l'a dit autrefois

ces ouvrages.

-

par

On peut encore donner une division des ouvrages d'après la manière dont ils sont écrits, et les distinguer en ouvrages obscurs, c'est-à-dire dont tous les mots sont trop génériques, et qui ne portent aucune idée claire et précise à l'esprit; en ouvrages prolixes qui contiennent des choses étrangères et inutiles au but que l'auteur paraît s'être proposé; en ouvrages utiles qui traitent de choses nécessaires aux connaissances ou à la conduite de l'homme; en ouvrages amusans, qui ne sont écrits que pour divertir les lecteurs, tels que les nouvelles, les contes, les romans et les recueils d'anecdotes. Un bon ouvrage est un ouvrage instructif et bien

écrit.

OUVRANT, OUVRANTE. Adjectif verbal tiré du verbe ouvrir. Il n'est d'usage, que dans ces phrases, à porte ouvrante, a portes ouvrantes.

O parfait ouvrier! l'homme est-il ton'ouvrage
A l'œuvre enfin l'ouvrier se déclare.

La Fontaine en citant ce proverbe, dit
artisan.

A l'œuvre on connaît l'artisan.

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On ne

de Malherbe. Ouvrier et artisan sont bas au propre, et nobles au figuré. Ouvrier et artisan se disent au propre seuls et sans régime; mais au figuré, ils s'unissent élégamment à des noms avec la préposition de. On ne dit point d'un cordonnier qu'il est l'artisan d'un soulier, ni d'un menuisier qu'il est l'ouvrier d'une porte; mais on dit d'un homme, pour le louer, qu'il est l'artisan de sa fortune, qu'il a été l'ouvrier d'une révolution.

OUVRIR. Verbe actif de la seconde où ce verbe est employé dans des acconjugaison. Voici quelques exemples ceptions qui ne sont point indiquées par l'Académie :

Un antre ténébreux
Ouvre une bouche immense.....
(DELILLE, Énéide.)

A des tourmens nouveaux tous mes sens sont ouverts.
(VOLTAIRE, Oreste.)

(DELILLE, Enéide.)

OUVRER. Verbe actif de la première Turnus ouvre à pas lents la marche solennelle. conjugaison. Il est vieux et ne se dit plus que de la monnaie. Ouvrer la monnaie, fabriquer des espèces. On

Quelque accès m'est ouvert en ce séjour sacré, (VOLTAIRE, Semiramis.)

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