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naissance, d'épouser celui qu'elle méritait par son amour

et sa vertu.

MARIANNE, opéra en un acte, par M. Marsollier musique de M. d'Aleyrac, à l'opéra-comique, 1795.

Cette pièce, à laquelle on peut reprocher des événemens trop peu naturels, trop brusques et trop multipliés, est remplie de détails intéressans. L'auteur a su ménager,' avec beaucoup d'art, des scènes pleines de gaîté et des plus beaux sentimens de la nature. La musique en est fort agréable; elle est parfaitement adaptée aux situations des personnages; enfin, elle est simple et sans ornemens étrangers au sujet.

MARIE DE BRABANT, tragédie en cinq actes, vers, par Imbert, aux Français, 1789.

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Le sujet de cette pièce est tiré de l'histoire de France. Pierre de La Brosse, homme de basse extraction, d'abord barbier de Saint-Louis, et parvenu, par ses intrigues, sous le règne de son fils, Philippe-le-Hardi, au rang de chambellan et de favori du roi, est le principal acteur de cette tragédie. Le favori peut tout sur l'esprit du roi, prince sage et religieux, et il fait accuser la reine, Marie de Brabant, d'avoir fait périr Louis, héritier de la couronne. Ce qui donne de la vraisemblance à cette accusation, c'est que le jeune Louis est un enfant du premier lit ; c'est par là que l'on suppose à la reine le projet de faire passer la couronne sur la tête de ses propres enfans. Le pouvoir que lui donne l'amour sur l'esprit du roi, gênant la cruelle ambition du chambellan, excite la haîne de ce dernier; mais il a un autre motif de vengeance. La Brosse avait eu un fils naturel qu'il n'avait

point osé avouer, dans la crainte d'offenser la piété du Monarque; ce fils, aussi scélérat que son père, ayant commis un crime, avait porté sa tête sur l'échafaud, lorsque la reine aurait pu lui sauver la vie. Quoiqu'il en soit, La Brosse suborne un témoin; mais à peine a-t-on accueilli sa déposi→ tion, que l'on vient annoncer sa mort : événement qui laisse cette reine infortunée dans la triste situation d'une accusée qui ne peut répondre à son accusateur. Ce qui ajoute surtout à l'intérêt de cette situation, c'est que le Roi se voit forcé de venger la mort de son fils sur une épouse qu'il aime. Le duc de Brabant, frère de la reine, se trouvant alors à la cour de France, prend ouvertement le parti de sa sœur contre le chambellan, dont il soupçonne les projets. Bientôt on ordonne l'épreuve du combat, et le chambellan, qui a l'audace d'accepter le défi, reste vainqueur du duc de Brabant. Cette victoire, d'après l'opinion superstitieuse de ce tems, déclare la reine coupable, et le peuple alors demande sa condamuation. C'est par le chambellan lui-même que l'auteur fait découvrir le tissu de sa scélératesse. Ayant surpris un billet, par lequel la reine consent d'entendre d'Armery, son neveu, qui promet de lui révéler un secret important, il laisse parvenir ce billet, en se réservant de l'interpréter d'une manière injurieuse à l'honneur du roi. Pour effectuer cet horrible projet, il le surprend et l'assassine, comme pour venger son maître; mais d'Armery, ayant survécu à ses coups, comparaît devant le Roi. Alors le chambellan, certain de le confondre, le somme de montrer un billet qu'il doit avoir, et qu'il croit être celui de la reine. Poussé à bout, d'Armery produit une lettre de l'ambassadeur d'Angleterre, qui manifeste la trahison de La Brosse. Enfin la reine est justifiée, et elle reparaît, amenée par son frère, le duc de Brabant.

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Tel est le fonds de cette tragédie, qui fut très-bien accueillie. Le caractère du chambellan, quoique très-odienx, a de la hardiesse et de la profondeur; il est soutenu jusqu'au dénouement. Ceux de Philippe et de la reine accusée sont bien développés, et offrent beaucoup d'intérêt; quant au style, il a de la pureté, et de l'élégance; mais il est sans force.

MARIÉ SANS LE SAVOIR (le), comédie en un 'acte, en prose, par Fagan, au théâtre Français, 1738.

Cest ici deux frères rivaux. L'un croit aimer, et n'aime pas; l'autre aime sans le croire. Lucile, jeune veuve, intéressée à démêler leurs vrais sentimens, pénètre enfin ceux du Chevalier, et les trouve d'accord avec les siens; et, quoique dejà promise au Marquis, elle donne la préférence à son frère. Sous ce rapport, le Baron, père des deux frères rivaux, est d'intelligence avec Lucile; en conséquence, on dresse un contrat où Lucile est désignée l'épouse du Che→ valier. Celui-ci ne croit signer que le contrat de mariage de son frère, et signe le sien propre. Le Marquis, ennemi de - ces sortes de cérémonies, a déjà signé sans rien lire ; il consent même à différer son mariage, et croit n'en user que par délicatesse. Mais, enfin, après quelques nouvelles épreuves, le chevalier est instruit de son sort. Telle est l'intrigue du Marié sans le savoir, où la vraisemblance est quelquefois en défaut. L'art de l'auteur y supplée autant qu'il lui est possible; mais non autant qu'il eût été né

cessaire.

