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dissout pas toutes les préparations plombiques. Les expériences auxquelles les experts ont soumis les matières suspectes sont insuffisantes, comme nous le démontrerons plus tard, pour affirmer qu'elles ne renfermaient aucun poison de nature or- . ganique. L'affaire Pouchon a soulevé les questions toxicologiques suivantes.

A. Les préparations plombiques solubles ou insolubles peuvent-elles étre administrées dans un but criminel, dans du vin, dans une salade? Cette question peut avoir deux solutions différentes. M. Rognetta avant introduit 8 gram. d'acétate de plomb dans une bouteille de vin, dans une salade, le vin est devenu trouble, épais, et les deux aliments ont acquis une saveur si repoussante, qu'il faudrait avoir le goût le plus dépravé pour les prendre. Il en serait ainsi, quoique d'une nanière moins marquée, pour les oxydes, les carbonates, quoique insolubles, avec des liquides, des aliments fortement acides. Cependant, lorsque les boissons sont peu acides, on peut faire dissoudre dans ces liquides une certaine quantité de litharge, pour les rendre toxiques, pour produire l'empoisonnement lent, même, dans quelques cas, l'empoisonnement aigu (voyez faits pratiques), sans que cependant ces liquides contractent une saveur désagréable. C'est ainsi qu'ont lieu les accidents nar le vin, le cidre, adoucis par la litharge ou par leur séjour dans des vases en plomb.

B. Les composés plombiques insolubles sont-ils toxiques? Les oxydes, le carbonate, les préparations enfin attaquables par les acides de l'estomac, des aliments, ne donnent guère lieu aux accidents de l'empoisonnement aigu, chez les animaux, qu'à la dose de 30 à 60 gram. D'après M. Dupaquier de Lyon, les composés insolubles, non attaquables par les acides, ne seraient point toxiques, et à la dose de 15 à 60 gram. ne produiraient pas plus d'effet que le sable: c'est ce dont il s'est assuré sur les chiens avec les borate, tannate, phosphate, tartrate, oxalate, sulfate, les sulfures naturel et artificiel. Cependant, d'après Orfila, les deux premiers sels se dissoudraient dans de l'eau acétique, et tous dans le chlorure de sodium et

quelques gouttes d'acides acétique ou chlorhydrique. Si cette assertion était vraie, ces sels, administrés dans ces conditions, pourraient, sinon produire l'empoisonnement aigu, du moins l'empoisonnement lent.

C. Une préparation plombique ayant été administrée à un individu comme médicament, depuis douze, quinze, dix-huit mois, ses organes peuvent-ils donner du plomb à l'analyse chimique? Cette question, dans l'affaire Pouchon, résolue affirmativement par les uns et négativement par les autres, est extrêmement importante. Les sels plombiques solubles et même insolubles, d'après Orfila, forment, avec nos tissus, un composé insoluble, sans qu'on sache encore d'une manière certaine dans quel état ils s'y trouvent. MM. Orfila, Dupaquier, ont retiré du plomb du tube intestinal des chiens auxquels ils avaient donné de l'acétate de plomb, soit par la bouche, soit en lavement, le premier, dix-sept jours, et le second, environ un mois après. Dans le cas d'encéphalopathie, de paralysie saturnines, le cerveau, les muscles fournissent aussi de ce métal. Si l'affection saturnine peut récidiver quoique les personnes ne soient plus exposées depuis un, deux ans et plus aux émanations plombiques, il faut bien admettre que le plomb est resté pendant ce laps de temps dissimulé dans les organes. Nous verrons enfin que, chez les individus qui ont été soumis pendant un certain temps à l'usage du nitrate d'argent, la peau, les autres organes prennent une couleur brune, et peuvent donner, douze, dix-huit mois après avoir cessé l'usage de ce médicament, de l'argent à l'analyse. Cette question, de la plus haute importance toxicologique, nous paraît donc devoir être résolue affirmativement quant au plomb, à l'argent.

D. Une personne ayant une affection chronique du tube intestinal nécessairement mortelle succombe, il y a soupçon d'empoisonnement, on trouve du poison dans les organes; la mort est-elle due au poison, ou à la maladie organique antérieure? Cette question s'est présentée déjà aux préparations cuivreuses; nous n'avons pu la traiter, parce que le fait n'était qu'énoncé. Dans l'affaire Pouchon, les experts

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Premier jour. Le matin, lavement purgatif des peintres ; dans la journée, l'eau de casse avec les grains; le soir, à 5 heures, lavement dit anodin; à 8 heures, bol de thériaque.

Deuxième jour. Le matin, eau bénite; dans le jour, tisane sudorifique simple; le soir, à 5 heures, lavement anodin; à 8, bol thériacal.

