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forment, avec la plupart des matières organiques, et surtout avec les liquides sucrés, albumineux, caséeux, astringents, les tissus organiques, soit immédiatement, soit après un contact plus ou moins prolongé, des composés insolubles, et, au bout d'un certain temps, il n'existe plus de cuivre dans les parties liquides. M. Lefortier expose à l'air 30 centigra n. de sulfate de cuivre, dissous dans 4 litre d'eau, avec une portion du tube intestinal; un mois après, la liqueur était incolore et n'offrait plus les réactions cuivriques, tandis que les intestins ont donné du cuivre. M. Orfila introduit dans un estomac 4 gram. environ de verdet préalablement mêlé à de la viande, à un blanc d'œuf, à de la soupe, et enfouit le tout en terre dans une boîte de sapin; neuf mois après, le mélange donne, par ébullition dans l'eau, des liqueurs non cuivreuses, et les parties solides, traitées à froid par l'acide hydro chlorique étendu, cèdent ce métal à cet acide. Ces résultats cependant doivent varier selon les proportions relatives de préparation cuivreuse et de matière organique, la durée de l'expérience, etc.

Les liquides organiques sont colorés en bleu ou en vert, par les préparations cuivieuses solubles, et donnent: le lait, un coagulum verdâtre; l'infusé de thé, un précipité floconneux jaune rougeâtre; l'albumine, l'eau sucrée, un dépôt bleuâtre; le bouillon, la gélatine ne sont troublés, ni à chaud, ni à froid; le vin prend une teinte violacée et conserve sa transparence; mais, an bout d'un certain temps, il se forme un dépôt brunâtre. Les tissus solides, mous, immergés dans une solution cuivreuse, se colorent en vert, en bleu, et forment aussi des composés insolubles, d'où l'eau ne peut enlever complétement le cuivre, même à chaud. Les opinions sont partagées sur la nature de ces composés. D'après MM. F. Rose, Christison, etc. ils ser.ient formés de matière organique et d'oxyde de cuivre, d'après Mitscherlich, d'albumine et de sei cuivrique neutre, si le sel est en excès, et basique, si c'est au contraire l'albumine (il a expérimenté avec l'albumine et le sulfate). M. Lassaigne pense que ces précipités sout composés

de sel cuivrique et de matière organique en proportion définie comme ceux qui résultent de l'action du sublimé. Quoi qu'il en soit, ces précipités peuvent se dissoudre dans les dissolutions albumineuses, cuivriques, alcalines, ou leur céder quelques-uns de leurs composants. Les acides lactique, acé tique, chlorhydrique etc, l'ammoniaque en séparent l'oxyde de cuivre.

Les oxydes, les carbonates, les phosphates, les borates, les arsenites et arséniales, etc., quoique insolubles, peuvent cependant se rencontrer dans les parties liquides des vomisscments, décomposés qu'ils sont par les acides de l'estomac, des aliments, avec lesquels il forment des sels solubles; c'est ce que démontrent les expériences intéressantes de M. Lefortier. 60 à 70 centigr. (12 à 14 grains) soit de protoxyde, de bioxyde anhydre, de carbonate, de phosphate ou de sousphosphate, préalablement bien lavés, et mêlés ou non à des matières organiques, étant donnés à des chiens; un quart d'heure ou une demi heure après, il survint des vomissements. Les parties liquides, colorées en bleu, offraient les réactions des sels de cuiv re, ainsi que les matières solides. Avec le protoxyde les matières des vomissements ne se coloraient en bleu qu'après leur exposition à l'air, et, environ vingt-quatre heures après, la transformation en bi-oxyde était complète. M. Lefortier, ayant mis à digérer ces préparations insolubles avec une tranche de bœuf et de l'eau distillée, a obtenu des résultats différents. Les réactions étaient bien moins promptes et à peine marquées avec le proto et le deutoxyde; le premier n'était pas mème complétement bi oxydé après vingt-quatre heures. Avec le carbonate, le sous-phosphate, elle était nulle soit à chaud, soit à froid; avec le phosphate neutre, la réaction était aussi intense qu'avec les matières des vomissements, ce qui dépend de ce que ce sel est transformé par l'eau en sel acide soluble et en sous-sel. Les acides de l'estomac, des aliments, jouent donc un rôle important dans l'empoisonnement par les préparations cuivreases insolubles, et, si ce n'est peut-être le sulfure, toutes sont ainsi ramenées à l'état soluble.

Analyse. Les préparations cuivreuses, qu'elles aient été dounées a l'état soluble ou insoluble, peuvent donc se trouver en dissolution dans les parties liquides des matières des vomissements, et à l'état de mélange ou de combinaison dans les matières solides, les tissus du tube intestinal, etc. Il faut d'abord, 1o constater leur caractère physique et surtout la saveur et la coloration en bleu ou en vert de ces matières, en se rappelant toutefois que cette couleur n'est pas spéciale aux préparations cuivreuses, quelle peut dépendre de la bile, des matières vertes des végétaux, ou autres matières colorantes; 2o examiner si sur le tube intestinal, dans les matières suspectes, dans les dépôts des liqueurs, ne se trouvent point une poudre, des fragments ou de petits flocons blanc-bleuâtres, verdâtres ou bleus, qu'on isolerait, soit par le triage, soit par les lavages, afin de les soumettre séparément à l'analyse : à cet égard il suffirait de les dissoudre dans un peu d'acide acétique, ou nitrique etc., pour constater ensuite les réactions caractéristiques des sels de cuivre. 3o après ces opérations preliminaires, on délaye les matières dans de l'eau distillée, si elles ne sont pas assez liquides, et après macération préalable, et même après ébullition, on filtre, on concentre la liqueur, et on les essaye par l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer et la lame de fer. Si les réactions ne sont pas nettes, caractéristiques, précipitez le cuivre à l'état de sulfure par un courant de gaz sulfhydrique; chauffez le sulfure, préalablement lavé, avec deux fois son poids d'acide azotique, pour détruire la matière organique, et le convertir en sulfate; évaporez à siccité; reprenez le résidu par l'eau et constatez ensuite les réactions cuivriques. Christison propose de calciuer le sulfure, afin de le dépouiller plus complétement de matière organique, et Mitscherlich de le faire deflagrer avec du nitre. Mais ces manipulations, dans la plupart des cas, sont inutiles. On agirait de même sur les liquides colorés, le vin, le café, etc.

