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l'administration civile prenait plus d'importance et embrassait plus d'objets. La nécessité une fois reconnue de construire un nouvel hôtel de l'intendance, le duc d'Orléans vendit à la généralité le château de Soissons, pour être démoli et remplacé par l'édifice projeté. Le prince, en consentant à la destruction de ce château, bien qu'il ne fût pas encore dans un état de vétusté à le rendre inhabitable, fit une chose agréable à la ville; car cet ancien manoir des comtes n'avait rien dans sa forme qui le rendît remarquable; son apparence extérieure était plutôt celle d'une prison d'État que d'une habitation seigneuriale. Sa démolition eut lieu en 1772, et c'est alors qu'on découvrit, en dehors de ses fondations, des parties de celles du château romain qui l'avait précédé : celles-ci, trop dures pour être arrachées, furent laissées dans le sein de la terre, où elles sont enfouies sous le pavé de la cour et de la place.

La construction de l'hôtel de l'Intendance, ainsi que son ameublement, coûtèrent environ onze cent mille livres. Cette somme fut levée au moyen de deniers additionnels à toutes les tailles de la

généralité, qui comprenait onze cent trente-cinq villes, bourgs et villages. Pour donner à cet hôtel un jardin de quelque étendue, on prit toute la partie de la promenade du Mail, correspondant à la longueur totale de l'édifice. Cette promenade se trouvait ainsi considérablement diminuée. Les magistrats réclamèrent contre cet envahissement; mais ils ne furent pas écoutés, et la ville ne reçut aucune indemnité pour la dépossession de son terrain.

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REPRÉSENTATIONS THÉATRALES ET SALLE DE SPECTACLE.

Dans les temps antérieurs au XVIIe siècle, les représentations théâtrales faisaient, en quelque sorte, partie des cérémonies du culte catholique : elles avaient alors, presqu'exclusivement pour objet, de montrer au peuple le spectacle des principaux mystères ou des grands événements de la religion, et un théâtre temporaire était

dressé, à cet effet, le plus souvent dans la place du cloître St-Gervais ou dans la cour du palais épiscopal.

sons,

La plus ancienne représentation de ce genre, dont il soit fait mention dans l'histoire de Soisfut donnée en 1530. D'autres représentations eurent lieu en 1559, et pendant les années suivantes, pour échauffer le zèle des Catholiques. Quand la faction des ligueurs commença à s'agiter ouvertement contre la puissance royale, on mit sur la scène l'histoire d'Élisée, d'Achab et de Jézabel. En 1579, cette pièce, composée par un sieur Jean-Baptiste Petit, bourgeois de Soissons, fut reçue avec de grands applaudissements.

Mais lorsque l'art dramatique, cessant de traiter les sujets religieux, fut devenu tout profane, il fallut nécessairement chercher un autre théâtre. Ce ne dut être qu'après un laps de temps assez considérable que la population de Soissons, placée sous l'influence toute puissante du clergé, osa enfreindre ses défenses, et se livrer sans crainte à un genre de plaisir que sa susceptibilité réprouvait. Et quand, plus tard, quelques troupes de comédiens se hasardèrent à y donner des

représentations, elles s'installèrent dans un grand bâtiment qui servait de magasin ou de grange à l'hôtellerie de la Licorne, laquelle était placée vers le milieu du côté oriental de la rue du Pot d'Étain, où se trouve la maison no 20.

En 1778, le corps de la bourgeoisie fit construire, au moyen d'une souscription, unc petite salle, dans le pâté de maisons situé entre la rue St-Antoine et celle du Grenier à Sel. Mais cette salle, devenue beaucoup trop petite pour recevoir toutes les personnes qui prenaient l'habitude du spectacle, on fit élever la salle actuelle sur l'emplacement même de l'église paroissiale de Notre-Dame des Vignes: une partie des fondations et des murs de cette église ont été conservés dans le nouvel édifice.

PRISONS.

On a vu que sous le régime féodal, chaque juridiction seigneuriale avait ses baillis, sa mai

son de justice et sa prison, presque toujours placée dans quelque partie du manoir du seigneur ainsi la prison de l'évêque était dans le palais épiscopal; celle du comte dans l'une des tours du château; le chapitre avait la sienne dans les bâtiments du Cloître; il en était de même des autres corporations religieuses qui avaient droit de justice. La prison de la commune était toujours placée dans le beffroi qui formait une dépendance essentielle de l'hôtel commun, ou maison de ville. Cependant, lorsque le corps municipal s'établit, en 1552, dans le châtelet de la porte Neuve, les prisons qui servaient à renfermer les justiciables de la prévôté, furent maintenues dans le bâtiment de l'ancien beffroi, quoique la plus grande partie de ce bâtiment eût été cédée à l'élection.

Ces prisons devinrent, dans la suite, celles du bailliage et du présidial; mais la grande extension donnée, vers le milieu du siècle dernier, à la circonscription territoriale du ressort de cette cour, le peu d'espace que renfermait l'ancien beffroi et son état de vétusté, ayant rendu nécessaire la construction d'une nouvelle prison, on bâtit, à

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