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Un an avant ces troubles j'avois perdu mon cher compagnon, le père Paregaud. Il étoit chargé d'une des plus nombreuses églises du Tunquin. Avant appris qu'à deux journées du lieu où il résidoit, il y avoit sur des montagnes un grand nombre de fidèles, qui depuis plusieurs années n'avoient point vu de missionnaires, il résolut d'aller les visiter. On tâcha de l'en détourner, sur ce que c'étoit alors le temps des chaleurs, et que d'ailleurs l'air et les eaux y sont si mauvais, qu'il n'y a presque que les habétans de ces montagnes qui y puissent vivre. Le pere n'écouta que son zèle et les besoins pressans de ces pauvres abandonnés. Il parcourut quelques villages, ses catéchistes tombèrent malades, et bientôt il se sentit lui-même frappé. Il ne laissa pas de continuer les exercices de la mission, et de passer les nuits à entendre les confessions. Mais le mal devint si violent, qu'il fut enfin obligé de se faire reporter à son église. J'étois alors à trois journées de chemin du lieu de sa demeure; il m'envora quer pour hi administrer les derniers sacremens. J'arrivai la Teige de sa mort, je le trouvai dans une grande f: Quesse, mais dans une tranquillité admirable, et dans une continuelle union avec Dieu. Il me pria de lui diener au plutôt les sacremens, qu'il recut avec des sentimens d'amour et de reconnoissance envers Dien, dont tous ceux qui étoient présens furent, comm moi, très-vivement touches. Après avoir passé be reste du jour dans une profie de paix, et dans un désir ardent de s'unir à son Créateur, sur le soir a Jui prit un redoublement, qui l'enien vers les deat heures après minuit, le 5 et de lane toa C'étoit un missionnaire infatigde a tra, d'une mortification extrême. Son de ést a god, qu'il ne trouvoit mais assez d'occupation a se gré, lors même qu'il en partisant came até Rien ne bi coûtud, qadi figsic de fare sta

de

noître ou aimer Dieu. Le désir de le glorifier de plus en plus, l'avoit engagé à promettre par vou, faire en toutes choses ce qu'il croiroit être de plus parfait et de plus propre à lui procurer de la gloire. Tous les Chrétiens, dont il avoit un soin admirable, l'ont regretté et le regrettent encore présentement. C'est une perte infinie pour cette mission, où il n'y a qu'un très-petit nombre d'ouvriers.

Je suis présentement le seul jésuite français qui soit au Tunquin. Je demeure avec nos pères portugais, qui ont pour moi une bonté et une charité que je ne puis vous exprimer. Vous en serez pleinement convaincu, quand vous saurez qu'après la mort du père Féréïra, supérieur de tous les Jésuites du Tunquin, ils m'ont chargé en sa place du soin de cette mission, quelques efforts que j'aie pu faire, pour ne pas accepter un emploi dont je me sens si incapable.

Il me reste à vous transcrire, comme je vous l'ai promis, l'extrait de ce que j'ai fait de principal dans mes courses diverses, depuis que je suis entré en ce royaume. Nous commençâmes, mon compagnon et moi, à faire l'office de missionnaires avec la permission de MM. les Evêques, le 4 octobre 1692. Depuis ce jour-là jusqu'au 14 décembre 1693, nous avons baptisé dix-sept cent trente-cinq personnes, dont il y avoit onze cent dix-sept adultes, et six cent dixhuit enfans; nous avons confessé douze mille six cent quatre-vingt-treize personnes, et donné la communion à douze mille cent vingt-deux.

En 1694, je baptisai quatre cent soixante-sept adultes et deux cent quatre-vingt-seize enfans; je confessai sept mille neuf cent quatre-vingt-dix-neuf personnes, et j'en communiai six mille six cent cinquante-deux.

En 1695, je baptisai quatre cent trente-cinq adultes et quatre cent sept enfans; je confessai huit

mille sept cent quarante-sept personnes, et j'en communiai sept mille trois cent trente-sept.

En 1696, malgré la persécution qui nous obligea de vivre plus cachés qu'à l'ordinaire, je baptisai deux cent dix-huit adultes et cent soixante-dix enfans; je confessai cinq mille six cent soixante-onze personnes, et j'en communiai trois mille huit cent quatre-vingt-cinq.

En 1697, la persécution continua; je baptisai deux cent quarante-sept adultes et deux cent quatrevingt-dix-sept enfans; je confessai cinq mille sept cent soixante - trois personnes, et j'en communiai quatre mille cinq cent quatre-vingt-treize.

En 1698, je baptisai trois cent dix adultes et quatre cent vingt-cinq enfans; je confessai buit mille six cent soixante-deux personnes, et j'en communiai six mille six cent quatre-vingt-quinze.

