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Le marquis de Molière, qui s'amuse pendant trois quarts d'heures à cracher dans un puits pour faire des ronds, est un jeune fat, riche, qui n'a autre chose à faire qu'à tuer le tems, et encore Molière a-t-il prêté ce mot satirique à une femme coquette, qui se plaît à exagérer, aux yeux des autres, les défauts qu'elle flatte en secret.

Enfin, le caractère du Bourgeois Gentilhomme, qui se ruine pour imiter les grands seigneurs, et qui donne dans tous leurs travers, est dans la nature : chaque jour la société en fournit des exemples; mais celui de M. Musard n'est ni dans la nature, ni dans la société.

Toutefois, la pièce de M. Picard offre, par-ci par-là, quelques traits comiques, qui probablement en ont fait le succès malgré les vices du fonds.

MUSE-PANTOMIME (la), opéra-comique, en un acte, avec un divertissement et un vaudeville, par Panard, à la Foire Saint-Laurent, 1737.

La Muse-Pantomime donne audience au chevalier de la Minaudière, petit-maître; à un paysan qui veut se pousser dans le beau monde; à un acteur français, qui se vante d'ajouter des grâces pantomimes à sa déclamation; et enfin à un musicien qui chante une cantate ridicule.

MUSES (les), pièce dramatique en quatre parties, par Morand, au théâtre Italien, 1738.

Arlequin et Silvia se plaignent de ne plus voir leur théâtre aussi fréquenté qu'autrefois. Ils sont surpris de voir paraître une dame qui s'avance vers eux, et qu'ils ne connaissent point. Arlequin la trouve trop lugubre, et sort pour aller chercher quelques-uns de ses camarades, pour la recevoir plus dignement. Cette dame est Melpomène. Silvia lui demande - quel

sujet peut l'amener ici? Melpomène répond qu'elle vient y chercher un asyle. On lui dit que les Italiens ne se croient pas en état de la seconder, et qu'elle doit retourner sur le fameux théâtre, dont elle est en possession, et le seul où elle puisse briller. A quoi elle réplique :

Ces beaux jours sont passés! eh! quoi! vous mêmes
N'êtes-vous pas instruits de mes malheurs extrêmes?
On néglige aujourd'hui l'art qui fit autrefois

La gloire de la France et le plaisir des Rois, etc.

Les comédiens, après quelques difficultés, consentent enfin à se rendre aux vœux de Melpomène. Erato survient et veut aussi faire jouer une pastorale sur le même théâtre; ce qui occasionne une dispute entr'elle et Melpomène pour la préférence ; mais Arlequin voyant paraître Thalie, s'écrie :

Voici celle qui les mettra d'accord! » Il prie instamment cette Muse de le débarrasser de deux extravagantes, dont l'une veut lui faire prendre la houlette, et l'autre chausser le cothurne. Thalie, surprise des prétentions de ses sœurs, demande si elle se fera annoncer sous le nom de la comédie, ce qui occasionne une nouvelle dispute sur le comique làrmoyant, dont Thalie vent que Melpomène soit l'auteur, et dont Melpomene veut donner l'invention à Thalie. Enfin Arlequin, voulant chasser la tragédie et la pastorale; la première dit qu'elle défendra ses droits; Mario se déclare pour elle, et Silvia prend le parti d'Erato. Arlequin embrasse Thalie, dont il ne veut pas se séparer. Un acteur, pris pour arbitre, les garde toutes trois, et, en conséquence, les Italiens jouèrent une pièce dans chaque genre, c'est-à-dire une tragédie intitulée Phanazar, la même que Menzikof, la Pastorale d'Agatine, et un Ballet d'Orphée.

Tome VI.

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MUSES RIVALES, (les) comédie, par la Harpe, au théâtre Français, 1778..

Les Muses se disputent à qui présentera Voltaire à Apollon; chacune expose ses titres. Uranie et Thalie n'insistent pas beaucoup sur les leurs ; Melpomène l'emporte : enfin Momus et les Grâces assistent à la fête comme ayant inspiré Voltaire; et Mercure, qu'on a député au poète pour l'amener de l'Élysée, vient annoncer qu'il a voulu rester auprès du héros de sa Henriade.

Ayant trop peu vécu sous le jeune Louis

Je demeure à jamais auprès de son modèle.

Apollon, après avoir accordé tout le monde, ordonne une fête en l'honneur de Voltaire. A sa voix, un buisson de lauriers laisse voir le buste de cet homme célèbre. Tous les acteurs, qui n'étaient pas en scène, paraissent, chacun vêtu du costume du personnage qu'il remplit dans les pièces de Voltaire. Ils marchent deux à deux au bruit des fanfares, et Melpomène couronne de lauriers, le poète qu'elle a si souvent inspiré.

