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moi après vous, & je courrai à l'odeur de vos parfums.

Les vertus qui font les plus propres, font une parfaite modeftie, & un renoncement déclaré aux vains honneurs du monde, à fes affemblées & à toutes fes vanités la charité à fervir les pauvres & les malades, & à confoler les affligés : le zele à engager les filles à une vie chrétienne, & à faire de fa conduite un modele de perfection pour les jeunes femmes. La néceffité & la Gimplicité font les deux ornements de leurs habits l'humilité & la charité, les deux ornements de leurs actions: l'honnêteté & la douceur, les deux ornements de leurs difcours la modeftie & la pudeur, les deux ornements de leurs yeux : & pour le principe de tout cela, Jefus Chrift crucifié doit être l'unique amour de leur cœur. En un mot, la veuve doit être entre les femmes & les filles ce qu'eft la violette entre les fleurs. Cette fleur a une douce odeur, elle fe cache fous fes larges feuilles, la couleur n'en eft point éclatante, & elle ne vient guere bien que dans des lieux frais & écartés: fymbole de la douce dévotion, de l'humilité & de l'abjection, de la mortification, & de la chafteté folitaire & tranquille d'une vraie veuve, qui fera heureufe, comme dit faint Paul, felle perfévere dans fon état. J'aurois beaucoup d'autres chofes à lui

dire; mais je lui aurai dit tout, en lui confeillant de lire attentivement les belles Lettres de faint Jerôme à Fúria, à Salvia, & aux autres dames qui eurent le bonheur d'être fes filles fpirituelles: car je n'y puis rien ajouter, finon cet avertiffement, que jamais elle ne doit biâmer celles qui paffent à de fecondes noces, & même aux troifiemes & aux quatriemes. Dieu en difpofe ainfi en de certains cas pour fa plus grande gloire & il faut toujours avoir devant les yeux cette doctrine des anciens; que ni la viduité, ni la virginité n'ont point de rang au Ciel que celui que l'humilité leur donne.

J

CHAPITRE XLI.

A

Inftruction fur la virginité,

MES toutes pures, je n'ai que deux chofes à vous dire; car vous trouverez le reste ailleurs. Si vous attendez l'établiffement d'un mariage, confervez avec un grand foin votre premier amour pour la perfonne que le Ciel vous deftine : car c'est une très-grande tromperie que de lui préfenter un cœur déjà poffédé, ufé & gâté par l'amour, au-lieu d'un cœur entier & fincere. Mais fi votre bonheur vous appelle aux chaftes & virginales noces de l'Agneau

immaculé, confervez avec une grande délicateffe de confcience tout votre amour à ce divin Epoux qui, étant la pureté même, n'aime rien davantage que la pureté, & à qui les prémices de tout font dues, mais principalement celles de l'amour. Les Lettres de faint Jerôme vous fourniront tous les autres avis qui vous font néceffaires : & puifque votre état vous oblige à l'obéiffance, choififfez un directeur felon la conduite duquel vous puiffiez plus faintement & plus fûrement vous confacrer à la Divinité.

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QUATRIEME PARTIE.

Les avis néceffaires contre les tentations les plus ordinaires.

CHAPITRE PREMIER.

Qu'il ne faut point s'arrêter aux difcours des enfants du fiecle.

A

USSI-TÔT que le monde s'appercevra de votre dévotion, la flatterie & la médifance ne manqueront pas de vous faire de la peine. Les libertins feront paffer votre changement pour un artifice d'hypocrifie; & ils diront qu'un chagrin que vous avez reçu du monde, vous a fait, à fon refus, recourir à Dieu. A l'égard de vos amis, ils s'emprefferont de vous faire bien des remontrances, qu'ils croiront charitables & prudentes, fur la mélancolie de la dévotion, fur la perte de votre crédit dans le monde, fur la confervation de votre fanté, fur l'incommodité que vous cauferez aux autres, fur vos affaires qui en pourroient fouffrir, fur la néceffité de vivre

dans le monde, comme l'on y vit, & sur tous les moyens qu'on a de faire fon falut fans tant de mysteres.

Philothée, tout cela n'eft qu'un fot & vain babil du fiecle : & au fond ces gens-là n'ont aucun foin véritable ni de vos affaires, ni de votre fanté. Si vous étiez du monde, dit le Sauveur, le monde aimeroit ce qui lui appartient : mais parce que vous n'êtes pas du monde, il vous bait. L'on voit des hommes & des femmes paffer les nuits entieres au jeu; y a-t-il une attention plus fombre & plus chagrine que celle-là? Cependant leurs amis ne leur en difent rien & pour une heure de méditation, ou pour fe lever un peu plus matin qu'à l'ordinaire, afin de fe préparer à la Communion, chacun court au médecin pour nous faire guérir de l'humeur hypocondriaque & de la jauniffe. On paffera trente nuits à danfer, nul ne s'en plaint: & pour la feule nuit de Noël chacun touffe & se plaint de la tête le jour fuivant. Qui ne voit que le monde eft un juge inique; favorable à ses enfants, mais dur & févere aux enfants de Dieu ?

Nous ne faurions être bien avec le monde qu'en nous perdant avec lui : & il n'eft pas poffible de contenter fa bizarrerie. Jean eft. venu, dit le Sauveur, ne mangeant ni ne buvant, & vous dites qu'il eft poffédé du

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