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Menzikoff, tombé du faîte des grandeurs, et dépouillé de tous ses biens, est exilé en Sibérie. Autrefois marié avec Arsénie, il l'a répudiée, parce que ce lien s'opposait à ses projets ambitieux. Dès que cette femme vertueuse apprend son exil, elle ramasse tout ce qui lui reste de fortune, et arrive, presqu'aussi-tôt que lui, dans ces affreux déserts. Menzikoff, qui l'a toujours aimée, est sur le point de contracter avec elle un nouveau mariage; mais il rencontre un grand obstacle. Un certain Vodemar, autrefois son rival, vient d'être nommé gouverneur de Sibérie, où il est exilé depuis quinze ou vingt ans, par les ordres de Menzikoff. Le premier usage qu'il fait de son autorité, est de séparer les deux époux. Ce n'est pas, comme il l'observe très-bien lui-même, qu'il lui reste encore la moindre inclination pour Arsénie; mais il veut mettre le comble à l'infortune de son rival, et se venger, en jouissant froidement de ce doux spectacle. Alexan, fils de Menzikoff, qui attente à la vie de ce barbare, est arrêté: alors le Gouverneur propose à Arsénie de l'épouser sur-le-champ, si elle veut sauver la vie à son fils. Arsénie est contrainte de marcher vers l'autel ; mais Vodemar, malgré sa promessse, a déjà égorgé le jeune Alexan, et présente à la mère une main teinte encore du sang de son fils. Que fait Arsénie? Elle se saisit du poignard dont ce monstre est armé, le lui plonge dans le cœur, et vient ensuite raconter toutes ces horreurs à Menzicoff. Enfin, dans cet intervalle, le conseil s'assemble et leur envoie dire de ne pas être inquiets :

Vivez, ne craignez rien, et tous les deux unis....

Cette pièce offre quelques vers frappans, quelques belles tirades; mais, en général, le style est martelé..

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MENZIKOFF ET PHŒDOR, OU LE FOL DE BÉRÉZOFF, opéra en trois actes, par M. de La Martellière, musique de M. Champein, à l'Opéra-Comique, 1807.

Le fonds de cet opéra, de ce drame ou de ce mélodrame, comme on voudra le nommer, est la disgrâce du fameux Alexandre Menzikoff, fils d'un paysan et garçon pâtissier, qui, après avoir été élevé à la dignité de Prince Russe, devint le beau-père de son maître, Pierre second, et fut exilé en Sibérie, où il alla rejoindre toutes ses victimes. L'auteur suppose que, rencontrant parmi les exilés, Phoedor Dolgorouski, fils de son ennemi personnel, il en reçoit, sans en être connu, les témoignages du plus touchant intérêt. Phœdor, qui était depuis longtems amoureux de Maric, fille de Menzikoff, et à qui l'amour a même fait perdre la raison, est rétabli dans toutes ses dignités, et ne profite de ce retour de fortune, que pour accabler de bienfaits son persécuteur devenu malheureux enfin, ces bienfaits amènent une alliance entre les deux familles.

Cette pièce abonde en situations, parmi lesquelles on en trouve quelques-unes qui offrent de l'intérêt, quoiqu'elles entravent la marche de l'action, qui nous paraît languissante. Entr'autres reproches que l'on pourrait faire à l'anteur, c'est que Phœdor, qu'il nous donne pour un fol, est un fol fort raisonnable : c'est si vrai, qu'il le fait nommer à la place de Gouverneur-général; et, certes, le Czar ne lui confierait pas cette place importante, s'il ne lui reconnaissait et de la raison et du talent : on peut Jui reprocher encore trop de négligence dans son style.

MÉPRISE DE L'AMOUR (la), parodie en un acte,

de l'opéra de Tancrède, par Fuzellier, à la foire St-.Germain, sous le titre de Pierrot Tancrède, 1729.

