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la muqueuse gastrique réduite en une sorte de bouillie, ct, près du pylore, des escharres d'un blanc grisâtre, semblables à celles que produit la pierre infernale sur les plaies; elles sont noires lorsque celle-ci a été administrée à l'état solide; la musculeuse est d'un rouge-cerise, et évidemment enflammée en plusieurs points. 2 à 10 centigr. de nitrate d'argent dissous, injecté dans la veine jugulaire, produisent de l'anhélation, de la suffocation, des vomissements, des vertiges, des convulsions, de l'abattement et une mort prompte (Orfila). Comme lésion, on peut encore citer la coloration en noir-violacé des doigts, des lèvres, du tube intestinal, etc., et autres parties du corps.

D'après quelques auteurs, les personnes qui manient l'argent monnayé, les changeurs, les garçons de recette, les employés de banque, etc., seraient exposés à contracter la colique d'argent; mais les faits ne sont pas assez précis à cet égard; d'ailleurs dans les pièces de monnaie, l'argent est allié au cuivre.

Traitement. Comme dans l'observation de Lecompte, donner la dissolution de sel commun, jusqu'à ce qu'on suppose avoir neutralisé le poison, ou que les matières n'offrent plus l'aspect caillebotte; faciliter l'expulsion du poison par le vomissement ou les selles, et ensuite la médecine des indications, puisque nous ne savons que peu de chose sur son mode d'action.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIOns d'or.

Le chlorure d'or simple est en aiguilles prismatiques jaunerougeâtres, hygrométriques, à réaction acide; le chlorure d'or et de sodium, en petites massettes cristallines, d'un très beau jaune. Ces deux sels sont inodores, d'une saveur styptique, tachent la peau en pourpre, se décomposent sur les charbons ardents, dégagent de l'acide chlorhydrique et laissent une tache jaune d'or, mêlée à une tache blanche (chlorure de sodium), si c'est avec le dernier sel. Très-soluble dans l'eau, leur soluté jaune, jaune-rougeâtre, précipite: 1o par l'acide sulfhydrique,

en chocolat foncé (sulfure d'or); 2o par l'ammoniaque, en flocons jaune-rougeâtre ou serin (or fulminant), qui, lavé et desséché à une douce chaleur, détonne fortement par un frottement subit, 3o par la potasse, en brun (oxyde d'or), si l'on opère à chaud; 4° par le proto-chlorure d'étain, en pourpre de cassius, si les dissolutions sont moyennement concentrées; 5° par le protosulfate de fer, en brun (or divisé), qui, frotté contre un corps dur, prend l'aspect aurifère; 6° enfin, les solutés de chlorure d'or, chauffés avec de l'acide oxalique se réduisent, et les parois de la capsule sont tapissées d'une couche d'or. Ces trois derniers réactifs sont les plus caractéristiques. Ajoutons que les chlorures d'or ne sont pas précipités par le cyanure jaune de potassium et de fer, et qu'ils donnent par le nitrate d'argent un précipité rougeâtre d'oxyde d'or et de chlorure d'argent. Ce dernier corps peut être séparé par l'ammoniaque qui le dissout seulement, et la liqueur ammoniacale, saturée par un acide, le laisse déposer.

Sels d'or et matières organiques. Toutes les matières organiques liquides ou solides décomposent, réduisent les sels d'or, et donnent des dépôts diversement colorés. La réaction est aussi prompte, aussi complète qu'avec les sels d'argent, et, au bout d'un mois, selon les proportions relatives d'or et de matière organique, il peut ne pas exister d'or dans les parties liquides.

M. Orfila évapore les liqueurs à siccité et carbonise le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse, page 480. Il agit de même sur les parties solides. Les cendres, mêlées à de l'or métallique, sont lavées à plusieurs reprises avec de l'eau acidulée par l'acide azotique pour dissoudre les sels; la partie indissoute, traitée à chaud par l'eau régale, donne un chlorure qui, filtré, évaporé à siccité, chauffé pendant quelques minutes dans une capsule de porcelaine, laisse de l'or métallique. Il a empoisonné des chiens avec 12 gram. d'hydro-chlorate d'or, a lié l'œsophage et la verge, et a retiré de l'or par le même procédé du foie, de la rate, ainsi que des urines après les avoir évaporées à siccité. Toutes les matières aurifères suspectes, sou

mises aux procédés de l ́incinération simple, de carbonisation par l'acide sulfurique ou par l'acide azotique et le chlorate de potasse, poussés jusqu'à incinération, laissent des cendres dont on peut séparer de l'or en paillettes par les lavages, ou l'extraire par l'eau régale,

