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les matières organiques bien avant que MM. Flandin et Danger en aient donné communication à l'Institut. Nous pourrons nous étayer du témoignage de nos élèves. Les matières suspectes étant préalablement desséchées ou privées de leur humidité dans une capsule de porcelaine, ajoutez, après refroidissement de 1/3 à 1/6me d'acide sulfurique pur, et chauffez jusqu'à carbonisation (voyez page 328). Divisez le charbon, calcinez-le dans la capsule même, ou dans un creuset de porcelaine, jusqu'à incinération, et traitez les cendres, comme dans le procédé de l'incinération simple, par l'acide azotique, ou sulfurique, etc. MM. Flandin et Danger emploient ce dernier acide. Par ce procédé, ils ont pu apprécier un cent millionième de cuivre.

D. Procédé de carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Les matières suspectes, molles ou liquides étant divisées et privées par évaporation, dans une capsule de porcelaine, de leur excès d'humidité, on les arrose avec envi ron leur poids d'acide azotique, on chauffe jusqu'à ce qu'elles soient dissoutes, on ajoute 1/15 à 1/10 de chlorate de potasse et on carbonise, comme nous l'avons indiqué aux préparations antimoniales ou d'étain, pages 480 et 512. Le charbon, préala blement divisé, est incinéré dans la capsule même ou dans un creuset de porcelaine, et les cendres sont soumises aux mêmes manipulations que celles que nous avons indiquées au procédé d'incinération simple.

M. Orfila opère de la manière suivante: Faites houillir les matières suspectes (celles des vomissements, le tube intestinal etc.) dans de l'eau distillée, pendant une ou deux heures; filtrez; évaporez les liqueurs à siccité; carbonisez le résidu avec son poids d'acide azotique et 1/15 de chlorate de potasse (voyez page 479); divisez le charbon; chauffez-le pendant un quart d'heure avec de l'acide azotique étendu de son poids d'eau; filtrez; évaporez le liquide qui est jaune ou jaune-rougeatre, à siccité; reprenez le résidu par l'eau bouillante et constatez les réactions du cuivre, etc. M. Orfila ue carbonise pas directement les matières suspectes par l'acide azotique et le chlorate de potasse, ne pousse pas non plus la carbonisation

jusqu'à l'incinération, parce que, en opérant ainsi, on peut dit-il, obtenir le cuivre normal, et alors il n'y aurait plus possibilité de savoir si ce métal provient d'une préparation cuivreuse ingérée. Par les mêmes raisons, il rejette les procédés de l'incinération simple, de carbonisation par l'acide sulfurique poussée aussi jusqu'à incinération, ainsi que celui de M. Devergie, c'est-à-dire, l'emploi des acides forts, qui enlèvent aussi, d'après lui, le cuivre normal aux matières organiques.

Réflexions sur ces divers procédés. Tous sont bons, mais d'exécution plus ou moins facile, et l'on peut, surtout à l'aide des trois derniers, déceler des quantités très-minimes de cuivre. Le procédé de l'incinération simple, comme le plus anciennement connu, est presque le seul qui ait été mis en usage dans le cas d'expertise légale; c'est le plus long, le moins facile à exécuter; mais aussi il expose à beaucoup moins d'erreurs, en raison du moins grand nombre de réactifs. Le procédé de carbonisation par l'acide sulfurique est le plus prompt, le plus facile, à la portée des personnes peu expérimentées. Il n'a pas, comme celui par l'acide azotique et le chlorate de potasse, l'inconvénient de la déflagration, de laisser de la potasse dans le résidu charbonneux, base qui nécessite quelquefois l'emploi d'une assez grande quantité d'acide pour dissoudre le cuivre, et si l'on ignorait cette circonstance les résultats pourraient être nuls. Ajoutons enfin que, dans ce dernier procédé, les liqueurs cuivreuses renferment aussi beaucoup de sel de potasse.

Relativement aux modifications proposées par M. Orfila, c'est-à-dire, de ne pas carboniser les organes directement, mais les décoctés, et de ne pas pousser la carbonisation jusqu'à incinération, afin de ne pas confondre le cuivre ingéré avec le cuivre normal, il n'est pas facile de se prononcer, les opinions sur l'existence du cuivre normal étant encore contradictoires, comme nous le verrons ci-après. S'il était démontré que nos organes ne contiennent pas habituellement du cuivre, les modifications proposées par ce toxicologiste exposeraient à perdre la portion de poison que l'eau n'enlève pas aux tissus. Admet

trait-on même le cuivre normal, la quantité en est si infinitésimale (1/46 millième, d'après Devergie), que ce ne peut être une cause grave d'erreur, surtout lorsqu'on aura évité celle qui peut provenir des réactifs, des vases, etc. D'ailleurs ce n'est point sur des quantités aussi minimes qu'on peut affirmer qu'il y a empoisonnement. Plusieurs autres procédés ont été proposés et même mis en pratique. 1° Dissoudre les matières suspectes dans l'acide azotique à chaud; évaporer à siccité; carboniser le résidu; le reprendre par l'acide, azotique étendu, etc. Ce procédé est moins bon, moins délicat que celui de l'incinération. 20 Mêler les matières avec la moitié de leurs poids de carbonate sodique, dessécher, puis incinérer. Les cendres, délayées dans l'eau, laissent, après décantation, de petites parcelles de cuivre. On pourrait enfin, comme essai, pour s'assurer si les matières sont cuivreuses, y laisser séjourner, pendant quelque temps, une lame de fer décapée, après les avoir acidulées.

