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ligieux hors de leurs cloîtres. Ses plaintes sur ce dernier point auroieut, n'y a pas long-temps encore, été couvertes de risées, et auroient passé pour une capucinade; et c'est quelque chose, qu'après tant de travers d'opinions, des réflexions si saines aient été écoutées avec intérêt dans un des premiers corps de l'Etat. Peut-être cet exemple engagera-t-il quelques mécréans à être plus réservés sur cet article comme sur tant d'autres.

M. le vicomte de Castelbajac a donc passé en revue l'état actuel de la religion; il a montré les campagnes manquant de prêtres, les églises abandonnées, des pasteurs affoiblis par l'âge et par les fatigues, obligés de partager leurs soins entre plusieurs paroisses, la mort éclaircissant chaque jour les rangs du clergé, et l'indigence assiégeant le peu d'ecclésiastiques qui travaillent encore. Les besoins de l'Etat sont impérieux, et ne permettent pas de faire pour les ministres des autels tout le bien qui est dans le cœur d'un monarque pieux autant qu'éclairé. Mais alors ne seroit-ce pas travailler pour l'Etat, comme pour la religion, que d'autoriser les dons volontaires et les dotations offertes par la piété, dotations qui seroient administrées par des membres même du clergé; car il importe, a dit M. de Castelbajac, que le gouvernement ne puisse pretendre à aucune action sur les biens qui seroient affectés à l'Eglise. Il importe que les revenus de ces biens ne soient jamais confondus avec les revenus de l'Etat. Les évêques, assistés d'un conseil, les administreroient pour leurs diocèses, et les curés avec la fabrique, pour leurs paroisses. Cette entière liberté d'administration est le seul moyen d'inspirer de la confiance aux donateurs.

L'orateur propose done à la chambre de prendre en considération son projet, et de supplier S. M. de présenter une loi qui autoriseroit, une fois pour toutes, les évêques et les curés à recevoir toutes donations de meubles ou immeubles pour l'entretien du culte, pour les prêtres, pour les séminaires, ou pour tout autre établissement ecclésiastique, suivant l'intention du donateur. Ces donations auroient leur effet saus être soumises chaque fois à l'approbation du gouvernement, pourvu qu'elles fussent faites suivant les formes prescrites par le Code, et les biens seroient régis par un conseil purement ecclésiastique, ou par le curé et la fabrique.

Telle est l'analyse du discours et du projet de M. de Castelbajac. Honneur à ce député sage et religieux, qui a énoncé le premier à la tribune cette vérité constatée par l'expérience, que le clergé, pour être considéré, a besoin de sortir d'un état précaire, et qu'il lui faut des biens fonds pour opérer le bien avec plus de sécurité, pour avoir plus de crédit sur l'esprit des peuples, pour former des établissemens solides et stables! Ils l'avoient bien senti ceux qui dépouillèrent l'Eglise de ses biens, et cette spoliation ne fut que le prélude de leurs autres mesures contre la religion. Il faut donc faire, pour réparer le mal, Fin verse de ce qu'on a fait pour le produire; et nous devons espérer des lumières et des intentions droites et pures du gouvernement et de la chambre, que cet important objet sera pris en considération. Tout le monde est d'accord sur la nécessité de rétablir et de protéger la religion; et le moyen que propose M. de Castelbajac y peut, contribuer puissamment. 2.

(Samedi 30 décembre 1815.)

(No. 145.)

Au lieu de l'article qui commence ordinairement chaque numéro, nous donnons à la fois dans celui-ci, et le rapport de M. de Corbière sur le projet d'amnistie, et le discours de M. de Blangy en faveur du clergé. Ces deux pièces roulent sur des objets qui appellent en ce moment toute l'attention, et les lecteurs ne nous reprocheront sûrement pas d'avoir laissé cette fois la parole à des orateurs plus éloquens que nous.

NOUVELLES ECCLÉSIASTIQUES.

