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des efforts pour aller à la selle; mais le rétablissement est assez prompt. Ce sel peut être administré sans inconvénient chez l'homme à la dose de 8 grammes en une journée; la science, cependant, possède des observations d'empoisonnements criminels, mais peu détaillés quant aux symptômes: il y a environ un an on en citait un exemple dans la Gazette des tribunaux, mais il n'était qu'énoncé ; l'accusé fut condamné à la peine de mort. Christison rapporte le cas suivant. Un enfant de quatre ans, auparavant bien portant, est attaqué de violents vomissements et de purgations après son déjeuner, et meurt brusquement dans le courant de l'après-midi du même jour. L'enquête judiciaire apprit que l'accusé avait acheté quelque temps auparavant du sulfate de fer et du sulfate de cuivre, et on l'avait vu mêler un liquide bleu à la soupe et en donner à boire à l'enfant. L'exhumation eut lieu quatre mois après. L'analyse chimique donna beaucoup de fer à l'état soluble et surtout à l'état de sulfure (résultant sans doute de la réaction du sulfhydrate d'ammoniaque provenant de la décomposition des matières organiques), pas un atome de cuivre, et, en outre, plus d'acide sulfurique qu'il ne s'en rencontre habituellement dans les matières de l'estomac; toute la muqueuse, depuis la bouche jusqu'à l'anus, était couverte d'une couche de mucus noir; les tissus de l'estomac présentaient la même couleur. On a retiré aussi abondamment du fer des nombreuses taches qui souillaient les vêtements de l'enfant ainsi que du tablier de l'accusé. Chez les animaux intoxiqués par le sulfate de fer, Smith a trouvé plusieurs taches dans l'estomac, des bosselures noirâtres dans les intestins grêles, des rides rouges dans le rectum, et M. Orfila la muqueuse gastrique tapissée d'un mucus épais, filant, verdâtré, et quelques points rouges. L'œsophage avait été lié. Une fille qui prit 1 once de sulfaté de fer comme emmenagogue dans de la bière, fut saisie de violents vomissements et de selles pendant sept heures, symptômes qui cédèrent à l'usage des boissons mucilagineuses et huileuses. Les chlorures de fer sont probablement plus actifs, peut-être parce qu'ils sont plus acides et que l'acide chlorhydrique, alors, ne reste point inerte. Un jár

dinier avale, un matin, 1 once 1/2 de teinture de chlorure de fer pour du wiskey; aussitôt, violentes douleurs de gorge et d'estomac, avec contraction, tension de la région épigastrique, puis froid à la peau, faiblesse, vomissements de matières fluides comme de l'encre, bientôt suivies de mucus sanguinolent et de selles de même nature, à la suite d'un laxatif. Son état fut trèsgrave pendant quelque temps; cependant il se rétablit en trois semaines et put se livrer à ses occupations. Deux semaines plus tard, le docteur Combes le trouva amaigri, tourmenté par des douleurs d'estomac, de constipation, de la soif. Il languit dans cet état pendant cinq jours et succomba. A l'autopsie, le pylore, fortement épaissi, offrait une cicatrice de trois pouces de long sur trois pouces de large, et, dans un autre point, une rougeur inflammatoire entourée d'un bord blanc. La préparation ferrugineuse renfermait le 1/3 de son volume d'acide chlorhydrique et le 1/10 de son poids d'oxyde de fer.

TRAITEMENT. Le même que pour le sulfate de zinc.

EMPOISONNEMENT PAR LES PRÉPARATIONS de zinc.

ZINC. Métal, solide fibreux, d'un blanc grisâtre, ductile. Sa densité est de 7,1. Chauffé à l'air dans un creuset, il fond à 3740 Cent., se volatilise, brûle avec une flamme bleuâtre, et se condense en flocons neigeux, blancs, légers (oxyde de zinc) sur les parois du vase. Il se ternit à l'air humide. L'acide sulfurique étendu le dissout avec dégagement d'hydrogène et le transforme en sulfate de zinc. L'oxyde est aussi soluble dans cet acide, et les solutés offrent les réactions des sels de zinc.

