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On eut beaucoup de peine à vaincre la résistance que son humilité et la crainte des dangers attachés à l'épiscopat lui inspirèrent. Pour remplir avec plus de dignité et de zèle les fonctions épiscopales, il se proposa pour modèle de sa conduite, celle de ses saints prédécesseurs, et à leur exemple il embrassa la vie monastique. Ses jeûnes et ses autres austérités, sa charité envers les indigens, son détachement des choses terrestres et son amour pour les biens futurs sont au-dessus de tout éloge.

L'application qu'il donna à sa propre sanctification ne lui fit pas négliger celle des peuples confiés à ses soins. Attentif à leurs besoins spirituels, il se fit un devoir capital de visiter souvent ses ouailles, et de leur faire de fréquentes instructions. Après avoir gouverné son église pendant environ dix-neuf ans, il mourut à Othmarsen, le 15 Novembre 918 (5). Son corps fut inhumé solennellement dans l'église de saint Lebwin à Deventer, où il avait momentanément transféré son siége après la dévastation d'Utrecht (6).

(5) On est partagé sur l'année précise de sa mort. Les uns la placent en 916, d'autres la renvoyent à l'une des trois années suivantes. Mabillon préfère l'époque de 918. L'on nous a conservé l'épigramme suivante que Radbod fit en recevant le Saint-Viatique, apparemment dans sa dernière maladie; on pourra y remarquer sa foi vive sur le mystère de l'Eucharistie et des traits de son talent pour la versification :

Esuries te, Christe Deus, sitis atque videndi

Jam modo carnales me vetat esse (edere) dapes.

Da mihi te vesci, te potum haurire salutis;

Unicus ignotæ tu cibus esto viæ.

Et quem longa fames errantem ambesit in orbe,
Hunc satia vultu, Patris imago, tuo.

(6) On lui attribue le don de prophétie et plusieurs miracles. Dans les Officia SS. Archiep. Ultrajectensis et Episcopatuum suffraganeorum,

Sa vie a été écrite par un auteur presque contemporain, qui vécut dans le dixième siècle, et qui appartenait au clergé de l'église d'Utrecht. Voyez Surius, ad 29 Nov., p. 615; Mabillon, Acta SS. Ord. S. Ben. t. VII, p. 25; Id. Annal. Ben., tom. III, lib. 40, §. 26; Van Heussen, Batav. sacra, p. 119; Rivet, Hist. litt. de la France, t. VI, p. 158 et 208, dont la présente notice est extraite en grande partie, et Paquot, Mémoires litt., t. II, p. 425. Ce qui nous reste des écrits de saint Radbod se réduit à certain nombre de petites pièces en prose et en vers, parmi lesquelles on remarque, 1o un fragment ou extrait de chronique qui suppose un ouvrage plus étendu : ce fragment sur l'an 900, imprimé dans l'histoire des évêques d'Utrecht par Heda, p. 71, et dans les Actes des SS. Bénédictins du P. Mabillon, t. VII, p. 26, confirme l'époque de trois événemens publics arrivés vers la même année, l'ordination de Radbod, la mort de Foulques archevêque de Reims, et celle du Roi Zwentebold; - 2o Sermo de S. Suitberto; -3° Carmen allegoricum de S. Suitberto; -4° Homilia de S. Lebuïno; -5° Ecloga ecclesiastica, à la louange du même Saint; 60 Tomellus, seu sermo de vita et meritis paradoxæ virginis Christi Amalbergæ;

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7° Laudes S. Martini liber unus (on croit que c'est l'office dont l'église d'Utrecht s'est toujours servie depuis); 8° quelques épigrammes et hymnes. Une notice détaillée de tous ces écrits se trouve dans Rivet et Paquot.

pag. 100, sous le 29 Novembre, on rapporte le trait suivant : « Cùm ⚫ verò Dani Ultrajectum vastassent, Daventriæ ad tempus resedit » (S. Radbodus). In Frisiam ad creditum sibi gregem visitandum et eru» diendum se conferens, Danos in via ei occurrentes, ad fidem et me» liorem frugem convertere conatus est. Qui cùm mala pro bonis red» derent, et mortem inferre minarentur, anathemate ab ipso notati, delapso cœlitùs igne, aliisque cladibus, ad unum omnes absumpti >> sunt. >> On assure que saint Radbod fit plusieurs prédictions à Baudri ou Baldric, fils du comte Rixfried, qui devint son successeur immédiat, et qui remit dans son ancien état l'église d'Utrecht, ruinée par les Danois. Il avait été le premier maître de saint Bruno, archevêque de Cologne. Voyez ci-dessus, t. XV, p. 224, not. 4.

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+ S. SATURNIN ET LE DIACRE S. SISINNE, MARTYR.

Quatrième siècle.

