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TARTUFFE, comédie en quatre actes et en prose, par M. Mercier, aux Français, 1787.

Molière attend l'ordre du roi pour la représentation du Tartuffe, que la secte des dévots hypocrites a fait suspendre : il l'obtient enfin, et il lui est apporté par son ami la Thorillière, qu'il a député au camp de Lille. Avant et depuis qu'il a obtenu cet ordre jusqu'à la représentation, il est en proie à une foule de chagrins domestiques de toute espèce. Un valet prend son brouillon de la traduction de Lucrèce, pour mettre une perruque en papillotes; Chapelle le désole par des observations et des plaisanteries hors de saison; un certain Pirlon, coureur de la secte des dévots, s'introduit chez lui furtivement pour y semer le trouble et lui débaucher sa fidèle servante Laforest; la Béjart, mère, qui voulait en faire son époux, et qui est jalouse de l'intelligence qu'elle soupçonne entre lui et sa fille Isabelle, ne veut pas jouer dans Tartuffe, et se dit malade pour en empêcher la représentation. A la fin, l'intérêt particulier et la crainte finissent par déterminer la Béjart à jouer, et Tartufe se représente avec le chapeau et le manteau de Pirlon, que Laforest, éclairée sur le caractère du traître, a eu l'adresse de luter. L'ouvrage a le plus grand succès; mais Molière n'est pas au bout de ses peines, car la Béjart a résolu d'emmener sa fille, et d'abandonner la troupe de Molière. Isabelle est tellement maltraitée par sa mère, qu'elle vient se refugier dans l'appartement de Molière; la Béjart l'y suit et l'accable de repro ches et de menaces; mais la fermeté de la Thorislière, la protection du roi, et l'impossibilité d'exécuter ses projets sans obstacles, la déterminent à consentir au mariage de sa fille avec l'immortel auteur du Tartuffe.

MAISON ISOLÉE (la), ou LE VIEILLARD DES

VOSGES, opéra en trois actes, par M. Marsolier, musique de M. d'Aleyrac, à Feydeau, 1797.

Un vieillard, l'objet de la vénération et de l'amour de tous les habitans de son hameau, vit retiré, avec un seul domestique, dans une Maison Isolée. Jusqu'alors la bienfaisance, l'hospitalité et toutes les vertus qu'il exerce1 n'ont contribué qu'à faire son bonheur; aujourd'hui elles lui sauvent la vie. Des brigands qui désolent le pays, apprennent qu'il a reçu une somme assez considérable, et forment le projet de l'attaquer dans sa maison ; ils y réussiraient, sans la bravoure d'un soldat que le bon vieillard a lui-même accueilli et secouru.

Tel est le fonds de cet opéra, dans lequel on trouve des effets et des contrastes très-habilement amenés, et des détails fort agréables : le tableau qui termine le premier acte est d'un grand effet. Le vieillard respectable, fatigué de la route qu'il vient de faire, est porté par les jeunes filles du village sur des branchages qu'elles ont entrelacés; ainsi que deux petits enfans qui sout placés à ses côtés. Il passe ainsi sur un rocher, sous la voûte duquel on voit des brigands comploter sa perte : ce contraste est fort beau.

MAISONNEUVE (M.), auteur dramatique, 1810. Cet auteur a donné aux Français, en 1785, la tragédie de Roxelane et Mustapha; en 1788, celle d'Odmar et Zulma; et en 1792, une comédie en cinq actes, en vers, intitulée le Faux Insouciant.

MAITRE ADAM, MENUISIER DE NEVERS, comédie en un acte, en prose, mêlée de vaudevilles, par MM. Leprévôt-d'Iray et Philippon-Lamadeleine, au Vaudeville, 1795.

Tome V1.

C

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Ce cadre renferme une peinture fort agréable du caractère moral du menuisier de Nevers. « Il est épicurien sans libertinage, disait Bertier, prieur de Saint-Quaize, éditeur du » Villebrequin; il est stoïque sans superstition; et, de ces » deux sectes qui jadis ont partagé la terre, il forma un » tempéramment si doux, que, si Zénon et Epicure vivaient » encore, je crois qu'il les ferait boire ensemble. » C'est ainsi qu'on nous le représente dans ce joli tableau, où les accessoires sont placés de manière à faire ressortir la figure principale. Sur le second plan, on voit le poëte Maynard, ami de maître Adam, et le pâtissier-poëte Ragueneau, qui lui adressa le sonnet suivant, qu'on lira sans doute avec plaisir, ainsi qu'un rondeau du menuisier, que Voltaire met audessus de beaucoup de rondeaux de Eenserade, qui excellait en ce genre de poésie. Voici le sonnet de Ragueneau :

