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du délit, tout ce qui peut élucider la question, la mission qu'on a acceptée. Cette partie du rapport peut être plus ou moins complexe. Dans quelques cas, on n'a à exposer qu'un seul fait, démontrer, par exemple, si un liquide contenu dans une fiole est de l'acide sulfurique, si une tache sur l'épiderme, sur un tissa, est produite par l'acide azotique, si dų lait est sophistiqué par de l'amidon, etc., etc.

Les cas les plus compliqués sont ceux dans lesquels on a à se prononcer sur un empoisonnement, sur la nature du poison. Voici alors l'ordre dans lequel on doit procéder, sauf quelques exceptions, à l'exposition des faits: 10 État du corps du délit, de ses vêtements; les symptômes, s'il n'est pas mort. 20 Poisons liquides ou solides trouvés dans la chambre ou les vêtements. 3o Caractères physiques des matières des vomissements. 40 Lésions de la surface extérieure du corps, et leur nature. 5o Lésions des diverses parties du tube intestinal, et caractères des matières physiques contenues dans chacune de ses divisions. 60 Lésions des autres organes, du sang, des liquides sécrétés, etc. Après avoir constaté tous ces faits sur le lieu du délit, on renferme les parties, les matières, dans autant de vases séparés qu'il doit y avoir d'analyses distinctes, sur chacun desquels on fait apposer le cachet du commissaire de police, avec un numéro d'ord. e, ou une étiquette en indiquant le contenu. On se transporte ensuite dans un laboratoire pour procéder à l'analyse de ces matières, et en général dans l'ordre que nous avons indiqué. On consacre un paragraphe à chacune d'elles, dans Jequel on expose les manipulations auxquelles elles ont été soumises, et les résultats obtenus. L'exposé d'un rapport doit être fait avec le plus grand soin, les faits y être bien classés, décrits avec la plus grande exactitude, puisque c'est cette partie qui jette le plus grand jour sur l'instruction, d'où découlent les conclusions, et qui permettrait à de nouveaux experts d'interpréter autrement les faits, si les conclusions avaient été mal déduites.

c. Conclusion.

Les conclusions doivent être la conséquence rigoureuse des faits. Elles peuvent être affirmatives, négatives, ou établir de plus ou moins grandes probabilités. On peut donner une conclusion générale déduite de l'ensemble des faits, ou bien consacrer une conclusion spéciale à chaque fait en particulier, et terminer par une conclusion générale. Cette dernière manière de procéder nous paraît préférable.

CONSULTATIONS MÉDICO-LÉGALES.

On donne ce nom à l'examen approfondi et motivé, par de nouveaux experts, des rapports médicaux ou autres pièces analogues faits en justice à l'occasion d'une affaire criminelle ou correctionnelle. Les consultations médico-légales sont demandées par le ministère public, et quelquefois par la partie inculpée, soitavant, mais le plus souvent après le jugement. Dans le premier cas, les experts sont appelés chez le magistrat pour recevoir les pièces et prêter serment. Une consultation médicolégale se compose de quatre parties distinctes: 1o le préambule, dont la formule, la même que celle des rapports, en differe seulement par la nature de la mission. Il faut indiquer par numéro d'ordre les titres des pièces diverses qu'on a reçues; 2o l'exposition des faits, ou extrait méthodique de tous les faits contenus dans les pièces remises, et classés dans l'ordre d'après lequel ils se sont présentés. C'est ainsi que, dans un empoisonnement, on retrace les circonstances qui ont précédé le délit, les symptômes morbides, les altérations pathologiques, les analyses chimiques ; on a soin de souligner les faits les plus importants, et sur lesquels on veut surtout établir les discussions, déduire les conclusions; 5o la discussion des faits; partie la plus difficile et la plus délicate, et celle qui constitue essentiellement une consultation médico-légale. Il faut commenter les faits, les discuter, soit isolément, soit groupés ensemble, motiver son opinion sur des faits existants et avérés, semblables ou

analogues, confirmées par des expériences sur les animaux, de nouvelles recherches chimiques, des jugements rendus antérieurement. 4° les conclusions: déduites de la discussion des faits, elles doivent être disposées par numéro d'ordre, motivées et commentées de manière à faire ressortir ce en quoi elles diffèrent de celles des pièces, des rapports qui font le sujet de l'examen.

LES RAPPORTS ET LES CONSULTATIONS concernent: 4° la relation des effets; 2° la levée de corps; 3° l'autopsie; 4o l'exhumation; 5o l'analyse; 6° les contre-expertises; 7° les questions relatives aux poisons dits normaux, accidentels, d'imbibition, à la dose toxique, aux expériences et observations sur les animaux; 8° la falsification des aliments, les taches diverses, l'altération des actes, des monnaies, la coloration des cheveux. Dans la Toxicologie générale nous donnons un rapport sur ces divers sujets ainsi que les règles à suivre, et, à chaque empoisonnement, l'analyse des rapports, des questions qu'il a soulevées. Aux préparations arsénicales, on trouvera deux modèles de rapports. Quant aux analyses toxicologiques, voyez la marche à suivre page 2, les réactifs et chaque poison en particulier pour le choix des vases, la manière de procéder, afin de ne pas commettre d'erreur.