SULFATE DE ZINC OU ZINCIQUE. En petits cristaux prismatiques, translucides, incolores, inodores, d'une saveur styptique, efflorescent à l'air. Sur un charbon ardent, il fond et laisse un résidu blanc, opaque. Très-soluble dans l'eau, il précipite en blanc par les réactifs suivants : 1° par l'acide sulfhydrique, les sulfhydrates (sulfure de zinc); 2° par la potasse, l'ammoniaque (hydrate d'oxyde de zinc), soluble dans un excès d'alcali; 3o par le cyanure jaune de potas. et de fer (cya

nure de zinc et de fer; 4o par le carbonate de potasse (carbonate de zinc); 50 par le sesqui cyanure de manganèse, en rose (Balard); 6o enfin les sels de baryte donnent, avec le sulfate de zinc, un sulfate de baryte caractéristique.

On trouve quelquefois dans le commerce un sulfate de zinc impur en masses d'un blanc sale, tachées de jaune (couperose blanche), qui renferme des sels de fer, de cuivre. Ce sel, dissous dans l'eau, précipite en brun-noir par l'acide sulfhydrique, les sulfhydrates, et en blanc-bleuàtre par la potasse, le cyanure de potassium et de fer.

Sulfate de zinc et matières organiques. Le vin, l'eau sucrée ne sont point troublés par ce sel. Les liquides gélatineux, albumineux et surtout le lait donnent des précipités blanchâtres. M. Devergie ramollit préalablement les matières suspectes, le tube intestinal, etc., par l'acide chlorhydrique, les décompose ensuite par un courant de chlore, filtre, évapore à siccité, reprend le résidu par l'eau, filtre de nouveau, précipite les liqueurs par l'acide sulfhydrique, après les avoir neutralisées par l'acide chlorhydrique, transforme le sulfure en chlorure en le chauffant avec ce dernier acide, et essaye ensuite les réactifs. M. Orfila fait bouillir, pendant deux ou trois minutes, les matières suspectes dans l'eau, filtre, évapore les liqueurs à siccité, carbonise le résidu par l'acide azotique et le chlorate de potasse (page 479), traite le charbon par l'acide chlorhydrique étendu de son volume d'eau, fi.tre, sature la liqueur par la potasse, la précipite par un courant de gaz sulfhydrique, transforme le sulfure en sulfate soluble en le chauffant avec un peu d'acide azotique concentré, et constate ensuite les réactions. Si ces recherches sont infructueuses, il fait bouillir les dépôts, les matières restées sur le filtre avec de l'eau aiguisée d'acide sulfurique, filtre, évapore les liqueurs à sicccité, et agit sur le résidu comme sur celui des parties liquides. Il opère de mème sur le tube intestinal.

Ayant empoisonné un chien avec 50 gram. de sulfate de zinc dissous (œsophage lié), M. Orfila a décelé le zinc, par le même procédé, dans le foie, la rate, c'est-à-dire en faisant

bouillir ces organes dans de l'eau distillée et carbonisant le décocté par l'acide azotique et le chlorate de potasse, etc. Mais comme le sulfure de zinc est mêlé à du sulfure de fer, après l'avoir bien lavé il le chauffe à plusieurs reprises avec de l'acide azotique concentré, dans le but de sesqui-oxyder le fer, traite ensuite le résidu, qui est jaunâtre, par de l'eau aiguisée de quelques gouttes d'acide azotique, et le soluté par l'ammoniaque en excès, afin de précipiter seulement l'oxyde ferrique, filtre de nouveau, évapore la liqueur à siccité, dissout le résidu dans l'acide hydrochlorique et constate les réactions des sels de zinc.

