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macaronique, qui fait tant rire à la fin de cette comédie, furt fourni à Molière, par son ami Despréaux, en dînant avec lui, madame de la Sablière et Ninon.

Avant les représentations du Malade Imaginaire, les Mousquetaires, les Gardes du Corps, les Gendarmes et les Chevau-Légers entraient à la comédie sans payer, et le parterre en était toujours rempli. Molière obtint de sa majesté un ordre, pour qu'aucune personne de la maison du roi n'eût ses entrées gratis à son spectacle. Ces messieurs ne trouvèrent pas bon que les comédiens leur fissent imposer une loi si dure, et prirent pour un affront qu'ils eussent eu la hardiesse de le demander. Les plus mutins s'ameutèrent, et résolurent de forcer l'entrée ; ils allèrent en troupe à la comédie, et attaquèrent brusquement les gens qui gardaient les portes. Le portier se défendit pendant quelque tems; mais enfin, étant obligé de céder au nombre, il leur jeta son épée, se persuadant qu'étant désarmé, ils ne le tueraient pas. Le brave homme se trompa. Ces furieux, outrés de la résistance qu'il avait faite, le percèrent de mille coups; et chacun d'eux, en entrant, lui donnait le sien. Ils cherchaient toute la troupe, pour lui faire éprouver le même traitement qu'aux gens qui avaient voulu défendre la porte; mais Béjart, qui était habillé en vieillard pour la pièce qu'on allait jouer, se présenta sur le théâtre : « Eh! » messieurs, leur dit-il, épargnez du moins un pauvre » vieillard de soixante quinze ans, qui n'a plus que quel»ques jours à vivre. » Le compliment de cet acteur qui avait profité de son habillement pour parler à ces mutins, calma leur fureur. Molière leur parla aussi très-vivement de l'ordre du roi; de sorte que, réfléchissant sur la faute qu'ils venaient de faire, ils se retirèrent. Le bruit et les cris avaient causé une alarme terrible dans la troupe. Les

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femmes croyaient être mortes ; chacun cherchait à se sauQuand tout ce vacarme fut passé, les comédiens tinrent conseil pour prendre une résolution dans une circonstance aussi périlleuse. « Vous ne m'avez pas donné de repos, dit » Molière à l'assemblée, que je n'aie importuné le roi pour » avoir l'ordre qui nous a mis tous à deux doigts de notre » perte; il est question présentement de voir ce que nous » avons à faire. » Plusieurs étaient d'avis qu'on laissât toujours entrer la maison du roi; mais Molière, qui était ferme dans ses résolutions, leur dit que, puisque le roi avait daigné leur accorder cet ordre, il fallait en presser l'exécution jusqu'au bout, si sa majesté le jugeait à propos; et je pars dans ce moment, leur dit-il, pour l'en informer. Quand le roi fut instruit de ce désordre, il ordonna aux commandaus de ces quatre corps, de les faire mettre sous les armes le lendemain, pour connaître et faire punir les plus coupables, et leur réitérer ses défenses. Molière, qui aimait fort la harangue, en alla faire une à la tête des Gendarmes, et leur dit, que ce n'était ni pour eux, ni pour les autres personnes qui composaient la maison du roi, qu'il avait demandé à sa majesté un ordre pour les empêcher d'entrer à la comédie; que sa troupe serait toujours ravie de les recevoir, quand ils voudraient les honorer de leur présence; mais qu'il y avait un nombre infini de malheureux qui tous les jours, abusant de leurs noms et de la bandoulière de messieurs les Gardes-du-Corps, venaient remplir le parterre, et ôter injustement à la troupe le gain qu'elle devait faire; qu'il ne croyait pas que des gentilshommes qui avaient l'honneur de servir le roi, dussent favoriser ces misérables contre les comédiens de sa majesté ; que d'entrer au spectacle sans payer, n'était pas une prérogative que des personnes de leur caractère dussent ambitionner, jusqu'à

répandre du sang pour se la conserver; qu'il fallait laisser ce petit avantage aux auteurs qui en avaient aquis le droit, et aux personnes qui, n'ayant pas le moyen de dépenser quinze sols, ne voyaient le spectacle que par charité. Ce discours fit tout l'effet que l'orateur s'était promis; et, depuis cette époque, la maison du roi n'est point entrée gratis à la comédie.

MALADE PAR COMPLAISANCE (le), opéra-comique en trois actes, par Fuzelier et Panard, à la foire Saint-Germain, 1730.