« Je croyais être seul de tous les artisans,

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Qui fut favorisé des dons de Calliope;

» Mais je me range, Adam, parmi tes partisans
» Et veux que mon rouleau le cède à ta varlope.
» Je commence à connaître, après plus de dix ans,
» Que, dessous moi, Pégase est un cheval qui chope.
» Je vais donc mettre en pâte et perdrix et faisans,
» Et contre le fourgon, me noircir en cyclope.
>> Puisque c'est ton métier de fréquenter la cour,
» Donne-moi tes outils pour échauffer mon four,
>> Car tes muses ont mis les miennes en déroute.
» Tu souffriras pourtant que je me flatte un peu :
» Avecque plus de bruit tu travailles, sans doute,
» Mais, pour moi, je travaille avecque plus de feu. »

Voici le rondeau de maître Adam, adressé à Maynard.

« Pour te guérir de cette sciatique,

>> Qui te retient, comme un paralytique,

Entre deux draps, sans aucun mouvement,
» Prends-moi deux brocs d'un fin jus de sarment;
» Puis lis comment on le met en pratique;

>> Prends-en deux doigts, et bien chaud les applique
» Sur l'épiderme, où la douleur te pique,
» Et tu boiras le reste promptement

» Pour te guérir.

>> Sur cet avis ne sois point hérétique;
» Car je te fais un serment authentique,
>> Que si tu crains ce doux médicament,
>> Ton médecin, pour ton soulagement,
» Fera l'essai de ce qu'il communique,
>> Pour te guérir. »

MAITRE DE MUSIQUE (le), parodie ou traduction en deux actes, en vers libres, de l'intermède italien du même titre, par Baurans, au théâtre Italien, 1755.,

Uu maître de musique apprend à chanter à une jolie fille, qu'il élève pour le théâtre, et dont il est amoureux. Un entrepreneur d'opéra vient par hasard à la traverse, et trouve l'écolière fort à son gré: elle chante; il est transporté, et se propose d'en faire l'acquisition pour sa troupe. Lambert devient jaloux, et témoigne ses inquiétudes par des fréquens à-parte; il craint que Tricolin ne lui enlève Laurette. Il regarde comme un point essentiel de ne pas les laisser seuls; mais un maudit valet arrive, et dit au maître de musique, que madame la duchesse le demande dans l'instant même, pour une affaire très-pressée. Lambert est sur les épines, il délibère, il hésite, enrage; enfin il est obligé de partir. Alors Tricolin fait sa déclaration à Laurette, lui offre sa fortune et sa main; et bientôt il se met à ses genoux. Lambert revient, et le surprend dans cette attitude: après quelques momens d'une scène muette, qui exprime d'un côté, la surprise, et de l'autre l'embarras et la confusion; d'un troisième, l'indigna

tion et la fureur, Lambert rompt le silence, et commence un trio par où finit le premier acte. Le second n'a que deux scènes, dont la première est consacrée à une querelle et à un raccommodement. Le maître demande pardon à son écolière de sa vivacité, et tombe à ses pieds ; l'entrepreneur survient dans la seconde scène, et surprend, à son tour, son rival aux pieds de Laurette; celle-ci se déclare pour Lambert, et lui donne sa main. Tricolin se console, et va chercher fortune ailleurs.

MAITRE EN DROIT (le), opéra-comique en deux actes, en vers, par Le Monnier, musique de Monsigny, à la foire Saint-Germain, 1760.

Un Français, nommé Lindor, est venu à Rome pour y faire son droit ; il y a vu la jeune Lise, que son maître en droit veut épouser, et dont il est amoureux. Le docteur n'a de confiance qu'en sa vieille surveillante; mais Lindor espère qu'à force d'argent, il gagnera cette femme. D'ailleurs il est aimé de Lise. La jeune personne confie son amour

sa gouvernante et la met dans ses intérêts. Bientôt Lindor arrive au signal que lui fait Jacqueline. Les deux amans se livrent au transport de leur amour, et ne se quittent qu'avec promesse de se revoir au rendez-vous que la surveillante, gagnée par les présens de Lindor, leur assigne pendant la nuit; elle compte, en effet, trouver moyen de l'introduire chez le docteur, à la faveur d'un déguisement. Lindor consulte son maître sur les moyens de possé→ der une jeune beauté qu'il adore, et dont il est aimé ; l'homme de droit l'instruit des phrases du texte romain, qui formellement empêchent la contrainte dans les nœuds du mariage. Le passionné Lindor, ravi de son bonheur, lui avoue que, dans quelques instans, une surveillante doit venir le prendre et l'emmener près de celle qu'il aime. Resté

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