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quels il donne des précipités blancs ou blanc-jaunâtre. Il trouble la bile en jaune clair; forme, avec le vin, un dépôt violacé et le décolore en grande partie; il ne trouble point les solutés gélatineux.

Analyse. 1o Examiner attentivement si, dans les dépôts des liquides organiques, dans les matières molles ou solides, à la surface du tube intestinal, ne se trouve point une poudre blanche, cristalline, ou une poudre blanc-jaunâtre (sous-nitrate, oxyde de bismuth), qu'il serait facile d'isoler par le lavage. 2o traiter les matières suspectes par l'eau distillée, faibleinent acidulée par l'acide azotique; filtrer, essayer une portion de liqueur par les réactifs, et si les résultats sont négatifs, précipiter le restant par l'acide sulfhydrique; laver le sulfure; le transformer en nitrate par l'acide azotique; évaporer au bainmarie; reprendre le résidu par l'eau, et ensuite essayer de nouveau les réactifs caractéristiques, ou réduire une portion du résidu, dans la cavité d'un charbon. 3° quant aux matières solides du tube intestinal, M. Deyergie conseille de les dissoudre dans l'acide hydrochlorique un peu étendu, de les désorganiser par un courant de chlore, de filtrer et d'essayer les réactifs; et si les résultats sont négatifs, d'incinérer ces matières dans un creuset avec de la potasse; de traiter les cendres par l'eau régale pour dissoudre le bismuth, etc. Les procédés de l'incinération simple, de carbonisation par l'acide sulfurique, d'incinération par l'acide azotique et le chlorate de potasse, tels que nous les avons indiqués aux préparations cuivreuses et plombiques sont parfaitement applicables, et donuent de fort bons résultats. Le bismuth n'étant pas volatil, il faut incinérer le produit dans un creuset de porcelaine. On obtient ce métal en globules dans les cendres dont on l'isole par le lavage, ou en traitant les cendres par l'acide azotique pour le transformer en nitrate. Le lait, les liquides visqueux, chargés, enfin, de beaucoup de matières organiques seraient soumis aux mêmes procédés analytiques. Quant au vin, on précipiterait le bismuth par l'hydrogène sulfuré, et le sulfure serait ensuite converti en chlorure par l'acide chlorhydrique.

Dans toutes ces expériences il convient, lorsqu'on a obtenu le bismuth à l'état de nitrate, de chlorure, d'opérer les réactions sur des morceaux de verre, à l'aide d'une baguette de verre, parce que si on étendait la liqueur d'eau, on perdrait le bismuth qui se précipite à l'état de sous-sel.

Ayant retiré, par les lavages, une poudre blanche cristalline ou une poudre blanc-jaunâtre du tube intestinal, des matières suspectes enfin, peut-on savoir si c'est l'oxyde, le sous-nitrate qui ont été administrés, ou bien le nitrate acide? Dans le premier cas, la poudre obtenue serait blanc-jaunâtre, et, dans les liquides et surtout dans les matières solides, on ne trouverait pas cu que peu de bismuth en combinaison, en supposant que les lavages aient été bien exécutés; dans le second cas au contraire, le sous-nitrate serait en poudre blanche cristalline, et si, dans les parties liquides, on ne décelait point de poison, on en trouverait toujours en combinaison dans les matières solides des vomissements, le tube intestinal, etc.

Nitrate de bismuth absorbé. M. Orfila empoisonne des chiens avec 8 à 10 gram. de nitrate de bismuth dissous dans 200 grain. d'eau, lie l'œsophage et la verge, les pend vingt-quatre heures après, et retire du bismuth du foie, de la rate, des urines par le procédé que nous avons indiqué aux préparations plombiques, page 649, c'est-à-dire, en faisant bouillir ces organes dans de l'eau acidulée par l'acide azotique, évaporant le décocté à siccité, et carbonisant le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Le charbon bouilli dans l'eau aiguisée par l'acide azotique a donné une liqueur qui a précipité du blanc de fard par l'eau distillée, et du sulfure de bismuth par l'acide sulfhydrique, et le sulfure a été transformé en nitrate par l'acide azotique affaibli, etc. Il a aussi obtenu des résultats analogues en agissant de même sur le tube intestinal des chiens, ainsi que sur leurs urines soumises au même procédé analytique que dans l'empoisonnement par le plomb. Par la carbonisation directe, on arrive aux mêmes résultats. Effets toxiques. Pauvres d'observations chez l'homme, nous n'avons guère que les expériences sur les animaux pour

éclairer, encore sont-elles peu nombreuses, trop peu variées et trop peu comparatives. Le sous-nitrate a été porté à la dose de 20 centigr. à 5 gram, comme médicament, sans accidents; cependant Odier, Pott, disent, qu'à haute dose, il peut occasions ner des nausées, des vomissements, des coliques, de 1 diarrhée, des vertiges; accidents qui se dissipent assez promptěs ment. Le Dr J. Kerner rapporte le cas suivant, dont nous donnons seulement un extrait. Un homme affecté de pyrosis prend, dans un verre d'eau, un mélange de 8 gram. (2 gros) de sous-titrate de bismuth et de crème de tartre aussitôt après, ardeur à la gorge, vomissemints, déjections des matières li quides, qui, plus tard, devinrent bruniâtres; pouls petit, inters mittent; face pâle; froid de tout le corps; contractions spasmos diques et douloureuses des muscles, surtout des extrémités inférieures; dég'utition difficile; douleurs brûlantés du pharynx; sécheresse de la muqueuse buccale et pituitaire; soif inextinguible; appétence des boissons acides. Les vomissements, les autres symptômes s'aggravent de plus en plus; la face et les mains se tuméfient, le ventre se météorise, la respiration devient pénible, et le malade sucrómbe le neuvième jour. La sécrétion urinaire a été suspendue pendant sept jours. Autopsie. Tube intestinal rempli de gaz; muqueuses buccale, pharyngée et gastro-intestinale comme gangrénées, surtout celle du rectum, où elle se détachait facilement; papilles intes tinales très-rouges et saillantes; aches noirâfres sur la mus querise trachéale; extrémité inférieure de la moelle enflammée, ainsi que la face interne du cœur. Rien d'anormal dans l'encéphale, les reius, les pounions.