Le théâtre représente la tente d'un vivandier de l'armée des Sarasins, au milieu de laquelle on voit une table, chargée d'un gros baril de bran-de-vin, entouré de faisceaux de pipes et de rouleaux de tabac. Argant, prêt à tenir conseil sur les mesures les plus efficaces pour accabler Tancrède, s'apperçoit de l'amour qu'Herminie ressent pour cet ennemi redoutable. Après quelques légers reproches sur une passion aussi déplacée, Argant lui conseille de se retirer. Isménor vient offrir le pouvoir de ses charmes magiques, et l'on voit entrer une troupe de grenadiers, à qui le magicien fait prêter le serment d'immoler Tancrède. Isménor, voulant leur inspirer un peu de hardiesse, appelle ses farceurs, et fait avec eux plusieurs lazzis magiques. On entend gronder le tonnerre, et soudain la frayeur s'empare des esprits. Isménor, les Magiciens et les Guerriers tombent et renversent l'équipage; ils se relèvent lorsque l'orage cesse, et promettent de faire mieux une autre fois. Argant et Herminie s'apprennent réciproquement la passion mutuelle de Clorinde et de Tancrède. Celui-ci, l'esprit agité de crainte, prend le parti d'aller avec son épée fendre les arbres dans la forêt; mais il est interrompu par une troupe de sergens qui l'emmènent. Herminie dit à sa rivale que Tancrède est mort. Clorinde, croyant n'avoir plus rien à ménager fait connaître, par ses regrets, l'amour qu'elle a pour Tancrède: c'est pour me moquer de vous, dit Herminie, à Clorinde désespérée. Tancrède veut alors commencer le monologue, Sombres Forêts; mais il fait réflexion qu'il doit s'occuper d'affaires plus pressantes. Isménor évoque la Vengeance; à sa voix elle sort des enfers, et lui apporte un poignard,qu'il veut enfoncer dans le sein de Tancrède.Herminie

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l'arrête, et avoue qu'elle aime ce Héros. Isménor et le Prince la regardent avec étonnement. « En effet, voilà >> des aveux bien placés. » Il veut une seconde fois frapper Tancrède, qui pare le coup avec son chapeau, Dans ce moment, Clorinde arrive; et, pour se venger d'Herminie, Isménor, au lieu d'immoler Tancrède, le livre à son amante. Après une longue et tendre conversation, ces deux amans se séparent; mais c'est pour ne plus se revoir en effet, dans un combat entre les Chrétiens et les Sarasins, Tancrède, luttant encore contre Clorinde, habillée en homme, la tue, croyant tuer le général ennemi.

MÉPRISE VOLONTAIRE (la), ou LA DOUBLE LEÇON, Opéra - comique en un acte, par M. Duval, musique de mademoiselle le Sénéchal, de Kerkado, alors âgée de dix-neuf ans, à Feydeau, 1805.

Élisa, que doit épouser Valmont, a pris des habitudes et s'est formé des goûts qui ne plaisent point à son futur ; elle n'aime que la chasse, l'équitation, en un mot, tous les exer cices qui semblent ne devoir convenir qu'aux hommes. Son jeune frère est d'un caractère tout opposé. A sa douceur, à sa mignardise, à son air de faiblesse, on le prendrait pour une fille. Valmont, pour corriger l'un et l'autre,feint de les croire déguisés, c'est-à-dire, de prendre Élisa pour un capitaine de cavalerię travesti en femme, et vice versa, le frère pour la sœur il leur dit alternativement des choses qui les piquent ; bientôt Élisa se défait de ses habitudes trop cavalières, et son jeune frère promet de devenir un homme. La pièce se termine par le mariage des amans.

Ce sujet, quoique faible, pouvait prêter à des dévelop pemens; mais l'auteur n'a pas voulu en tirer plus d'une ou

deux scènes. On y trouve quelques traits assez comiques et une excellente moralité.

La musique est fraîche et légère; il y en a seulement un peu trop, surtout dans les premières scènes ; ce qui nuit à l'exposition.

MÉPRISES (les), comédie en un acte, en vers libres, par Pierre Rousseau de Toulouse, aux Français, 1754.

Finette, suivante d'Orphise, a été quelque tems au service d'une vieille folle, qui la faisait habiller en cavalier, et la menait avec elle au bal. Sous cet habit ? la Soubrette en conte à une personne, auprès de laquelle est son amant, Celui-ci veut se battre avec son rival prétendu; ce qui donne lieu à des Méprises assez COmiques.

etc.

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On a prétendu que le sujet et le plan de cette pièce étaient tirés de la comédie des Quiproquo de Bruéys. L'auteur, avant qu'elle fut représentée, avait fait la plaisanterie de la faire annoncer dans les petites affiches de Paris ainsi qu'il suit « Les Méprises, comédie, etc., : » par Pierre Rousseau, citoyen de Toulouse », pour se distinguer de celui de Genève. Ce fut à cette occasion que l'on fit cette épigramme, dans laquelle on parle des trois Rousseau. Nous en retrancherons ce qu'elle peut contenir d'injurieux.

Trois auteurs, que Rousseau l'on nomme,
Sont différens: Voici par où :

Rousseau de Paris fut grand homme;

Rousseau de Génève est un.......

Rousseau de Toulouse un........

MÉPRISES, (les), ou LE RIVAL PAR RESSEMBLANCE, comédie en cinq actes, en vers de dix syllabes, par M. Palissot, au théâtre Français, 1762.

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