Troisième jour. Le matin, tisane sudorifique laxative; dans le jour, tisane sudorifique simple; à 5 heures, lavement purgatif des peintres; deux heures après, lavement anodin; à 8 heures, bol de thériaque.

Quatrième jour. Le matin, purgatif des peintres dont l'effet sera aidé par la tisane sudorifique; à 5 heures, lavement anodin; à 8, bol de thériaque.

Cinquième jour. Tisane sudorifique laxative; à 4 heures, lavement purgatif; à six, lavement anodin; à 8, bol de thériaque.

Sixième jour. Même traitement que le quatrième jour.

Septième jour. Même traitement que le cinquième jour. Le traitement de la Charité consiste donc dans l'association des éméto-purgatifs, des narcotiques et des sudorifiques. De nos jours, ce traitement a sbi encore quelques modifications que nous n'avons pas jugé nécessaire d'indiquer. Sur un relevé de trois cent quarante-cinq malades, atteints de colique à divers degrés, trois cent huit ont guéri, terme moyen, en six à sept sept jours. Les deux premiers jours de cette médication, le malade vomit un grand nombre de fois, va rarement ou difficilement à la selle, et n'est ordinairement que peu ou point soulage. Du troisième au quatrième jour, les selles sont nombreuses, les douleurs et autres symptômes diminuent d'une manière notable, le sixième ou septième jour, ils disparaissent ordinairement. Chez les femmes, les enfants, les personnes faibles, il faut fractionner la dose, n'en donner que le 1/4, le 1/3. La diète doit être sévère, les trois ou quatre premiers jours. On doit n'accorder des aliments que lorsque la douleur est calmée, et d'une manière progressive, en commençant par le bouillon. On a supprimé, dans quelques cas, les bols de thériaque, sans inconvénient. Ordinairement les malades sont guéris après la seconde médecine; cependant, si les douleurs subsistent encore, on réitère la potion purgative, une, deux, trois fois, en observant d'ailleurs la même conduite que les quatrième et sixième jours. Dans les jours intercalaires, on agit comme le troisième et cinquième jour, la tisane sudorifique est continuée, même plusieurs jours après la guérison. Dans les circonstances rares, lorsque les malades ne vomissent ni n'évacuent, on donne les bols purgatifs des peintres, de deux en deux heures.

Les médecins actuels suivent rarement, dans toute sa ri

gueur, le traitement de la Charité; ceux mème qui voudraient le prescrire, seraient obligés de le recommander aux pharmaciens, aux infirmiers. Ces praticiens ont cherché à le simplifier, en ne donnant que le vomitif, les purgatifs, les opiacés, ou bien encore en lui substituant soit les laxatifs doux, les huiles fixes et surtout l'huile de ricin, soit les sels cathartiques, tels que l'eau de sedlitz, les sulfates de soude, de magnésie; mais, dans tous ces cas, les succès ont été bien moins constants et les rechutes bien plus fréquentes.

D'après M. Tanquerel des Planches, l'huile de croton-tiglium, vantée par le docteur Kinglake et employée par MM. Andral, Bailly, Rayer, etc., serait le purgatif qui remplacerait avec le plus d'avantage le traitement de la Charité et lui serait même préférable. Cette huile, seule ou associée aux autres purgatifs, aux opiacés, sur quatre cent soixante cas a obtenu quatre cent vingt-cinq guérisons; dix-sept individus ont vomi l'huile presque aussitôt. Chez quelques-uns elle a occasionné de l'agitation, des vomissements, un sentiment de brûlure dans l'œsophage, l'épigastre; quatorze ont été vigoureusement purgés, et la colique n'a pas disparu. Ce serai:, enfin, le traitement le plus sûr, le moins désagréable et le plus facile, et qui exposerait le moins aux rechutes. On donne une goutte d'huile de croton dans une cuillerée de tisane (en pilules elle est moins énergique), trois jours de suite, et si elle ne produit pas d'effet, le soir on administre un lavement purgatif, ou mieux encore une goutte d'huile. En général elle produit son effet deux ou trois heures après l'ingestion; les évacuations sont abondantes et soulagent immédiatement; dans la moitié des cas elle provoque des vomissements; si ceux-ci sont immédiats, il faut répéter la dose ou la donner en lavevement, incorporée dans de l'huile de ricin. Pendant qu'elle opère on fait boire beaucoup d'eau d'orge miellée. Afin d'éviter les rechutes, il convient de faire succéder des lavements purgatifs pendant plusieurs jours à l'usage de l'huile de croton. Les effets n'ont pas été plus avantageux lorsque l'huile a été associée aux opiacés, si ce n'est lorsque les malades étaient fa

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