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Cuivre absorbé. Il n'y a pas bien longtemps que quelques toxicologistes croyaient à la non absorption des préparations cuivreuses, quoiqu'elles fussent employées dans des maladies où on ne pourrait expliquer l'effet thérapeutique saus admettre cet acte physiologique. M. Orfila dépose sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien 8 grammes d'acétate de cuivre cristallisé, pend l'animal 78 heures après, et décèle ce poison dans le foie, la rate, les reins, et en trouve à peine des traces dans l'urine. Mêmes résultats avec les sels de cuivre donnés à l'intérieur. L'absorption paraît en être très-prompte, car ce toxicologiste, après avoir injecté dans l'estomac d'un chien 1 gram. 50 centigram de sulfate cuivrique (œsophage lié), a retiré le cuivre, 1 heure et demie après, des mêmes organes, ainsi que du poumon et du cœur. MM. Flandin et Danger, (24 juillet 1842) ont constaté aussi, par leur procédé, l'absorption du cuivre, et l'out rencontré surtout dans le foie et le tube intestinal. Il en existait à peine des traces dans l'urine. Ils ont remarqué, en outre, que les chiens salivaient beaucoup; que la sécrétion bronchique était très augmentée, et, comme les

animaux avalent leur salive, ils expliquent ainsi la présence du cuivre dans le tube intestinal, les fèces, etc., dans le cas où la préparation cuivreuse a été appliquée à l'extérieur, p`utốt que par le canal de la bile, car ce liquide en renfermait à peine des traces. Nous pensons qu'en général, on néglige un peu trop la muqueuse intestinale comme organe eliminateur. Les personnes qui ont disséqué savent que c'est par cette voie que l'économie se débarrasse des gaz miasmatiques absorbés. La saveur particulière, les coliques, qui se manifestent dans les empoisonnements métalliques externes, indiquent que ces poisons sont aussi éliminés par cette voie.

D'après ces chimistes, le cuivre serait à peine éliminé par les urines, à l'inverse de l'arsenic et de l'antimoine, et le serait au contraire par la muqueuse bronchique et buccale; il se localiserait, comme ces derniers métaux, dans le foie, et les lavages répétés ne l'enlèveraient pas non plus complétement

aux organes.

Pour déceler le cuivre absorbé, MM. Flandin et Danger proposent leur procédé de carbonisation par l'acide sulfurique, et, M. Orfila, le procédé de carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse: mais, comme il s'est assuré, que les acétates, le sulfate de cuivre, introduits dans l'estomac des personnes mortes, pénétraient par imbibition, et dans l'espace même de vingt-quatre heures (temps légal accordé pour opérer l'autopsie), jusqu'au foie, à la rate, aux reins, aux poumons, au cœur, il propose, dans le double but d'éviter les erreurs qui pourraient résulter du cuivre provenant de cette source et du cuivre normal, de modifier ce procédé comme il suit: 1o, il met d'abord à macérer ces organes dans de l'eau froide, pendant une à deux heures, liquide qui, à cette température dissoudrait le cuivre d'imbibition et fort peu du cuivre absorbé; 2o fait ensuite bouillir ces organes dans de nouvelle eau, qui, à cette température, séparerait le cuivre absorbé et non le cuivre normal; évapore le décocté jusqu'à siccité et carbonise le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Il est évident qu'on perd ainsi la portion de cuivre ab

sorbé et entraîné par l'eau froide, ainsi que celle que l'eau bouillante n'enlève pas aux organes, et qu'en fractionnant trop les opérations on s'expose à perdre beaucoup de poison. D'ailleurs, nous doutons que ces subtilités toxicologiques puissent recevoir leur application dans la plupart des cas de médecine légale, surtout lorsque la putréfaction est avancée. M. Orfila rejette encore les procédés de l'incinération simple, de carbonisation par l'acide sulfurique, toujours dans le but de distinguer le cuivre absorbé du cuivre normal.

Pain préparé ou sophistiqué avec le sulfate de cuivre.

Il est généralement admis, même dans les ouvrages les plus récents de toxicologie, que le sulfate de cuivre sert à confectionner le pain, dans le but de lui donner plus de blancheur, d'en augmenter le poids, en faisant absorber une plus grande quantité d'eau à la pâte. Enfin, ce sel aurait la propriété de faire bien lever le pain. Ces assertions sont erronées, et si, dans les expertises légales, on a rencontré du sulfate de cuivre dans le pain, c'est plutôt par erreur de nom, qu'il y a été introduit; c'est-à-dire que, sous le nom d'alun bleu (dénomination qui s'applique probablement à l'alun de roche, peutêtre en raison de sa cas-ure bleuâtre), les boulangers ont employé le sulfate de cuivre : c'est ce que démontreraient les expériences suivantes. Nous ne prétendons pas dire par là que le pain puisse renfermer accidentellement du cuivre.

Les délégués du conseil de salubrité ont obtenu expérimentalement les résultats suivants. A. Un soluté d'alun, ajouté à la pâte, fait bien lever le pain, lui donne plus de blan✔heur, le rend moins compacte et communique à la croûte une couleur dorée luisante. Cette propriété découle sans doute de ce que l'alun, à la température du four, fond, se boursoufle beaucoup et se transforme en alun calciné, qui est très-blanc. L'addition de l'alun, en petite quantité bien entendu, ne paraît pas rendre le pain dangereux. B. Quatre pains fabriqués avec 2 kilogram. de fariue chaque et 60, 40, 20, 10 centigram. de sulfate de cuivre, lèvent mal, sont mats; le noi est d'un vert

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