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dignitaires de l'église avec le livre des épîtres couvert de lames d'argent et de pierreries. La douzième châsse, renfermant les reliques de StGrégoire le Grand, avait aussi son dais de drap d'or, porté par quatre seigneurs, et six gentilshommes armés à ses côtés; trois dignitaires la suivaient avec le livre des évangiles, couvert également de lames d'argent et de pierreries. Paraissait ensuite le seigneur de Dompmart, vicomte de Soissons, tenant le drapeau de saint Sébastien, peint à ses armes, qui étaient d'argent, à la la bande de sable, semée de trois fleurs de lys d'or; devant lui, son écuyer portant sa hache d'armes, et à ses côtés, des gentilshommes de la province, avec la chaîne d'or au cou, la pertuisane d'une main, et de l'autre, une canne à bec de faucon. Après cette partie du cortége, venaient deux hommes vêtus aux couleurs de la ville, jetant des fleurs sur le passage de la treizième châsse: celle de saint Sébastien. Devant cette dernière, marchaient le capitaine de la ville et celui du château, précédés de huit trompettes: le dais, aussi de drap d'or, était porté par quatre seigneurs possesseurs des premiers fiefs de l'abbaye:

derrière se tenaient douze archers du duc de Vendôme, comte de Soissons. L'abbé de St-Médard marchait ensuite, couvert d'habits or et soie, enrichis de pierreries; à ses côtés, plusieurs abbés et autres dignitaires. Le possesseur du fief Roland, tenant la verge noire de service, le précédait; celui-ci avait devant lui son héraut, vêtu d'une cotte d'armes de taffetas blanc rayé de fils d'or, sur laquelle on voyait les armes de l'abbé: aux côtés de ce héraut marchaient deux sergents en habits de cérémonie, avec des masses d'argent doré.

La procession était fermée par le lieutenant général du bailli de Vermandois, le bailli du comté de Soissons, et par le corps de ville, précédé de ses sergents en robes rouges et blanches. Le prévôt de la ville, Artus de Jovengne, monté sur une mule, et placé sur l'un des côtés de la procession, veillait, avec ses sergents, au maintien du bon ordre. Il avait à la main le bâton d'office. Sur l'autre côté, et dans le même but, marchait le gruyer (intendant des forêts) de l'abbaye. que la première chasse parut sur le pont, la procession fut saluée par des salves de l'artillerie

Dès

de la ville; et, après avoir entendu la messe à la cathédrale, qui fut célébrée par l'abbé de StMédard, on retourna à l'abbaye dans le même ordre. La journée se termina par un grand banquet, auquel n'assistèrent pas moins de cinq cents convives, répartis dans quatre salles du monastère.

Cette procession fut la dernière démonstration de grandeur et de richesse faite par l'abbaye de St-Médard. Son abbé ayant été nommé l'année suivante à l'évêché d'Angers, elle fut donnée en commende à l'archevêque de Lyon. Ce prélat et ceux qui la possédèrent après lui, semblèrent prendre à tâche de hâter la ruine de cette maison jadis si florissante; et avant l'expiration des cinquante années, pour faire de nouveau la procession solennelle, elle fut entièrement dévastée par les Calvinistes par suite de ce désastre, on dut renoncer à cette ancienne cérémonie.

CONFRÉRIE DU SAINT-SACREMENT.

L'évêque de Soissons, Symphorien de Bulioud, effrayé des attaques dirigées contre le sacrement de l'Eucharistie par l'hérésiarque Luther, dont les doctrines faisaient chaque jour des progrès rapides dans le nord de l'Europe, institua la confrérie du Saint-Sacrement. Cette confrérie subsiste toujours, bien qu'elle ait éprouvé quelques modifications dans ses statuts et dans ses usages.

En cette même année, 1530, et toujours dans le but de raffermir les fidèles dans la foi catholique, le prélat fit donner une grande représentation théâtrale de la Passion, et remplit lui-même, dans ce drame, le personnage de JésusChrist; les autres rôles furent joués par des chanoines. Cette représentation, annoncée à son de trompe, eut lieu sur un théâtre dressé temporairement sur la place du cloître St-Gervais.

C'est la première dont il soit fait mention dans l'histoire de Soissons, quoique cet usage de représenter les mystères eût pris naissance antérieurement, sous le règne de Philippe le Bel.

RÉFORME DE L'HOTEL-DIEU.

Au milieu du désastre de 1414, l'Hôtel-Dieu de St-Gervais dut nécessairement se ressentir du malheur commun. Les dévastations des vainqueurs qui ne respectèrent rien, et l'absence des chanoines, ses patrons, qui s'étaient retirés, comme nous l'avons déjà dit, au Mont de NotreDame, où ils firent même un assez long séjour, autorisent à croire que cet hôpital fut fermé, au moins pendant quelque temps. Au retour de la paix il fallut songer à son rétablissement, rendu peut-être plus nécessaire encore qu'à l'époque où il avait été fondé, par l'état de pauvreté et de misère de la population soissonnaise. Mais les circonstances n'étaient plus les mêmes les cha

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