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ces modes étant propres à exciter ou à calmer certaines passions, influaient beaucoup sur les mœurs; et, par rapport à cette influence, la Mélopée se partageait encore en trois genres; savoir, le Systaltique, ou celui qui inspirait les passions tendres et affectueuses, les passions tristes et capables de resserrer le cœur ; suivant le sens même du mot grec : le Diastaltique, ou celui qui était propre à l'épanouir en exci tant la joie, le courage, la magnanimité et les plus grands sentimens l'Euchastique, qui tenait le milieu entre les deux autres, c'est-à-dire, qui ramenait l'âme à un état de tranquillité. La première espèce de Mélopée convenait aux poésies amoureuses, aux plaintes, aux lamentations et autres expressions semblables. La seconde était réservée pour les tragédies et les autres sujets héroïques ; la troisième, pour les hymnes, les louanges, les instructions.

Corneille observe, au sujet de la Mélopée, que les tragédies, dans lesquelles la musique interrompt la déclamation, font rarement un grand effet ; parce que l'une étouffe l'autre. Si le morceau déclamé est intéressant; on est fâché d'en voir l'intérêt détruit par des instrumens qui détournent l'attention ; si la musique est belle, l'oreille du spectateur retombe avec peine et avec dégoût de cette harmonie au recit simple. Il n'en était pas de même chez les Romains, dont la déclamation, appellée Mélopée, était une espèce de chant. Le passage de cette Mélopée à la symphonie des chœurs, n'étonnait point l'oreille et ne la rebutait pas.

MELPOMÈNE VENGÉE, parodie mêlée de vaudevilles, en un acte, en prose, du ballet des Amours des Déesses, par Boissy, au théâtre Italien, 1729,

Melpomène est endormie sur le Parnasse, lorsque des cris. qu'elle entend dans le sacré vallon, l'éveillent en sursauta

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Elle est toute étonnée de voir qu'on ait racourci sa robe dant son sommeil, et elle jure de tirer raison de cet outrage. Un Gascon vient la plaisanter de la voir en pet-à-l'air. Diane le remplace, et annonce à Melpomène le nouvel affront qu'on lui a fait à l'opéra, où l'on représente ses amours avec Linus, inventeur de l'Élégie. La Déesse des forêts ajoute qu'elles ont été toutes les deux également insultées dans le ballet des Amours des Déesses, puisque, malgré le respect dû à la chaste Diane, on la fait courir après Endymion, et qu'on la montre sortant des enfers sur le char de Pluton, qui veut bien avoir la complaisance de la conduire auprès de son rival. Après cette scène, l'Opéra, la Comédie-Française, la ComédieItalienne et l'Opéra-Comique arrivent ensemble, et parlent tous quatre à la fois. Cette scène est une image du désordre qui régnait sur tous les théâtres. On reproche à l'Opéra d'admettre des bouffons; à la Comédie-Française, de faire chanter des pastorales; à la Comédie-Italienne, de représenter des tragédies ; et à l'Opéra-Comique, de donner dans le sézieux. Il vient ensuite un monstre à trois têtes, qui s'appelle les trois spectacles. Ce nouveau Cerbère a un casque sur la tête, une hóulette à la main, un brodequin à ses pieds, et une affiche de la comédie, en forme de cuirasse. Melpomène,qui le reconnaît, le fait dégrader, pour le punir de l'avoir mis en pet-en-l'air. On lui ôte le casque, la houlette, le brodequin, et on ne lni laisse que l'affiche de comédie; ce qui signifie que, dans la pièce des Trois Spectacles, donnée au théâtre Français la même année, rien n'avait réussi que la comédie de l'Avare Amoureux : les deux autres actes étaient Polixène. tragédie, et Pan et Doris, pastoralo lyrique.

MÉLUSINE, comédie en trois actes, en prose, avec des divertissemens, par Fuzelier, aux Italiens, 1719...

