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MAI

allait au théâtre. On lui demanda s'il connaissait cette char mante actrice: « Eh! cadédis, répondit-il, en affectant l'ac¬ »cent gascon, si je la connais!

» Au gré de mes desirs,

» J'ai goûté dans ses bras mille et mille plaisirs. »

<< Touchez-là, lui dit un particulier qui ne le connaissait » pas, je puis vous en dire autant ». Maillard quitta le ton plaisant, pour apprendre au trop véridique indiscret, qu'il parlait devant le mari de cette actrice. « Ma foi, reprit l'autre, » je suis fâché d'avoir été aussi sincère; mais je ne sais point >> me rétracter d'un fait certain ». Maillard voulut en tirer raison; son adversaire le blessa, et le conduisit lui-même chez un chirurgien, où il le quitta en lui disant : « Mon très» cher, souvenez-vous que La Fontaine, en parlant du cocuage, a dit :

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MAILLARD (mademoiselle), actrice de l'Opéra, 1810. Cette actrice débuta en 1782, par le rôle de Colette, dans le Devin du Village: elle y déploya beaucoup d'intelligence et de sensibilité, et se fit remarquer dès-lors, par l'étendue et par la pureté de sa voix. Elle avait une poitrine robuste, que le tems a sans doute altérée, une stature superbe, qu'elle possède encore; mais elle a perdu la plus grande partie de sa chaleur et de son énergie. Enfin, on aurait une idée très-imparfaite de ce qu'elle fut, si l'on en jugeait par ce qu'elle est aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, et quoiqu'il en puisse arriver, mademoiselle Maillard occupera toujours un rang distinguá parmi les actrices qui ont brillé sur le théâtre de l'Opéra,

MAILLARD (mademoiselle), actrice du théâtre Français, 1810.

Il suffit de dire que mademoiselle Maillard est l'élève de M. Monvel, pour convaincre nos lecteurs qu'elle dit bien; mais comme son maître n'a pu lui donner la chaleur et la sensibilité, qui sont des qualités qui ne se donnent pas, elle pèche un peu sous ce double rapport. Il est vrai de dire qu'elle est fort jeune; car, si l'on en croit les journaux, elle ne doit avoir que dix-sept ans et demi : nous le voulons ainsi. On doit donc espérer que le tems, en fortifiant ses organes, développera en elle de nouveaux moyens; mais quoiqu'il advienne, nous doutons qu'elle puisse jamais devenir une grande tragédienne.

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MAILLÉ DE LA MALLE a fait pour les danseurs de corde, le Médecin de Vapeurs, et, pour la province, Barberousse, l'Amour Magister, la Poupée, la Lanterne Magique, et Tout à la pointe de l'Épée.

MAINFRAY (Pierre), né à Rouen, vers la fin du seizième siècle, est auteur des tragédies suivantes qu'il a données, savoir: Hercule, en 1616; Cyrus Triomphant, ou la Fureur d'Astiages, en 1618, et la Rhodienne, ou la Cruauté de Soliman, en 1621. Il a fait la comédie de la Chasse Royale; contenant la subtilité dont usa une Chasseresse vers un Satyre qui la poursuivait d'amour, représentée en 1625.

MAIRET (Jean), né à Besançon, vers l'an 1604, mourut dans la même ville, en 1686.

Mairet a donné au théâtre Chriséïde, Silvie, Silvanire, le Duc d'Ossone, Virginie, Sophonisbe, Marc-Antoine, Soliman, Mustapha, Athénaïs, l'Illustre Corsaire, et

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Roland-le-Furieux. On lui attribue, en outre, la Sidonie et les Visionnaires. Tels sont les ouvrages qui composent son théâtre, absolument ignoré aujourd'hui. Quoiqu'il en soit, il s'en faut bien que ce poëte soit méprisable. Sans doute il eût les défauts attachés à son siècle, mais il ne les eût pas tous. Quelques-unes de ses pièces même sont dans toute la rigueur des règles; et, ce qu'il ne faut pas oublier, toutes ces pièces sont antérieures aux belles tragédies de Corneille. Son style, il est vrai, n'est point exact; mais il offre un grand nombre de beautés dignes d'être citées. Un tour de vers heureux, et, qui plus est, des vers de génie. Plusieurs ont été copiés servilement, d'autres ont été mieux travestis par des poëtes modernes. Mairet pouvait atteindre à une sorte d'élevation; il eût mieux peint les fureurs de la vengeance et de l'ambition, que la tendresse de l'amour et la vérité du sentiment. Enfin, il donne presque toujours à cet égard dans le lascif ou le pédantesque. Chez lui un amant n'en croit pas un je vous aime, il lui faut un baiser pour le convaincre il nommera sa maîtresse son Soleil, et elle, au contraire, soutiendra qu'elle n'est que sa Lune, parce qu'elle tient de lui tout son éclat. Au surplus, on trouve souvent, dans ses ouvrages, lé mélange du sérieux et du comique. La partie dans laquelle brille Mairet, et celle qui lui a le mieux réussi, est l'effet théâtral. Presque toutes ses pièces offrent des situations neuves et intéressantes. On ne peut lui refuser de l'invention, et, s'il fut venu plus tard, on eût sans doute été forcé de lui accorder la meilleure partie de ce qu'on lui refuse.