Ce petit ouvrage, dont l'objet et l'intention firent le mérite et le succès, fut exécuté avec un soin qui fait honneur au zèle des comédiens pour la mémoire de Voltaire.

MUSIQUE, harmonie qui résulte de l'accord des instrumens et du chant des voix. C'est une des parties essentielles du drame lyrique, ou opéra. L'objet de la Musique est de peindre et d'exprimer, avec des sons modulés, ce que poète ne peut rendre qu'avec des paroles. Il est peu d'objets dans la nature que le génie du musicien ne puisse peindre à

le

l'imagination; mais il en est dont l'imitation lui est plus difficile. C'est au poète à les éviter dans son drame. Les objets qui tombent sous les sens, qui ont un mouvement, ou qui sont accompagnés de quelque bruit, ne sont pas au-dessus de l'imitation musicale. Tels sont un naufrage, le tonnerre, la fuite d'un ruisseau, un combat, le chant des oiseaux, la marche d'une armée, etc. Là Musique n'ayant que le son et le mouvement pour exprimer, ne peut guères peindre par elle-même que les objets qui forment un bruit, qui leur est propre ; ou, lorsqu'ils ont un mouvement, un accroissement ou une diminution sensible; mais les peintures qu'elle trace, avec ces moyens si simples, n'en sont pas moins vives, ni moins fidèles. L'immortel Rameau ne nous a-t-il pas fait entendre le bruit d'un attelier de sculpteur dans l'ouverture de Pygmalion? L'effet bruyant de l'artillerie, de l'artifice, les cris de Vive le Roi, et les éclats d'un peuple transporté de joie, dans une autre de ses ouvertures? Il a composé un chœur très-harmonique qui peint le croassement. des grenouilles ; et, dans son opéra de Platée, n'a-t-il pas une très-belle imitation des différens cris des oiseaux, à l'aspect de l'oiseau de proie? Mondonville a peint admirablement, dans son opéra de Titon, l'arrivée de l'Aurore. Il afiguré la mêlée d'un combat, et d'autres effets de la guerre dans son intermède d'Alcimadure. Qu'y a-t-il de plus pittoresque, que la plupart de ses motets, où l'on entend si bien le soulèvement des flots, la chûte d'un torrent qui se retire de devant les Israélites, etc.? Nous avons les plus, belles imitations de tempêtes, de vents, de tonnerre, etc. Tous les mouvemens de l'âme sont aussi du ressort de la Musique; la gaieté, la tristesse, la colère, le désespoir, etc. Quand elle ne peut rendre les objets eux-mêmes il est rare qu'elle ne trouve pas quelques accessoires, aux

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quels elle puisse s'attacher, pour les rendre sensibles et les faire reconnaître. Ainsi elle peindra le printems par le chant diversifié des oiseaux; le murmure des ondes et le sifflement léger des zéphirs. Elle peut même, jusqu'à un certain point, rendre sensibles certains caractères, le Grondeur, l'Impatient, etc.

Le poète qui compose un drame lyrique, doit donc s'attacher à ne donner que des images et des sentimens à peindre au musicien qui doit le seconder, ou des objets, tels que nous avons dit. Il doit éviter les dissertations, les raisonnemens; en un mot, tout ce que la Musique ne pourrait rendre qu'imparfaitement. Quant à la coupe de ses vers, s'il n'est pas musicien lui-même, il aura peine à réussir, sans en consulter d'habiles et d'intelligens. Une autre attention qu'il doit avoir, c'est de s'attacher à ce que ses vers soient sonores et susceptibles de chant. Tous les mots de notre langue n'ont pas cet avantage. Il y a un choix à faire ; c'est ce qui a fait dire, sans doute, qu'il ne fallait que vingt mots français pour composer un opéra.

MUSIQUE DU CARNAVAL, (la) ou LES BOUFFONS, prologue, par Panard, à la Foire-Saint-Germain, 1743.

Julie et Céphise, actrices de l'opéra comique, sont dans un grand embarras : un acteur de leur troupe vient de se trouver mal; et celui qui doit le remplacer a besoin d'un bon quart d'heure, pour se mettre au fait du rôle : cependant il faut amuser les spectateurs. Elles veuleut engager Marinette, jeune actrice, nouvellement reçue, à se charger de faire un compliment au parterre; elle s'en défend, et propose un musicien un peu extravagant et très-original; mais qui,par ses boutades, pourra remplir l'intervalle du spectacle. Bécare (c'est le nom du musicien extraordinaire ), paraît avec sa

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