Mélusine apprend à son valet Trivelin, qu'elle est amon reuse d'un aimable cavalier qui paraît sur sa terre de Lusignan, et qu'elle y a retenu par ses enchantemens. Au même instant, un lutin vient l'avertir qu'une jeune demoiselle et sa nourrice sont sur sa terre, et ne peuvent en sortir sans sa permission. Le marquis de St. Fleur, et Scapin son valet,' qui sont la prétendue demoiselle et sa prétendue nourrice, apprennent que le marquis de St.-Fleur est promis en mariage à une jeune personne nommée Silvie; mais que, ne la connaissant pas, il a voulu voir par lui-même, si elle était aussi aimable qu'on le publiait; que, profitant d'un bal qu'on donnait chez cette belle Silvie, il s'était déguisé en femme, et que son valet s'était déguisé en nourrice, pour s'y trouver sans être connus, mais que malheureusement s'étant égaré en chemin, il est tombé dans l'enchantement de Mélusine. Silvie, de son côté, déguisée en homme, maudit l'imprudente partie de chasse qui l'a fait ainsi travestir, et se perdre dans la forêt enchantée du château de Lusignan. La conversation se lie entre le Marquis de St.-Fleur et Silvie. Ils se demandent mutuellement leur nom. Le marquis prend le nom de Silvie, et celle-ci celui du Marquis ce qui les étonne également ; mais le sexe de Silvie est reconnu par l'indiscrétion d'Arlequin; cette découverte cause une extrême joie au Marquis, qui en devient amoureux. Les obstacles que Mé lusine vent apporter à ses amours, forment le fonds de la pièce, mais cette Magicienne, transformée en serpent, disparaît par la vertu de la Féc, qui rend nulle la puissance de Mélusine, et facilite par là le mariage des deux

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Dans la pièce, comme dans le conte de Voltaire, Memnon fait vœu de renoncer aux femmes, à la table et au jeu ; et, ce même jour, il est trompé par une femme, s'enivre et perd son argent. Telle est la fable de cette pièce. Le Poëte comique n'a pas été aussi heureux que le Conteur, dans le choix et l'expression des détails: il a pris pour ses personnages des gens de qualité, du moins il leur en a donné l'habit, mais il a oublié de leur en prêter le langage.

MÉNANDRE, poëte comique grec.

Ménandre naquit à Athènes dans la CIX. Olympiade sous l'archonte Sosigène; conséquemment environ 70 ans après Aristophane, qui florissait dans la quatre-vingt-neuvième. Ce dernier passait pour le Prince de l'ancienne Comédie, chez les Grecs, qui avaient honoré Ménandre du titre de Prince de la Nouvelle. Sans doute, si l'on considère dans les pièces d'Aristophane, le vis comica de l'expression et de certaines situations, il pourrait mériter ce titre, quoique ses pièces manquent généralement de conduite, de plan, et d'intrigue. Il faut convenir aussi qu'il était facile de faire rire le peuple d'Athènes, où il était permis de présenter sur la scène des personnages, dont ce peuple enviait la grandeur et la puissance. Ménandre, qui vivait dans un tems où les mœurs n'étaient plus les mêmes, n'eût pas la même liberté qu'Aristophane ; il ne pût pas peindre les vices vrais ou sup→ posés de tel ou tel individu, mais il sut peindre les vices en général, et surtout les ridicules : il dut donc paraître moins mordant qu'Aristophane. Mais, si l'on en croit la renommée, il sut être aussi piquant et plus délicat dans ses bons mots : il eut surtout le mérite de renfermer dans un plan régulier les détails qui firent sa réputation, et d'animer, par la chaleur

de l'action, la finesse de ses plaisanteries. Quoi qu'il en soit, il eut pour rival le poëte Philemon, qui lui fut souvent préféré par les Athéniens; mais les Étrangers ne partagèrent point cette injustice, et Ménandre eut l'avantage de voir des Rois puissans rechercher l'avantage de le posséder à leur cour; honneur qu'il refusa constamment.

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Ménandre a composé plus de cent comédies, dont il ne nous reste que des fragmens.Toutefois, nous devons le regarder comme le modèle de nos meilleurs auteurs comiques, parcequ'en l'imitant, Plaute et Térence nous ont transmis une idée de l'art avec lequel il savait conduire ses pièces; art vraiment inconnu avant lui. Jules César voulant louer Térence, l'appelle un demi-Ménandre; ce qui prouve que ce grand Capitaine romain regardait Ménandre comme le plus grand comique de la Grèce. On prétend que ce Poëte se noya dans le Pyrée; mais ce fait n'est pas avéré, et la discussion en est étrangère à notre ouvrage. Après sa mort, les Grecs lui rendirent justice, et lui élévèrent un grand nombre de statues. Aujourd'hui, quoique ses ouvrages soient perdus, sa réputation s'élève encore au-dessus des deux premiers auteurs comiques de l'ancienne Rome.

MÉNECHMES, (les) comédie imitée de Plaute cinq actes, en vers, par Rotrou, 1632.

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Cette pièce, copiée de Plaute, est théâtrale et fort amusante par les embarras où se trouvent les deux frères. L'un est connu dans une île qu'il habite depuis longtems; l'autrey aborde pour la première fois, et porte la peine que méritent les infidélités et les folles dépenses de son frère. Une jolie personne le reçoit comme son amant ; une femme l'accable de reproches, comme son époux ; un vieillard le reprend en

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