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S. LUCIUS, ROI DANS LA GRANDE-BRETAgne.

Fin du second siècle.

Nous apprenons de Bède (1), que, sous les règnes de Marc-Antonin Verus et d'Aurèle Commode, un Roi breton, nommé Lucius, écrivit au Pape Eleuthère, pour le prier de lui procurer les moyens de s'instruire de la religion chrétienne. Ceci doit être arrivé vers l'an 182. Le nom de Lucius indique que ce prince régnait dans quelque partie de la Bretagne soumise aux Romains (2). Bède ajoute que le Pape Eleuthère accueillit sa demande, et que les Bretons pratiquèrent tranquillement le christianisme, jusqu'à l'Empereur Dioclétien. Lucius fut donc le premier Roi chrétien de l'Europe.

citées par

Les archives de l'abbaye de Glastenbury Guillaume de Malmesbury, et d'autres monumens cités par Ussérius (3), nous apprennent qu'Eleuthère envoya dans

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(2) Il est certain qu'il y avait alors des Rois chrétiens dans la Bretagne. Tacite parle, Annal. 1. 14, c. 31, de Prasutagus, Roi des Iceni dans les comtés de Norfolk, de Suffolk, de Cambridge et de Huntington. Ce prince en mourant institua Néron son héritier, dans l'espérance d'en procurer par-là une protection à son peuple; mais le contraire arriva : car le pays fut pillé par les centurions et les esclaves. Le même historien rapporte, Vit. Agric. c. 14 qu'on donna certaines villes à Cogidunus, suivant l'ancienne coutume des Romains, qui se servaient de l'autorité royale pour asservir les nations.

Quant à Lucius, il est prouvé par deux médailles dont Ussérius fait mention, Antiq. Brit. c. 3, p. 22, et par une autre que cite Bouteroue, qu'il y a eu dans la Bretagne un Roi chrétien de ce nom : mais on ignore dans quelle partie de cette île il a régné.

(3) Antiq. Brit. c. 3, p. 29; Harpsfield, 1. 1 c. 3.

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la Bretagne saint Fugace et saint Damien, autrement appelé Dumien ou Duvien, lesquels baptisèrent le Roi Lucius avec un grand nombre de ses sujets, et furent enterrés à Glastenbury. Il y a dans le doyenné de Dunster, au comté de Somerset, une église paroissiale qui porte le nom de saint Déruvien. Les Gallois, au rapport d'Ussérius, appellent ce Saint, Duvien ou Dwywan.

Au reste, la lumière de la foi pénétra jusques dans la Bretagne, du temps des apôtres. Le Pape saint Clément assure que saint Paul prêcha l'Evangile aux extrémités de l'Occident. On lit dans Gildas (4), que le premier rayon de cette divine lumière parut dans la Bretagne vers la huitième année de Néron. Théodoret parle des Bretons, comme d'une nation parmi laquelle saint Paul avait jeté la semence de la foi, et il dit dans un autre endroit, que cet apôtre porta le salut aux îles qui sont dans l'Océan. Enfin on prouve par l'autorité de saint Justin (5), de saint Irénée (6), de Tertullien (7), d'Eusèbe (8), de saint Jean Chrysostôme (9) et de Théodoret (10), que la Bretagne connut le christianisme, peu de temps après la résurrection de son divin Auteur. Trois évêques bretons assistèrent au concile d'Arles, en 314, savoir, Eborius d'York, Restitut de Londres, et Adelfius, évêque d'un siège qui n'est pas

(4) Gildas, §. 6, t. I, Scrip. Hist. Brit. ed. Gale, p. 3.

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(9) Hom. 1, de Laud. Pauli, t. II, p. 477, ed. Montfauc. et Or. quod Christus sit Deus, t. I, p. 575.

(10) De curand. Græcor. affect. 1. 9, t. IV, p. 610. Vid. Origen. Hom. 6, in Luc.

bien connu (11). Quelques évêques de la même île souscrivirent le concile de Nicée contre les ariens.

Il n'est donc pas étonnant qu'un prince breton ait embrassé la foi dans le second siècle, et l'on ne doit avoir aucun égard aux objections qu'on forme sur ce point d'histoire. Un savant moderne (12) a trouvé les paroles suivantes dans une ancienne histoire manuscrite des Rois d'Angleterre (13) : « Lucius envoya au Pape Eleuthère une » lettre, où il le priait de lui procurer la connaissance » de la religion chrétienne, et il obtint ce qu'il demandait. Eleuthère, dit le même auteur, d'après un ancien catalogue des Papes, écrit du temps de l'Empereur Jus>> tinien et trouvé dans la bibliothèque de Christine, Reine » de Suède, reçut une lettre de Lucius, Roi de la Bretagne, qui demandait à se faire chrétien sous son autorité (14). »

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(11) De Civitate Colonia Londinensium. Ussérius pense qu'il s'agit de Colchester mais il est plus probable qu'on doit entendre Lincoln, ville anciennement appelée Lindum Colonia.

(12) Schelstrate, préfet de la bibliothèque du Vatican. Voyez sa dissertation sur l'autorité patriarcale.

(13) Cette histoire manuscrite est dans la bibliothèque du Vatican. (14) Quelques modernes pensent que Lucius est un prénom, et que le Roi breton ne le prit qu'après avoir reçu la lumière de la foi. Les Gallois l'appellent Lever Maur, c'est-à-dire, grande lumière. Ils appellent Cunnaïd, c'est-à-dire clarté, saint Elien, qui, vers l'an 450, fonda dans l'île d'Anglesey l'église de Llam-Eliam. Voyez la Mona antiqua de Rowlend, p. 143, 156.

