Images de page
PDF
ePub

revêche, qui par la grace de Dieu premierement, puis par l'induftrie & diligence, ne puiffe être dompté, & furmonté. Je m'en vais doncques maintenant donner des avis, & propofer des exercices, par le moien defquels vous purgerez vôtre ame des affections dangereufes, des imperfections, & de toutes affections aux pechez veniels, & fi affeurerez de plus en plus vôtre confcience contre tout peché mortel. Dieu vous faffe la grace de les bien pratiquer.

*****************

SECONDE PARTIE

D'E

L'INTRODUCTION.

CONTENANT DIVERS Avis pour l'élevation de l'ame à Dieu par l'Oraifon & les

Sacremens.

De la neceffité de l'Oraifon.
CHAPITRE PREMIER.

L

'ORAISON mettant nôtre entendement en la clarté & lumiere divine, & expofant nôtre volonté à la chaleur de l'amour cefefte, il n'ya rien qui purge tant nôtre entendement de fes ignorances, & nôtre volonté de fes affections dépravées. C'eft l'eau de benediction, qui par fon arrousement fait reverdir & fleurir les plantes de nos bons defirs, lave nos ames de leurs imperfections, & defaltere nos cœurs de leurs paffions,

2. Mais fur tout, je vous conseille la mentale, cordiale, & particulierement celle qui fe fait autour de la Vie & Paffion de Nôtre-Seigneur en le regardant fouvent par la meditation, toute votre ame fe remplira de lui, vous apprendrez fes contenances, & formerez vos actions au modele des fiennes. Il eft la lumiere du morde: c'eft donc en lui, par lui, & pour lui, que nous devons être éclairez & illuminez: c'est l'arbre du defir, à l'ombre duquel nous nous devons rafraîchir : c'est la vive fontaine de Jacob, pour le lavement de toutes nos foüillures. Enfin les enfans à force d'oüir leurs meres, & de begayer avec elles, apprennent à parler leur fangage. Et nous demeurans prés du Sauveur par la meditation, & obfervans fes paroles, les actions & fes affections, nous appren drons, moiennant fa grace à parler, fai.

re, & vouloir comme lui. Il faut s'arrêter là, Philothée; & croiez-moi, nous ne fçaurions aller à Dieu le Pere que par cet. te porte: car tout ainfi que la glace d'un miroir ne fçauroit arrêter nôtre veuë, fi elle n'étoit induite d'étain ou de plomb par derriere: auffi la Divinité ne pouvoit être bien contemplée par nous en ce bas

[ocr errors]

monde, fi elle ne fe fût jointe à la facrée humanité du Sauveur, duquel la Vie & la Mort font l'objet le plus proportionné, foüef, délicieux, & profitable, que nous puiffions choifir pour nôtre meditation ordinaire. Le Sauveur ne s'appelle pas pour neant le Pain defcendu du Ciel; car comme le pain doit être mangé avec toutes fortes de viandes, auffi le Sauveur doit être medité, confideré, & recherché en toutes nos oraifons & actions. Sa Vie & Mort a été difpofée & diftribuée en divers points, pour fervir à la meditation, par plufieurs Auteurs. Ceux que je vous confeille, font, faint Bonaventure, Bellintani, Bruno, Capilia, Grenade & du Pont.

3. Emploiez-y chaque jour une heure devant dîner, s'il fe peut, au commencement de vôtre matinée, parce que vous aurez vôtre efprit moins embaraffe, & plus frais aprés le repos de la nuit. N'y mettez pas auffi davantage d'une heure, fi vôtre Pere fpirituel ne vous le dit expreffement.

4. Si vous pouvez faire cét exercice dans l'Eglife, & que vous y trouviez affez de tranquilité, ce vous fera une chofe fort aifée & commode, parce que nul, ni pere,

ni mere,

ni femme, ni mari, ni autre quelconque, ne pourra vous bonnement. empêcher de demeurer une heure dans l'Eglife: là où étant en quelque fujettion, vous ne pourriez peut-être pas vous promettre d'avoir une heure fi franche dedans votre maifon.

5. Commencez toutes fortes d'oraisons, foit mentale, foit vocale, par la presence de Dieu, & tenez cette regle fans exception, & vous verrez dans peu de temps combien elle vous fera profitable. 6. Si vous me croiez, vous direz vôtre Pater, vôtre Ave Maria, & le Credo en Latin; mais vous apprendrez auffi à bien entendre les paroles qui y font, en vôtre langage, afin que les difant au lan gage commun de l'Eglife, vous puiffiez neanmoins favourer le fens admirable &: délicieux de ces faintes oraifons, lefquelles il faut dire, fichant profondement vôtre penfee, & excitant vos affections fur le fens d'icelles, & ne vous hâtant nulle-; ment pour en dire beaucoup, mais vous étudiant de dire ce que vous direz, cordia→ lement; car un feul Pater dit avec fenti-; ment, vaut mieux que plufieurs recitez. vîtement & couramment.

« PrécédentContinuer »