ROME. S. S. a fait présent à la basilique de SaintPaul, dans le monastère où elle a passé tant d'années, d'un calice et d'une patène de grand prix.

-Le jour de la fête de la Conception, et le second dimanche de l'Avent, il y a eu, comme à l'ordinaire, chapelle papale au palais Quirinal. Le P. Frédéric de Saint-Jean, Capucin, prédicateur apostolique, a com mencé sa station de l'Avent devant S. S. et le sacré colLége.

-Le cardinal Spina, archevêque de Gênes, est arrivé, le 9, à Rome. Il a salué le saint Père, et fait visite à tous les cardinaux. M. Bardaxy, auditeur de rote espagnol, est aussi arrivé en cette résidence.

et

PARIS. Les offices de la fête de Noël ont été célébrés à la chapelle du château des Tuileries. Le Roi, la famille royale et les personnes de la cour y ont assisté. La veille, à huit heures du matin, S. M. est descendue dans sa chapelle, y a entendu la messe, y a communié. L'après-midi, elle a également assisté aux premières vêpres, et à l'office de la nuit en entier. Mgr. de Coucy, évêque de la Rochelle, a officié Tome I. L'Ami de la Religion et du Ror." 0

pontificalement à la messe du jour et aux offices de l'après-midi. Il y a eu sermon par M. l'abbé de Bouvens.

La piété et le recueillement du Roi, et de son auguste famille, dans le lieu saint, sont toujours un objet d'édification pour les assistans. Ils suivent les prières de l'Eglise, s'unissent au chant des psaumes, et ne paroissent occupés que de la présence du Très-Haut qu'ils nous apprennent à révérer dignement par ou si grand exemple. Les fêtes de saint Etienne et de saint Jean ent également été célébrées à la chapelle royale.

Une circulaire du ministre de l'intérieur aux archevêques et évêques annonce qu'il ne sera pas prononcé d'oraison funèbre de Louis XVI au 21 janvier. On lira seulement le testament de ce prince, monument sublime de la piété la plus courageuse, et de la générosité la plus rare.

NOUVELLES POLITIQUES.

PARIS. Il y aura une grande réception aux Tuileries pour la nouvelle année. Le Moniteur annonce l'ordre des présen

tations.

La Gazette officielle du 27, publie la loi qui, au terme du traité de Paris du 20 novembre, établit sur le grand livre pour 16,034,000 fr. de rentes, qui ne sortiront qu'au fur et à mesure des besoins de l'Etat et des engagemens contractés avec les puissances.

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-La même gazette publie aussi la loi qui ordonne que provisoirement, et attendu le retard forcé qu'éprouvera la confection des rôles de 1816, les quatre premiers douzièmes de la contribution foncière, de la contribution personnelle et mobiliaire, de la contribution des portes et fenêtres, et de colles des patentes, seront recouvrés sur les rôles de 1815, et que jusqu'à la promulgation de la nouvelle loi sur les finances, les impositions indirectes seront perçues en 1816, d'après les lois rendues dans la session de 1814, pour l'exercice 1815. 11

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Une troisième loi ordonne la suppression des substituts des procureurs généraux faisant fonctions de procureurs criminels dans les départemens.

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Une ordonnance royale, en date du 20 décembre, porte

que, par vue d'économie, les sous-préfectures des chiefs-lieu de département sont supprimés; et, dans le mois qui suivra la publication de la présente ordonnance, l'administration en sera remise à celle des préfectures. Cette réunion ne pourra donner lieu à aucune augmentation des frais de bureaux des préfets.

-La Gazette officielle du même jour, donne un septième relevé des sommes offertes au Roi par plusieurs officiers de ses armées pour subvenir aux besoins de l'Etat; il se monte à 44,127 fr. 95 cent. Un maréchal de France, qui a gardé l'anonyme, y est compris pour 9600 fr.

On a commencé, le 28, à frapper les nouvelles pièces de 5 fr.; mais elles ne seront mises en circulation que quelques jours après le jour de l'an. Les pièces d'or de 20 et 40 fr. ne seront frappées que vers le milieu de janvier.

