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Mégare, l'Enlèvement imprévu, la Vengeance trompée, les Amours des Grands Hommes, et Léandre et Héro.

MORANDET, secrétaire des Commandemens de Mme. la Comtesse de Toulouse, est auteur du Quiproquo, comédie en trois actes, en vers, jouée aux Français en 1743.

MOREAU (JEAN-BAPTISTE), né à Angers en 1656, mort à Paris en 1734.

la

D'enfant de chœur de la cathédrale d'Angers, il devint maître de musique à Langres, ensuite à Dijon, et vint à Paris, fort mal dans ses affaires, et très-mal vêtu. Ayant trouvé le moyen d'entrer à la toilette de la Dauphine, Victoire de Bavière, il eut la hardiesse de la tirer par manche, et de lui demander la permission de chanter devant elle un air de sa composition. La Princesse rit, et la lui accorda: Moreau lui fit tant de plaisir, qu'elle en parla au Roi, qui voulut le voir et l'entendre. Dans la suite, Sa Majesté l'employa à plusieurs divertissemens. 11 fit la musique d'Esther et d'Athalie, et celle des choeurs de la tragédie de Jonathas de Duché.

MOREAU (M.), auteur dramatique, 1810.

que

M. Moreau s'est exercé avec succès dans un genre qui exige plus de facilité que de goût, plus de subtilité de raisonnement, et, enfin, plus d'esprit que de génie : il y a réussi; mais ce n'est pas à lui seul que le public accorde ses suffrages; car il n'est pas seul l'auteur de ses ouvrages. Toutefois, nous devons dire qu'on n'est pas sans mérite, quand on produit, même en société, des vaudevilles, tels que Boileau à Auteuil, les Chevilles de Maitre Adam, la Nuit d'Auberge, une Journée chez Bancelin, etc. Quoique

nous ne puissions pas assigner la part de gloire qui revient à M. Moreau dans ces ouvrages nous sommes forcés de convenir qu'on ne peut pas y avoir eu part sans être reconnu pour un homme d'esprit.

MOREAU (M.), acteur du Théâtre Feydeau, 1810. Il a débuté, et s'est soutenu avec succès dans l'emploi des Trial, espèce de niais qui n'appartiennent qu'à l'OpéraComique, et qui sont destinés à y faire ressortir les personnages mieux élevés et plus spirituels avec lesquels on les met en opposition. Pour remplir ces rôles, qui ne sont assez généralement que des caricatures, il fallait paraître plus sot et plus ridicule qu'il n'est possible de l'être dans la société ; c'était du moins la manière de Trial et de ceux qui l'ont remplacé. M. Moreau, qui est venu après eux, a cru pouvoir paraître assez niais, sans chercher à l'être, et comme tout ce qui est nouveau a le droit de plaire, sa manière naturelle, quoiqu'un peu monotone, lui a valu les suffrages du public, et même une certaine supériorité sur ceux qui font des efforts pour courir, dans la carrière de la niaiserie, qu'il suit glorieusement sans se fatiguer. Du reste, quelque bon niais qu'il soit, il a assez d'esprit pour bien jouer quelques rôles de valets, qui sont loin d'être Niais.

MOREAU (Mme. ), épouse de l'Acteur précédent, actrice du Théâtre Feydeau, 1810.

Cette Actrice était connue à l'Opéra-Comique sous le nom de Mlle. Pingenet, avant d'avoir épousé M. Moreau. Elle est jolie, et son chant a de l'éclat. On lui a reproché d'abord un peu de timidité, et peu d'étendue dans la voix; mais le tems et l'usage du théâtre, sans altérer ses charines,

lui ont donné l'assurance qui nuisait au développement de ses talens: et, sans oser nous permettre de dire qu'elle est sans défaut, nous croyons pouvoir assurer qu'elle est une des plus agréables actrices de l'Opéra-Comique.

MOREL est connu par la tragédie de Thimoclée ou la Générosité d'Alexandre.

MOREL DE CHEDEVILLE (M.), auteur dramatique, 1810.

M. Morel a composé, pour l'Académie Impériale de Musique, plusieurs opéra qui sont restés au théâtre, autant pour le mérite du poème que pour celui de la musique. C'est lui qui a introduit sur ce théâtre, ou du moins qui y a soutenu le genre gai et gracieux. Panurge dans l'Ile des Lanternes, la Caravane du Caire, et Aspasie de Milet en sont une preuve incontestable. Cet Auteur, vraiment lyrique, a aussi composé des opéra d'un genre très-élevé, tels qu'Alexandre aux Indes, et Themistocle. Dans les Mystères d'Isis, il s'est permis un tour de force, qui fait infiniment d'honneur à ses connaissances musicales. Ce n'était pas une petite difficulté que d'adapter des paroles françaises à la musique de la Flûte enchantée, opéra de Mozard. On lui doit, en outre, deux Oratorio, Saül, et la Prise de Jéricho. Il se distingue, surtout, par une grande entente de la scène, et par une coupe de vers heureuse et propre au chant.

