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elle l'a toujours été avec un succès extraordinaire. Lors de la reprise, on demanda de nouveau l'assentiment de Crébillon ille refusa constamment. Pour se tirer de là, M. d'Argenson nomma d'Alembert pour en être le censeur. Ce dernier s'en chargea, l'examina avec l'attention la plus sévère, et signa son approbation. Il offrit même à Crébillon de réfuter les raisons de son refus, s'il voulait les faire imprimer, et de joindre, dans la réponse qu'il y ferait, les motifs qui l'avaient décidé à permettre cette représentation. Enfin, qui le croirait, cette pièce qui avait effarouché le zèle de Crébillon et de tant d'autres, fut dédiée au pape? « A qui mieux qu'au » vicaire et à l'imitateur d'un Dieu de paix et de vérité, dit »fort ingénieusement Voltaire, pourrais-je dédier cette sa

tire de la cruauté et des erreurs d'un faux prophète, etc..... »

MAHONAISE (la), comédie en un acte, en prose, sur la prise de Mahon, par Baco, 1756.

Cette pièce, comme beaucoup d'autres, fut faite à l'occa sion de la prise du fort Saint-Philippe. Pour l'intelligence. de ce drame, il faut rappeler au lecteur que les Anglais ne s'étaient emparés de cette île, le 29 septembre 1708, que par la trahison du gouverneur, qui favorisait le parti de l'Empereur, avec qui la France et l'Espagne étaient en guerre. Ce ne fut sans doute qu'à force d'argent que la place leur fut livrée.

Picolette, c'est le nom de la Mahonaise, est une belle dont sir Faithlesse, Anglais, don Fernand, Espagnol, et le marquis de Francheville, Français, se disputent la possession. Chaque personnage est peint suivant le génie de sa nation, par des circonstances relatives à la guerre présente. Le nom même de l'Anglais le caractérise assez; car Faithlesse, dans la langue britannique, veut dire : Qui manque de foi,

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Sir Faithlesse ouvre la scène avec Isabelle, gouvernante de Picolette. La soubrette, intéressée, tire encore de lui quelque argent, pour achever de le rendre possesseur de sa maîtresse, par un prompt hymen. Ce n'est pas qu'il en soit amoureux; il ne veut obtenir la main de la belle Mahonaise que pour arranger ses affaires. « Veux-tu, dit-il à son complice, que je te parle franchement? j'ai plus d'ambition que d'amour; » je ne suis pas de ces insensés qui, comme j'en connais, se » livrent avec passion à des chimères, qu'ils appellent plaisir, » sentiment, amitié; je n'y crois pas. Quand mon premier » mouvement me fait pencher vers ces belles choses-là, le » bon sens me rappelle à l'utile. Tout ce qui n'y conduit pas » doit être rejeté, fut-ce même l'humanité et la vertu !... Oui, » je prise moins Picolette que les biens qui en sont la suite ; » ils me mettront en état d'étendre mon commerce, >> ruiner celui de mes voisins. Voilà le vrai bonheur ».. A cette manière de parler, très-anglaise, la gouvernantę répond : « Vous vous y prenez bien; voilà la fin du com» merce. Je commence à pénétrer toute la profondeur de vos » vues. Ce grand étang, dont Picolette a la jouissance sa vie » durant, vous sera d'un grand secours; mais, quand vous » irez à la pêche, faites provision de meilleurs filets que ceux » dont vous vous servîtes il y a quelque tems ». Cette plaisanterie tombait sur le malheureux succès de la flotte de l'amiral Byng.

et de

La Mahonaise vient ouvrir son cœur à Isabelle, qui la presse d'épouser l'Anglais; mais elle témoigne une aversion invincible pour un amant sans honneur et sans foi. Elle lui préfère l'Espagnol; il a l'âme grande et noble: enfin, Faithlesse reçoit son congé en forme.

Le Français déploie à son tour toute la franchise de son me; mais Picolette s'en défie, sur la réputation de galanterie

que les Français ont partout. « On vous accuse, lui dit la » Mahonaise, d'être un peu trop complimenteurs, vous au» tres Français; ce petit défaut ne va pas toujours avec la » sincérité.» « Je crois, répond de Francheville, ce reproche » mal fondé. Rendez-nous plus de justice; nous sentons beaucoup, nous disons tout ce que nous sentons. Voilà >> notre défaut ».

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La conversation s'échauffe: le Français en profite pour faire l'aveu le plus ingénieux et le plus naïf de sa passion. Picolette, émue, attendrie, enchantée, paie la sincérité du Français, de toute la sienne. Elle ne peut lui cacher qu'elle a donné son cœur et promis sa main à un autre ; mais elle ne le déclare qu'avec le plus sensible regret. Francheville se retire pour aller pleurer loin des yeux de la belle Mahonaise, le malheur d'avoir été prévenu. Rien n'est mieux filé que cette

scène.

