Images de page
PDF
ePub

avoir lu cet article, aucun économiste ne s'étonnera que tant d'Allemands sont favorables à l'unité germanique. — Lammers: la Législation anglaise sur la pêche maritine, montre qu'après avoir maintenu jusque dans les derniers temps un système de réglementation tout semblable au nôtre, l'Angleterre se prépare enfin à le supprimer.- Siebold: la Question houillère en Autriche, où l'on montre pour la millième fois que le monopole n'est pas une source de bien. Le lecteur trouvera en outre, que la réforme économique n'est pas moins nécessaire à l'Autriche que la réforme politique. Espérons que ces deux bienfaits se tiendront.

Holtzdorff: Développement historique de la Hollande avant la Révolution française (de 89). Travail où l'auteur donne (d'après M. Van Rees), entre autres choses très-curieuses, une analyse des ouvrages de Pierre de la Court, économiste éminent, hors ligne, qui écrivit en 1659, notez bien la date, ce qui suit:

Pour faire augmenter la prospérité de la ville de Leyde, on doit :

1o Etablir la liberté de l'immigration et de l'émigration, supprimer la taxe imposée pour l'acquisition du droit de bourgeoisie, et faire disparaître toute distinction légale entre nationaux et étrangers:

2o Rendre la liberté de conscience plus large que partout ailleurs; 3o Donner pleine et entière liberté à l'industrie et au travail, car toute politique intelligente doit se poser pour but, de laisser au citoyen la plus grande somme possible de sa liberté naturelle. Toute immixion (de l'autorité) dans le libre mouvement de l'industrie est insensée et pernicieuse; la surveillance sur la qualité des produits et des marchandises, soit par les corporations soit par l'autorité, doit cesser. Une pareille surveillance est absurde, car le commerce suit le goût des consommateurs, qui n'acceptent point de tutelle... C'est à regret que nous abrégeons les développements.

4° Consacrer la liberté de l'enseignement et de la science dans les écoles et les universités. Permettre même l'enseignement de doctrines qu'on croit contraire à la vérité... On ne reprochera pas à P. de la Court de manquer de clarté. Cet extrait suffira pour donner une idée des opinions de cet économiste.

Emminghaus: Les questions dites sociales. L'auteur démontre avec une clarté lumineuse que les prétendues questions SOCIALES sont ou des questions politiques ou des questions économiques. Et ce sont précisément les questions ouvrières que M. Emminghaus revendique avec le plus de vigueur comme essentillement économiques. Aucun économiste ne le contredira.

Prince-Smith: Du crédit. Il est rare de trouver autant d'idées réunies sur un petit espace que dans cet article. L'auteur s'efforce de découvrir les vers rongeurs qui corrompent la séve du crédit, et il signale notamment un abus très-répandu, qui se présente sous différentes faces,

mais qui se résume toujours en ceci, qu'on accorde un crédit plus long qu'on ne reçoit. Le marchand en gros a 3 mois pour payer l'importateur et fait un crédit de 6 mois au marchand au détail qui, de son côté, n'est souvent payé qu'une fois l'an par le consommateur. M. Prince-Smith voudrait qu'on ne fit pas crédit du tout au consommateur, parce que ce crédit est la source de bien des maux économiques; il pense qu'une loi qui ne permettrait pas de poursuivre les dettes de consommation serait un véritable bienfait. Ce moyen serait un peu radical, mais les maux que l'auteur énumère n'en sont pas moins très-réels.

Citons, pour terminer, un intéressant travail de M. Braun sur le Rhin et un résumé des faits commerciaux relatifs à l'année 1866.

