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l'homme et des expériences sur les animaux. M. Lartigue (Ob serv. VIII) en est aussi partisan. Le docteur Postel, guidé par les idées de Vogel, de M. Girardin, de Rouen, que le sucre décompose soit à froid, soit à chaud, les sels de cuivre et en précipite le cuivre à l'état de métal ou d'oxyde, dit avoir essayé ce contre-poison avec quelque succès sur les chiens. M. Orfila n'a point été aussi heureux et n'a pas en outre constaté la transformation des deuto-sels de cuivre en protoxyde dans l'estomac des chiens. Il résulte pour nous de la lecture attentive des faits que le sucre, la cassonade, donnés à l'état sec ou sous forme liquide, ont paru calmer les effets locaux, retarder l'intoxication. Quoique l'albumine, considérée par M. Orfila comme le contre-poison des préparations cuivreuses, forme avec elles un composé insoluble, nous ferons les mêmes réflexions que pour le sublimé corrosif (page 546). Il en est de même pour le charbon conseillé par Bertrand. Le cyanure jaune de potassium et de fer a été essayé aussi sans succès par M. Orfila.

Le seul contre-poison, selon nous, qui devrait inspirer quelque confiance, serait la limaille de fer bien décapée; le cuivre précipité de ses dissolutions, à l'état de métal, n'est point ainsi attaqué par les acides de l'estomac; MM. Edwards et Dumas ont arrêté les effets toxiques de 60 centigram. de verdet, sur un chien, en lui donnant de la limaille de fer, l'œsophage étant lié, l'animal a succonibé le septième jour. Comme la limaille de fer est très pesante, ils conseillent, afin de faciliter la réaction chimique, de l'incorporer dans du miel, sous forme d'électuaire. Comme sous cette forme elle n'est pas facile à administrer, on pourrait la suspendre dans un décocté concentré de guimauve, de graine de lin, d'amidon, un soluté de gomme. Mais il est rare que le médecin ait ce contrepoison à sa disposition, du moins non oxydé. MM. Sandras et Bouchardat, dans le mème but, proposent la limaille de

zinc.

Questions médico-légales; erreurs à éviter dans les recherches du cuivre, cuivre normal.

Les homicides par les préparations cuivreuses sont assez rares, et ont lieu, le plus souvent, avec les acétates, le sulfate, le cuivre ou les sous oxydés, mis à macérer dans le vin ou tout autre véhicule. Au contraire, les empoisonnements par accident, surtout par les aliments, les boissons, les médicaments devenus accidentellement cuivreux, sont extrêmement fréquents et sont bien plus souvent le sujet d'une expertise légale. Dans le premier cas, c'est à-dire dans les empoisonnements criminels, il importe d'éviter, autant que possible, les erreurs qui peuvent provenir soit des réactifs, soit des aliments préparés ou conservés dans des vases de cuivre. Comme aux faits pratiques nous indiquons la plupart des circonstances qui peuvent entraîner ces sortes d'erreurs, nous signalerons seulement les suivantes. 1o M. Dupaquier, de Lyon, s'est assuré que la potasse à l'alcool, donnée comme pure, que l'eau distillée, que les acides considérés aussi comme tels, renfermaient quelquefois du cuivre et du plomb. 2o Le papier à filtrer contient ordinairement de ces métaux, qui peuvent être entraînés ou dissous par la simple filtration des liqueurs acides. Ce fait, connu depuis longtemps, a été constaté tout récemment, même sur du papier dit de Berzelius, qui doit en être exempt. 3o Les aliments, les boissons, les eaux distillées, préparés ou conservés dans des vases en cuivre, les matières suspectes déposées dans ces vases, sur des tables peintes, enveloppées dans des papiers peints, dans des linges humides, qui ont reçu le contact des instruments, des pièces de monnaie en cuivre, etc., peuvent aussi s'imprégner de ce métal. En raison de l'usage fréquent des vases en cuivre, des préparations cnivreuses dans les arts, il sera donc bien difficile, pour ne pas dire impossible, dans la majorité des cas, de se soustraire à ces causes d'erreurs.

Nous voudrions rapporter quelques cas d'empoisonnements criminels, ou du moins discuter les questions qu'ils auraient pu soulever; mais, malheureusement, les cas rapportés dans les

journaux ne sont simplement qu'énoncés et très-incomplets. Ainsi, tout récemment, dans la Gazette des Tribunaux, il était question d'un homicide avec le sulfate de cuivre, par un mari sur sa femme. Il y est dit seulement qu'une tache verdâtre, trouvée sur une bûche du feu, ainsi qu'un liquide renfermé dans un verre furent reconnus être du sulfate cuivrique; que la femme, auparavant souffrante, avait succombé avec les symptômes d'empoisonnement; qu'à l'autopsie cette femme offrait une affection cancéreuse de l'estomac ; qu'enfin les experts n'avaient pas trouvé de poison dans les organes gastro-intestinaux; que le mari avait été condamné à mort. Sur ces simples détails, il est impossible d'établir aucune discussion. Cependant, ce cas soulèverait une question très-importante, à savoir si le poison, chez une personne ayant une affection organique aussi grave, a déterminé à lui seul la mort, ou s'il n'en a été que la cause occasionnelle. Cette question se représentera aux préparations plombiques. Nous répèterons encore ici combien il serait important que les rapports, les débats d'une affaire criminelle fussent bien circonstanciés : ce serait une source féconde d'instruction pratique pour le médecin.