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MAISON A VENDRE, opéra en un acte, par M. Duval, musique de M. d'Aleyrac, à Feydeau, 1800.

Un jeune homme, neveu d'un riche financier, habite la

capitale depuis plusieurs années, et y perd son tems à contposer des opéra, dans lesquels il est de moitié avec un compositeur de musique, son ami, son Pylade, en un mot. Ces messieurs viennent d'en donner un sur lequel ils comptaient beaucoup pour le rétablissement de leurs affaires; mais comme dit le proverbe, qui compte sans son hôte, compte deux fois leur opéra a fait une chûte épouvantable. On croit peut-être qu'il s'en sont désolés; pas du tout; ils en ont ri: mais ce qui ne fait pas rire l'un de ces messieurs, c'est que la tante d'une jeune personne qu'il aime, et dont il est aimé, a jugé à propos de partir pour une campagne qu'il ne connaît pas, et d'emmener sa nièce avec elle. Alors il a quitté Paris, et s'est mís pédestrement en route avec son compagnon de fortune. Puisque nous sommes en train de citer des proverbes, nous allons ici en ranger un très-important; que ces messieurs ont dédaigné. Ils se sont embarqués, non pas sans biscuit, mais sans argent, ou du moins ils n'en ont pas pris assez pour faire leur voyage. Sans doute ils avaient de bonnes raisons pour cela ; mais ils auraient dû se ménager, et ils ne l'ont pas fait. Eufin, épuisés de fatigue, et pressés par la faim, ils arrivent devant un château d'assez belle apparence, où ils trouvent une affiche d'une Maison à Vendre. Le poëte se présente effrontément pour l'acquérir. La maîtresse de la maison reçoit nos voyageurs très-poliment et s'empresse de leur offrir des rafraîchissemens sur-tout lorsqu'ils lui ont fait part du sujet de leur visite; on leur porte bientôt quelques fruits et du laitage, ce qui n'est pas très-restaurant; mais ils s'en contentent, faute de mieux. Notre jeune étourdi parle de la maison, de ses inconvéniens, de ses avantages, et discute le prix; enfin, il conclut le marché. Son ami ne tarde pas à reconnaître, dans sa vendresse, la tante de son amante, avec laquelle il a beaucoup de peine

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se procurer une entrevue; toutefois il y parvient. Comment faire? Les amans sont toujours embarrassés, et pourtant ils réussissent toujours, et sur-tout au théâtre; mais laissons de côté cet amour épisodique. Voilà donc notre poëte, sans un sol, propriétaire d'une maison charmante : à son tour, comment va-t-il faire pour en payer le prix? c'est-là le difficile. Heureusement pour lui, le voisin a luimême envie de cette maison. Jusqu'ici il avait eu l'air de ne pas s'en soucier, afin de l'avoir à meilleur compte ; mais l'arrivée des deux étrangers l'inquiète, et il vient rôder pour savoir le but de leur visite. Le malin artiste ne tarde pas à deviner le voisin, et, sur-le-champ, conçoit le projet de lui faire payer le prix de la maison; il trouve son homme tout disposé à prendre le marché, mais cela ne suffit pas, il lui faut en sus la dot de son ami. Le voisin, après avoir longmais inutilement discuté avec lui, finit par en passer par tout ce qu'il désire, dans la crainte qu'en restant propriétaire, il n'effectue des changemens dont il le menace; enfin, paye la maison, et marie son ami.

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Tel est le fonds de ce charmant opéra, qui obtint un succès mérité.

MAISON DE CAMPAGNE (la), comédie en un acte, en prose, par Dancourt, 1688.

Cette pièce, où les accesoires l'emportent sur le principal, est le tableau d'une de ces maisons trop souvent visitées, et qui, à la fin, ruinent celui qui les possède. L'économie de M. Bernard contraste agréablement avec la dissipation de sa femme, et achève de mettre la tableau dans tout son jour.

MAISON DE MOLIÈRE (la), ou La Journée du

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