Zeitschrift f. d. g. Staatswissenschaft (Revue des sciences de l'État). Nous avons sous les yeux la 4 livraison de la 22° année (1). Le 1er article, dû à M. Vorlaender, examine de nouveau les rapports entre la statistique et le libre arbitre. Les statisticiens ont trouvé que certains faits moraux se reproduisent annuellement dans une proportion assez fixe, les uns en ont conclu à un ordre divin, les autres à un ordre naturel (à des lois naturelles). Il va sans dire qu'on a attaqué ces derniers sans trop ménager les gros mots. On y était d'ailleurs intéressé de divers côtés, car si la société est gouvernée par des lois naturelles, comment un individu peut-il la remodeler selon sa fantaisie ou la gouverner selon ses caprices. La théologie s'en mêla également. Comment faites-vous concorder le libre arbitre avec les lois naturelles? demande-t-elle. M. Vorlaender après tant d'autres (parmi lesquels il convient de rappeler feu le prince Albert) essaye de répondre à cette question. Il conteste d'abord l'existence de faits statistiques susceptibles de prouver l'absence de tout libre arbitre; il démontre ensuite que la synthèse de la liberté et de la nécessité est hors de notre portée; il n'admet pas, d'ailleurs, en cela d'accord avec la philosophie moderne, » le principe de la liberté illimitée de la volonté (la volonté étant raisonnée, logique, influencée par les circonstances); le libre arbitre moral n'est donc pas annulé par la nécessité physique; enfin la régularité constatée dans la reproduction des crimes s'explique par le fait que les mêmes circonstances extérieures auront sur les volontés des divers hommes des effets identiques, si ces volontés sont égales entre elles (de même nature, de même force).

Nous avons cherché à rendre intelligibles au lecteur français des pensées exprimées d'une manière abstraite. Nous nous abstenons de tout commentaire, faute d'espace.

M. Ræder veut nous faire connaître « la seule bonne organisation militaire. » On devine que c'est celle qui ne coûte ni homme ni argent. M. Ræder n'y parvient pas, cela est vrai ; cependant, ses propositions

(1) Stuttgart, Laupp

mériteraient d'être examinées (exercices militaires dès l'école primaire, armement général, cadres permanents). M. Schæffle a rendu compte « d'un essai malheureux d'organisation du travail. Il s'agissait d'une œuvre de charité religieuse subventionnée par l'État, et dont le créateur ou fondateur n'a pas suffisamment tenu compte des lois économiques. Une des lois méconnues est celle-ci : quand les dépenses dépassent le revenu, le déficit se creuse sous l'établissement, et au bout d'un certain temps celui-ci s'écroule dans le vide.

DEUSTCHE VIERTELJAHRS-SCHRIFT (Revue trimestrielle allemande), n° 118. L'économiste trouvera dans cette livraison, qui renferme aussi des articles sur des questions politiques et scientifiques, un travail de M. de Linsingen sur la charité publique en général, et plus particulièrement dans l'Ostfrise, puis un essai de M. Beckhause sur la situation légale et économique des paysans en Livonie. Le premier nous apprend qu'il existe dans le petit pays d'Ostfrise une législation qui a une certaine ressemblance avec celle de l'Angleterre, en ce qu'elle donne au pauvre un droit à la charité communale, sans le correctif, — jusqu'à présent du moins, - du Workhouse dans toute sa rigueur. Quand l'aumône se change en traitement officiel, on ne rougit plus de la recevoir, et l'on succombe plus facilement à la tentation de s'adonner à la paresse. Il en est résulté que les contribuables sont écrasés sous le poids de la taxe des pauvres, et que les plaintes s'élèvent dans le pays. Déjà on a commencé à introduire des Arbeitshaeuser (traduction allemande de Workhouses). Le croirait-on, pour rendre ces maisons de travail désagréables, on donne aux pauvres, le soir, au lieu de thé sans lait, auquel ils sont habitués, du café au lait, et on remplace les cheminées par des poêles: les poêles chauffent mieux; mais le feu de la cheminée, quoique alimenté par la tourbe, brille si bien ! La privation de ce feu paraît plus dure à supporter que la privation de la liberté. Telle est l'influence de l'habitude. Du reste, on peut penser aussi que les pauvres sortis des maisons de travail auront pris l'habitude du café, et voudront y rentrer pour en recevoir de nouveau.

La situation légale et économique des paysans de la Livonie est bien décrite; mais nous devons nous borner à dire que cette situation comporte une somme de liberté qu'on ne se serait pas attendu à trouver dans une province russe. Les détails sont intéressants, mais trop nombreux pour que nous puissions faire un choix.

Mémoires de l'Académie impériale des sciences de Saint-Pétersbourg (7 série, t. X, no 14). Nous citons ce recueil à cause du mémoire inséré sous le titre de Études sur les revenus publics, impôts sur les actes, par M. Wlad. Besobrasof, membre de l'Académie (1).

