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MAGASIN DES MODERNES (le), opéra-comique en un acte, par Panard, à la foire St.-Germain, 1736.

Mercure, exilé de l'Olympe par Jupiter, s'occupe à Paris, d'un nouvel emploi qu'il a imaginé: il s'est mis à la tête du magasin des modernes, et directeur général des lieux communs. Ce poste lui appartenait de droit; le Dieu qui préside aux voleurs, doit présider aux plagiaires.

MAGICIENS. Sorciers, dont les enchantemens servaient à donner du merveilleux aux pièces des anciens, et aux farces de nos poëtes dramatiques, avant que le grand Corneille eût relevé la noblesse et la majesté du théâtre parmi nous. Les Grecs et les Romains, qui croyaient aux sortilèges, pouvaient ne pas être offensés des prodiges et des tours merveilleux que les Magiciens opéraient sur leurs théâtres.; mais depuis qu'on a cessé d'avoir foi aux enchantemens des Sorciers, il n'est plus possible d'employer leur pouvoir comme machine, dans les pièces sérieuses, ou, pour mieux dire, dans la tragédie. On dira peut-être qu'on permet d'y parler non-seulement d'Ombres et de Fantômes, mais encore que ces Ombres mêmes paraissent et parlent sur le théâtre, et qu'ainsi l'on pourrait y tolérer des Magiciens et des Sor ciers. A cela on peut répondre qu'il est possible que la divinité fasse paraître une Ombre pour effrayer les hommes et les corriger, mais qu'il est impossible que des Magiciens aient le pouvoir de violer les lois de la nature. Telles sont anjourd'hui les idées reçues. Un prodige opéré par le ciel même ne révoltera point, mais un prodige opéré par un sorcier, n'en impose qu'à la populace.

Quodcumque ostendis mihi sic incredulus odi.

Les enchantemens de Médée pouvaient plaire aux Grecs et

aux Romains, qui admettaient les sortilèges; aujourd'hui, l'art de cette célèbre magicienne est ridicule ailleurs qu'à l'opéra. Nous ne supportons le pouvoir magique que dans ce genre de drame, et dans les farces et les parades.

MAGIE DE L'AMOUR (la), pastorale en un acte, en vers libres, par Autrean, au théâtre Français, 1735.

Ce sujet est tiré des Veillées de Thessalie, roman de mademoiselle de Lussan. Comme cet ouvrage est très-connu, nous nous bornerons à dire que le poëte n'a fait que mettre en action et en vers, ce qui est en récit et en prose dans le roman : c'est un tableau gracieux et touchant de cette belle nature, telle qu'on la suppose dans les vallons délicieux de la Thessalie.

MAGIE SANS MAGIE (la), comédie en cinq actes, en vers, par Lambert, 1660.

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Léonor, jeune demoiselle de Valence, n'ayant pu refuser son cœur aux empressemens d'Alphonse, gentilhomme de Castille, s'abandonne au plus violent désespoir, aussitôt qu'elle apprend que son amant est épris des charmes d'Elvire; et elle se frappe d'un coup de poignard. En cet état, on la transporte dans la maison d'Astolphe, son père, ami de Timante. A peine a-t-elle recouvré sa santé, que, profitant du bruit qui s'est répandu de sa mort, elle se déguise en cavalier, et, sous le nom de Léonce, tâche de gagner le cœur d'Elvire : elle y parvient, et enfin la fait consentir à la suivre à Valence. Le prétendu Léonce s'est retiré avec Elvire dans la maison d'Astolphe. Dans cette occurence, Alphonse, suivī de son valet Fernand, et accompagné de Fédéric, premier amant d'Elvire, arrivent à Valence. La réputation qu'Astolphe a dans tout le pays, d'être savant dans l'astrologie,

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attire bien vite le curieux Fernand, qui vient exprès le consulter. Astolphe, instruit par Léonce et par Elvire, répond d'une façon à confirmer ce valet dans son opinion. Alphonse et Fédéric sont fort surpris à la vue d'Elvire; l'étonnement d'Alphonse augmente à l'arrivée de Léonce, qui lui rappelle tous les traits de Léonor : cette dernière, continuant toujours son rôle d'amant favori d'Elvire, propose un combat à ses rivaux. Fédéric l'accepte; mais le respect qu'Alphonse a pour l'image de sa première maîtresse, l'empêche d'imiter cet exemple. Astolphe conjecture favorablement de ce procédé d'Alphonse; il apprend encore avec plaisir que ce cavalier, oubliant Elvire, n'est plus occupé que du souvenir de sa chère Léonor. Alphonse, en suivant les mouvemens de son cœur, pénètre le secret du sexe du faux Léonce; mais, comme Astolphe croit qu'il n'est pas encore tems de le lui découvrir, il conseille à Léonor d'en faire part seulement à Fédéric. Celui-ci, charmé de n'avoir plus de rivaux à craindre auprès d'Elvire, consent à servir son projet. Elvire et le valet d'Alphonse se laissent d'autant plus aisément tromper, qu'ils attribuent à un effet de ma gie l'entêtement d'Alphonse, qui veut que Léonor soit cachée sous les habits de Léonce. Enfin cette dernière, ne pouvant plus douter de la sincérité du retour de son infidèle, est forcée de se faire connaître, et bientôt le sort de ces deux amans est fixé par un heureux hymen. Elvire, un peu honteuse de sa méprise, donne sa main au fidèle Fédéric.

