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Le nom de sainte Cécile a toujours été fort célèbre dans l'Eglise. Il fut inséré dans le Canon de la messe, dès les premiers temps du christianisme. On le lit aussi dans les Sacramentaires, et les calendriers les plus anciens. Les mêmes monumens font également mention des saints Valérien, Tiburce et Maxime, qui souffrirent le martyre avec la servante de Dieu.

Sainte Cécile était Romaine, et issue d'une famille noble. Elle fut élevée dans les principes de la religion chrétienne, et elle en remplit toujours les devoirs avec la plus parfaite fidélité. Elle fit vœu dans sa jeunesse de rester vierge toute sa vie, mais ses parens l'obligèrent à entrer dans l'état du mariage. Celui qu'on lui donna pour époux était un jeune seigneur nommé Valérien. Elle sut le gagner à Jésus-Christ, en le faisant renoncer à l'idolâtrie. Peu de temps après, elle convertit aussi Tiburce, son beaufrère, et un officier nommé Maxime. Valérien, Tiburce et Maxime furent arrêtés comme chrétiens, et condamnés à T. XVIII.

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mort. Cécile remporta la couronne du martyre quelques jours après.

Les actes de ces Saints, qui ont peu d'autorité, les font contemporains du Pape Urbain I, et mettent conséquemment leur martyre vers l'an 230, sous Alexandre Sévère. A la vérité, cet Empereur était favorable aux chrétiens; mais cela n'empêcha pas que les païens n'en fissent mourir un grand nombre sous son règne, soit dans des émeutes populaires, soit par la cruauté particulière des premiers magistrats (1). Ulpien, qui exerçait la fonction de premier ministre, se montra l'ennemi déclaré du christianisme et le persécuta jusqu'à sa mort. Il fut assassiné par les gardes prétoriennes qu'il commandait. D'autres mettent le martyre de sainte Cécile et de ses compagnons, sous Marc-Aurèle, entre les années 176 et 180.

Les corps de ces Saints furent enterrés dans une partie du cimetière de Calixte, laquelle prit depuis le nom de sainte Cécile.

II y avait à Rome, dans le cinquième siècle, une église dédiée sous l'invocation de cette Sainte, et dans laquelle le Pape Symmaque tint un concile en 500. Cette église tombant en ruines, le Pape Paschal I la fit rebâtir. Il désespérait d'abord de trouver le corps de la Sainte. On pensait que les Lombards, qui avaient enlevé plusieurs corps saints des cimetières de Rome, lorsqu'en 735 ils assiégèrent cette ville, n'avaient pas épargné celui de sainte Cécile. Mais on rapporte que le Pape assistant un Dimanche à matines dans l'église de Saint-Pierre, s'endormit, et eut un songe dans lequel il apprit de sainte Cécile elle-même, que les Lombards avaient inutilement cherché son corps et qu'ils n'avaient pu le trouver. On le découvrit donc dans

(1) Voyez Tillemont, Hist. des Emper. in Alex. art. 18, et Hist. de l'Egl. t. III, in S. Urban. p. 260; Orsi, l. 6, n. 39.

le cimetière qui portait le nom de la Sainte. Il était enveloppé dans une robe d'un tissu d'or, et on trouva aux pieds des linges teints de sang. Le corps de Valérien était avec celui de sainte Cécile. Le Pape les transféra dans la nouvelle église avec ceux de saint Tiburce, de saint Maxime, et des saints Papes Urbain et Luce, qui reposaient dans le cimetière de Prétextat, attenant à celui de notre Sainte, et également situé sur la voie Appienne (2). Cette translation se fit en 821.

Le Pape Paschal fonda en l'honneur de ces Saints un monastère près de l'église de Sainte-Cécile, afin que l'office divin pût s'y célébrer nuit et jour. Il orna cette église avec beaucoup de magnificence, et y fit de riches présens. Sur un des ornemens était représenté un ange couronnant sainte Cécile, saint Valérien et saint Tiburce.

Cette église est un titre de cardinal-prêtre. Elle fut rebâtie par le cardinal Paul-Emile Sfondrate, neveu du Pape Grégoire XIV (3), et décorée avec une richesse qui étonne les spectateurs. On retira les reliques de nos Saints, de dessous le grand autel, pour les mettre dans un magnifique caveau, connu aujourd'hui sous le nom de Confession de Sainte-Cécile. Outre cette église appelée in Trastevere, ou au-delà du Tibre, il y en a encore deux autres à Rome qui sont dédiées sous l'invocation de sainte Cécile.