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Léandre, jeune officier, est amoureux d'une personne qu'il a vue la veille au bal. Isabelle, c'est le nom de l'inconnue et Finette, sa jeune sœur sont sous la garde d'une concierge très-vigilante, appelée madame Simone. Pendant que Léandre et son valet Pierrot cherchent ensemble des expédiens, maître Jean, receveur du village, vient, sans y penser, leur en fournir un. Léandre, connaissant l'humeur charitable de madame Simone, qui la porte à soigner les malades, l'engage à se feindre tel; et, pour le déterminer, il lui fait une peinture agréable de la façon dont il va être traité, et vante surtout les mets succulens qu'on lui donnera pour le refaire. Pendant qu'ils vont se préparer pour jouer leurs rôles, madame Simone donne à Isabelle et à sa petite sœur un divertissement exécuté par des moissonneuses; ensuite Léandre paraît avec Pierrot. « On ai-je mal? » dit ce dernier à son maître. « Où tu voudras », répond Léandre, sans faire attention aux conséquences. Pierrot feint une extrême douleur au pied; la bonne Simone, émue de compassion, le fait entrer dans le château avec son camarade; Pierrot, goutfeux, est condamné, par l'austère gouvernante, à ne boire que de l'ean, et à une abstinence très-scrupuleuse. Léandre, qui espère trouver l'occasion de parler à sa maîtresse, ne

fait que rire des maux de son valet. Il a bien de la peine à continuer son rôle avec patience, et profite d'un moment qu'il voit Isabelle, pour lui découvrir sa passion, et connaître qu'elle n'est pas mal reçue. Pierrot paraît, poursuivi par Bistouri, chirurgien, et Laudanum, apothicaire, qui, voulant exécuter les ordres de madame Simone, tâtent le pouls du prétendu malade, et se décident pour la saignée et les lavemens. Pierrot, impatienté, les chasse à coups de bâton; leurs cris appellent Olivette, il lui fait confidence de l'amour de Léandre, et du stratagême qu'il lui fait jouer, et la conjure de remédier à la faim qui le consume. L'arrivée de M. Orgon, père d'Isabelle, et d'un de ses amis, forme le dénouement, parce que cet ami est Géronte, père de Léandre, et qu'il vient avec Orgon conclure leur mariage.

MALADE SANS MALADIE (la), comédie en cinq actes, en prose, par Dufresny, au théâtre Français, 1699.

Le parterre ne permit pas aux acteurs de passer le troisième acte. La pièce fut interrompue, et l'on remplit le spectacle en donnant l'Après-Souper des Auberges. Ce fut avec les meilleures scènes de la Malade sans Maladie, que Dufresny composa ensuite la comédie des Vapeurs, qui fut

brûlée à sa mort.

MALAGRIDA, tragédie en trois actes, en vers, traduite du portugais, par ***, 1763.

Cette pièce est un tableau des forfaits de la Compagnie de Jésus, de cette société justement proscrite, dont le nom seul réveille l'idée du crime. Malagrida y joue le rôle d'un faux prophête, et conseille aux sujets du duc de Bragance d'assassiner ce prince; mais ici, l'auteur a tronqué le fait historique. L'un des conjurés dénonce son odieux attentat, et cet éner

gumène est arrêté et livré aux supplices, ainsi que le due d'Aveiro, chef de la conjuration, et la marquise de Tavora, amante de ce dernier.

MALARD, de Marseille, fit imprimer, en 1716, une tragédie de Marius et Sylla; en 1704, il présenta une tragédie de Thémistocle aux Comédiens français, mais ils ne voulurent pas la recevoir.

MALENCONTREUX (le), comédie en trois actes, en vers, par au théâtre de Monsieur, 1790.

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Ce sont des espèces de châteaux en Espagne. Duval arrive à Paris, pour hériter, et pour épouser une jeune personne qu'il adore ; mille obstacles traversent le bonheur qu'il se propose. Il est déshérité, mal payé de son amour, et contraint à épouser une vieille maitresse. Le plan de cet ouvrage est mal conçu, les incidens trop entassés, la marche trop brusque, et le style trop négligé.

MAL-ENTENDU (le), comédie française et italienne, en trois actes, en prose, par Pleinchêne, aux Italiens, 1769..

Un jeune homme a vu, dans un bal, une jeune personne dont il est devenu amoureux, et cette passion subite le porte à refuser un parti que son père lui propose, et pour lequel il avait déjà pris des engagemens ; mais heureusement l'objet de son amour et celui du choix de son père est le même, et tout se passe à la satisfaction commune.

MALUZ EU (Nicolas de), né en 1651, mort en 1727, chancelie de la principauté de Dombes, et secrétaire d commandemens du duc du Maine, membre de l'Académie

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