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française, reçu en 1701, et honoraire de l'Académie des sciences, nous a laissé le Prince de Cathay, les Importuns, la Tarentule, l'Héautontimorumenos, Philémon et Baucis, avec des poésies, imprimées dans un recueil intitulé Divertissemens de Sceaux. On lui attribue Polichinelle demandant une place à l'Académie, comédie en un acte, représentée par les marionnettes de Brioché. Elle se trouve dans les Pièces échappées au feu, vol. in-12. Un académicien fit contre cette comédie, Arlequin-Chancelier; mais elle ne fut pas imprimée, non plus que Brioché-Chancelier, autre satire faite contre la même pièce.

MALHEUREUX IMAGINAIRE (le), comédie en cinq actes, par Dorat, aux Français, 1776.

Cette comédie fut représentée une douzaine de fois, malgré toutes les critiques qu'on en avait faites. On y voit un homme du premier rang, comblé des faveurs de la fortune, jouissant dans le monde de la plus haute considération, aimant une femme charmante dont il est aimé, et s'obstinant à empoisonner tous les plaisirs, toutes les jouissances qui l'environnent par le singulier travers de se croire toujours malheureux; mais la jalousie de ce personnage, sur laquelle roule la principale intrigue de la pièce, nous semble trop peu motivée. On voit aussi un marquis d'Espermon, qui forme avec lui le plus parfait contraste : au milieu des revers celui-ci est content, et se moque de tout. Ce demi-caractère, qui est vraiment comique, a été favo

rablement accueilli.

MAMELUCK (le), comédie-vaudeville en un acte, par MM. Després, Deschamps et Ségur aîné, au Vaudeville, 1800. Dorsan, officier français dans l'armée d'Egypte, a envoyé

à son épouse, restée à Paris, une jeune Circassienne, nommée Mirza. Cette jolie étrangère, quoique fort attachée à madame Dorsan, ne passe pas un jour sans pleurer l'amant qu'elle a laissé en Asie. Cet amant est un Mameluck, nommé Sélim: celui-ci obtient de son maître, la permission de partir pour l'Europe, et il arrive à Paris, chargé d'une lettre à l'adresse de madame Dorsan, et d'une pacotille pour sa bonne amie. L'une et l'autre femmes sont absentes quand il se présente chez elles, et le jeune Mameluck reçoit, en les attendant, plusieurs visites qui le surprennent : celles d'un apothicaire, d'un auteur, et d'un peintre. Bientôt il s'impatiente, et va faire un tour dans la ville, laissant la lettre de Dorsan à une personne de la maison. Les deux amies ne tardent pas à rentrer, et la jeune Circassienne reconnaît quelques mots écrits par son amant; enfin elle apprend son arrivée, et s'abandonne à la joie la plus vive. Aussitôt elle revêt des habits qui lui ont été apportés par Sélim, et elle lui cause une agréable surprise, lorsque, revenant à l'hôtel, il désespérait de la trouver.

Tel est le fondsde cette pièce, qui obtint un succès complet; elle offre des couplets charmans, et des allusions trèsingénieuses.

MANCO-CAPAC, tragédie de l'abbé Leblanc, 1763.

La formation des sociétés, la naissance de la législation, les mœurs civilisées, les vertus et les vices de l'homme social et de l'homme naturel, tel est le tableau que l'abbé Leblanc, auteur de cette pièce, a mis en action. Les personnages principaux, sont: Manco-Capac, roi du Pérou; Huascar, chef. des Anquis, peuple sauvage et encore in dompté; Zérophis, fils de Manco, inconnu à son père et à lui-même, élevé sous le nom de Zamin, chez les Anquis, par qui il avait été pris dans l'âge le plus tendre; Izaé, nièce de Manco, jadis prison

ière des Anquis, amante aimée de Zérophis; Tamzi, grand-prêtre des Péruviens, établi par Manco, et institué héritier présomptif de la couronne, si l'absence de Zérophis, ou sa mort, ne rendent pas à Manco un héritier légitime.

L'inquiétude de Manco sur le sort de son fils, les craintes du grand-prêtre sur l'existence de ce prince, dont la mort seule peut lui assurer le trône; le silence des Anquis, et sûr→ tout d'Huascar sur Zérophis, silence qui met le comble à la douleur de Manco; secret affreux que Tamzi arrache à Huascar, par ces ruses que l'homme civilisé sait employer, et que le sauvage ignore; l'amour de Zérophis pour Izaé, qui le soumet à Manco, et lui fait adopter ses lois; les artifices du grand-prêtre pour perdre Zérophis; voilà sur quoi est fondée la fable de cette tragédie.

