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10,000 liv. Si récente qu'elle soit, l'expérience confirme donc pleinement ce que l'analyse nous avait fait pressentir au sujet de la société à responsabilité limitée, savoir que cette forme supérieure des entreprises est destinée à étendre ses frontières naturelles bien au delà des frontières artificielles, dans lesquelles l'esprit de restriction et de protection l'avait confinée (1). A la vérité, la crise

(4) Parmi les applications les plus originales qui aient été faites de l'association en Angleterre, il faut mentionner la création de sociétés à responsabilité limitée pour l'établissement des cimetières. On a, pour des raisons d'hygiène, 'banni de l'enceinte des villes, les cimetières, rangés à bon droit parmi les établissements insalubres; mais l'extension rapide que prennent la plupart des foyers de population en ramenant les vivants dans le voisinage des morts, rendra bientôt nécessaire un nouveau déplacement. En attendant, les cimetières occupent des terrains auxquels le voisinage des villes donne une valeur considérable, et ils imposent des servitudes onéreuses aux propriétés attenantes. On s'abstient donc autant que possible de les agrandir, et il en résulte, d'une part, que les concessions à long terme se payent à un prix exorbitant, et, d'une autre part, que les fosses non appropriées sont parfois renouvelées avant même que la décomposition des cadavres soit achevée. Enfin la possession et l'on pourrait ajouter l'exploitation des cimetières, tantôt par les communes, tantôt par les paroisses, constituent un monopole qui a pour effet, comme tout monopole, de renchérir le service des inhumations et de faire obstacle aux progrès dont ce service est susceptible, sans parler des conflits auxquels il donne lieu entre l'autorité civile et le clergé. Le développement des associations combiné avec celui des chemins de fer a fourni, en Angleterre, un moyen ingénieux de remédier à ces divers inconvénients. Une société dite de la Nécropole de Londres s'est constituée pour établir et exploiter un cimetière, et elle a acheté, dans ce but, de vastes bruyères dans le comté de Surrey, loin de tout foyer de population, mais rattachées à Londres par le chemin de fer de sud-ouest. Grâce au bas prix qu'elle a payé pour ces terres impropres à la culture, la compagnie peut fournir des conces→ sions à bon marché, et mettre ainsi la tombe de famille, aujourd'hui le monopole du riche, à la portée du pauvre; elle se charge aussi des enterrements à un prix extrêmement réduit. Le Chambers' Journal a publié, il y a quelques années, des renseignements pleins d'intérêt sur cette « hôtellerie de la mort » établie et exploitée économiquement par voie d'association.

« Les fondateurs, dit le Chambers' Journal, commencèrent par se rendre acquéreurs de vastes terrains de bruyères, situés dans le comté de Surrey et réunissant toutes les conditions nécessaires à la nécropole d'une grande ville: l'étendue, la beauté du site, l'isolement, une dis tance convenable en même temps que la facilité d'accès. Telle fut l'o

résultats à venir. En Angleterre, où cette réforme a été entamée en 1856 et complétée en 1862, l'accroissement du capital des sociétés à responsabilité limitée s'est traduit par les chiffres sui

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Ce capital énorme de 431,900,000 liv. st. se divisait en 42,085,073 actions, et il se répartissait entre 3,830 sociétés, dont les trois quarts environ ont réussi à se constituer d'une manière définitive, en répandant ainsi, dans le monde des capitalistes, une trentaine de millions d'actions. Ces sociétés ont les destinations les plus diverses; en prenant par exemple le relevé de celles qui se sont constituées dans la période du 1er janvier au 1er juillet 1864 et qui sont au nombre de 171 au capital de 116,203,500 liv., on y voit figurer les entreprises de banque et de finance pour 53 0/0, les transformations d'établissements industriels déjà existants pour 14 0/0, les entreprises de bateaux à vapeur et de navigation pour 12 0/0, les compagnies d'assurances pour 6 0/0, les entreprises de chemins de fer pour 5 0/0, les placements immobiliers pour 5 0/0, les hôtels pour 2 0/0.- Les dimensions de ces entreprises sont aussi variées que leurs applications. C'est ainsi qu'à côté de l'International land credit, capital 8,000,000 liv. ; de l'International contract, 4,000,000 1.; de l'Italian credit, 3,000,000 liv. ; on trouve les entreprises relativement modestes du Bonelli's telegraph, 250,000 liv.; Brighton brewery, 100,000 liv.; Burmese oil distillery, 100,000 liv.; Bristol indigo, 50,000 liv.; Great wheal metal tin mining, 20,000 liv.; Cleveland iron,

