Images de page
PDF
ePub

les lavements émollients. Cependant il y eut encore des selles en petite quantité, avec ténesme et perte des forces, et la convalescence ne commença que le huitième jour. Pendant longtemps, il lui a suffi de sentir le cuivre pour éprouver des nau

sées.

La couleur verdâtre des matières des vomissements, des selles, est aussi un des symptômes les plus constants, mais ne constitue pas un caractère absolu, car elle peut dépendre de la bile, de toute autre matière colorante. Il est donc nécessaire d'avoir recours aux réactifs chimiques, l'ammoniaque, le cyanure jaune de potassium et de fer, la lame de fer, à la saveud, à l'odeur. La coloration peut être partielle ou générale. Les premières matières, quelquefois d'abord incolores, deviennent colorées pendant un certain temps, perdent de nouveau cette couleur pour la reprendre ensuite. (Observ. VII.)

Les coliques sont constantes dans l'empoisonnement par le cuivre; elles se manifestent presque en même temps que les vomissements, et, assez souvent avant, sous forme de tranchées, et persistent bien plus longtemps que dans les autres espèces d'empoisonnement; très-douloureuses, surtout à la pression, elles se répètent fréquemment et comme par accès, s'accompagnent de ténesme, de selles diarrhéiques, séreuses, verdàtres ou porracées, qui soulagent momentanément le malade. Le ventre est bien plus souvent contracté que ballonné; les selles, ainsi que les matières des vomissements, sont rarement sanguinolentes, du moins chez l'homme. Le système nerveux est à peu près également affecté que dans dans l'empoisonnement par l'arsenic et le sublimé. Les malades accusent presque constamment de la pesanteur, un grand mal de tête ce symptôme, qui quelquefois est le prélude de l'intoxication, persiste assez longtemps. Des convulsions générales ou partielles, et surtout des crampes douloureuses dans les membres, avec brisement, s'observent assez fréquemment,, mais elles n'offrent rien de particulier, si ce n'est qu'elles s'accompagnent d'une grande faiblesse et sont peut-être bien moins suivies d'insensibilité, de paralysie, qu'avec l'arsenic, le sublimé.

La circulation, la calorification offrent à peu près les mêmes modifications que dans l'intoxication par l'arsenic, le sublimé; seulement le pouls paraît être plus dur, plus serré et moins souvent intermittent, et la sueur froide, visqueuse plus abondante. L'anxiété précordiale, les syncopes, les lypothimies, les palpitations, symptômes qui dependent probablement à la fois des modifications du système nerveux et circulatoire ont été assez souvent constatées dans ce genre d'empoisonnement. La sécrétion urinaire ne paraît pas être supprimée. Les urines ne sont que suspendues momentanément; elles coulent ensuite abondamment par intervalles et sont très-bourbeuses. La jaunisse n'est pas un symptôme constant de l'intoxication cuivreuse; cependant la peau, les tissus prennent assez souvent un aspect jaunâtre terreux, si ce n'est pendant la vie, du moins après la mort (Observ. III). Drouart a vu sur les chiens la sclérotique et les urines devenir jaunes safranées comme dans l'ictère, et, après la mort, les tissus offrir aussi cette coloration.

La marche, la durée, la terminaison sont à peu près les mêmes, et offrent les mêmes anomalies que dans l'empoisonnement arsenical, mercuriel, etc. Dans l'intoxication par l'ingestion d'une préparation cuivreuse en nature, les effets se manifestent immédiatement, ou dans la première heure, et, en général, du côté du tube intestinal; au contraire, par les aliments devenus accidentellement cuivreux, ce n'est quelquefois que plusieurs heures après. Ainsi, dans la nuit par exemple, et après quelques heures de sommeil, les malades sont réveillés par de la pesanteur, un grand mal de tête, une anxiété géné rale, par des coliques, des tranchées, des crampes douloureuses dans les membres, auxquels s'ajoutent ensuite les autres effets. La mort est rarement prompte. Delaporte cite un cas où elle est survenue quelques heures après l'ingestion du verdet. Les deux malades de l'Observation III ont succombé en douze et "treize heures. Deux hommes ayant mangé d'un ragoût préparé dans un vase en cuivre non étamé, sont morts, après ́avoir éprouvé, pendant une heure, des cardialgies violente,

des vomissements énormes et un ténesme continuel (Portal). Cependant, la terminaison est rarement aussi prompte et aussi funeste. Quelquefois les malades se rétablissent promptement, après avoir éprouvé des accidents qu'on pourrait confondre avec ceux d'une indigestion. Le plus souvent, ce n'est qu'après cinq, huit, quinze jours, un mois et plus que le rétablissement est complet, et après une grande sévérité dans l'alimentation. Les malades, après la cessation, la diminution des symptômes alarmants, conservent encore une grande irritabilité du tube: intestinal, une grande faiblesse, des coliques, diarrhéiques avec ténesme, etc. Enfin, plus rarement encore, survient la période des effets consécutifs, et alors le patient, outre son état d'émaciation, offre les symptômes d'une affection chronique du tube intestinal ou de tout autre organe, tels que, épigastralgie, vo, missements habituels (Observ. IV); toux opiniâtre, faiblesse, tremblements, paralysies. Cependant, il est peu d'observations où il soit question des effets consécutifs.