MORETTO (AUGUSTIN), auteur dramatique espagnol. Augustin Moreto est l'un des auteurs comiques espagnols les plus estimés ses ouvrages annoncent un homme de génie ; mais en général ils sont forcés dans les idées diffus dans le style, bizarres et faux dans les caractères

outrés dans les sentimens et embrouillés dans les intrigues; on y remarque une grande fécondité d'invention; mais il naît ordinairement de-là une telle multiplicité d'incidens, qu'il est presqu'impossible de saisir tous les fils de l'action; en un mot, ils offrent une peinture comique, et chargée des mœurs de son tems, et particuliérement de celles des grands. Les comiques français ont mis souvent les espagnols à contribution; mais, quelques précautions qu'ils aient prises d'en écarter tout ce qui leur paraissait superflu, les ouvrages qu'ils ont puisés à cette source, se ressentent tous, plus ou moins, du mauvais goût et du merveilleux de ce théâtre. Sans chercher ailleurs, on en trouvera la preuve dans cet ouvrage, si l'on veut se donner la peine de lire quelques analyses des pièces de Thomas Corneille. Mais, si nous nous sommes permis de relever les taches qui déparent le théâtre des Espagnols, nous devons aussi lui payer le tribut de reconnaissance que lui doit le nôtre. Moréto, Calderon, Michel Cervantes, Lopès de Véga, Lopès de Séville vivront dans nos fastes dramatiques, aussi long-tems que les deux Corneille et Molière lui-même, seront admirés ; aussi long-tems que les chefs-d'œuvre de ces grands Hommes seront lus. Les comédies de Moréto, au nombre de trentesix, ont été recueillies en trois volumes in-8.o, imprimés à Valence en 1776. Lesage nous en a donné une traduction fort estimée.

MORISSOT a fait imprimer à Marseille en 1758 une comédie en deux actes, en vers, mêlée d'ariètes, intitulée : Pierre et Pérette ou le Galant Jardinier.

MORT D'ABEL, (la), drame en trois actes, en vers; par M. l'abbé Aubert, 1765.

Si des vers bien tournés, si des pensées simples et habileTome VI.

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ment exprimées, suffisaient seuls pour constituer une bonne pièce de théâtre, celle-ci mériterait l'estime générale. Mais il faut plus que des vers; il faut du mouvement; une action tantôt rapide, tantôt lente; un intérêt toujours pressant, toujours soutenu; des situations fortes et qui naissent du sujet; et, malheureusement, la pièce de M. l'abbé Aubert manque absolument de toutes ces qualités si essentielles. Il a mis en récit ce qu'il aurait dû mettre en action, et, par une délicatesse blamable, trop docile au précepte d'Horace, il fait passer derrière la toile des scènes qu'il aurait pu mettre sous les yeux du spectateur.

On peut reprocher encore à M. l'abbé Aubert d'avoir suivi trop à la lettre le poème de Gesner, et d'avoir fait remonter l'action trop haut, et presque jusqu'au moment de l'origine de la haine de Cain contre son frère. Le premier meurtrier en paraît plus odieux, et conséquemment l'intérêt général de l'ouvrage s'en trouve diminué. C'est ici le cas de rappeller un autre précepte du poête latin que nous avons cité plus haut; précepte qui défend d'exposer sur la scène des choses monstrueuses: or, quoi de plus monstrueux qu'un frère qui déteste son frère, parce qu'il a sauvé la vie à leur père commun? C'est pourtant là le premier motif que Mr. l'abbé Aubert donne à la haine de Caïn contre son frère Le second vient de la préférence que Dieu accorde aux sacrifices que Ini offre Abel; préférence odieuse aux yeux de Caïn, et qui occasionne la première mort, et le premier deuil. Le sacrifice et le meurtre d'Abel, se passent dans les coulisses, et ne sont conséquemment qu'en récit; de là naît une langueur, un froid, qui doivent rendre la pièce insupportable au théâtre, quoiqu'elle fasse quelque plaisir à la lecture. Un reproche non moins grave que mérite l'auteur, c'est d'avoir donné à Caïn de la dissimulation; caLactère incompatible avec une âme aussi farouche et aussi in

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