construction de machines, 165,104,840 fr.; 18 mines et carrières, 33,050,000 fr.; 4 sociétés de commerce, 28,000,000 fr.; 9 établissements consacrés à l'industrie lainière, cotonnière, linière et silifère, 20,518,000 f.; 5 verreries, 15,719,841 fr. 26 c.; 9 sucreries, raffineries, distilleries, 14,300,000 fr. ; 24 voies de communication par terre et par eau, ponts, 10,713,500 fr.; 3 entreprises de navigation maritime, 7,086,000 fr.; 29 sociétés diverses, 39,823,280 fr. » Statistique générale de la Belgique. Exposé de la situation du royaume (période décennale de 1851-1860.)

10,000 liv. Si récente qu'elle soit, l'expérience confirme donc pleinement ce que l'analyse nous avait fait pressentir au sujet de la société à responsabilité limitée, savoir que cette forme supérieure des entreprises est destinée à étendre ses frontières naturelles bien au delà des frontières artificielles, dans lesquelles l'esprit de restriction et de protection l'avait confinée (1). A la vérité, la crise

(1) Parmi les applications les plus originales qui aient été faites de l'association en Angleterre, il faut mentionner la création de sociétés à responsabilité limitéepour l'établissement des cimetières. On a, pour des raisons d'hygiène, 'banni de l'enceinte des villes, les cimetières, rangés à bon droit parmi les établissements insalubres; mais l'extension rapide que prennent la plupart des foyers de population en ramenant les vivants dans le voisinage des morts, rendra bientôt nécessaire un nouveau déplacement. En attendant, les cimetières occupent des terrains auxquels le voisinage des villes donne une valeur considérable, et ils imposent des servitudes onéreuses aux propriétés attenantes. On s'abstient donc autant que possible de les agrandir, et il en résulte, d'une part, que les concessions à long terme se payent à un prix exorbitant, et, d'une autre part, que les fosses non appropriées sont parfois renouvelées avant même que la décomposition des cadavres soit achevée. Enfin la possession et l'on pourrait ajouter l'exploitation des cimetières, tantôt par les communes, tantôt par les paroisses, constituent un monopole qui a pour effet, comme tout monopole, de renchérir le service des inhumations et de faire obstacle aux progrès dont ce service est susceptible, sans parler des conflits auxquels il donne lieu entre l'autorité civile et le clergé. Le développement des associations combiné avec celui des chemins de fer a fourni, en Angleterre, un moyen ingénieux de remédier à ces divers inconvénients. Une société dite de la Nécropole de Londres s'est constituée pour établir et exploiter un cimetière, et elle a acheté, dans ce but, de vastes bruyères dans le comté de Surrey, loin de tout foyer de population, mais rattachées à Londres par le chemin de fer de sud-ouest. Grâce au bas prix qu'elle a payé pour ces terres impropres à la culture, la compagnie peut fournir des conces→ sions à bon marché, et mettre ainsi la tombe de famille, aujourd'hui le monopole du riche, à la portée du pauvre; elle se charge aussi des enterrements à un prix extrêmement réduit. Le Chambers' Journal a publié, il y a quelques années, des renseignements pleins d'intérêt sur cette « hôtellerie de la mort » établie et exploitée économiquement par voie d'association.

« Les fondateurs, dit le Chambers' Journal, commencèrent par se rendre acquéreurs de vastes terrains de bruyères, situés dans le comté de Surrey et réunissant toutes les conditions nécessaires à la nécropole d'une grande ville: l'étendue, la beauté du site, l'isolement, une diştance convenable en même temps que la facilité d'accès. Telle fut l'o

de 1866 a enrayé soudainement la multiplication des sociétés, tout en balayant celles qui étaient affligées d'un vice de constitution ou de gestion, mais cette crise, dont nous n'avons pas en ce moment à apprécier les causes, n'empêchera pas plus un développement ultérieur de l'association industrielle, commerciale et financière en Angleterre, que la crise de 1847 causée par la railway manie, n'y

