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chacune des plantations qui avaient précédé. Une mission eut lieu en 1818; mais les temps étaient bien changés. Le peu de succès qu'obtinrent les missionnaires leur fit bientôt renoncer au désir qu'ils avaient manifesté, à leur arrivée, de voir relever le calvaire de Soissons.

CRÉATION DU BUREAU DE CHARITÉ.

L'origine de cette institution qui fournit chaque jour aux dames pieuses et bienfaisantes l'occasion de porter des secours et des consolations aux classes souffrantes et malheureuses, date du XVIIe siècle. Elle fut fondée à Soissons par M. de Sillery, promu à l'évêché de cette ville en 1685.

Déjà l'établissement de l'hôpital général avait été un grand bienfait pour les indigents; mais il était loin de pouvoir suffire à toutes les misères.

Il

y a d'ailleurs dans la population d'une ville des souffrances et des afflictions qui rougiraient de

l'hôpital et qui ne dédaignent pas l'assistance d'une main généreuse et charitable. Ce fut principalement dans la vue de secourir la classe ouvrière, mais peu aisée, les pauvres ménages, que le prélat institua dans son palais," un bureau de charité, comme il en existait déjà dans plusieurs villes du royaume.

Ce bureau, auquel on donnait le nom de la Petite Charité, était présidé par l'évêque, et en son absence, par le grand vicaire, et se composait d'une dame trésorière, qui ne rendait compte de sa gestion qu'au président du bureau, et de six dames de charité, chargées de visiter les indigents dans chacun des quartiers de la ville, de s'informer de leurs peines et de leurs besoins, et de leur distribuer les sommes qui leur étaient confiées. Le bureau s'assemblait tous les mois: chaque dame y faisait connaître le nombre des personnes à secourir; une liste générale en était dressée, et l'on réglait, suivant les ressources, la répartition à faire.

Pour se procurer les fonds nécessaires, l'évêque avait fait poser des troncs dans toutes les églises, et des quêtes avaient lieu tous les diman

ches et les jours de fête. Chaque mois une assemblée générale des notabilités de la ville était convoquée à l'évêché et, après une exhortation pastorale, on faisait une quête. Enfin ce prélat avait institué une autre quête, faite par une demoiselle de la bourgeoisie dans l'église de l'abbaye de NotreDame à toutes les fêtes de la Vierge. A ces ressources vinrent bientôt se joindre des dons volontaires; et notamment le legs d'une rente de cinq cents livres, fait par un sieur Martinier, bourgeois de Soissons, à la charge toutefois d'un service funèbre qui était célébré tous les ans par le chapitre. D'autres personnes firent aussi des dispositions testamentaires en faveur de cette institution de bienfaisance; de sorte que ses revenus s'élevaient, année commune, au milieu du siècle dernier, à environ trois mille livres.

LES FONCTIONS DE MAIRE

VENDUES POUR 30,000 LIVres.

La hauteur et l'ambition de Louis XIV ayant soulevé contre lui toutes les puissances de l'Europe, il fallait beaucoup d'argent pour résister à tant d'ennemis réunis par la ligue d'Augsbourg, et pour se le procurer on eut recours à la vénalité des charges.

Par des édits bursaux, de 1692, les fonctions de maire de Soissons furent érigées en charge perpétuelle et héréditaire, et il fut créé une juridiction spéciale de la police de la ville, composée d'un lieutenant général, d'un procureur du roi et d'un greffier, dont les fonctions furent pareillement rendues vénales. Dans le but de vendre ces charges le plus cher possible, on en avait beaucoup étendu les prérogatives, en dépouillant les échevins de la presque totalité de leurs droits. Cependant la bourgeoisie désirant

conserver le droit de choisir son premier magistrat et sa forme d'administration, avait arrêté, à une très-grande majorité, que toutes les charges municipales seraient rachetées aux frais de la ville. Ce dessein, qui était dans l'intérêt de tous et semblait devoir trouver un assentiment universel, avorta par la cupidité de trois bourgeois, qui se rendirent secrètement à Paris, et acquirent, pour la somme de trente mille livres, lesdites charges, avec la faculté de les réunir ou de les disjoindre à volonté et de les revendre à leurs risques et périls. Un sieur Pierre Lévêque, avocat du roi au bureau des finances et receveur des domaines du diocèse, réunit dans ses mains les charges de maire et de lieutenant général de police. Après s'être fait recevoir, en cette double qualité, au parlement de Paris, il fut installé à l'hôtel de ville de Soissons, le 15 décembre de la même année, 1692.

Une conduite si déloyale excita de vives clameurs parmi la bourgeoisie, mais il fallut obéir; c'était le bon plaisir du roi. La réprobation de leurs concitoyens fut tout le châtiment de ceux qui avaient spéculé sur les biens et les revenus de

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