Images de page
PDF
ePub

souvent les divisions paraissent trop petites pour que les déductions soient concluantes.

La télégraphie privée a commencé en Suisse en 1852. En 1865 la recette totale était arrivée à 768,582 fr., le nombre des dépêches à 591,214 (dont 364,118 intérieures), la longueur des lignes à 715 lieues, le nombre des bureaux à 252 (n° 1 à 3).

M. Cherbuliez a encore donné un chapitre de son cours de statistique (nos 4 et 5); plusieurs collaborateurs ont fourni des tableaux du mouvement de la population, et l'un d'eux en a tiré des déductions que nous n'acceptons que sous bénéfice d'inventaire. La livraison triple 1 à 3 renferme un tableau des longueurs : 1 des glaciers, 2 des rivières, 3 des lacs, que nous aurions reproduit si l'espace l'avait permis. Le travail de M. Wild sur la prévision du temps est instructif, enfin celui de M. Max Wirth sur les indemnités accordées aux propriétaires d'animaux attaqués par l'épizootie est tout d'actualité. Pour ne pas trop allonger cette aride énumération, nous passons sous silence beaucoup d'articles souvent purement d'intérêt local, sans doute, mais néanmoins faits avec soin et devant profiter à la science.

La Suède nous offre aujourd'hui la 16° livraison de la Statistisk Tidskrift (Revue statistique) publiée par le bureau de statistique de Stockholm. Cette livraison renferme une statistique complète des caisses d'épargne de la Suède pour l'année 1864.

Nous pouvons aujourd'hui mentionner aussi la Norwége, M. le Dr O.-J. Broch ayant fait paraître la 1re livraison d'un Annuaire statistique du royaume de Norvége (Statistisk Arbog, 1867). Nous nous bornons à mentionner cette publication, nous réservant d'y revenir lorsque nous aurons les autres livraisons. Disons seulement que l'auteur ayant traduit en français les têtes de tableaux, il n'est pas nécessaire de savoir le norvégien pour s'en servir.

La Gaceta économista continue de faire avec une grande verve la guerre au protectionisme et démontre entre autres choses combien le tarif déraisonnablement exagéré établi aux États-Unis, entrave les progrès de ce pays vigoureux. Parmi les nombreuses statistiques qu'elle reproduit nous signalerons celle du commerce du coton en Angleterre (numéro du 12 juin 1867) et nous reproduirons le suivant, relatif aux chemins de fer d'Espagne, que la Gaceta emprunte à un document officiel :

[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors]
[merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][merged small][merged small][merged small][merged small][ocr errors][ocr errors][ocr errors][ocr errors][merged small]

Le Finanze de Florence donne dans ses derniers numéros, outre des documents très-importants (liquidation des biens ecclésiastiques, numéros 15 septembre et antérieurs) d'intéressants articles sur l'Exposition universelle, sur le monopole des tabacs, sur la situation de la Banque, dans lequel il fait ressortir ce fait, qu'il y a deux ans on discutait la question de savoir pourquoi la Banque accorde si peu d'escompte, tandis qu'aujourd'hui on est tout aussi ardent pour demander pourquoi le commerce ne demande pas d'escompte. Il nous semble que l'auteur n'a pas résolu cette difficulté mieux que tant d'autres qui l'ont discutée avant lui, ce qui ne l'empêche pas de dire de très-bonnes choses sur les finances italiennes. Mais entre tous les articles que nous avons lus, nous recommandons celui intitulé Réforme administrative.

L'auteur présente son idéal de l'administration avec les paroles de M. César Correnti, rapporteur parlementaire sur la loi des finances proposée par M. Scialoja, alors ministre des finances. Voici ces paroles: « Concentrer le gouvernement dans les seules affaires politiques, le rendre gardien et garant de l'unité, laisser l'administration se faire autant que possible par ceux qui y sont directement intéressés, distinguer le pouvoir de la compétence; autonomie départementale, autonomie communale, (en un mot) décentralisation. >>

Nous aimons à laisser le lecteur sous l'inpression de ce passage.

MAURICE BLOCK.

BULLETIN

LES ASSOCIATIONS OUVRIÈRES ET L'ORDRE SOCIAL.

