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n'étant inférieur à aucun de ses condisciples en talent, il les surpassa tous, par la pureté de ses mœurs, par son austérité, son mépris de lui-même et son amour des choses saintes. Il paraissait faire revivre S. Louis de Gonzague. Sa vertu lui procura l'avantage d'être admis dans la petite congrégation formée dans l'oratoire du P. Caavita, et composée de douze jeunes gens, choisis parmi les plus fervens et les plus zélés, dont la pratique était de faire le catéchisme dans les églises et d'aller les jours de fête chercher dans la ville les gens oisifs pour les conduire aux prédications. Ses études étant finies, il se sentit de la vocation pour l'état religieux. En 1697, après de mûres réflexions, il entra au couvent de Saint-Bonaventure, des Mineurs Observantins réformés, et prononça ses vœux sous le nom de Léonard de Port-Maurice, sous lequel il est plus connu.

Ce n'était pas sans de grandes difficultés que Léonard avait pu exécuter son pieux dessein. Son oncle, qui était médecin, se montra tellement opposé à son désir, qu'il entra en colère quand il eut connaissance de ce projet, et qu'il le chassa de sa maison après l'avoir accablé d'injures. Les pieux amis de Léonard, qu'il édifiait par sa ferveur, avaient de leur côté fait tous les efforts pour le retenir parmi eux. Aussi, lorsqu'il se vit enfin parvenu, après tant d'obstacles, au but qu'il souhaitait si vivement atteindre, il sentit tout son bonheur et chercha à répondre par sa fidélité, à la grâce qu'il avait reçue. Lui-même dans un âge plus avancé, appelait l'année sainte celle de son noviciat, et cet aveu fait assez connaître avec quelle perfection il passa ce temps d'épreuves. Il employa celui qui suivit immédiatement sa profession à l'étude approfondie des obligations de son état, à la lecture des livres spirituels et à l'exercice de l'oraison. Sa régularité faisait l'admiration de ses frères. Il disait quelquefois : « Si pen» dant que nous sommes jeunes nous faisons peu de cas

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>> des petites choses, lorsque nous serons avancés en âge

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et que nous aurons plus de liberté, nous nous permettrons de manquer aux points les plus importans. conduite servait d'exemple, et par ses discours il animait les autres religieux à la pratique de la vertu. « Nous pou

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vons avec le secours de la grâce, leur disait-il, nonseulement être bons, mais même devenir des Saints. » Léonard, ayant été ordonné prêtre, se dévoua au bien spirituel du prochain; ses sermons produisaient des effets très-salutaires, preuve plus solide de leur mérite que les applaudissemens qu'il en recevait. Ils étaient soutenus par ses autres travaux apostoliques. Mais ses forces corporelles ne répondant pas à l'ardeur de son zéle, il tomba dangereusement malade et fut obligé pendant cinq ans de borner ses soins à la sanctification de son âme. C'est à cette époque qu'étant allé dans son pays natal, il fit connaître dans cette contrée le pieux exercice du chemin de la croix, dévotion aujourd'hui si répandue et que les SouverainsPontifes ont favorisée, en y attachant de grandes indulgences. Le saint religieux s'étant rétabli, par l'assistance spéciale de la Vierge, travailla de nouveau à la sanctification des âmes, mais avec tant de zèle, que l'on s'étonnait qu'il pût supporter de telles fatigues, lui qui semblait devoir être exténué par les jeûnes, les veilles et les austérités auxquelles il se livrait. Les missions nombreuses qu'il donna l'obligèrent à parcourir une grande partie de l'Italie; il travailla d'abord long-temps en Toscane, puis il fut appelé à Rome et dans les campagnes environnantes, envoyé ensuite à Gênes et en Corse, et enfin il revint encore dans les états de l'Eglise.

Partout il ramenait les pécheurs à Dieu; il affermissait les bons dans la piété et excitait les Saints à une nouvelle ferveur. A Rome, les personnes du plus haut rang couraient entendre ses sermons, entre autres l'illustre Lamber

tini, qui fut depuis élevé sur la chaire de saint Pierre sous le nom de Benoît XIV, et qui ne parlait de Léonard de Port-Maurice qu'avec la plus grande estime.

Mais en prêchant aux autres, le zélé missionnaire ne négligeait pas son propre salut; il se renfermait souvent dans une solitude, où il vivait pour Dieu seul. Il avait une haute estime pour le livre des Exercices de S. Ignace; et afin d'en étendre l'usage, il obtint de Cosme III, grandduc de Toscane et admirateur de ses vertus, une maison dans les environs de Florence, où il assemblait souvent les fidèles qui désiraient s'occuper plus particulièrement dans le recueillement et le silence de leurs intérêts spirituels. Ils y suivaient, sous sa direction, les exercices de la retraite selon la méthode prescrite par ce grand Saint.