MARIE STUART, Reine d'Écosse, tragédie par Renaud, 1639.

Tout le monde connaît les malheurs de cette triste victime de la politique d'Élizabeth; rien ne les égale, si ce

n'est peut-être la manière bizarre dont Renaud les a retracés dans cette tragédie.

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Marie est dans le palais d'Élizabeth, prison honorable, où elle est gardée à vue ; cela ne l'empêche pas d'avoir des intelligences avec le duc de Norfolc qu'elle doit épouser, et qui paraît également épris de ses charmes et de ses vertus. Élizaheth, dont il avait autrefois obtenu les faveurs les plus secrettes, ne voit point cette passion sans jalousie, et la voilà bien resolue à faire périr et son amant et sa rivale. Pour y parvenir, le comte Morray, ennemi de Norfolc, quoique frère de Marie, fait contrefaire l'écriture des deux amans et dans deux billets, dont l'un est la réponse de l'autre, il s'uppose que le Duc et Marie ont conspiré contre Élizabeth. Ce moyen peu vraisemblable, devient absurde, puisque le Duc, à qui l'on présente le billet qu'on lui attribue, ne reconnaît pas que son écriture a été contrefaite. Quoiqu'il en șoit, il est traduit devant un tribunal, où il est accusé par le comte de Morray, frère naturel de Marie, et condamné à mort. Le jugement n'est pas plutôt prononcé qu'on le met à exécu¬ tion; mais comme le crime ne doit pas rester impuni, on apprend au troisième acte que Morray, le dénonciateur de Norfolc, a été assasiné. Élizabeth regrette ce scélérat, et n'en devient que plus irritée contre la reine d'Écosse, dont elle ordonne la mort au quatrième acte; ici la tragédie serait finie; mais au cinquième acte, l'ambassadeur de France vient solliciter la grâce de cette intéressante victime. Élizabeth, déjà tourmentée par ses remords, la lui accorde; inutilement ses premiers ordres sont exécutés, et le messager, qu'elle a envoyé pour revoquer sa cruelle sentence vient lui raconter, dans le plus grand détail, les circonstances de la mort de son infortunée rivale. Ainsi, dans cette tragédie, trois personnes périssent, savoir: le duc de Norfolc, le comte de

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Morray et Marie Stuart; quant à Élisabeth, elle reste déchirée de remords, et tourmentée par le souvenir du double crime qu'elle a commis.

MARIE STUART, Reine d'Écosse, tragédie en cinq actes, en vers, par Boursault, aux Français, 1683.

Le comte de Morray, frère naturel de Marie Stuart, comblé des bienfaits de cette reine, est ici, comme dans la pièce de Renaud, le moteur de tous les crimes et de toutes les vengeances; mais il est bien plus scélérat, et Élizabeth bien moins coupable. Marie Stuart, elle-même, est beaucoup plus intéressante, et aussi beaucoup plus digne de pitié. L'intérêt qu'elle inspire s'accroît de scène en scène jusqu'au dénouement. Au surplus, voici le fonds et l'intrigue de la tragédie de Boursault. Entraîné par Morray, le comte de Neucastel devient aussi criminel que lui. Morray lui persuade qu'il ne conspire la perte de la reine Marie que pour partager son trône avec lui. Mais Morray, dont le comte de Neucastel est l'aveugle instrument, a de plus vastes desseins; il aspire à la main d'Élizabeth. C'est pour parvenir jusques-là qu'il fait accuser le duc de Norfolc, favori de cette reine et son amant, d'être d'intelligence avec Marie pour la perdre. Croyant que ses bienfaits lui assurent le cœur du comte de Neucastel, le duc de Norfolc vient lui confier ses sentimens. pour la reine d'Écosse, et le projet qu'il a formé de la soustraire à la vengeance d'Elizabeth; il lui demande de favoriser sa fuite en lui livrant un des cinq ports dont il l'a fait nommer gouverneur ; mais ce misérable trahit son bienfaiteur, et, de concert avec Morray, fait aposter une des créatures de son exécrable ami qui va dénoncer à Élizabeth le projet du Duc. Furieuse contre lui, Élizabeth jure de le punir; mais c'est un amant adoré qui l'offense; d'ailleurs elle ne sait si elle

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