L'empoisonnement par le cuivre peut soulever plusieurs des questions médico-légales que nous avons signalées aux préparations arsenicales. Les Observations V et VI démontreraient que le lait, la chair des animaux intoxiqués par le cuivre, seraient nuisibles à l'homme. Il est démontré expérimentalement que les terrains des cimetières peuvent être cuivreux; mais la question de savoir l'état de combinaison dans lequel s'y trouve ce métal, s'il peut être transmis aux cadavres et vice versá, n'est pas plus avancée, plus résolve que pour l'acide arsénieux. Quand au cuivre normal, comme cette question n'est point encore résolue, qu'elle est actuellement pendante devant l'Académie des Sciences, elle mérite un article à part.

Cuivre normal. Nos tissus, nos liquides, les aliments, les boissons, les médicaments renferment-ils naturellement du cuivre? Ce métal enfin, fait-il partie constituante de nos organes, comme le fer, la chaux, etc? Telle est la question à

l'ordre du jour. Sans entrer dans les détails historiques que comporterait un semblable sujet, nous rapporterons seulement les faits suivants: M. Sarzeau, en 1828, a retiré du cuivre d'une foule de végétaux, du quinquina, du café, des graines céréales, etc. M. Boutigny, en 1833, a obtenu ce métal du blé et d'un grand nombre de substances. Il conclut, de son travail, que les aliments, les boissons, préparés dans des vases en cuivre en contiennent presque toujours; que le vin, le cidre, le blé en recèlent quelquefois, et seulement, lorsque les plantes qui les ont fournis se sont développées dans des terrains cuivreux; que, par conséquent, le cuivre provient des vases ou des sels et qu'il n'existe pas normalement dans les aliments, les médicaments, les boissons. M. Vever a retiré aussi le cuivre de toutes les plantes qui avaient germé ou s'étaient développées dans un terrain rendu accidentellement cuivreux par le sulfate de cuivre. Il n'en a pas obtenu dans le cas contraire.

M. Rossignol de Lyon (11 septembre 1843), dit avoir retiré du cuivre d'un grand nombre de matières organiques, des diverses parties du corps de l'homme, des animaux domestiques (poumons, muscles, sang, etc.), ainsi que des aliments dont ils se nourrissent Sur 100 parties le charbon de gélatine, employé à l'hôpital Saint-Louis, a donné 00,3 de cuivre; le chocolat Marquis 00,5, les fécules environ 00,4, l'oseille cuite des fruitières de Paris, 00,2 d'oxalate de cuivre; 100 pains pris chez les divers boulangers de Paris, de 0,05 à 0,08. Il a trouvé du cuivre et du plomb dans le sucre.

MM. Devergie et Hervy, et tout récemment M M. Barse, Lanneau, Follin, Orfila, etc., ont retiré non seulement du cuivre, mais encore du plomb, du tube intestinal et des divers organes de l'homme. D'après les premiers chimistes, la proportion de ces métaux augmenterait avec l'âge ; faible chez les nouveau-nés, elle serait 4 ou 5 fois plus forte chez l'adulte. La quantité serait variable aussi selon les viscères. Dans le tube intestinal, elle ne dépasserait pas 46 millièmes pour le cuivre et 40 millièmes pour le plomb. Le jeûne, une maladie prolongée, en diminuent beaucoup la quantité. Ces circonstances

tendent à faire croire que le cuivre et le plomb proviennent des aliments, qui le reçoivent eux-mêmes des ustensiles de cuisine, du terrain etc. Dans tous les cas, la quantité du cuivre a été plus forte que celle du plomb, si ce n'est chez les personnes qui ont succombé à une encephalopathie saturnine. Outre ces deux métaux, ils ont toujours trouvé du manganèse. M. Barse a rencontré aussi presque constamment du fer; nous avons fréquemment trouvé ce métal.

Les procédés en usage pour déceler le cuivre normal, ou plutôt qui peut se rencontrer naturellement dans nos organes, dans les aliments, les boissons, etc. sont, ceux de l'incinération simple, de la carbonisation par l'acide azotique et le chlorate de potasse, ou par l'acide sulfurique, poussés jusqu'à incinération. MM. Barse, Lanneau et Follin, en agissant, par ces trois procédés, sur le tube intestinal de deux personnes, dont l'une était morte après 3 heures de séjour à l'hôpital, et l'autre après trois mois, à la suite d'une affection chronique des organes pulmonaires, ont obtenu des résultats négatifs, en poussant l'opération seulement jusqu'à carbonisation, et affirmatifs en la portant jusqu'à incinération. M. Barse cependant, dit ne pas avoir retiré du cuivre, du plomb normaux de tous les cadavres. Four obtenir à la fois le cuivre et le plomb, après avoir lavé les cendres, on les traite par de l'eau régale étendue de 3 ou 4 parties d'eau; on filtre et on évapore les liqueurs à siccité. Le résidu est repris par l'eau distillée aiguisée d'acide chlorhydrique; les liqueurs sont filtrées et soumises à un courant d'acide sulfhydrique. Il se forme un précipité roussâtre, composé de sulfure de plomb et de cuivre, d'un peu de soufre et de fer. Après l'avoir bien lavé, on le dissout dans l'acide azotique étendu et on précipite le soluté par un excès d'ammoniaque. La liqueur ammoniacale évaporée à siccité laisse un résidu cuivrique, qui est dissous dans de l'eau aiguisée pour constater les caractères des sels du cuivre, Le précipité obtenu par l'ammoniaque ou l'oxyde de plomb, chauffé avec un peu d'acide chlorhydrique, puis desséché lentement, laisse un résidu, qui

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