Images de page
PDF
ePub

un rival, et déjà il s'apprête à lui disputer la conquête de sa belle, lorsqu'un mot éclaircit tout à ses yeux. Cependant le vrai Philippe arrive, mais on ne veut pas le reconnaître. Ayant appris que Léonce était chez Emmanuel, il invoque son témoignage. Enfin, les deux amis, étonnés d'être rivaux, s'embrassent, et, en faveur de Léonce, Philippe renonce à la main de la belle Espagnole.

Tel est le fonds de cette pièce, représentée avec succès sur le théâtre de l'Odéon.

MARIAGE INATTENDU DE CHERUBIN (le), comédie en trois actes, en prose, par madame de Gouges, imprimé en 1786.

Cette pièce n'a pu obtenir les honneurs de la représentation. Le sujet est le mariage de Chérubin. Ce n'est plus ce joli page qui court après toutes les femmes, et qui aime tant sa marraine : c'est aujourd'hui un grand seigneur, un capitaine des Gardes du roi d'Espagne, un marquis, devenu propriétaire de la terre du comte que, par générosité, il loge, ainsi que la comtesse. De si grands événemens ont un peu dérangé la gaieté de la maison ; mais pourtant, elle est toujours composée des mêmes personnages. Chérubin a tout conservé, jusqu'à Bridoison et Bazile. La petite Fanchette est grande maintenant, et, malgré certain air de dignité, peu ordinaire dans la fille d'un jardinier, on va la marier tout uniment à un grossier villageois. Cependant Chérubin en est fort amoureux. D'un autre côté, le comte, qui n'est pas encore dégoûté du droit du seigneur, écarte la comtesse et les autres personnes de la maison, sous prétexte de les envoyer à la rencontre du duc et de la duchesse de Médoc, ses parens, mariés depuis fort long-tems, et dont le mariage

avait été secret jusqu'alors. Voyant que l'inclination de Fanchette n'est pas pour lui, mais pour Chérubin, il fait publier que c'est ce nouveau seigneur qui veut exercer ses droits, et il profite de l'obscurité pour se rendre dans un cabinet à la place de Chérubin. Fanchette, qui prend le comte pour son amant, lui fait de vifs reproches; mais bientôt on entend un grand bruit, et l'on voit arriver, l'épée à la main, Chérubin lui-même, suivi de Figaro, de Bridoison et de plusieurs domestiques portant des torches allumées. Alors, il se jète aux genoux de Fanchette, et s'écrie: Nous serons unis pour la vie! Ce qui cause cette révolution, c'est que le duc et la duchesse de Médoc reconnaissent Fanchette pour leur fille. Ainsi se conclut le mariage inattendu de ces deux amans. Alors, Bazile, à qui Figaro a fait distribuer quelques coups de bâton dans la chaleur de l'action, s'écrie, fort étonné: « Je vois que tout est possible dans ce bas-monde : tout est bien, a dit un certain axiôme, moi, j'y mets une certaine variation; tout est bien pour ceux à qui tout réussit. »

On rencontre, dans cette pièce, quelques détails assez plaisans.

MARIAGE IN EXTREMIS (le), vaudeville en un acte, par MM. Piis et Barré, au théâtre du Vaudeville, 1784.

Le chevalier de Valcour forme le projet d'épouser la baronne de Forlise, et Frontin, valet de monsieur, forme celui d'épouser Marton, suivante de madame. Leur conduite jusqu'ici n'a pas fait concevoir d'eux une très-bonne opinion. Afin d'attendrir leurs prétendues, et de se marier dès le soir même, ils veulent passer pour ne prendre aucune nourriture, et s'obstinent à rester dans l'appartement. A la fin, on les y laisse. Mais ils ont su gagner des domestiques, par qui ils ont fait remplir le secrétaire d'un bon pâté et de plusieurs bouteilles de vin, pour ap

appaiser leur faim.La baronne, qui les croit résolus à se laisser mourir de faim, a pitié d'eux; elle revient avec sa suivante et envoye chercher un notaire. Celui-ci arrive bientôt, et fait le contrat, qu'il donne à signer. Dans ce moment, le sécrétaire s'ouvre, et tous les débris du repas de ces deux messieurs s'écroulent sur le tabellion, ce qui n'empêche pas le mariage de s'effectuer et de terminer cette bouffonnerie.

MARIAGE INTERROMPU (le), comédie en trois actes, en vers, par M. de Cailhava, aux Français, 1769.

L'intrigue de cette pièce, tirée en partie de l'Épidique de Plaute, roule sur les fourberies d'un valet. Elle réussit complettement; mais elle ne resta pas au théâtre, quoique le style en soit simple, facile et naturel.

