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il s'arrêterait à 1/5,000, estimation sans doute trop faible. 8o Cyanure jaune de potassium et de fer. Précipité blanc (cyanure de fer et de plomb). La réaction ne va pas au-delà de 1/18,000.

9o Une lame, un fil de zine immergés dans un soluté plombique, se couvrent d'une couche noire, et, bientôt après, de lamelles de plomb.

10° Enfin, les borates, les phosphates, les carbonates, les chlorures solubles, l'acide chlorhydrique, précipitent aussi ces solutés en blanc. Pour déceler l'acide acétique, il faudrait évaporer une portion de soluté en consistance de sirop épais, et en dégager cet acide par l'acide azotique.

Si le soluté était trop étendu pour ne pas donner les réactions indiquées, on le concentrerait par évaporation, ou bien encore on précipiterait le plomb à l'état de sulfure par l'acide sulfhydrique, et le sulfure, bien lavé, serait transformé en chlorure, en nitrate soluble, en le chauffant, soit avec l'acide hydrochlorique ou l'eau régale, soit avec l'acide azotique étendu de part. égales d'eau, d'après M. Orfila. Ce sulfure pourrait encore être réduit en le chauffant avec de la potasse, de la soude ou du flux noir dans un creuset de porcelaine ou entre deux charbons ardents.

De tous ces réactifs, le plus délicat est l'acide sulfhydrique; mais les plus caractéristiques sont l'iodure de potassium, le chromate de potasse, le sulfate de soude. Nous verrons cependant que les sels de bismuth offrent beaucoup d'analogie avec les sels plombiques et précipitent aussi en jaune par le chromate. On pourrait doser le plomb par la quantité de sulfate ou de sulfure obtenus.

Préparations plombiques et matières organiques.

Les sels solubles de plomb réagissent sur presque toutes les matières organiques, par le double motif, qu'elles forment, avec ces matières, des composés insoluble, et qu'elles sont précipitées, décomposées par les carbonates, les sulfates, les chlorures, les phosphates, les tartrates, les oxalates, etc., sels très-répandus

dans le règne organique. Ainsi, avec les acétates, le vin rouge se trouble, donne, après vingt-quatre heures de contact, un dépôt violacé, et d'après M. Devergie, on ne pourrait constater la présence du plomb dans la liqueur quoiqu'elle soit passée à l'aigre. Il en est de même de la bière, du cidre. L'albumine donne immédiatement un précipité blanc, floconneux; c'est ce qui a lieu aussi avec le lait, pourvu que l'acétate de plomb soit en excès. Avec le bouillon, il se forme un précipité floconneux abondant, blanchâtre, qui, après dessiccation, offre la couleur et la consistance de la colle. La dissolution de gélatine n'est point troublée. La bile précipite abondamment. Les infusés organiques végétaux ou animaux sont tous troublés par' r les acétates plombiques. Enfin les tissus organiques, le tube intestinal, etc., réagissent aussi sur ces sels, deviennent plus résistants et comme tannés.

Ces réactions sont quelquefois très-promptes, complètes. M. Devergie ingère dans l'estomac d'un chien 50 centig. (10 grains) d'acétate plombique; le lendemain il ne peut déceler le plomb dans la partie liquide des matières alimentaires, ni dans le décocté obtenu avec de l'eau aiguisée d'acide acétique, soit de ces matières, soit du tube intestinal; il a retiré, au contraire, ce métal de ces matières, de ces organes, par le procédé de l'incinération. M. Orfila expose à l'air, dans un bocal à large ouverture, 50 centigr. d'acétate de plomb, dissous dans un litre d'eau distillée et mêlé avec environ le tiers de tube intestinal; quatre jours après, il n'existait plus un atome de sel dans les liquides. Même résultat, douze jours après, avec un mélange de 60 centigr. d'acétat de plomb, dissous dans deux litres d'eau distillée et mêlé à de la chair musculaire, à la moitié d'un foie, et à quelques portions d'un canal intestinal. Dans les deux cas, il a décelé le plomb dans les matières solides. Ces résultats doivent cependant varier selon la nature, la proportion relative de matière organique et du sel plombique.

Les préparations plombiques insolubles feront nécessairement partie des dépôts de liquides organiques, seront mélangées aux matières solides ou déposées à la surface du tube intestinal; mais

comme la plupart sont attaquées, dissoutes en partie par les acides, le chlorure de sodium (Orfila), il est certain aussi qu'elles pourront se rencontrer dans les parties liquides. C'est ce qui a lieu, en effet, pour le vin, le cidre et autres liqueurs acides, sophistiquées avec litharge, afin d'en masquer la saveur acide. Ces liquides dissolvent l'oxyde plombique sans se troubler et acquièrent une saveur douce.

Analyses. Examiner avec soin si dans les dépôts des liquides suspects, dans les matières alimentaires ou de vomissement, sur la muqueuse intestinale n'existent pas une poudre, des parcelles blanches, rouges, micacées, qu'il serait facile d'isoler par les lavages, par réposition et décantation, pour les soumettre directement à l'analyse.

