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désir de sceller de leur sang les saintes vérités qu'ils croient. Ceux qui avoient scandalisé l'Eglise par leur chute, sont allés généreusement confesser leur foi devant les juges, et sont entrés avec joie dans ces prisons, dont la seule image les avoit effrayés; de ce nombre, on en compte déjà trente qui y sont morts de pure misère.

Les autres Chrétiens, au nombre de cent cinquantetrois, condamnés à avoir soin des éléphans, à la vue du sang de leurs frères, versé pour Jésus-Christ, se sentent un nouveau courage dans les fonctions humiliantes et pénibles auxquelles ils ont été dévoués en haine de la foi. Une multitude d'infidèles qui ont vu ou qui ont appris par la voix publique la tranquillité et la joie que les néophytes ont fait éclater au milieu des tourmens, et sous le fer des bourreaux, demandent avec empressement le baptême.

Quelque attention qu'on ait eue à observer les Missionnaires, ils ne laissent pas de parcourir en cachette les bourgades, de fortifier les fidèles par le fréquent usage des sacremens, d'admettre au baptême ceux qu'ils en jugent dignes; et ce n'est pas pour eux une petite consolation de voir leur troupeau s'accroître de plus en plus par les mêmes moyens qu'on emploie à le détruire; en sorte que la réflexion que faisoit Tertullien au temps des persécutions de la primitive Eglise, se vérifie à la lettre dans la chrétienté de ce royaume: Vous nous multipliez, disoit-il, à mesure que vous nous moissonnez; le sang répandu des fidèles est une semence féconde qui produit au centuple. Plures efficimur quoties metimur à vobis, semen est sanguis Christianorum.

RELATION

De la persécution élevée dans le royaume de Tunquin, et de la mort glorieuse de quatre Missionnaires jésuites qui ont eu la tête tranchée, en haine de la foi, le 12 janvier de l'année 1737. (Tirée de quelques mémoires portugais.)

Les royaumes de Tunquin et de la Cochinchine étoient anciennement une des plus grandes provinces de la Chine, qu'on appeloit Ngan-Nan (Repos austral), et qui s'étendoit vers le septentrion, depuis le 12. degré jusqu'au 23. L'éloignement où cette province étoit de la cour, ne permettoit point aux peuples d'y porter leurs plaintes contre le gouvernement tyrannique des vice-rois, qui y avoient une souveraine autorité. Les Tunquinois, las de porter un jong si odieux, s'en affranchirent tout à coup en tuant le vice-roi, et en se choisissant un roi de leur nation, qui les gourvernât avec plus de modération et d'équité. Če soulèvement ne manqua pas de leur attirer une guerre cruelle de la part des Chinois; ils la soutinrent long-temps avec une valeur extraordinaire. Enfin, la paix se conclut à l'avantage des Tunquinois, puisqu'ils furent délivrés de la domination chinoise, et que leur roi demeura paisible possesseur du trône, à cette condition néanmoins qu'il enverroit tous les trois ans une ambassade solennelle à 1 Empereur de la Chine, avec des présens, auxquels les Chinois donnèrent le nom de tribut.

Cette guerre étant plus heureusement terminée que le roi de Ngan-Nan n'avoit lieu de l'espérer, il ne songea plus qu'à se délasser de ses fatigues, et à goûter les douceurs de la paix. Il se retira à la cam

pagne dans ses maisons de plaisance, pour ne s'y occuper que de plaisirs, et se livrer à toutes les délices d'une vie oisive et voluptueuse; et même afin qu'on n'eût aucun prétexte de troubler son repos, confia le gouvernement de l'état à un des grands de sa cour. Celui-ci, également adroit et ambitieux, profita de l'indolence de son souverain, pour s'emparer du trône. Il sut si bien, pendant son absence, manier les esprits et les tourner en sa faveur, qu'en peu de temps il se rendit maître des quatre principales provinces; il en chassa le roi légitime, et l'obligea de se retirer dans les parties méridionales, où il le laissa tranquille. Ce prince fugitif voyant l'autorité d'un sujet rebelle si bien affermie, se contenta de cette portion de son état, et y forma un royaume particulier, qu'on nomme maintenant la Cochinchine. Le Tunquin, qui est renfermé entre le 17. et le 23. degré de latitude, fut dès-lors entièrement soumis à l'usurpateur.