En 1466, Jean Geoffroi, cardinal-évêque d'Albi, obtint du Pape Paul II, pour son église, dont sainte Cécile est patronne, l'os d'un des bras, et une partie de la mâchoire de cette Sainte, avec quelques autres reliques des saints Urbin, Valérien et Tiburce. En 1767, M. le cardinal de Bernis, archevêque de la même ville, sur la demande qui

(2) Anastas. in Paschali I, ap. Murat. t. III, p. 215, 216. (3) Il était oncle du cardinal Célestin Sfondrate, auteur du Nodus Prædestinationis dissolutus, si connu et si souvent cité dans les écoles.

lui en avait été faite par M. de Cérisi, évêque de Lombez, a accordé, de concert avec son chapitre, une portion de l'os du bras de la sainte martyre, à l'église paroissiale d'Acquigny, au diocèse d'Evreux, laquelle l'honore aussi comme sa patronne. Cette relique y est renfermée dans un riche reliquaire.

Nous apprenons des actes de sainte Cécile, qu'en chantant les louanges du Seigneur, elle joignait souvent la musique instrumentale à la musique vocale. C'est pour cela que les musiciens ont choisi cette Sainte pour patronne. Il est certain qu'on peut faire servir la musique au culte divin les psaumes et les cantiques répandus dans les Livres saints, la pratique des Juifs, celle des chrétiens ne permettent pas d'en douter. Par-là nous pouvons nous associer aux esprits célestes, dont les chants ineffables exprimeront éternellement l'adoration, l'amour et la reconnaissance. La joie spirituelle de nos cœurs se manifeste par la musique, qui d'ailleurs peut nous exciter à la dévotion, quand nous éprouvons les sentimens exprimés par les sons ou les paroles. Si nous sommes obligés de consacrer à Dieu nos voix, nos organes, nos facultés, les créatures qui servent à nos usages, comment ne les employerions-nous pas à exalter les perfections de la Divinité? Comment ne seraient-ils pas quelquefois un moyen de faire connaître extérieurement les affections de notre âme? Saint Chrysostôme décrit, avec son élégance ordinaire, les bons effets que produit la musique sacrée, et montre qu'une psalmodie dévote est trèsefficace pour allumer dans l'âme le feu de l'amour divin (4). Elle a, dit saint Augustin, la vertu d'exciter de pieuses affections, et d'échauffer le cœur par la divine charité (5). Le saint docteur rapporte qu'après sa conversion, il ne

(4) S. Chrys. in Ps. 41, t. V, p. 131, ed. Ber.

(5) S. Aug. ep. 55, ol. 118, ad Januar. c. 18, t. II, p. 142.

pouvait entendre chanter à l'église, que des larmes pleines de douceur ne coulassent de ses yeux en abondance (6); mais il déplore en même temps le danger qu'il y a de se livrer trop au plaisir de l'harmonie, et il avoue en gémissant qu'il lui était arrivé quelquefois d'être plus touché de la musique que de ce qui était chanté (7). Saint Charles Borromée, dans sa jeunesse, n'avait d'autre délassement que la musique; mais c'était une musique grave, et qui avait rapport à celle de l'Eglise. Il faut que ceux qui cultivent cet art pour s'amuser, prennent garde d'y donner trop de temps, et on doit éviter de l'enseigner aux enfans dès la première jeunesse. C'est que la musique enchante les sens, dissipe l'esprit, et le rend incapable d'occupations sérieuses. Quant à celle qui est molle, efféminée, on doit la fuir avec horreur. Elle est le poison de la vertu, la corruptrice des âmes.

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S. PHILEMON ET Ste APPIE.

Fin du premier siècle.

SAINT PHILEMON était un riche bourgeois de Collosses, en Phrygie. Il avait été converti, soit par saint Paul, quand cet apôtre prêcha à Ephèse, soit par Epaphras, disciple de saint Paul, lequel annonça le premier l'Evangile dans la ville de Colosses. Il fit en peu de temps les plus grands progrès dans la vertu ; sa maison devint comme une église par la piété de ceux qui la composait, et par les exercices de religion qui s'y faisaient. Il paraît que c'était là que se tenait l'assemblée des fidèles.

(6) S. Aug. Confes. 1. 9, c. 6; l. 10, c. 33.

(7) Ibid. 1. 10, c. 33.

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