(1) Le tirage à part se trouve à Saint-Pétersbourg, librairie Egers et C, et à Leipzig, chez Voss,

Dans ce travail, l'auteur commence par passer en revue tous les pays de l'Europe, et constate, d'après les meilleures sources, la forme et le produit des taxes sur les actes qui y sont en vigueur. Il arrive aux résultats suivants :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][ocr errors][merged small]

La comparaison des impôts sur les actes dans les différentes contrées ferait presque donner raison à ceux qui voudraient voir dans le produit de ces impôts un indice de la richesse du pays. Dans une certaine mesure, cette opinion est réellement fondée; c'est que là où César recouvre ses droits, il y a quelque chose: mais ne compte-t-on donc pour rien la différence du taux et de l'assiette d'un pays à l'autre ; puis aussi la manière de dresser les tableaux, puisque les frais de justice n'ont pas été compris partout avec l'impôt sur les actes? Si on les ajoutait, il faudrait juste tripler les chiffres inscrits en marge de la Prusse, et n'augmenter que légèrement ceux de tel autre pays.

Il paraît que les impôts sur les actes (timbres, enregistrement, etc.) se sont accrus presque partout d'une manière extraordinaire et bien plus que les autres contributions. M. Besobrasof entre sur ce point dans des détails très-curieux et passe ensuite à l'examen approfondi des théories émises par l'ensemble des auteurs qui on écrit sur la matière. On trouvera les opinions de MM. Passy, de Parieu, Leone Levi, Mac Culloch, J. Garnier, Courcelle-Seneuil, Cherbuliez, Royer (Me), A. Smith, J. StuartMill, Porter, Gladstone, Stein, de Hock, Rau, Hoffmann, et quelques autres, puis de divers auteurs russes peu connus qui mériteraient de l'être davantage. Il discute ces opinions et nous apprend, chemin faisant, bien des choses sur la Russie. Nous nous bornons à dire que M. Besobrasof classe les impôts sur les actes parmi les taxes pour services rendus par l'État, explication ou justification qui est en effet applicable

(1) Le rouble a été évalué à 4 fr. Le rouble se subdivise en 100 kopeks.

à un certain nombre d'actes, mais qui ne l'est nullement à tous. Du reste, ce dernier point n'est pas contesté par l'auteur que nous trouvons seulement un peu trop indulgent pour cette classe de taxes, dont la moitié au moins semble irrationnelle et pernicieuse. On trouvera ces termes assez doux, en se rappelant que la vente judiciaire d'une propriété de 500 francs coûte 600 francs de frais. Malgré une légère dissidence d'opinion, nous engageons fortement M. Besobrasof à continuer ses travaux financiers, et surtout à les écrire (ou traduire) en français, comme il l'a fait pour le travail que nous venons d'analyser. MAURICE BLOCK.

REVUE FINANCIÈRE

LA BOURSE DE PARIS DURANT LE PREMIER SEMESTRE

DE 1867

Si la question financière n'est pas la plus grave de celles que le gouvernement impérial doit résoudre pour s'asseoir en France d'une manière durable, elle est au moins l'une des plus sérieuses, l'une des plus actuelles. Certes nous ne plaçons pas dans le simple bien-être la conséquence d'un bon gouvernement; ou plutôt nous comprenons dans ce bien-être la dignité, la moralité, le devoir satisfait, l'élevant du beau matériel au beau idéal, considérant qu'il est incomplet quand il se borne à la satisfaction des jouissances matérielles, même jointes à celles résultant des beaux-arts et des belles-lettres. Cependant le côté financier, au moins à titre de conséquences, est l'un des aspects les plus importants sous lesquels un gouvernement se présente au jugement de l'opinion publique, et le public depuis quelque temps semble le comprendre ainsi, à voir la préoccupation tacite que lui cause l'état de choses actuel.

Le premier semestre de 1867 aura, plus particulièrement que les précédentes années, reflété ce genre d'impression si utile à constater. La presse, en général, s'étonne de l'atonie des affaires, du peu d'ardeur aux transactions, surtout quand elle considère le bas prix auquel s'offrent les capitaux sur le marché; il y a sécurité à l'extérieur, tranquillité à l'intérieur, et la richesse publique se manifeste par un abaissement inouï du taux de prestation des capitaux; au moins est-ce ainsi que la presse plus ou moins gouvernementale envisage la position, et elle ne comprend rien à la situation actuelle de la Bourse, accusant cette dernière d'inintelligence, d'ignorance, presque de félonie.

« PrécédentContinuer »