M. Schulze-Delitzsch, agent général de l'Union des Sociétés coopératives d'Allemagne, a publié, à l'occasion de la non-autorisation du congrès des Sociétés ouvrières dites coopératives, projeté à Paris, le manifeste suivant que nous empruntons au Temps:

Je me trouvais en route pour Paris, où je me proposais, en qualité d'agent de l'Union des Associations allemandes, d'assister au congrès des Sociétés coopératives convoqué pour la mi-août, quand je reçus la nouvelle que le gouvernement français s'opposait à la réunion du congrès. J'ai repoussé, comme compromettante pour la liberté et la dignité des discussions du congrès, toute concession qui aurait eu pour objet le retrait de cette défense, et j'ai aussitôt rebroussé chemin.

Ma tâche toutefois n'est pas terminée. Comme agent de la susdite Union, j'ai le devoir de protester expressément et publiquement contre la défense en question, parce que le verdict qu'elle implique ne frappe pas seulement les organisateurs et les adhérents du congrès, mais le mouvement coopératif et le principe de l'association en général. Au moment où, sur l'appel du gouvernement français, les produits de l'art et de l'industrie affluent à Paris de toutes les parties de la terre, pour une Exposition universelle, quand une invitation hospitalière a sollicité tout effort notable dans la science et dans la vie, quand les travaux pour l'amélioration de la classe laborieuse ont été expressément compris dans le programme: à ce moment, on écarte les associations coopératives des ouvriers et des artisans. Sont-elles donc indignes? est-on obligé de le demander. Leur admission compromet-elle en quelque manière les éléments de civilisation qui se trouvent réunis là, ou bien fontelles courir des dangers à l'État, pour qu'on leur ferme ainsi les portes? Oui, c'est avec étonnement qu'on s'informe des motifs de l'interdiction qui a frappé le congrès coopératif, sans le moindre prétexte allégué, et qui s'accorde si peu avec le discours de l'empereur des Français à l'ouverture de l'Exposition. Que veulent, que font donc les Associations coopératives, les Sociétés d'artisans et d'ouvriers? Quelle voie prennent-elles pour favoriser le bien-être de leurs membres? Montrent-elles peut-être à l'État des exigences impossibles? Attaquent-elles, par leur but ou par les moyens qu'elles emploient, les fondements de la société ? Nullement. La méthode qu'elles indiquent est, théoriquement et pratiquement, la seule possible, la seule que l'expérience ait sanctionnée. Elle ne réclame l'aumône ni de l'État ni des autres classes sociales; en même temps qu'elle sauvegarde la dignité des ouvriers, elle fait d'eux,

non pas les adversaires, mais les meilleurs soutiens de la société : c'est la méthode de l'effort personnel, de l'assistance par soi-même, du succès par la valeur propre du travailleur. Cest une loi naturelle inéluctable, que la force, la plénitude et la santé ne puissent pas être importées du dehors dans un organisme, mais doivent se développer en lui-même, de leurs germes; que l'action extérieure puisse bien favoriser ou entraver cette évolution intérieure, mais ne puisse jamais la suppléer. Cela est vrai de la vie physique et morale des individus, et non moins vrai de la vie collective. Éveiller les forces endormies, développer la valeur interne, faciliter l'acquisition des moyens externes qui sont indispensables à la vie et au travail : voilà les seuls moyens d'élever le sort des ouvriers comme de tous les hommes en général. Et c'est précisément là ce qu'entreprend la coopération, le mouvement coopératif, en réunissant de petits moyens, de petites forces qui demeureraient insuffisantes dans leur isolement, en faisant appuyer les individus les uns par les autres, en les faisant répondre les uns des autres. En imposant à ses membres les devoirs les plus sérieux dans l'ordre intellectuel et moral, en leur facilitant les moyens de réunir peu à peu le capital intellectuel et matériel indispensable pour prospérer, elle les met en état de s'élever peu à peu à une plus haute situation dans l'économie publique, aux lois naturelles de laquelle elle se conforme rigoureusement à tous égards. Les fondements surtout de toute culture et de toute vie économique, la liberté individuelle et la propriété privée, ne sont pas seulement respectés par les associations; ils sont consolidés, parce que le mouvement coopératif a pour objet d'y faire participer des cercles de plus en plus étendus de population. Par ce moyen seul sera conjurée la funeste guerre sociale qui menace notre développement industriel, sera comblé l'abîme entre les heureux et les déshérités; seront réconciliés enfin, d'une manière durable, le capital et le travail, parce que celui-ci trouvera à sa portée les bienfaits de celui-là.

