3. Confiderez les grands & langoureux adieux que vôtre ame dira à ce bas monde: elle dira adieu aux richesses, aux va nitez & vaines compagnies, aux plaifirs, aux paffe-temps, aux amis & voifins, aux parens, aux enfans, au mari, à la femme, bref à toute creature. Enfin final à fon corps, qu'elle delaiffera pafle, have, défait, hideux, & puant. 4. Conderez les empreffemens qu'on aura pour lever ce corps-là, & le cacher en terre, & que cela fait, le monde ne penfera plus gueres en vous, ny n'en fera plus memoire, non plus que vous n'avez gueres penfé aux autres. Dieu lui faffe paix, dira-t-on, & puis c'eft tout: O mort! que tu es inconfiderable, & que tu es im piteufe. 5. Confiderez qu'au fortir du corps l'ame prend fon chemin, ou à droite, ou à gauche. Helas! où ira la vôtre? quelle voie tiendra-t-elle ? non autre que celle qu'elle aura commencé en ce monde. Affections & refolutions. 1. Priez Dieu, & vous jettez entre fes bras. Helas Seigneur, recevez-moi en vôtre protection pour ce jour effroiable. Rendez-moi cette heure heureuse & fa vorable, & que plûtoft tous les autres de Je me veux preparer à cette heure: & Conclufion, Remerciez Dieu de ces refolutions qu'il vous a données; offrez-les à fa Majefté fuppliez-la derechef qu'elle vous rende vôtre mort heureufe par le merite de celle de fon Fils. Implorez l'aide de la Vierge & des Saints, Pater nofter, Ave Maria. Faites un bouquet de Myrre. VI. MEDITATION. Du Jugement. CHAPITRE XIV. Preparation. 4. Mettez-vous devant Dieu. Emarqué pour 'NFIN, aprés le temps que Dieu a la durée de ce monde,& aprés une quantité de fignes & préfages horribles, pour lefquels les hommes fecheront d'effroi & de crainte : le feu venant comme un deluge, brûlera & reduira en cendre toute la face de la terre, fans qu'aucune des chofes que nous voions fur icelle, en foit exempte. 2. Aprés ce Deluge de flâmes & de foudres, tous les hommes reffufciteront de la terre, (excepté ceux qui font déja reffuscitez,) & à la voix de l'Archange comparoîtront en la valée de Jofaphat. Mais helas! avec quelle difference car les uns y fcront en corps glorieux & refplendiffant, & les autres en corps hideux & horribles, que 3. Confiderez la majefté avec laquelle le fouverain Juge comparoîtra, environné de tous les Anges & les Saints, aiant devant foi fa Croix, plus reluifante le Soleil, enfeigne de grace pour les bons, & de rigueur pour les mauvais. 4. Ce fouverain Juge par fon comman dement redoutable, & qui fera foudain executé, feparera les bons des mauvais mettant les uns à fa droite, les autres à fa gauche; feparation éternelle, & aprés laquelle jamais plus ces deux bandes ne fe trouveront ensemble. 5. La feparation faite, & les livres des confciences ouverts, on verra clairement la malice des mauvais, & le mépris dont ils ont ufé contre Dieu : & d'ailleurs la penitence des bons, & les effets de la grace de Dieu, qu'ils ont reçûs, & rien ne fera caché. O Dieu, quelle confufion pour les uns, quelle confolation pour les autres ! 6. Confiderez la derniere Sentence des mauvais. Allez maudits au feu éternel, qui eft preparé au Diable & à fes compagnons. Pefez ces paroles fi pefantes, Allez, dit-il, c'est un mot d'abandonnement perpetuel que Dieu fait de tèls mal heureux, les baniffant pour jamais de fa face. Il les appelle maudits. O mon ame, quelle malediction, malediction generale qui comprend tous les maux ! malediction irrevocable qui comprend tous les temps & l'éternité. Il ajoûte; au feu éternel; regarde ô mon cœur cette grande éternité: O éternelle éternité des peines, que tu es effroyable! 7. Confiderez la Sentence contraire des bons. Venez, dit le Juge ( ah! c'est le mot agreable de falut par lequel Dieu nous tire à foi, & nous reçoit dans le giron de fa bonté) benits de mon Pere; ô chere benediction, qui comprend toute bencdiction! poffedez le Roiaume qui vous eft preparé dès la conftitution du monde. O Dicu quelle grace! car ce Roiaume n'au ra jamais de fin. Affections & refolutions. , 1. Tremble, ô mon ame à ce fouvenir. O Dieu qui me peut affeurer pour cette journée; en laquelle les colomnes du Ciel trembleront de frayeur. 2. Deteftez vos pechez, qui feuls vous peuvent perdre en cette journée épouventable. Ah! je me veux juger moi-mefme maintenant, |