En 1699, je baptisaí deux cent quatre-vingt-deux adultes et trois cent trente-un enfans; je confessai huit mille six cent quarante-neuf personnes, et j'en communiai sept mille quatre cent vingt-trois. Finsieurs de nos pères ont eu un plus grand nombre de baptêmes et de confessions que moi

C'est ainsi, mon cher frère, que nous employons le temps à cultiver l'héritage de Jésus-Christ, et à lui former chaque jour de nouveaJI SETTIMET IN

Vous qu'il n'a point destié à traveling comme nous à la conversion des infiicies, il faut ej » VOUS prisez souvent pour eux, que vous tous seroUTHI de toutes les manieres qui sont ea votre jous fait, et surtout que vous n'oubliez pas dĠE GOALET & VORTE propre sanctiscation torte fariesure que os tochons d'avoir pour le salut des KEPE

Hélas! qu'il y a de diferense este in secours qu'ont ici les pauvres Curétiens, del four or oik nous avons de bonne volonté pour eus, et art secon que vous trouvez en Lurope, pour pen the sit

vouliez , pour vous avancer dans les voies de Dieu! Il ne faut pas douter que le compte que Dieu vous en demandera, ne doive être aussi incomparablement plus sévère.

Dans l'éloignement où nous sommes, et à l'âge que j'ai, avec une santé assez foible, et souvent attaquée, je ne crois pas que nous puissions nous revoir en ce monde. Mais que je serois désolé, mon cher frère, si je ne pensois que Dieu nous fera miséricorde, et que, fidèles aux attraits de sa sainte grâce chacun dans notre vocation, nous aurons le bonheur de nous retrouver éternellement ensemble avec lui!

Pour cela, souffrez que je vous fasse souvenir de ce que je me souviens de vous avoir mandé tant de fois, étant plus près de vous.

1. Jamais ne mettez de comparaison entre ce qui regarde le salut éternel, et tous les autres intérêts de quelque nature qu'ils puissent être. Que sert à l'homme, selon la parole de notre Maître (Matth. 16), de tout gagner s'il perd son áme, ou s'il risque seulement de la perdre pour toute l'éternité? Craignez beaucoup Dieu, et ne consentez jamais à lui déplaire. Accoutumez-vous à le voir des yeux de la foi, comme témoin de toutes vos paroles et de toute votre conduite. Offrez-lui vos actions; faites-les dans le dessein de lui plaire; consultez-le dans toutes vos entreprises; jetez-vous avec confiance entre les bras d'un si bon Père; demandez-lui souvent la grâce de l'aimer, et soumettez-vous en tout à ses adorables volontés.

2.o Pour l'établissement de votre maison et de votre famille, n'oubliez jamais que Dieu est la source de tous les biens; que la probité, la sincérité, la droiture, l'attachement inviolable aux lois saintes de la religion, sont les véritables moyens qu'on doit prendre pour bâtir solidement et pour

conserver sa fortune; que l'injustice au contraire n'aboutit qu'à se perdre d'honneur, et souvent même de biens. Persuadez-vous fortement que la prudence d'un homme est bien courte, quelque génie qu'il prétende avoir, quand Dieu le livre à luimême, et qu'il l'abandonne à sa propre conduite, et que l'esprit ne sert à un homme ainsi abandonné, qu'à lui faire faire de plus grandes fautes. Si Dieu permet quelquefois qu'un homme injuste réussisse, il ne permettra pas qu'il jouisse long-temps d'un bien injustement acquis. Une famille sera bientôt accablée, et les biens en seront bientôt dissipés, si Dieu ne veille pas à sa conservation.

3.o Faites au prochain tout le bien que vous pourrez, et ne faites jamais de mal à personne. Evitez les procès comme le plus grand malheur qui vous puisse arriver, et conservez la paix autant qu'il sera en vous. Comme cette paix est un don de Dieu, demandez-la lui souvent, parce que vous n'en jouirez qu'autant qu'il vous la conservera. S'il vous survient quelque affaire, mettez-y le meilleur ordre que vous pourrez ; mais n'employez jamais ni fourbe ni fausseté pour soutenir un bon droit: car alors Dieu vous laisseroit seul, et malgré votre bon droit, vous succomberiez et vous vous trouveriez accablé.

Voilà, mon cher frère, ce que vous prie de méditer souvent et de mettre en pratique, l'homme du monde qui vous doit être le plus attaché, et qui n'a pas, comme vous pouvez penser, moins de zèle pour votre salut, que pour celui des idolâtres qu'il est allé chercher si loin.

Je suis, etc.

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