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L'organisation de la garde royale se poursuit avec activité. Il doit y avoir aujourd'hui une grande revue au Champde-Mars. Le régiment des chasseurs à cheval, qui s'est formé à Chartres, est arrivé hier. D'autres corps arriveront successivement. Les soins qu'on a pris pour la formation sont une garantie de l'esprit qui régnera dans cette garde, et les dispositions des soldats paroissent excellentes.

Le roi d'Espagne épouse une princesse du Brésil, qui déjà est attendue à Cadix. On parle même d'un autre malage d'un prince de la maison de Bourbon avec une sœur de la nouvelle reine d'Espagne. Le départ de M. le duc de Luxenibourg pour le Brésil accrédite ces bruits,

CHAMBRE DES PAIRS.

Dans la séance du 26, les ministres ont présenté à la chambre les projets de loi adoptés par la chambre des députés, et relatifs, le premier, à une prorogation de sursis accordé aux colons de Saint-Domingue; le second, aux cantons de Montbelliard et d'Audincourt. La chambre s'est divisée en bureaux pour les examiner, et s'est ensuite reformée en séance génétale. Les deux projets n'ayant excité aucune réclamation, ont été adoptés à une unanimité presque absolue.

CHAMBRE DES DÉPUTÉS.

Dans le comité secret du 26, M. de Trinquelague a fait, au nom de la commission, son rapport sur la proposition de M. de la Rochefoucauld. L'orateur a exprimé éloquemment les sentimens de toute la nation sur un crime horrible, et il a

fait sentir la nécessité que la premiere assemblée légale et libre, formée sous un gouvernement légitime, lavât la France de la tache qu'a voulu lui imprimer une assemblée coupable. Il a demandé que le Roi fût supplié de proposer un projet de loi qui établit par toute la France un service solennel, et un deuil général le 21 janvier. La discussion est renvoyée au 28. M. de Bonald a développé sa proposition contre le divorce, et a fini par supplier S. M. de présenter une loi qui fasse disparoître du Code les articles qui autorisent la dissolution das mariage entre les catholiques. Ce discours, où respire la fondeur de vues et la sagesse de l'éloquent auteur, a été entendu avec un vif intérêt, et sera imprimé à six exemplaires. Nous essayerons d'en donner une idée. Un membre a demandé de développer, dans quelques jours, une proposition qui ten droit à rendre aux curés et desservans les registres de l'état civil.

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La séance du 27 devoit être consacrée à entendre le rapport sur le projet d'amnistie. Les tribunes étoient remplies d'une foule de spectateurs. Quatre ministres ont été introduits. M. de Corbière, rapporteur de la commission, a la parole, et prononce le discours suivant :

Messieurs, la grande mesure que nous venons présenter à votre délibération occupe depuis trop long-temps peut-être tous les esprits.

Elle est devenue également l'objet des espérances et des inquiétudes de tous les François, et de ceux qui sont restés fermes, et de ceux qui ont failli dans l'horrible convulsion de trois mois, qui nous a laissé pour tant d'années des malheurs de tout genre à réparer.

La première pensée du Roi, au moment où il a été rendu aux vœux de ses peuples, a été de rassurer les uns contre la terreur trop justifiée par leur conduite récente, sans décourager le zèle des autres par le danger d'une effrayante impunité, et d'annoncer de nouveau son inépuisable clémence, en "se réservant d'en fixer les bornes dans sa justice.

Tel a été, Messieurs, l'objet des déclarations de CateauCambresis et de Cambrai, monument de bonté auquel nous devons les premiers donner l'exemple du respect.

Le Roi a promis, de, pardonner aux François égarés « tout » ce qui s'est passé depuis le jour où il avoit quitté Lille au » milieu de tant de larmes, jusqu'au jour où il est rentré dans Cambrai au milieu de tant d'acclamations».

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