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L'auteur et les éditeurs déclarent réserver leurs droits de reproduction et de traduction en France et dans tous les pays étrangers, y compris la Suède et la Norvège.

Ce volume a été déposé au ministère de l'intérieur (section de la librairie) en février 1897.

PARIS. TYP. DE E. PLON, NOURRIT ET cie, 8, RUE GARANCIÈRE.

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ESSAIS

DIPLOMATIQUES

(NOUVELLE SÉRIE)

PRÉCÉDÉS D'UNE INTRODUCTION

SUR LA QUESTION D'ORIENT

OMIA VINCIT

PARIS

LIBRAIRIE PLON

E. PLON, NOURRIT ET Ci, IMPRIMEURS-ÉDITEURS

RUE GARANCIÈRE, 10

1897

Tous droits réservés

INTRODUCTION

Deux ordres de faits, dissemblables, mais intéressant également les relations internationales, troublent et menacent le repos de l'Europe : la paix armée, d'une part; l'effondrement de l'empire ottoman, de l'autre. Nous avons dit notre sentiment sur la conception diplomatique du prince de Bismarck, issue de son dissentiment personnel avec la Russie, en un jour de colère; nous en avons signalé les dangers (1), et l'événement, durant ces derniers temps, n'a que trop justifié les appréciations que nous avons osé formuler. Il était d'ailleurs aisé de prévoir que, en présence de la triple alliance, les armements continueraient partout avec le plus ardent entraînement. C'est ainsi que l'Allemagne poursuit, à l'heure présente, le renouvellement de son artillerie en substituant au canon ordinaire un canon à tir rapide. Cette mesure, qui garantirait à son armée une redoutable supériorité, et que l'on a soigneusement dissimulée, obligera les autres puissances à l'imiter et à s'engager dans de nouvelles et plus lourdes dépenses; c'est ce que pensent les hommes compétents et les publicistes. De son côté, l'Angleterre, qui, dans ces dernières années, a consacré un milliard, en crédits extraordinaires, au développement de ses forces maritimes, est à la veille d'y em

(1) Voy. Essais diplomatiques (première série), page 253. — Plon, Nourrit et Cie.

a

ployer une autre somme de cinq cents millions, afin de donner à sa marine une puissance égale à celle de toutes les autres nations maritimes réunies. Nous songeons nousmêmes, le sentiment national en fait un devoir au gouvernement, -à augmenter le nombre des unités de notre flotte par des constructions nouvelles, et l'on se propose, paraît-il, de demander aux Chambres un subside extraordinaire de deux cents millions, sans qu'il nous soit permis de réduire le budget de la guerre, avec la perspective prochaine, au contraire, - et peut-être imminente, - de devoir, à notre tour, substituer un canon perfectionné à celui qui est en usage dans l'armée, afin de ne pas nous trouver dans un état d'infériorité à l'égard de l'Allemagne.

Ces charges, qui se renouvellent sans cesse, la science trouvant toujours de nouveaux et de plus formidables moyens de destruction, pèsent cruellement sur la situation économique de toutes les nations, vouées ainsi à un travail de Sisyphe qui, épuisant leurs ressources, doit fatalement engendrer la guerre ou l'anarchie. Voilà l'œuvre du grand chancelier; nous l'avons dit, et il nous sera permis de le répéter.

De son côté, l'effondrement de l'empire ottoman, catastrophe inéluctable et prochaine pour beaucoup de bons esprits, mettra l'Europe aux prises avec des difficultés qu'il ne sera pas aisé de résoudre pacifiquement. Ce grave problème diplomatique intéresse en effet l'équilibre général, déjà si instable depuis les récentes perturbations qui en ont si fortement ébranlé les bases. Nul État ne peut donc s'abstenir de veiller, pour sa propre sécurité, à la disparition d'une monarchie autrefois si puissante,

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