V. DEMORAINE ET BOUCQUIN, Libraires, sutera de TIGER, rue du Petit-Pont, no 18, AU PILIER LITTÉRAIRE.

AU LECTEUR.

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L'AUTEUR du poëme de Cartouche, M. Grandval, dit dans la préface de l'une des nombreuses éditions que, dans le tems, l'ouvrage a obtenues «qu'il se croirait orgueilleux s'il se donnait les airs de redouter la critique, que son œuvre doit tirer toute sa force de sa faiblesse, semblable à ces roquets que les gros dogues dédaignent d'attaquer. Cette humilité est fort bien à sa place, elle est aussi spirituelle que comique, mais nous, qui reproduisons l'ouvrage de M. Grandval et qui ne devons pas, pour les mêmes raisons que lui, faire le modeste, nous ne craindrons point d'ajouter « que le poëme de Cartouche est l'une des parodies les plus gaies et les plus faciles que nous possédions; que les vers, empruntés presque toujours à nos meilleurs auteurs, y sont fort bien ajustés et que les peintures n'y manquent ni de verve ni de coloris.»

Nous avons pensé qu'à une époque où le Mélodrame venait de remettre le nom de

Cartouche en si grande célébré, pouvions espérer qu'un plein succès pour cette débauche d'esprit, qui mérite on ne peut mieux ce nom, puisque l'esprit y brille. Nous le répétons avec assurance, qui que vous soyez, ami lecteur, vous avez lu des choses plus sérieuses et qui ne valaient pas

autant.

Quelques termes d'argot se trouvant semés dans le poëme, nous avons cru devoir les mettre en caractères italiques, et terminer cet ouvrage par un Dictionnaire Argot-Français et Français-Argot. Quelque jugement que l'on porte sur ce complément de l'ouvrage de M. Grandval, on conviendra que les gens de la meilleure société peuvent, en quelques circonstances, se trouver fort bien de conmaître le langage de la mauvaise. Un général, que nous connaissons, aujourd'hui revêtu des plus hautes dignités, n'a dû son salut, un soir, qu'il revenait à pied, seul et sans armes, de sa maison de campagne, qu'à la connaissance de quelques mots d'argot qu'il avait entendus, alors qu'il était soldat, pendant les guerres de notre révolution. Puisse ce Dictionnaire, vous rendre au besoin, Lecteur bénévole, un aussi grand service.