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Dans la relation des effets, il faut noter les désordres organiques et fonctionnels par ordre physiologique, en insistant spécialement sur ceux qui paraissent caractéristiques, et, ainsi. que dans la levée de corps, indiquer toutes les circonstances qui se rattachent au crime, l'état des lieux, des vêtements, du corps, recueillir les matières des vomissements, des déjections, les urines, les objets qui en sont imprégnés, les aliments, les médicaments qui ont été administrés. Dans le cas de mort on doit s'assurer si elle est réelle, et s'il est nécessaire de procéder à l'autopsie. Pour procéder à cette opération, il faut se munir des instruments nécessaires, des vases, bouchons,

vessies ou parchemin, ficelle, éponges pour recueillir les matières suspectes, et du papier, des plumes, encre, cire à cacheter, pour prendre des notes, étiqueter, numéroter et cacheter chaque objet. On procède à cette opération comme il est dit ci-après, en constatant au fur et à mesure les lésions, et déposant les objets dans autant de vases qu'il doit y avoir d'analyses distinctes: matière des vomissements,-estomac, intestins et leur contenu,-foie, rate,-poumons, cœur,-muscles psoas et iliaque, etc. Si on se sert d'alcool pour conserver ces matières, on en met séparément 200 gram. dans un vase numéroté et étiqueté.

LES SIGNES DE LA MORT sont immédiats ou éloignés. Les premiers sont très-nombreux : l'aspect cadavereux de la face, le refroidissement du corps et des ouvertures naturelles, l'absence de la respiration, l'effet des stimulants sur la muqueuse nasale, d'un fer chaud ou des caustiques sur la plante des pieds, etc. Mais il en est trois, d'après M. Bouchut (rapport de M. Rayer), qui, réunis, permettent d'affirmer que la mort est réelle: 1° l'absence des battements du cœur sur les divers points où ils peuvent être perçus, et cela pendant 5 minutes, ce qui fait en tout 25 à 50 minutes; 2o la dilatation des pupilles avec flaccidité de l'œil, obscurcissement de la cornée; 3° le relâchement des sphincters.

Les signes éloignés, mais certains, sont les suivants : 1° l'absence de contractilité musculaire par les irritants, surtout par le galvanisme. Si l'irritabilité persiste encore, il n'y a pas certitude de mort, quoique ce ne soit pas une preuve de vie. L'influence des poisons sous ce rapport n'est pas bien connue. Les expériences des auteurs dans l'intoxication par les acides sulfhydrique, cyanhydrique, les venins, a donné des résultats différents. 2o la rigidité cadavérique : elle se distingue de la raideur spasmodique en ce que, vaincue par un effort, la partie reste mobile, flexible, et de la raideur de la congélation par l'absence du bruit produit par la rupture des petits glacons.

Comme l'irritabilité musculaire, elle est influencée, dans son développement, sa durée, par les maladies, la température, l'âge des malades, la nature du poison, la durée de l'intoxication. Elle est constante, dure 24 à 36 heures, envahit successivement les muscles du cou, du tronc, abdominaux, thoraciques, et disparaît dans le même ordre. 3° la putréfaction: elle n'attaque que les parties mortes, varie dans son développement, selon les circonstances extérieures ou individuelles, morbides, la nature du poison, envahit successivement le tronc, le ventre, la tête, le cou, sans phénomènes inflammatoires. L'épiderme se ride, la peau pâlit, devient grisâtre, verdâtre, bleue-noirâtre, et, ainsi que les tissus sous-jacents, dégage l'odeur putride. Ces caractères la distinguent des contusions violentes avec déchirure, et de la gangrène sèche. La gangrene humide s'accompagne d'inflammation.-M. Devergie pense qu'à l'aide de ces signes on peut déterminer à priori l'époque de la mort.-En ayant égard à leur développement, à leur succession, il établit deux périodes.

La première, qui comprend l'extinction de la chaleur, l'excitabilité musculaire, la rigidité cadavérique, la diminution du volume et du poids du corps, le retour des solides et des liquides de l'économie sous l'empire des lois physiques, est divisée en quatre époques.

Première époque. Conservation de la chaleur à un degré plus ou moins marqué; relâchement des muscles, soit général soit partiel; excitabilité musculaire par les stimulants ou par le galvanisme. La mort (si elle est certaine) peut dater de deux à dix heures.

Deuxième époque. Chaleur éteinte; rigidité cadavérique ; muscles non excitables par le galvanisme. La mort peut dater de dix heures à trois jours.

Troisième époque. Chaleur éteinte; toutes les parties dans le relâchement; muscles non contractiles par le galvanisme; couleur de la peau naturelle. La mort peut dater de trois à huit jours.

Quatrième époque. Augmentation du volume du corps;

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