EMPOISONNEMENT LENT. Nous manquons encore de faits bien précis à cet égard; mais, comme les pilules de Gerbier, à dose médicamenteuse longtemps continuée, ont produit des accidents très-graves, et surtout un état scorbutique avec grand affaissement, hémorragies des muqueuses, etc.; qu'ensuite, l'usage du pain cuivreux détermine un état de dépérissement, effets qui cessent par la suppression de cette alimentation, nous sommes porté à conclure que les préparations cuivreuses, comme les autres poisons minéraux, peuvent donner lieu à ce genre d'intoxication.

Altérations pathologiques. Les auteurs ont porté la même négligence à bien préciser les lésions, surtout aux diverses périodes de l'intoxication, que dans la plupart des autres empoisonnements. Tous s'accordent à dire que les cuivreux laissent des traces d'inflammation, des taches ecchymosiques noirâtres dans les diverses parties du tube intestinal et surtout dans l'estomac, les petits intestins, le rectum, et, plus rarement des épaississements, des ulcérations et même des perforations. M. Andral, chez la personne qui s'était empoisonnée avec

30 gram. (1 once), du sulfate de cuivre, et qui a succombé environ 12 heures après, a trouvé dans toute son étendue l'œsophage de couleur bleue, résistant au lavage, et sa muqueuse, ainsi que celle du tube intestinal, d'un bout à l'autre, d'un rouge foncé. Dans le cas de Laporte, déjà cité, l'estomac offrait une ecchymose générale. Sur les deux hommes de Portal, le tube intestinal était distendu par une grande quantité de gaz, rouge en divers endroits, surtout dans les intestins grêles; le pylore et le duodenum étaient gangrenés, le rectum percé en divers points, le pharynx et l'œsophage dans l'état naturel, les poumons gorgés de sang. Chez un enfant qui a succombé après avoir avalé une dissolution de vert-de-gris, Portal a trouvé l'estomac enflammé et très-épais dans sa substance, surtout vers le pylore, dont le contour était si gonflé, que l'orifice en éta t oblitéré; les intestins grêles étaient enflammés dans toute leur étendue, gangrénés en divers endroits, même percés, et, une partie de la liqueur verdâtre du tube intestinal épanchée dans le péritoine; le gros intestin étant distendu outre mesure en quelque endroit, très-rétréci en d'autres, le rectum ulcéré dans toute sa surface interne et percé en plusieurs points. Portal n'a pas trouvé, chez cet enfant, les vaisseaux sanguins érodés, comme on le pensait avant lui, non plus que sur les chiens empoisonnés par le verdet. Chez un ecclésiastique, le même auteur a trouvé tout le canal alimentaire excorié et le rectum percé en plusieurs endroits. Dans l'Observ. III la muqueuse du pharynx, des petits intestins, de l'estomac était enflammée ça-et-là et même gangrenée près du pylore et du cardia, le sang du cœur et des gros vaisseaux, noir, fluide, épais. Sur une chèvre (Observ. V), la muqueuse de l'intestin grêle était enflammée, la séreuse injectée, le mésentère, l'épiploon, les glandes mésentériques gorgés de sang. Dans les diverses expéiences sur les chiens on a aussi noté l'inflammation muqueuse gastro-intestinale, et, quelquefois celle de la séreuse, des taches ecchymosiques noiràtres, même lorsque les sels de cuivre étaient appliqués à l'extérieur, rarement des ulcérations, et enfin, d'après Drouart, l'extravasation d'un liquide san

[ocr errors]

guin noirâtre dans le tube intestinal. Les auteurs ont noté l'engorgement du système sanguin et des poumons, mais ils sont fort peu explicites sur l'état du sang, s'il est liquide ou coagulé. M. Orfila, a observé, sur deux chiens, des taches rouges à la partie interne du cœur. Nous manquons de faits précis, quant aux altération's des autres organes. Il est bon de noter aussi la coloration verdâtre des tissus atteints par la préparation cuivreuse, celles des matières renfermées dans le tube intestinal, la présence du poison en nature dans cet organe, quoique ces caractères ne soient pas constants.

TRAITEMENT. Il faut se conformer aux principes généraux que nous avons donnés dans l'empoisonnement par les poisons minéraux, arséniaux, mercuriels, etc. Dans la plupart des cas, on s'est contenté des boissons, des lavements émollients, et laxatifs, la casse, la manne, les huileux pour seconder l'ex-. pulsion du poison par les vomissements ou par les selles. Dans quelques-uns on a administré les opiacés, les anti-spasmo-, diques, pour calmer et combattre les coliques, les symptômes nerveux. Plus rarement encore, on a eu recours aux sangsues, aux saignées. Une diététique sévère est nécessaire pour le complet rétablissement.

par

Contre-poison. S'il fallait se diriger d'après les réactions chimiques on ne manquerait pas de contre-poison. Navier a proposé les sulfures alcalins, de potasse, de chaux, de fer. Drouart les a expérimentés sans succès sur les chiens. Mais on ne peut rien conclure de ces essais, car il les a donnés à dose toxique. Dans une série d'expériences, il a donné le précipité obtenu la réaction des sels de cuivre et de ce contrepoison, et les chiens ont été intoxiqués; ce qui indiquerait que le sulfure de cuivre est toxique, mais il serait nécessaire de répéter ces expériences. Les alcalis minéraux, leurs carbonates, ne peuvent servir de contre-poisons, puisque les oxydes, les carbonates de cuivre sont toxiques. Nous en dirons autant des décoctés des substances astringentes (noix de Galles, quinquina, etc.), vantés par Chantourelle. Le sucre a eté pre conisé par Marcelin Duval, d'après des faits recueillis chez

[ocr errors]
« PrécédentContinuer »