rigine de la Compagnie de la nécropole de Londres et de son cimetière à Woking. La compagnie a établi un embranchement qui se relie au chemin de fer du sud-ouest, et dont le débarcadère se trouve dans Westminster road. Sa propriété se compose de près de 2,200 acres, formant deux lots, l'un de 1,700 acres, l'autre de 500. Ils sont éloignés l'un de l'autre d'environ deux milles, et traversés l'un et l'autre par le chemin de fer. Le plus considérable de ces deux lots doit être employé entièrement comme cimetière, et il suffira pendant des siècles aux besoins de la capitale. Le plus petit, qui entoure la station de Woking, est destiné à recevoir des constructions; le sol des environs fournit d'excellente terre à brique, et la compagnie en fabrique déjà, non-seulement pour ses propres besoins, mais pour être expédiée aux villes de la côte du sud. Plusieurs paroisses de Londrés ont un certain espace qui leur est alloué dans le terrain consacré. Ces lots ont été alloués gratuitement, la compagnie n'ayant d'autre bénéfice que les droits modérés qu'elle perçoit sur les enterrements. Les fosses sont creusées les unes à côté.des autres et séparées seulement par l'espace de terre nécessaire ; quoiqu'elles aient au moins 6 pieds de profondeur, le fond et les parois en sont parfaitement secs. Quand on se rappelle l'impur mélange de boue et d'eau qui remplit un si grand nombre de fosses dans les cimetières de Londres, on n'en apprécie que mieux la décence de celui-ci, en songeant surtout que chaque cadavre a sa fosse séparée, au lieu d'être entassés les uns sur les autres, d'après cet horrible système d'inhumation par couches, si souvent signalé dans les rapports faits au Parlement.

<< Mais en laissant, même de côté, les avantages incontestables, que présente la nécropole sous le rapport sanitaire et sous celui de la décence, laissant de côté les progrès de l'opinion publique en faveur des inhumations extra-murales, la modération de ses tarifs serait à elle seule une recommandation suffisante. D'après une clause insérée dans l'acte qui a consacré l'existence légale de la compagnie, les frais d'un enterrement opéré pour le compte d'une union ou d'une paroisse, sont bornés à la somme de 14 schellings (17 fr. 50). Ce prix comprend tous les frais de réception, de transports, d'inhumation, et l'allée et le retour de deux personnes. Une tombe de première classe à perpétuité, y compris le transport du corps, le service funéraire et l'enterrement, coûte 2 liv. 10 schell. (62 fr. 80); une tombe de seconde classe, tous frais également compris, 1 liv. (25 fr.). Les frais de transport et de retour des personnes qui accompagnent le convoi sont des plus modérés. La

a empêché plus tard la création de nouvelles entreprises de chemins de fer.

Jetons maintenant un coup d'œil sur les applications possibles de la société à responsabilité limitée. Est-elle applicable à l'agriculture par exemple? Tel est l'empire de la routine qu'il suffit aujourd'hui encore de poser cette question pour se rendre suspect d'utopie. Mais n'oublions pas qu'il y a vingt ans à peine, on considérait aussi comme des utopistes les hommes qui entreprenaient de perfectionner l'outillage séculaire des exploitations agricoles. Aiguillonnée par la liberté commerciale, l'agriculture ne s'en est pas moins engagée dans la voie nouvelle où l'industrie l'avait précédée, et elle y a marché à pas rapides. C'est ainsi qu'en 1839, M. Léonce de Lavergne visitant l'exposition de la Société royale d'agriculture d'Angleterre n'y trouvait qu'une douzaine de machines nouvelles, tandis qu'à l'exposition de 1855, on en comptait plus de 2,000. Au moment où nous sommes, la machinery d'une ferme anglaise n'est guère moins perfectionnée que celle d'une manufacture. Pourquoi donc la forme des entreprises agricoles ne progresserait-elle point comme progresse aujourd'hui leur outillage?

Énumérons quelques-unes des causes qui doivent inévitablement conduire à ce progrès. On a beaucoup discuté sur la question de la supériorité de la grande ou de la petite culture, sans aboutir à aucun résultat. Pourquoi ? Parce que cette question avait été posée en des termes roides et absolus qui ne lui convenaient point; parce que les grandes exploitations sont tantôt plus, tantôt moins économiques que les petites, selon que l'agriculture est plus ou moins avancée, et qu'elle dispose d'un débouché plus ou moins étendu; mais il est incontestable que les entreprises agricoles ont, comme toutes les autres, leurs limites naturelles. Ces limites changent quand le milieu où les entreprises fonctionnent se modifie; mais, dans un état économiqne donné, les exploitations agricoles,

compagnie se charge encore, à un prix fixé, de tous les frais d'un convoi ; ce qui épargne aux familles des démarches toujours fort pénibles, et, dans 9 cas sur 10, des extorsions inévitables en pareille circonstance. La famille jette à la poste une lettre renfermant une certaine somme, et n'a plus à s'occuper de rien; elle a, en outre, l'assurance que les restes de ceux qu'elle aime, reposent sous un ciel pur, au sein d'une riante nature. » (Chamber journal traduit par la Revue britannique.)

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