Plusieurs confréries durent leur établissement à Léonard de Port-Maurice; il en institua une dans l'église de SaintThéodore à Rome, en l'honneur du sacré Coeur de Jésus. Les noms de Jésus et de Marie étaient souvent dans sa bouche afin d'y rappeler l'attention, il voulait qu'on les inscrivit dans des endroits exposés aux yeux du public. Il recommandait fortement la pratique de la méditation sur la passion du Sauveur, et, pour la propager, il fit élever à Rome, dans l'amphithéâtre de Vespasien, connu sous le nom de Colysée, de petites chapelles dans lesquelles sont représentées toutes les souffrances du Sauveur, depuis sa prière au jardin des Olives jusqu'à sa mort sur le Calvaire. En plusieurs villes il institua aussi l'adoration perpétuelle de Jésus-Christ dans le Saint-Sacrement.

Enfin, après avoir pendant quarante-quatre ans continué ces utiles travaux, accablé de fatigues, il retourna pour la dernière fois à Rome, dans son couvent de Saint-Bonaventure, et s'y prépara saintement à la mort, qui le mit en possession des récompenses éternelles le 26 Novembre 1751. Lorsque Benoît XIV, qui gouvernait alors l'Eglise,

apprit son trépas, il dit : « Nous avons beaucoup perdu, >> mais nous avons gagné un protecteur dans le Ciel. » De nombreux miracles ont été opérés par l'intercession de ce saint religieux, dont la mémoire est en vénération à Rome. Pie VI, qui l'avait personnellement connu, et qui le révérait, promulgua, le 14 Juin 1796, le décret de sa béatification. Il nous reste plusieurs ouvrages de ce saint missionnaire, entre autres, le Manuel sacré et les Avertissemens utiles aux confesseurs. Une collection de ses œuvres a été publiée en 2 vol., à Venise, en 1742.

Puissions-nous imiter la sainteté de Léonard, et nous trouver ainsi au nombre des justes dont les impies euxmêmes célèbreront les louanges au dernier jour, en disant : « Ce sont là ceux qui ont été autrefois l'objet de nos rail»leries, et que nous donnions pour exemple de personnes

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dignes de toutes sortes d'opprobres. Insensés que nous » étions, leur vie nous paraissait une folie et leur mort >> honteuse; cependant les voilà élevés au rang des enfans » de Dieu et leur partage est d'être avec les Saints (1).

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SAINTE ODE, VIERGE.

Vers l'an 726.

SAINTE-ODENRODE est un des plus anciens villages de l'évêché de Bois-le-Duc; sainte Ode de qui il tire son nom, y mourut vers l'année 726. Elle était fille d'un prince écossais, et était venue par dévotion, vers l'année 710 ̊, visiter le tombeau de saint Lambert à Liége, où, d'après d'anciens témoignages, elle recouvra la vue d'une manière miraculeuse. Elle passa le reste de sa vie à Rode dans

(1) Sagesse, chap. 5, v. 3, 4 et 5.

la plus grande sainteté. Son tombeau fut aussi renommé par des miracles. On y bâtit d'abord une chapelle de bois en son honneur, puis une belle église collégiale qui fut détruite en 1583 par les protestans hollandais pendant les troubles du seizième siècle (1). Les restes de sainte Ode furent levés de terre en 1099 et exposés à la vénération des fidèles par Olbert, évêque de Liége. Dans l'évêché de Bois-le-Duc on célèbre sa fête le 27 Novembre.

On trouve dans les Acta SS. Belgii selecta, t. VI, p. 587-633, une bonne dissertation d'Isfride Thys; voyez aussi Oudheden en gestichten van s'Hertogenbosch, p. 377; Katholyk meyerysch memorie boek, p. 447; et Hist. Episcopat. Sylvæduc. p. 179.

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Sous le règne de Clovis II il y avait à Hochheim (1) sur le Mein, deux époux chrétiens et pieux, de haute naissance; ils se nommaient Ibère et Méchilde (2), et jouissaient dans tout le pays d'une haute considération, à cause de

(1) On lit au sujet de ce chapitre et de ceux d'Oirschot et de Boxtel, qu'ils firent une protestation contre quelques décisions du deuxième synode provincial de Malines, tenu à Louvain en 1574, laquelle fut rejetée et censurée par l'assemblée des évêques. Voyez Synodicon Belgicum in-4o, t. I, p. 215-216.

(1) Nous examinerons plus bas s'il s'agit ici de l'endroit appelé communément Veits-Höchheim de son patron saint Vit, et situé non loin de Würtzbourg, ou de Hochheim près de Mayence, si célèbre par son vin. (2) Quelques auteurs écrivent Mechtilde, d'autres Mathilde, Mechtride, etc.

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