Julie avait perdu son mari, et était en procès avec son beau-père. Damis la voit, en devient amoureux, et en est aimé. Elle vient à Paris, et, pendant l'absence du vieillard, va loger dans la maison d'Argante, père de Damis. Julie ignore que le père de son amant vit encore; elle croit Damis libre dans ses actions : dans cette supposition, elle consent à passer le contrat, et l'on est prêt à conclure le mariage. Argante arrive; il avait une fille à Bordeaux, qu'il n'avait pas vue depuis l'âge de trois ans, et qui devait venir voir son père. On lui fait croire que Julie est cette fille; il n'est donc pas étonné de la trouver dans son lögis, mais Julie a beaucoup de répugnance à le tromper : elle veut quitter sa maison; les larmes, les prières, les inquiétudes de sou amant l'attendrissent: il faut enfin tout découvrir au vieillard, et, comme il est fort avare et que la fortune de Julie dépend du gain de son procès, il compte ses charmes pour rien, et ne veut pas qu'elle soit l'épouse de son fils. Mais il apprend que le futur beau-père consent à finir le procès, et à

[ocr errors]

lui donner cent mille écus. Cette somme le détermine, et il consent au mariage que ces divers obstacles avaient interrompu pendant quelque tems.

que

On pourrait désirer dans cette pièce, toute d'intrigue,

le dénouement fut, ainsi que dans le Tuteur Dupé, une suite nécessaire des différens ressorts que l'intrigant fait mouvoir. La réponse à cette observation, est peut-être, que dans le Tuteur Dupé, le valet intrigue pour tromper un homme injuste, tyrannique et ridicule, qui dans les princide toute saine morale, doit être puni de ses injustices au lieu que dans le Mariage Interrompu, le valet se joue de deux honnêtes gens que la bienséance ne permettait pas de rendre ses dupes jusqu'à la fin ; en sorte que le dénouement naturel de cette pièce doit nécessairement être la découverte de toutes les fourberies de l'intrigant.

pes

MARIAGE PAR ESCALADE (le), opéra - comique en un acte, par Favart, à la foire Saint-Laurent, 1757.

Elvire, Mahonaise, est aimée de Tompson, officier anglais; de Carlos, habitant de Mahon, et de Valère, officier français. Elvire est peu sensible à la passion du fier Anglais, elle ne peut qu'estimer le langoureux Espagnol, elle adore le galant Français. Carlos vient la nuit avec une échelle, qu'il pose contre le balcon de sa maîtresse : il était convenu avec elle, qu'il la délivrerait cette nuit des poursuites de l'Anglais, et qu'il l'enlèverait avec beaucoup de respect. A peine a-til le pied sur l'échelon, qu'il entend quelque bruit et se retire prudemment. Bientôt Valère arrive, et, trouvant l'échelle toute dressée, monte, sans façon, avec Vadeboncœur, grenadier; Tompson survient, et apperçoit Valère st le balcon; enfin, l'Anglais est confondu, et l'Espagnol se console d'être supplanté par un Français; alors un gree

nadier vient annoncer la prise de Mahon, Vadeboncœur lui demande le détail de l'affaire, l'autre lui répond:

A travers le feu peut-on voir?
Morbleu ! parmi tant de vacarmes,
Je n'ai rien vu que mon devoir,
Et l'honneur au bout de mes armes.

Cet opéra-comique, fait à l'occasion de la prise de PortMahon, n'avait été composé que pour une fête que madame la marquise de Monconseil donnait à M. le maréchal de Richelieu, à son retour de Minorque. Il fut trouvé si agréable, quel'auteur le fit jouer en public, imprimer, et le dédia à madame de Monconseil.

MARIAGE PAR IMPRUDENCE (le), opéra-comique en un acte, par M. de Jouy, musique de M. Dalvimare, à l'opéra-comique, 1809.

Un gentilhomme campagnard, père d'une jeune et jolie personne, nommée Adèle, s'est retiré dans ses terres pour se soustraire aux importunités des amans. C'est fort bien vu; mais l'amour se rit de toutes ces vaines précautions. Il veut marier Adèle à un jeune homme qu'elle n'aime point; Adèle veut épouser Valbrune qu'elle aime. Ce jeune homme s'est introduit dans le château de M. de Clénord, sous le déguisement d'un peintre, et, secondé par Nicette, femme-dechambre d'Adèle, il parvient à déjouer la malveillance dụ jardinier René, jaloux de Nicette, qui en aime un autre. M. de Clénord dicte lui-même une lettre à sa fille, qui donne à Valbrune les espérances les moins équivoques, et c'est cette lettre qui le détermine à lui accorder la main de sa fille; mais le jeune homme ne veut pas s'en prévaloir, et la lui remet. Ce trait, joint à ce que Valbrune est reconnu pour le fils

« PrécédentContinuer »