Suivant quelques auteurs, Lucius descendait de Cogidunus, que Claude fit Roi des Dobuni, qui habitaient le comté de Glocester, etc. On donne à ce Cogidunus une fille appelée Claude, que Pudens, sénateur romain, épousa quand il était dans la Bretagne. Le mari et la femme embrasserent le christianisme à Rome en 66. Tim. IV, 21. Claude s'appelait Claudia Rufina, et Martial l'a célébrée, 1. 4, epigr. 13, et l. 11, epigr. 54. Elle put engager Lucius, son parent, à se faire chrétien. C'est une chose remarquable que les plus célèbres chrétiennes de Rome,

Plusieurs historiens de Bavière et d'Allemagne prétendent que Lucius ayant abdiqué la couronne, prêcha la foi dans la Norique, dans la Vindélicie, et principalement à Augsbourg; qu'ayant été chassé de là, il annonça l'Evangile dans la Rhétie, et sur-tout à Coire. Mais l'opinion la plus probable, est qu'on ne sait quel est le Lucius qui prêcha dans les pays dont il s'agit ici, et qui fonda l'église de Coire, laquelle l'a toujours honoré parmi ses premiers apôtres. Tandis qu'il exerçait les fonctions de missionnaire. chez les Grisons, ces infidèles l'obligèrent à prendre la fuite. Le lieu qu'il choisit pour retraite s'appelle encore aujourd'hui Sanct Lucis Steig, ou Montagne de Saint-Lucius. Il se retira depuis dans une caverne qui en était éloignée d'un mille, et qui a conservé le nom de Sanct Lucis Lochlin. On dit qu'à la fin il tomba entre les mains des

du temps des apôtres, Claudia, Pomponia, et Græcina, femme d'Aulus Plautinus, aient été Bretonnes.

Si l'on veut en croire Carte, Lucius régnait au-delà de la muraille des Pictes; il était contemporain de Constance Chlore, et le même que Cénau, fils de Coil, qu'il suppose avoir été père de sainte Hélène et Roi des Cumbres, dont le pays s'étendait depuis le Lancashire jusqu'à Dunbritton, au nord de la Cluid en Écosse. Dans ce sysètme, Lucius aurait été beau-frère de Constance, et oncle du grand Constantin; il aurait pu bâtir des églises, créer des siéges pour, des évêques, etc. Les écrivains bretons et écossais, disent les partisans de ce système, sont Lucius fils de Coil; Coila, qu'on appelle Kyle en Ecosse, tire son nom d'un prince breton. Deux médailles de Lucius portent le mot luc, avec la figure d'une croix qu'on ne voit sur aucune médaille avant la victoire remportée par Constantin en 312. Voyez Frédéric Spanheim, tom. III, Miscel. Append. de traditis conversionibus Lucii regis, Julia Mammæ et Philippi Imperat. Disquisitio tripartita, p. 390, t. II; Op. Samuël Basnage; Annal. ad an. 181, n. 3, et l'Hist. d'Angl. de Carte, vol. 1, pag. 133 et 137.

Mais le système dont il s'agit contredit formellement l'autorité de Bède et des anciens auteurs ; il n'offre d'ailleurs qu'un amas de conjectures, qui sont substituées à des faits historiques.

persécuteurs, et qu'il fut décapité dans la forteresse de Martiola, vers la fin du second siècle. Il y a près de Coire un ancien monastère qui porte le nom de Saint-Lucius. Sa fête se célèbre dans ce diocèse avec beaucoup de solennité. On garde une partie de ses reliques à Augsbourg, dans l'église de Saint-François, et dans celle qui appartenait aux Jésuites.

1

Voyez sur Lucius, Roi dans la Bretagne, Ussérius, Ant. Brit., c. 3; Stillingflet, Orig. c. 11; Selden, Analect. Anglo. Brit. c. 6, tom. II, p. 895; Alfort, Annal. Britann. ad an. 182; Baronius, sous l'année 183; Cellier, Hist. Eccles. t. I; Tillemont, t. III, p. 62 et 615; Annotationes in Edit. Roman. Anastas. Bibliot. t. I, p. 15, t. III, p. 139; Guthrie, Hist. d'Angleterre, t. I.

des

Voyez sur saint Lucius, honoré comme premier apôtre de la Norique, de la Vindélicie et de la Rhétie, c'est-à-dire de la Bavière, du pays Grisons et d'une partie de l'Autriche, Sprecher, Palladis Rheticæ, 1.2; Raderus, Bavaria Sancta, t. I, p. 14; le Bréviaire de Coire; Bruschius, Monasteriorum Germanorum Chronologia, fol. 119 (15).

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S. BIRIN, PREMIER ÉVÊQUE DE DORCHESTER.

Vers l'an 650.

BIRIN, prêtre de Rome, s'adressa au Pape Honorius, pour lui demander la permission d'aller prêcher l'Evangile aux idolâtres de la Grande-Bretagne. Honorius loua son zèle et le fit sacrer évêque. Birin, ayant débarqué dans le royaume de Westsex, ou des Saxons occidentaux, y con

(15) Bruschius montre que le monastère de Saint-Lucius à Coire, dut sa naissance à une chapelle bâtie à l'endroit où le saint apôtre du pays avait été mis à mort, ou du moins enterré. C'était un des plus anciens monastères de l'ordre de Saint-Benoît en Allemagne. On y mit des chanoines réguliers de l'ordre de Prémontré en 1100. C'est présentement un hôpital. Voyez Bruschius, fol. 100.

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