Quant aux dépôts, aux matières solides, au tube intestinal, aux liquides épais, visqueux, chargés enfin de beaucoup de matière organique (lait, bouillon, liquides albumineux ), il

faut les soumettre à l'un des procédés suivants. MM. Devergie et Orfila conseillent de précipiter ces derniers liquides par le gaz sulfhydrique, après avoir préalablement détruit ou précipité la matière organique par le chlore (Devergie), par l'alcool (Orfila), et ensuite d'agir sur le sulfure comme il vient d'être indiqué.

A. Procédé Devergie. Il consiste à décomposer les matières suspectes par le chlore, et à traiter les liqueurs filtrées par les réactifs, et, si les résultats sont négatifs, à précipiter le cuivre sur une lame de zinc par le gaz hydrogène naissant.

Manuel opératoire. Faites passer à travers les matières suspectes un courant de chlore, après les avoir préalablement ramollies ou dissoutes dans l'acide hydrochlorique, comme nous l'avons indiqué aux préparations antimoniales et mercurielles (pages 481 et 524), filtrez, essayez les réactions de sels de cuivre par l'acide sulfhydrique, l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer et la lame de fer. Si les résultats sont négatifs, immergez dans la liqueur une lame de zinc bien décapée, de 4 centim. de longueur, sur 1 centim. de large; ajoutez de l'acide chlorhydrique pour opérer le dégage=ment de gaz hydrogène. Ce gaz réduit l'oxyde de cuivre en s'emparant de son oxygène, et ce métal se dépose sur la lame de zinc sous forme de couche brunâtre, qui devient rougeâtre après dessiccation. On la lave, on la dessèche au papier joseph, et on la traite rapidement par quelques gouttes d'acide azotique étendu d'eau. Il se forme du nitrate de cuivre, complétement dépouillé de matière organique; on évapore à siccité; le résidu, dissous dans l'eau, offre les réactions du cuivre. Par ce procédé fort simple, ajoute M. Devergie, on se met à l'abri de toute erreur, de toute supposition relative au cuivre normal ou habituellement contenu dans nos organes, nos aliments, etc., Cependant, si ces essais donnent des résultats négatifs, il conseille d'évaporer les liqueurs à siccité et de soumettre le résidu, ainsi que le tube intestinal et autres matières solides ou molles au procédé suivant ou de l'incinération simple. Mais alors, ajoute-t-il encore, il resterait à démontrer, si le cuivre pro

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vient d'une préparation ingérée, ou si c'est du cuivre normal, question qu'on pourrait résoudre à priori, par la quantité rela tivement obtenue (voyez cuivre normal).

B. Procédé de l'incinération simple. Il consiste à détruire les matières organiques par la chaleur seule, à traiter les cendres par l'acide azotique et à constater ensuite les réactions caracté ristiques de sel de cuivre.

Manuel opératoire. Les liquides étant préalablement évaporés à siccité, et les matières molles parfaitement desséchées dans des capsules de porcelaine, projetez le résidu, parties par parties, dans un creuset aussi de porcelaine, chauffé au rouge-brun; tassez de temps en temps la matière au fond du creuset, surtout si elle se boursoufle. La carbonisation opérée, divisez le charbon avec une baguette de verre et continuez à chauffer jusqu'à incinération complète. Les cendres, qui sont bleuàtres ou brun-marron, lorsque la quantité de cuivre est un peu forte, renferment ce métal à l'état d'oxyde, de phosphate, etc. Introduisez-les dans un tube de verre; lavez-les à deux ou trois reprises, avec de l'eau distillée -pure, afin de séparer les sels solubles; chauffez le résidu avec quelques gouttes d'acide azotique; évaporez à siccité, pour chasser l'excès d'acide; reprenez le résidu par l'eau et constatez les réactions des sels de cuivre par l'ammoniaque, le cyanure jaune, la lame de fer. Comme on opère ordinairement sur de petites proportions de poisons, il faut exécuter ces réac tions, dans de petits tubes, sur des fragments de verre, avec des baguettes imprégnées de la liqueur suspecte et des réactifs. Ce mode opératoire est en général suffisant pour constater la présence du cuivre. Cependant, lorsque les matières renferment des sels terreux, de fer, de plomb, etc., il est néces saire, avant d'essayer les liqueurs par les réactifs, de précipiter ces bases à l'état de carbonate par un excès de carbonate d'ammoniaque. La liqueur ammoniacale, filtrée et évaporée à siccité, laisse la préparation cuivreuse pour résidu.

C. Procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. Nous avions appliqué ce procédé à la recherche du cuivre dans

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