La gouvernante, par divers tours assez adroits et des lettres supposées, se joue de l'amour de Faithlesse et de celui du fier Espagnol. La rencontre du Français avec l'Anglais, produit une scène très forte, qui peint vivement les deux nations. Le Français, comme on le soupçonne déjà, obtient la main de Picolette, qui, pourtant, aussi touchée du mérite de don Fernand que de l'amabilité de Francheville, n'ose prononcer tout-à-coup la préférence. Don Fernand, un peu confus du triomphe de son rival, est obligé de se rabattre sur la sœur de Picolette. Cette sœur est sans doute Gibraltar ou Mayorque, qu'il adore aussi; res¬ source qui paraît un peu forcée.

La conduite de cette petite pièce est assez régulière; mais la plupart des scènes n'y sont qu'ébauchées; elles n'ont point cette plénitude, qui fait la perfection du comique. Plus de chaleur, de vivacité et de saillie dans le dialogue, auraient

rendu cette comédie plus intéressante; toutefois on ne peut lui refuser le mérite d'être heureusement imaginée.

MAI (le), comédie en trois actes, en prose, mêlée d'ariettes, et terminée par un ballet, par M. Nougaret, à l'Ambigu-comique, 1776.

Dorimon est fou de musique et de poésie. Il reçoit chez lui trois génies de société, un poëte et deux musiciens : il promet sa fille à celui qui lui offrira le Mai le plus brillant. Mais Lucile aime Dorval, et l'oncle du jeune homme tourne en ridicule le poëte et les deux musiciens. Ce même Dorval s'entend avec le machiniste du théâtre de Dorimon. Bientôt la toile se lève. Dorval paraît au sommet du Parnasse, sous la forme d'Apollon, et montre, aux trois auteurs, une palme au faîte de la montagne; ceux-ci veulent y monter; vains efforts! ils roulent dans le bourbier. La palme, se détachant d'ellemême, tombe entre les mains du nouvel Apollon, qui s'empresse de l'offrir à Lucile. Alors il se découvre, et Dorimon l'accepte pour gendre.

L'auteur s'exécute de bonne grâce; il avoue lui-même que sa pièce n'est qu'un mélange de scènes mal cousues, et de réflexions communes,

MAI (le), ou LA FÊTE DU PRINTEMS, vaudeville en un acte, par MM. Chazet et Sewrin, aux Variétés, 1808.

Dans un hameau, vivent deux Rosettes, l'une à peine âgée de quinze ans, et l'autre vieille et laide, qui se plaint de voir

Planter le mai chez toutes les fillettes,

Tandis qu'on la plante lâ.

Simplet, fils du père l'Échalas, est devenu éperduement amoureux de la jeune Rosette.

Il est si fort amoureux,

Qu'il sent que, pour être heureux,
Il ne peut former de nœuds

Sans Rosette.

En conséquence, il envoie un billet à sa belle par un petit commissionnaire. L'étourdi, qui ne voit sur l'adresse que le nom de Rosette, le remet à la vieille, au lieu de le donner à la jeune. La vieille, enchantée, dévore le poulet, et donne au porteur un ruban, comme une marque de faveur. Bientôt Simplet arrive avec son père : la vieille les reçoit fort bien. Simplet, qui la prend pour la mère de la jeune Rosette, se prête volontiers à toutes les honnêtetés qui lui sont faites : il plante donc un Mai devant la porte de sa prétendue. Inutile dépense! Maurice fait choix d'un autre gendre, bien fait, et du goût de sa fille; le mariage se conclut, et Simplet reconnaît qu'il a été dupe d'un quiproquo et de la coquetterie de la vieille Rosette.

Tel est le fonds de cette bleutte, qui offre un tableau cham pêtre assez bien dessiné.

MAILHOL (Gabriel), auteur dramatique, né à Carcassonne, a donné aux Italiens les pièces suivantes : les Femmes, les Lacédémoniennes, le Prix de la Beauté, Ramir, et la Capricieuse. Il a fait la tragédie de Paros, qui fut imprimée en 1754.

MAILLARD (CARÉ, dit), acteur forain, débutà à la foire Saint-Germain, en 1711, par le rôle de Scaramouche; il ne fut point reçu, et partit pour la province, qu'il parcourut depuis. Cet acteur étant un jour dans la boutique d'un limonadier, à la foire Saint-Laurent, fut salué par sa femme, qui

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