Il y a un siècle et plus que ce royaume a été éclairé des lumières de l'évangile. Le père Julien Baldinotti, jésuite de Pistoie en Toscane, fut le premier qui y entra en l'année 1626. Il trouva dans ces peuples des dispositions si favorables à embrasser la loi chrétienne, qu'il demanda au plutôt du secours. L'année suivante, deux autres Jésuites, les pères Antoine Marquez, portugais, et Alexandre de Rhodes, d'Avignon, allèrent le joindre. Ces pères qui avoient déjà quelque connoissance de la langue tunquinoise, ne purent suffire à l'empressement des peuples qui venoient entendre leurs instructions. La semence évangélique fructifia au centuple, et en moins de quatre ans, une grande multitude d'idolâtres convertis à la foi formèrent une chrétienté nombreuse.

Des progrès si rapides alarmèrent les prêtres des idoles. Ils se donnèrent tant de mouvement auprès des grands et à la cour, et employèrent tant de calomnies

calomnies contre la religion et catre les Mssivenaires, qu'en l'année 1632, is es irent casser ca Tunquin, et déporter à Macao.

Il fallut céder à ce premier orige çi für binala calmé par le départ des hommes posüges. Le exil ne fit pas abandonner cette Ege masse. Le 18 février 1631, trois autres Missioengines vestits, les pères Gaspard de Amaral, Azalice & Finnes, et Antoine Cardin, s'embarquerent à Macas DE E Tunquin, et y arriverent le mars. Is furent peons des nouveaux fideles avec des transports de Varenre dinaires. Mais ce qui consola insiment ces pers ce fut de voir que pendant la coure absence dis pasteurs, qui ne fut que de dix mois, le trommen de da Jésus-Christ s'étoit accra de desi mie this cent quarante neophytes, que tris catechistes 25:uent pris soin d'instruire, et access is attend cree féré le baptême. La moisson derint a voÓLIE que les Missionnaires étoient occupes jour et mun à la recueillir. En l'année 1y, ce compton Gra quatre-vingt-deux mille cinq cents Chretiens: et dans la province de Ghean, sciante - donne boorgades où il ne restoit presque plus d'indices

D'anciennes lettres da pere Jean Cibre DOCS apprennent qu'en 1645 et 16,5 le nombre des Ti5quinois, qui, pendant ces drax années arvient reçu le baptême, montoit à vingt-quatre tole: et dans les quatre provinces, il se tomat drie da cents églises fort grandes et fort propres, que CES fervens néophytes avoient bâties à leurs frais

Un si petit nombre d'ouvriers ne suâød på dans un champ si fertile; aussi virent-ils bientôt veng leur secours différentes recrues d'hommes aposta ques, qui se succédèrent les uns aux autres, et qui remplacerent ceux que la mort ezkeroit, ca dist les forces étoient affoiblies par le grand ige, et pir de continuelles fatigues.

T. I.X.

Dans la suite, des Missionnaires de différens ordres vinrent partager leurs travaux, et l'on y voit maintenant une chrétienté très-nombreuse et très-florissante. Il s'y est élevé de temps en temps de rudes persécutions; mais elles n'ont servi qu'à éprouver la foi des nouveaux fidèles, et à les y affermir de plus en plus.

Une des plus cruelles qui ait agité l'Eglise du Tunquin, arriva en l'année 1721. La religion fur proscrite par un édit public. Les Missionnaires et les Chrétiens furent recherchés, emprisonnés et mis à mort, uniquement pour avoir refusé de renoncer à leur foi, et de fouler aux pieds l'image adorable de Jésus crucifié. Le père Messari, italien, mourut de misère dans les prisons; le père Buccharelli, pareillement italien, et neuf Chrétiens tunquinois souffrirent une mort glorieuse; cent cinquante autres néophytes furent condamnés à prendre soin des éléphans, ce qui est à peu près la même peine au Tunquin, que celle d'être condamné aux galères en Europe. (On en peut voir la relation ci-dessus, p. 21).

Cette violente persécution s'est renouvelée dans ces derniers temps. De six Missionnaires jésuites qui tout récemment ont pénétré avec bien de la peine dans le Tunquin, quatre ont été arrêtés par les gentils, et après neuf mois de prison ont eu la tête tranchée en haine de la foi, le 12 janvier 1737. Ce sont les circonstances de leur prison et de leur mort que je vais décrire sur les mémoires les plus fidèles. Ces mémoires ont été dressés par des catéchistes intelligens et témoins oculaires, qui, selon l'ordre que leur avoit donné le père François de Chaves, supérieur de cette mission, écrivoient jour par jour ce qui arrivoit aux confesseurs de JésusChrist. Leur journal a été traduit de leur langue en portugais, par le père Joseph Dacosta.

Il y avoit du temps que les Chrétiens du Tun

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