N'ayant rien de bien circonstancié sur le degré de pureté du médicament qui a été administré, sur l'état antérieur du malade, sur l'influence que peut avoir exercée la crème de tartre soit sur l'organisme, soit en rendant peut-être le nitrate de bis muth soluble, hous n'osons hasarder aucune explication, aucun commentaire. Nous ferons remarquer toutefois que la gravité des symptômes, des altérations pathologiques, qui ont offert la plus grande analogie avec ceux de l'empoisonnement par le

sublimé corrosif, sauf la salivation, ne sont point en rapport avec l'activité supposée de ce poison chez l'honime, puisqu'il est insoluble et que la dose n'a guère dépassé celle qui peut être administrée comme médicament.

Expériences sur les chiens. 4 à 6 gram. de nitrate de bismuth pulvérisé, déposé sur le tissu cellulaire d'un chien, déterminent une inflammation locale et la mort en vingt ou quarante-huit heures, sans autres symptômes qu'un grand abattement. Le soluté de 60 à 75 centigr. de ce sel, injecté dans la veine jugulaire, produit de la gêne de la respiration, des mouvements convulsifs des membres, de l'abattement et la mort en huit ou quarante huit heures. Les poumons sont congestionnés en quelques points. Le nitrate pulvérisé, à la dose de 6 à 8 giam., le sous nitrate à celle de 10 gram., ingérés dans l'estomac, sont mortels en douze, quarante-quatre heures. Ils provoquent des vomissements, de la gêne de la respiration et un grand abattement. A l'autopsie, la muqueuse gastro-intestinale enflammée, ulcérée, se détachait par lambeaux; les poumons étaient fortement congestionnés, hépatisés. De ces expériences M. Orfila conclut que les sels de bismuth agissent comme irritants locaux, qu'ils sont absorbés et ont une action spéciale sur le système nerveux, les poumons. D'après M. Mayer, 4 gram. de nitrate de bismuth intoxiquent les chats en six heures. En outre des symptômes précédemment observés, il cite la cessation des mouvements du cœur, la paralysie des extrémités postérieures. Il a trouvé à l'autopsie une couche gélatiniforme sur la muqueuse gastrique. Ces faits démontreraient que le nitrate et même le sous-nitrate de bismuth, quoique insolubles, sont doués d'une assez grande activité.

Traitement. Le même que pour les autres poisons inorganiques. Donner des boissons albumineuses, lactées, dans le but de décomposer le nitrate de bismuth, de le précipiter à l'état insoluble. Comme ce sel est transformé en sel acide par l'eau, il conviendrait peut-être de suspendre un peu de magnésie calcinée dans ces boissons.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS D'argent.

Le nitrate d'argent cristallisé est en lames hexaédriques, translucides, incolores; le nitrate d'argent fondu ou pierre infernale, en petits cylindres, gris-ardoisé, à cassure radiée. Ces deux sels sont inodores, tachent la peau en brun-violacé, brunissent à la lumière, se réduisent même au bout d'un certain temps, s'ils sont mêlés à des matières organiques. Déposés sur un morceau de braise incandescent, ils déflagrent vivement, dégagent des vapeurs nitreuses, laissent une tache d'un blanc mat (argent), qui, grattée avec la pointe d'un canif, prend le brillant argentin. Cette tache se dissout à chaud dans l'acide azotique, et le soluté offre les réactions du nitrate d'argent.

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Le nitrate d'argent cristallisé et fondu sont très-solubles dans l'eau distillée. Lesoluté qui est limpide, incolore, âcre, caustique, à réaction neutre ou acide, laisse un dépôt d'un' brun-noirâtre sur le goulot du vase, et colore aussi les matières organiques. Il précipite, 10 par l'acide sulfhydrique, les sulfhydrates, en noir (sulfure d'argent); la liqueur est surnagée par de tites pélicules noirâtres à reflet métallique; 2 par la potasse, en brun-olive (oxyde d'argent), complétement soluble dans l'ammoniaque et l'acide azotique purs, et réductible sur les charbons ardents; 50 par l'acide chlorhydrique, les chlorures alcalins, en blanc caillebotté (chlorure d'argent), insoluble dans l'eau, l'acide azotique à froid et à chaud, soluble dans l'ammoniaque, fusible et indécomposable par la chaleur seule, se colorant en noir violacé à la lumière. Ces réactions sont certainement suffisantes pour caractériser les sels d'argent. On pourrait encore ajouter qu'ils précipitent en jaune par les arséniles et les phosphates; en rouge-brique par les arsé– niales; en rouge caruin par les chromates, etc. Par l'évaporation, on reconnaîtrait que c'est un nitrate aux caractères déjà indiqués.

Si la dissolution était trop étendue pour donner ces réactions, il faudrait la concentrer, ou bien encore précipiter l'argent à

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