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la guerre en Palestine ou contre les Albigeois, au choix de l'évêque de Soissons et de l'abbé de St-Jean des Vignes, et qu'il ne pourrait en revenir qu'avec leur permission.

HOPITAL DE ST-LAZARE.

Dans le XII siècle, s'élevèrent aussi de nombreux hôpitaux. Avant cette époque il n'existait, à Soissons, d'autres établissements de bienfaisance que les maisons de l'aumône, qui appartenaient exclusivement aux grandes corporations religieuses, et dont la destination avait moins pour objet de secourir les malades, que d'héberger une multitude prodigieuse de pèlerins qu'enfantaient la paresse et la dévotion pour les reli

ques.

Mais lorsqu'échappés aux coups des Sarrrazins et aux ravages de la débauche et de la peste qui désolèrent leurs expéditions aventureuses, les croisés eurent rapporté, dans leur patrie, la lè

pre, l'éléphantiasis et les autres maladies de l'Orient, toutes inconnues à la faible expérience des médecins de ce temps, aggravées par la misère et la malpropreté des peuples, et devenues par conséquent un objet d'épouvante générale, on imagina, pour se garantir de ces fléaux, d'établir, hors des villes, des maisons fermées de murailles, où l'on conduisait tous ceux qui en étaient attaqués. Ils y étaient sequestrés jusqu'à leur guérison, c'est-à-dire le reste de leur vie.

La garde de ces hôpitaux, appelés léproseries, maladreries, etc., fut confiée aux chevaliers de l'ordre militaire et hospitalier de St-Lazare, dont un assez grand nombre avaient été ramenés en France par le roi Louis VII, à son retour de la croisade. L'un des vœux de ces chevaliers était de retirer et de servir les pauvres lépreux. C'est de là, probablement, que les lieux de réclusion reçurent le nom de lazarets.

Un de ces hôpitaux, auquel les historiens ont donné le nom d'hôpital St-Lazare, avait été établi à quelques centaines de pas au-delà du faubourg de Crise, à gauche du chemin qui conduit au village de Belleu. Avec le temps, cet hôpital de

vint possesseur de biens-fonds assez considérables. L'ordre de St-Lazare en conserva la jouissance après la disparition de la lèpre et la destruction du lazaret; mais en 1695, ces biens furent remis à l'Hôtel-Dieu de Soissons. Chaque corporation religieuse avait, hors de la ville, sa léproserie ou maladrerie, où elle confinait ceux de ses membres atteints du cruel fléau. Celle du chapitre de la cathédrale était au village de Belleu ; l'abbaye de St-Jean des Vignes avait la sienne à Berzy. On ne comptait pas moins de cinquante établissements de cette nature dans le diocèse de Soissons.

HOPITAL DE ST - VAAST.

En 1188, un chanoine de St-Vaast, sa sœur et son neveu, donnèrent deux maisons situées aux abords du pont, dans le faubourg St-Vaast, pour y fonder un hôpital. Cet établissement fut approuvé la même année par une charte de l'évêque de Soissons.

En 1233, un bourgeois nommé Jean de l'Ile, et sa femme, donnèrent tous leurs biens à cet hôpital, et se vouèrent de leurs personnes au service des malades. Peu de temps après, un habitant de Cuffies fit don d'une pièce de terre; et dans la suite d'autres donations du même genre eurent encore lieu. Cependant cet établissement ne s'est pas maintenu; mais on ne connaît ni la cause, ni l'époque de sa suppression. Il ne fut pas non plus réuni à l'Hôtel-Dieu, ainsi qu'on aurait pu le présumer; car plusieurs maisons qui provenaient de sa dotation, entre autres celle de la belle image, à l'angle des rues de St-Vaast et de Crouy, appartenaient, au commencement du XVIe siècle, à la ville, qui les donna au collége.

HOTEL-DIEU DE ST-GER VAIS.

Parmi les maisons de l'aumône des corporations religieuses de Soissons, celle du chapitre de la cathédrale devait être une des plus impor

tantes. Elle devait son origine au concile d'Aix la Chapelle de 816, qui avait prescrit aux évêques d'établir près de leur cathédrale une maison des pauvres, dotée aux dépens de cette église. Cette maison était située sur la petite place de St-Gervais, presque en face de l'ancienne entrée principale du chapitre.

Les chanoines la convertirent en un hôpital pour le soulagement des malades, sous le titre d'Hôtel-Dieu de St-Gervais.

Le plus ancien document qui fasse mention de cet Hôtel-Dieu, est une bulle du pape de l'an 1216. On rapporte aussi que le roi Louis VIII donna des fonds pour aider à sa construction, d'où l'on peut conclure que l'établissement des malades dans cette maison, ne remonte guère au delà du commencement du XIIIe siècle. On ignore si, dans son origine, on y recevait indistinctement tous les malades de la ville, soit qu'ils appartinssent à la juridiction du chapitre ou à celle de la commune. Les chanoines avaient la direction exclusive de cet hôpital, et pendant longtemps, ils furent dans l'usage de faire des legs en sa faveur; beaucoup d'entre eux lui laissèrent

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