S. SATURNIN fut martyrisé à Rome pendant la persécution de Dioclétien. Sa mémoire est très-célèbre, quoique l'histoire de sa vie et de son martyre soit aussi incertaine que peu connue. On nous le représente comme un vénérable vieillard, condamné pour la foi de Jésus-Christ à tirer du sable et à l'apporter à Rome; et on dit qu'il était assisté dans ce rude travail par saint Sisinne, diacre de l'Eglise de Rome. Ce lent supplice ne termina pas leurs jours aussi promptement que le désirait leur juge. C'est pourquoi il donna un nouvel ordre de jeter en prison les serviteurs du vrai Dieu, et leur fit trancher la tête quelque temps après. Un chrétien retira secrètement les corps des saints martyrs, et les enterra dans un champ qu'il possédait sur la voie salarienne.

Le culte de saint Saturnin paraît avoir commencé incontinent après sa mort. Le calendrier romain, qui fut dressé vers le milieu du quatrième siècle, fait mention de saint Saturnin, mais place son tombeau sur le cimetière de Thrason, qui faisait partie de celui de Priscille, et qui fut appelé du nom de saint Saturnin. Dans des martyrologes plus récents, Sisinne figure à côté de Saturnin; dans d'autres ce dernier se trouve seul, sans son compagnon de martyre.

Il y avait anciennement à Rome une église de SaintSaturnin; mais détruite par un incendie, elle ne fut plus relevée. Les restes des Saints furent transférés en partie dans celle de Saint-Pierre-aux-Liens. Les ossemens de saint Sisinne furent déposés dans l'église de Saint-Martin-des-Monts

à Rome. Les Minimes de Paris prétendaient posséder les reliques de saint Saturnin, et les Carmélites du diocèse de Soissons une partie de celles de saint Sisinne; mais cela n'a jamais été prouvé d'une manière suffisante.

Voyez Baillet, sous le 29 Novembre.

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Les actes du martyre de saint André sont regardés comme apocryphes par Tillemont, etc.; mais le P. Alexandre, Hist. Eccl. t. I, soutient qu'ils sont authentiques. M. Woog, professeur d'histoire et d'antiquités à Leipzig, a adopté cette opinion dans les savantes dissertations qu'il a publiées en 1748 et 1751. Comme l'autorité de ces actes est contestée, nous nous bornerons à recueillir ce que les auteurs sacrés et les Pères ont dit du saint Apôtre.

L'AN 69.

SAINT ANDRÉ était de Bethsaïde, petite ville de Galilée, sur le bord du lac de Génésareth. Son père, pêcheur de profession, se nommait Jonas ou Jean. Il était frère de Simon Pierre, sans qu'on sache lequel des deux était l'aîné. Ils eurent depuis leur maison à Capharnaüm, et Jésus logeait chez eux lorsqu'il prêchait dans cette ville.

Ce qui doit donner une grande idée de la vertu de saint André, c'est que quand saint Jean-Baptiste commença sa mission dans le désert, il ne se contenta pas d'aller l'entendre comme les autres; il devint son disciple, et se pénétra de ses instructions, pour les mettre plus parfaitement en pratique. Cela ne l'empêchait pas d'exercer la profession de son père qu'il avait embrassée.

Il était présent lorsque saint Jean-Baptiste, voyant pas

ser Jésus, qu'il avait baptisé la veille, s'écria: Voici l'agneau de Dieu (1). L'ardeur et la pureté de ses désirs, et sa fidélité à l'accomplissement de la loi, lui méritèrent l'intelligence de ces paroles mystérieuses. Il quitta JeanBaptiste sans délai, avec un autre disciple du saint précurseur, pour suivre Jésus, qui les attirait l'un et l'autre par les liens invisibles de sa grâce. Le Sauveur ayant vu en se retournant qu'ils le suivaient, leur demanda ce qu'ils cherchaient. Ils répondirent qu'ils désiraient savoir où il demeurait. Jésus leur répliqua qu'ils pouvaient venir et voir. Il ne restait plus que deux heures de jour, qu'ils passèrent avec lui; plusieurs Pères disent qu'ils y passèrent aussi la nuit suivante. « O qu'ils passèrent un heureux jour, une heureuse nuit, s'écrie saint Augustin (2)! Qui pourrait raconter ce qu'ils apprirent de la bouche >> du Sauveur? Préparons-lui une demeure dans nos cœurs, >> afin qu'il puisse y venir et converser avec nous. » Il n'y a point de langage propre à exprimer la joie et la consolation qu'éprouva saint André dans cette circonstance, et il n'y a que les âmes auxquelles Dieu se communique dans la contemplation, qui puissent s'en former quelque idée. Le saint apôtre comprit que Jésus était le Messie, le Sauveur du monde : aussi prit-il la résolution de s'attacher à lui pour toujours; il fut le premier de ses disciples, ce qui l'a fait surnommer par les Grece protoclet, ou premier appelé.

André, qui aimait tendrement Simon, son frère, s'empressa de partager avec lui le trésor précieux qu'il avait découvert. Il l'amena à Jésus, afin qu'il pût aussi le connaître. Le Sauveur l'admit également au nombre de ses

(1) Joan. I, 36.

(2) T. VII, in Joan. n. 9; t. III, p. 345.

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