Et le mouvement coopératif n'a pas seulement pour effet de produire cet apaisement social, dans la meilleure et la plus haute acception du mot, à l'intérieur de chaque pays; il agit aussi au dehors, dans les rapports réciproques des peuples, pourvu que ceux-ci trouvent l'occasion de s'entendre réciproquement sur leurs aspirations et sur leurs intérêts. La grande valeur du congrés coopératif était précisément de préparer une telle entente internationale. C'eût été un vrai congrès de la paix, plus effectif et plus pratique que nul autre. Quand une fois les classes laborieuses, par-dessus les limites de leurs pays respectifs, auront saisi l'identité de leurs intérêts, et compris que leur bien-être et l'amélioration.de leur sort ne peuvent être obtenus que par les moyens indiqués, une protestation énergique et générale contre la guerre sera la conséquence nécessaire dans les États civilisés. Plus les masses auront reçu de culture et de bien-être, moins elles seront disposées à risquer ces biens matériels et moraux dans des luttes dont les moyens et le but sont directement opposés à leur prospérité. Des voisins jusqu'alors étrangers les uns aux autres, peut-être même ennemis, ont appris à se connaître;

ils ont dépouillé les uns à l'égard des autres la susceptibilité nationale; ils se sentent unis par les mêmes efforts, par la solidarité réelle des intérêts économiques et humains, solidarité telle aujourd'hui qu'une guerre même locale ne peut la troubler sans frapper le marché du monde entier. La même protestation en faveur de la paix s'élève done aussitôt, non-seulement à l'intérieur, mais chez les nations voisines, dans toutes les par ties de la bourgeoisie travailleuse. Ce n'est pas des peuples, on le reconnaît de plus en plus, c'est des ambitions et des rivalités des dynasties que sortent les excitations belliqueuses, qui, par le mirage de l'honneur national et des intérêts nationaux, nous entraînent dans des luttes fratricides, luttes où la victoire est le plus souvent plus funeste encore que la défaite, Car on n'a jamais vu la défaite de peuples étrangers et une grande. prépondérance à l'extérieur, prépondérance qui ne peut être obtenue que par un grand appareil guerrier, procurer au peuple vainqueur autre chose que la servitude, et lui rapporter autre chose que la perte de sa liberté intérieure.

Les associations ne sont donc pas les ennemies, elles sont les soutiens de l'ordre politique; elles n'apportent pas la guerre, elles apportent la paix à la société. C'est ce qu'ont presque partout compris les gouvernements des pays où il se trouve des associations, à la seule exception du gouvernement russe (1). Le gouvernement impérial de France lui-même a favorisé de tels efforts en plus d'une occasion. Et maintenant pourtant cette interdiction!.... Dans la perspective du développement ultérieur des associations qu'il a protégées jusqu'à présent, ce gouvernement découvre-t-il donc quelque danger, si ce n'est pour l'État, que les associations n'ont pas ébranlé ailleurs, mais au moins pour son système à lui ?... Puisqu'il a dédaigné de motiyer son interdiction, il doit souffrir que nous nous enquérions des raisons qu'il n'a pas données. La critique publique est ici un devoir.

Certainement, nul pays n'a plus éprouvé sur lui-même ce qu'il en est de ces expérimentations socialistes qui ébranlent la société dans ses profondeurs, et auxquelles le mouvement coopératif peut seul mettre fin, en maintenant dans des voies correctes les aspirations ouvrières. Nulle part, on n'a plus sujet de puissamment favoriser l'entrée des classes ouvrières dans ce mouvement. Le spectre rouge, abattu dans la terrible bataille de juin, a ravi aux Français tous les fruits de la révolution de 1848, et a jeté la société française dans les voies du salut public à tout prix. L'Empire est sorti de cette réaction comme une dictature. Mais, quelque conviction qu'il puisse avoir de la teneur impossible et calamiteuse du programme socialiste, il s'inquiète sans doute d'un autre côté de la libre initiative qui se fortifie de plus en plus dans ces associations, el dont la convocation du Congrès rendrait témoignage; il craint de la voir entamer la plénitude de sa puissance.

(1) Au printemps de 1866, le gouvernement russe a défendu des cours sur le mouvement coopératif, que la Société commerciale de Riga m'avait invité à venir faire dans cette ville.

« PrécédentContinuer »