Les procédés de MM. Orfila, Devergie sont très-longs, et nous avons obtenu de très-bons résultats en carbonisant directement les matières suspectes, soit par l'acide sulfurique, soit par l'acide azotique et le chlorate de potasse. Le produit, traité par les acides sulfurique ou chlorhydrique, évaporé a siccité et repris par l'eau distillée, nous a donné les réactions des sels de zinc. Lorsque les liqueurs renferment des sels ferrugineux, il faut, comme l'indique M. Orfila, séparer le sulfure de fer du sulfure de zinc, avant de constater les réactions.

Effets toxiques. Le zinc pur n'est pas poison. Comme il est facilement oxydable sous l'influence des acides, et qu'il sert à faire des baignoires, des cuves, des réservoirs, des toitures, qu'on l'avait proposé même pour faire des ustensiles de cuisine, des bidons pour les soldats, il importait de savoir s'il pouvait être employé à ces usages. Le gouvernement ayant consulté les gens de l'art pour résoudre cette question d'hygiène publique, voici les résultats des expériences de Chaussier, Deyeux, Vauquelin, MM. Gay-Lussac et Thénard. 1o Le zinc est attaqué par l'eau, le vin, les acides végétaux et minéraux affaiblis, ainsi que par les solutés de sel commun, de chlorhydrate d'ammoniaque, soit à froid, soit à chaud. Après huit à onze minutes d'ébullition, les liqueurs contractent une saveur àpre, métallique, et offrent les réactions des sels de zinc. 2o Un roux au beurre étant préparé dans une casserole en zinc, celle-ci a perdu de son poli, et il s'est formé au milieu un petit trou par lequel

s'est échappée la friture. 3o Si l'on fait bouillir de l'oseille avec de l'eau dans une casserole en zinc, pendant vingt minutes, le décocté, après filtration, n'est pas acide, n'offre pas les réactions des sels de zinc, parce qu'il se forme un dépôt blanc d'oxalate de zinc. D'après M. Boutigny, l'eau de pluie qui tombe sur une toiture en zinc renferme de ce métal. Dans tous ces cas, le zinc s'oxyde aux dépens de l'oxygène de l'air ou de l'eau, forme ensuite avec les acides des aliments, des boissons, un sel soluble ou insoluble. De ces expériences on peut conclure que le zinc ne peut servir à la préparation, à la conservation des aliments ou des boissons, puisqu'il est attaqué par ces matières, qu'il leur communique une saveur désagréable et des propriétés nuisibles, vomitives ou purgatives. Telle est la conclusion des chimistes précédemment cités. MM. Deveaux et Dejaer ayant constaté expérimentalement que l'acétate, le citrate de zinc, étaient sans effets sur l'homme, à la dose de 2 à 4 gram., pensent que les aliments, les boissons, préparés ou conservés dans des vases en zinc, seraient inoffensifs; même en admettant que les matières alimentaires pussent dissoudre une plus grande quantité de zinc, leur saveur âpre, styptique les ferait rejeter, ou bien elles donneraient lieu à quelques selles ou vomissements. Le fait suivant infirmerait cependant l'opinion des deux méde cins de Liége. Un négociant de Gray (Haute-Saône) faisait usage, pour le service de sa cave, d'un vase de zinc de la capacité de 20 litres. Il laissa séjourner dans ce vase du vin pendant plusieurs heures, et se servit de ce vin pour son repas et celui de sa famille. Peu de temps après, tous éprouvèrent des vomissements, des coliques violentes, accidents qui cédèrent à l'usage des mucilagineux. Le vin contenait du zinc. 10 à 20 gram. d'oxyde de zinc produisent sur les chiens des vomissements sans grandes souffrances, et leur rétablissement est assez prompt (Orfila).

Les ouvriers qui allient le zinc au cuivre, ou tout autre métal peu fusible, les fondeurs, les personnes mêmes qui habitent non loin des ateliers, sont sujets à une maladie spé ciale qui a beaucoup d'analogie avec un accès de fièvre inter

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