Après cette opération préliminaire, on sépare les liquides des matières solides par filtration, on traite même celles-ci par l'eau pour entraîner les portions de poison non décomposé, et, après avoir filtré et réuni les liqueurs, on les essaye par les réactifs. Dans les cas négatifs, ou bien on les évapore jusqu'à siccité pour soumettre le résidu à l'un des procédés que nous indiquerons ci-après; ou bien encore, on les précipite par un courant d'acide sulfhydrique, on traite le sulfure de plomb à chaud, préalablement lavé, par un peu d'acide chlorhydrique, d'eau régale ou d'acide azotique étendu de parties égales d'eau, pour le transformer en chlorure ou en nitrate, on filtre, et, après avoir évaporé l'excès d'acide, on dissout le résidu dans un peu d'eau distillée, et on essaye les réactifs des sels plombiques. On peut réduire d'ailleurs le chlorure, le nitrate, en les chauffant au rouge brun avec du flux noir, dans un creuset de porcelaine, ou bien encore dans la cavité d'un charbon ardent. On doit agir de même sur tous les liquides plombiques, colorés ou incolores, contenant peu de matière organique, le vin, le cidre, la bière, les eaux distillées, etc. Quant aux liquides visqueux, très-chargés de matière organique, le lait, les liquides albumineux, gélatineux, les décoctés animaux, etc., il est mieux de les évaporer à siccité et de soumettre le résidu aux mêmes procédés analytiques que les matières solides, les

tissus du tube intestinal, etc. Ces procédés étant les mêmes que pour la recherche du cuivre, s'exécutant de la même manière, les mêmes réflexions leur étant applicables (voyez page 600), nous indiquerons seulement ce qu'ils offrent de spécial.

A. Procédé de l'incinération simple. Elle doit s'opérer dans un creuset en porcelaine. Les cendres, si la préparation plombique est un peu forte, offrent quelquefois une couleur jaune ou rouge, due aux oxydes plombiques, et l'on trouve, au fond du creuset, un petit culot métallique ou des globules plombiques mêlés, interposés dans les cendres, qu'on peut isoler par des lavages à l'eau distillée, pour les caractériser ensuite, comme nous l'avons indiqué. Afin de ne pas perdre de plomb, les cendres étant lavées à l'eau distillée pour séparer les sels solubles, sont ensuite chauffées avec de l'acide azotique; on évapore l'excès d'acide, on traite le résidu par un peu d'eau distillée, on filtre et on constate les réactions caractéristiques des sels plombiques avec les mêmes précautions que nous avons indiquées aux préparations cuivreuses. On se contente ordinairement des réactions par l'acide sulfhydrique, le chromate de potasse et l'iodure de potassium. Il importe surtout, avec ce dernier réactif, que les liqueurs ne soient pas acides; autrement on obtiendrait un précipité brun d'iode.

B. Procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. On peut, en chauffant fortement les produits de la carbonisation, surtout par l'addition d'un peu de potasse, obtenir du plomb en globules; et, afin de ne pas en perdre, chauffez le résidu avec l'acide chlorhydrique, puis, avec l'eau distillée, filtrez et essayez les réactifs des sels plombiques. Ce procédé est moins bon, donne des résultats moins satisfaisants qu'avec les prépa rations cuivreuses.

C. Procédé d'incinération par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Les cendres, fortement chauffées dans un creuset de porcelaine ou dans la cavité d'un charbon, donnent du plomb en globules, faciles à séparer par le lavage. On pourrait aussi traiter le résidu par l'acide azotique. Très-bon procédé.

De tous ses procédés, c'est celui de la carbonisation ou de l'incinération simple qui a été appliqué aux expertises légales. Il exige en effet moins de réactifs. Les partisans du plomb normal veulent que la carbonisation ne soit pas poussée jusqu'à incinération, afin de ne pas confondre le plomb ingéré avec le plomb normal (voyez cuivre). Le résidu a été chauffé tantôt seul, tantôt avec de la potasse pour obtenir le plomb en globules, tantôt avec l'acide azotique pour obtenir un sel plombique. Il convient d'obtenir le métal, si c'est possible.

Préparations plombiques absorbées.

Gmelin, après avoir injecté de l'acétate plombique dans l'estomac d'un chien, a retiré du plomb du sang des veines mésaraïques et spléniques. MM. Guibourt et Devergie ont obtenu ce métal des organes et surtout du cerveau des personnes qui avaient succombé à une encéphalopathie saturnine. M. Orfila a retiré ce métal du foie, de la rate, des reins et des urines des chiens intoxiqués avec 20, 30 gram. d'acétate plombique dissous. L'œsophage et la verge ont été liés. Il ne dit pas s'il l'a retiré du sang ainsi que des organes autres que ceux précités. D'après MM. Flandin et Danger, que l'empoisonnement soit aigu ou chronique, si la mort a été immédiate, on trouve le poison combiné avec la muqueuse intestinale, en abondance dans le foie, en proportions plus faibles dans la rate, le pancréas, les reins, les urines, et enfin dans les poumons. Ils ne l'ont pas retiré des autres organes, ainsi que du sang, quelle que fût l'époque de l'intoxication et son mode d'administration, ce qui serait en contradiction avec les expériences de Gmelin, MM, Devergie et Guibourt. Le plomb, à l'inverse de Parsenic, de l'antimoine, se rencontrerait donc dans les poumons, serait éliminé, comme ces deux poisons, par les urines, tandis que le cuivre le serait presque exclusivement par la perspiration pulmonaire, par la muqueuse gastro-inte tinale, et à peine par les urines. Un fait qui a frappé MM. Flandin et Danger, dans le cours de leurs expériences sur les divers poisons, c'est que, quel que soit l'instant donné, auquel on

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