CHRONIQUES POPULAIRES DU BERRY. RECUEILLIES ET PUBLIÉES Pour l'Instruction des autres Provinces, PAR PIERRE VERMOND. Relligentem esse oportet; relligiosum nefas. AULUS GELLIUS. TOME SECOND. PARIS, LECOINTE ET POUGIN, LIBRAIRES, QUAI DES AUGUSTINS, N° 49. LE CHATEAU DE LA ROCHE-GUILLEBAULT. mmmmmmmmmm RIEN n'est, à mon avis, plus pittoresque et plus varié que le chemin qui conduit de Prévéranges au château de la Roche. On peut dire que ce court espace de trois lieues renferme les beautés de plusieurs provinces, et qu'il est difficile, même à l'imagination la plus féconde, d'aller au-delà. Près du village ce sont de beaux jardins, des prés fleuris, des vergers délicieux : à mesure que le pays s'élève, on se retrouve dans ces longues plaines de bruyères, qui rendent l'aspect du Berry si agreste. Un peu plus loin, viennent de doux ombrages animés par le chant des oiseaux et le murmure des fontaines; enfin, on arrive au lit de l'Arnon, bordé d'un côté par d'horribles précipices, et de l'autre par des futaies de chênes et de peupliers, qui semblent aussi vieilles que la terre qui les porte. D'abord, le torrent roule avec impétuosité ses ondes bouillonnantes, et se blanchit d'écume contre les rochers; mais un peu plus loin, encaissé dans des rives profondes, il semble arrêter ses eaux transparentes, et s'éloigner à regret de cette solitude. Un sentier étroit et dangereux, tracé sur la lisière du bois, en suit tous les détours, et conduit jusqu'aux ruines du château, où le paysage redouble encore de grandeur et de sévérité. La chaîne de collines qu'on a franchie la veill au-delà de Prévéranges, s'avance en cet endroit, par un de ses angles, jusqu'au bord de l'Arnon, dont elle forme la rive gauche : les grands arbres qui couvrent son sommet projettent leur épais feuillage jusqu'au-dessus de la rivière, et les rochers qui appuient sa base forment des cavernes naturelles, dans lesquelles l'eau vient s'engouffrer pour ressortir ensuite avec violence, et qui rappellent au voyageur l'écueil retentissant de Scylla. Précisément en cet endroit, et au milieu de l'Arnon, sur un roc dont la base est moins large que le sommet, s'élève le château de la Roche, dont les tours, maintenant en ruines, |