Le contraste admirable du caractère de Manco avec celui d'Huascar, qui sont tracés l'un et l'autre par la vérité mêmẹ, en offrant à nos yeux tous les avantages de l'indépendance absolue, nous démontre les biens plus précieux que produit la soumission aux lois. Rien de plus frappant que les raisonnemens qu'oppose Huascar à leur établissement salutaire; rien de plus persuasif et de plus capable d'entraîner, que les invitations de Manco, les excès des passions, les besoins mutuels, les secours réciproques, réprimés, soulagés ou excités par la puissance de la legislation et la réunion des hommes épars; la protection que chaque citoyen a droit d'attendre des lois, la juste distinction qui existe entre la liberté et la licence; tout cela est développé de la manière la plus noble et la plus philosophique. D'après cela, il n'est pas étonnant que cette tragédie, qui n'eût point de succès lors de la première représen tation, ait réussi à la seconde; et cependant, elle ne fut représentée que cinq fois. Le caractère de l'homme sauvage, opposé à l'homme civilisé, est inventé, dessiné, et soutenu Tome VI.

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avec un nerf et une force dignes de nos plus grands maîtresa La versification en est belle et mâle, mais trop abondante. A la seconde représentation, les comédiens retranchèrent plus de trois cent-soixante vers, sans faire de tort à la pièce, et sans rien ôter du fonds. L'abbé Leblanc a passé sa vie à des études plus sérieuses, et n'est presque point sorti de son cabinet. Nourri ensuite des poëtes grecs, il a plus connu leur théâtre que le nôtre, auquel il n'avait presque jamais assisté avant de donner sa tragédie. Ce défaut d'habitude de nos spectacles, et la retraite dans laquelle il a constamment vécu, sont les causes des longueurs de ses détails, et des défectuosités qui se trouvent nécessairement dans les scènes d'amour, qu'un auteur, qui n'a point d'usage du monde, ne peut guère traiter.

par

MANDRAGORE (la), comédie en cinq actes, en vers J.-B. Rousseau imprimée daus ses œuvres.

Ceux qui connaissent le conte de La Fontaine, n'auront pas besoin de lire cette pièce, car c'est ce conte avec tous ses accessoires que J.-B. Rousseau a mis en action. Quant à ceux qui ne connaissent ni le conte ni la pièce, il leur suffira de lire l'un ou l'autre pour les connaître tous les deux.

MANIE DE BRILLER (la), comédie en rois actes, et prose, par M. Picard, à Louvois, 1806.

Trois amis ont voulu suivre la route de la fortuue. Deux ont essayé de l'abréger,et se sont piqués d'émulation; mais la manie de se devancer l'un l'autre leur fait quelquefois oublier les vrais principes, et les mettent à la veille de devenir moins honnêtes gens, sans être plus heureux. Le troisième a pris le chemin sûr du travail et de la probité; il ne brille pas tout-à-fait autant que les autres ; il ne va pas si vîte:; mais il

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assure son bien être pour l'avenir; efin il acquiert de l'estime, du bonheur, de la considération; et, quand ses deux rivaux, qu'il croit avoir été plus intelligens ou plus adroits, sont prêts à tomber dans l'abîme qu'ils se sont eux-mêmes ouverts, il les soutient, les relève les éclairé, et les en tire. Voilà toute la pièce. L'analyse des détails serait impossible, parce que leur effet, comme dans toutes les pièces de l'auteur, tient à une bizarrerie d'exécution qu'il faut voir dans son cadre et dans son jour. Au total, cette comédie est faiblement conçue; et si quelqu'un s'avisait de dire que les peintures en sont vraies, on pourrait lui répondre que ce n'est pas la belle nature qui en a fourni le modèle. On trouve quelques traits d'esprit dans le dialogue, mais c'est de cet esprit, que le bon goût a de tous tems rejetté

MANIE DES ARTS (la), ou tà MATINÉE A LA MODE, comédie en un acte, en prose, par Rochon de Chabannes, aux Français, 1763.

M. de Forlise, homme de condition, amateur et artiste, joue ici le rôle de protecteur. Il donne son audience du matin.. Un homme sensé se présente chez lúi, et voit autant de folie dans le protecteur, que de bassesse et d'ineptie dans les protégés; ce qui forme autant de scènes particulières qu'on y voit de gens qui viennent lui donner des preuves de leurs talens. Cette pièce, toute épisodique, paraît être tirée de ce vers du Méchant

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Des protégés si bas, des protecteurs si bêtes.

MANLIUS CAPITOLINUS, tragédie, par Lafosse, aux Français, 1698.

Il est glorieux pour l'abbé de Saint-Réal que deux traits d'histoire, sortis de sa plume, aient fourni chacun, en France et en Angleterre, le sujet de deux tragédies, qu'on revoit tous

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