On adressa les vers suivans à mademoiselle Gaussin, au sujet du rôle qu'elle remplissait dans cette pièce :

J'aimais, sans le savoir, aimable Sophillette;
Mais je le sais depuis un jour.

Je n'aurais jamais cru que mon âme inquiette
Ressentit les traits de l'Amour,

A peine je te vis; ma raison allarmée

Me fit craindre l'enchantement;

Mais sa perte est trop confirmée.

Pour moi, le plus beau jour, brille sans agrément :

Je désire la nuit ; et rien ne me soulage.

Le sommeil, sur mes yeux, répand-il ses pavots?
Dans un songe flatteur tu m'offres ton image;
Elle vient troubler mon repos.

Non, je n'en doute plus; l'art de la Thessalie
N'est pas ce qui fait ma langueur.
Que j'étais simple, hélas! d'accuser la magie,
Du trouble secret de mon cœur!
L'Amour, lui seul, ma rendu tendre;

Et ce n'est qu'en tremblant que j'ose te l'apprendre:
Je me plais à porter tes fers;

Pour toi, belle Gaussin, je languis, je soupire;
Permets qu'à tes genoux je puisse te le dire,
Je le ferai bien mieux qu'en vers.

MAGNIFIQUE (le), comédie en deux actes, en prose, par Lamotte, au théâtre Français, 1731.

On connait le conte de La Fontaine, qui fait le sujet de cette comédie: jamais aucun ouvrage de ce genre n'a été aussi bien mis en action; en un mot, c'est un modèle de délicatesse et de goût. Les autres contes, métamorphosés en comédies par le même auteur, sont bien inférieurs à celui-ci : toutefois, on y remarque de très-jolis détails. Celle-ci, d'abord en trois actes, faisait partie de l'Italie Galante; mais depuis elle fut jouée séparément. On y trouvait quelques scènes vides et quelques longueurs, que Lamotte fit disparaître, suivant l'avis de ses amis, qui lui conseillèrent de réduire sa pièce en deux actes. Quoiqu'il en soit, il eût de la peine à s'y déterminer. Lamotte était timide, et craignait que cette nouveauté ne prévint le public. contre son ouvrage; ceux-ci le rassurèrent, en lui disant : « Qu'on ne şifflerait sûrement pas

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» le troisième acte, parce qu'il n'y en aurait point; et qu'ils » voudraient bien avoir la même certitude sur les deux autres >> actes >>.

MAGNIFIQUE (le), comédie en trois actes, en prose, par Sedaine, musique de M. Grétry, aux Italiens, 1773. Ce sujet, comme celui de la comédie de Lamotte, est tiré du conte de La Fontaine; la scène est à Florence. Clémentine, pupille du seigneur Aldobrandin, est conduite par sa gouvernante à une fenêtre, pour voir une marche de captifs, au nombre desquels Alise reconnaît son mari, qui avait été enlevé par des corsaires, avec le père de Clémentine, dont il était le domestique. Dans la joie que lui inspire cet événement, elle informe Clémentine du malheur qui l'a privée d'un père, que l'on croit mort dans la captivité. Mais laissons ces captifs pour un instant. Pour prix des soins qu'il a donnés à l'éducation de sa pupille, Aldobrandin se propose de l'épouser; mais Clémentine lui préfère un jeune homme, nommé Octave, que ses largesses et ses fêtes ont fait surnommer le -Magnifique. Cependant, le valet d'Aldobrandin, encore tout émerveillé d'une superbe haquenée, montée par le Magnifique, en vient faire à son maître un éloge, qui lui donne l'envie de l'acheter; mais son prix excessif l'en empêche. Bientôt Octave vient lui proposer une meilleure composition; en effet, il ne lui demande, pour prix de sa haquenée, qu'un quart-d'heure d'entretien avec la charmante Clémentine, encore sera-ce en sa présence enfin, le marché est accepté. Aldobrandin s'en félicite et en instruit sa pupille, en lui défendant de répondre un seul mot; toutefois, le Magnifique exige qu'Aldobrandin se tienne, avec son valet, assez éloigné pour voir, et non pour entendre. Mais Octave ne tarde s'apercevoir que la belle Clémentine n'a pas la permission

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