Effets toxiques. Nous manquons d'observations précises chez l'homme, et les expériences sur les animaux nous éclairent fort peu. D'après quelques médecins, le chlorure d'or, à la dose de 1/10me de grain, même en friction sur la langue, pourrait occasionner une salivation abondante, des aphthes, de la fièvre, des vertiges, de la céphalalgie, du délire, une phlegmasie gastro-intestinale; mais évidemment ces faits sont exagérés et ne s'observent pas ordinairement dans l'emploi médie cal de cette préparation, puisque MM. Baudelocque et Velpeau l'ont portée à la dose de 20, 50 centigr. (4 à 10 grains), sans accidents. D'après M. Orfila, 4, 10 centigr. de chlorure d'or dissous, injecté dans la veine jugulaire d'un chien, produit les mêmes effets que le nitrate d'argent. 50 centigr. de ce sel dissous, donné à un chien, a déterminé des vomissements immédiats. Deux jours après il a mangé et cherchait à s'échapper. Le quatrième jour refus d'aliments, amaigrissement, abattement; il est mort le septième jour. Muqueuse stomacale d'un rouge clair, ulcérée et comme en suppuration sur plus de vingt points. M. Orfila ajoute que les chiens, auxquels on fait avaler 12 gram. de chlorure d'or dissous (œsophage et verge liés), ne paraissent pas gravement atteints, même au bout de 24 heures (ce qui serait en opposition avec le fait précédent). Pendu après ce laps de temps, la muqueuse estomacale était d'un brun foncé, comme si elle était tapissée d'or métallique. Ce fait démontrerait que le chlorure d'or est bien moins actif qu'on ne le pense généralement. Le chlorure d'or et de sodium est probablement moins énergique, et les préparations aurifères insolubles dans les oxydes, le cyanure, seraient inertes d'après M. Rognetta.

D'après Plenck, l'or fulminant, à la dose de 3 grains, produirait des tranchées, de l'anxiété, des spasmes, des convul

sions, des vomissements, de la diarrhée, une abondante salivation, des défaillances, et, assez souvent, la mort. Frédéric Hoffman a observé aussi à peu près les mêmes effets chez plusieurs malades, et Rivinus, chez un enfant empoisonné par l'or fulminant, dit avoir trouvé l'intestin perforé. Il est difficile, dans tous ces cas, de bien apprécier l'influence de l'état mor. bide et du poison.

1 Traitement. A défaut d'observation directe, il faut se diriger d'après les données générales que nous avons déjà présentées c'est-à-dire faciliter les vomissements, les selles, par les bo'ssons mucilagineuses, albumineuses, lactées ou huileuses, etc. Peut-être conviendrait-il d'administrer quelques grammes de proto-sulfate de fer comme contre-poison.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS FERRUGINEUSES

Les proto et sesqui-sels de fer sont doués d'une saveur âpre, astringente, les premiers ordinairement colorés en vert, les seconds en jaune ou en brun; tous précipitent en noir par les sulfhydrates, non par l'acide sulfhydrique. Les sesqui-sels précipitent immédiatement, 1o par la potasse, en jaune rougeatre; 2' par le cyanure jaune de potassium et de fer, en bleu; 3° par la teinture de noix de galles, en violet-noiràtre; 4° ils ne sont pas troublés par le cyanure rouge; les proto-sels donnent d'abord, par la potasse, un dépôt blanc-verdâtre; par le cyanure jaune, un précipité blanc; par la noix de galles, une coloration d'un violet sale; mais par l'exposition à l'air ces précipités prennent rapidement la couleur de ceux que donnent les sesqui-sels avec les mêmes réactifs; enfin les protosels précipitent en vert ou en bleu par le cyanure rouge, perdent leur couleur verte à l'air en se sesqui-oxydant et donnent un dépôt jaunâtre.

Le sulfate de fer ou ferreux, vitriol vert, couperose verte, est en prismes rhomboïdaux, verts, translucides; il s'effleurit à l'air, blanchit et se couvre d'une poudre ou de taches jaunâtres; sur un charbon ardent il fond, se boursoufle et se

dessèche en une masse blanchâtre. Les chlorures ferreux et ferrique sont en poudre brune ou rougeâtre; très-hygrométriques, ou plutôt liquides verdâtres ou jaune-verdâtres.

Sels de fer el matières organiques. Les sels de fer sont décomposés par les substances astringentes, par les alcalis minéraux, leurs carbonates, leurs sulfures. Les proto-sels déposent en se sesqui-oxydant. Ils pourront donc se trouver en dissolution dans les parties liquides, faire partie des dépôts ou être combinés avec les matières solides.

Après avoir constaté la couleur, la saveur des matières suspectes, on sépare les liquides des dépôts, des matières solides par filtration, et on essaie si les liqueurs offrent les réactions ferrugineuses. Si le résultat est négatif, on les évapore à siccité et on soumet le résidu au procédé de carbonisation par l'acide sulfurique. Les dépôts, les matières solides, le tube intestinal seront soumis au même procédé. Dans les deux cas, le produit de la carbonisation, traité par l'acide hydrochlorique ou l'eau régale, donnera des liqueurs qui offriront les réactions des sels de fer. Le foie, la rate, les reins, donneraient aussi du fer par le même procédé, car Gmelin a démontré chimiquement que le sulfate de fer existait dans le sang et qu'il était éliminé par les urines. Dans le cas d'expertise légale cité ci-après, MM. Dewar et Christison out calciné le tube intestinal et son contenu, traité le résidu à chaud par l'acide acétique, et précipité l'oxyde ferrique par l'ammoniaque en excès, parcequ'ils soupçonnaient la présence du cuivre. Dans ces recherches il importe de ne pas oublier que le fer fait partie constituante du sang, de nos organes, des aliments, qu'il est fréquemment employé comme médicament dans les arts, l'économie domestique.

Effets toxiques. Le sulfate de fer, à en juger par les expériences sur les animaux, serait assez énergique, puisque, à la dose de 8 gram., d'après Smith, Orfila, ingéré Jans l'estomac ou appliqué sur le tissu cellulaire de la cuisse d'un chien, il l'intoxique rait en quinze ou vingt-six heures. Injecté dans les veines à celle de 40 a 50 centigr., il occasionne peu après des vomissements,

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