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part, ceux qui se trouvaient près de l'évêque se mirent à parler de lui avec beaucoup de mépris, parce qu'il s'était présenté avec de mauvais habits, et ils s'étonnèrent que l'évêque l'eût reçu avec amitié et respect. Remacle les ayant entendus, les censura sévèrement pour n'avoir jugé de son mérite que par son extérieur. « Ce jeune homme, » dit-il, « vaut mieux aux yeux de Dieu, que nous; priez » le Seigneur pour que par les mérites de Trudon vous » obteniez le pardon de vos péchés. » Ainsi parla ce saint prélat, parce que Dieu lui avait fait connaître les grandes destinées de notre Saint.

Le saint évêque de Metz lui fit un accueil non moins amical; il le fit instruire dans les sciences cléricales, et l'éleva à la dignité de prêtre. Quelque temps après, saint Clou le renvoya dans sa patrie, disant qu'il devait aller travailler dans les terres qu'il avait offertes à S. Etienne, pour gagner encore beaucoup d'autres serviteurs au Seigneur.

De retour dans sa patrie, il commença par aller voir son père spirituel saint Remacle, qui demeurait alors à Tongres. Celui-ci le reçut avec joie ; il s'aperçut aussitôt des grands progrès qu'il avait faits dans la connaissance de la loi de Dieu, et lui donna la mission d'annoncer la foi par-tout son diocèse, de célébrer le saint service dans toutes les églises, et de bâtir une église dans ses terres, conformément au vœu qu'il en avait fait dans sa jeunesse. Trudon dédia cette église au saint martyr Quentin et au saint confesseur Remi; elle fut élevée dans un endroit nommé Sarchinium, près de la rivière la Cisindre. Il instruisit les peuples d'alentour dans les choses du Ciel, il reprimanda les orgueilleux, enseigna la bonne voie à ceux qui étaient égarés, et aux riches le bon usage de leurs biens terrestres. Son exemple excitait chacun à la pratique des vertus qu'il recommandait. Il opéra de la sorte de nombreuses conversions; plusieurs jeunes gens de naissance vinrent le

trouver pour apprendre de lui l'art de mépriser les biens du monde, afin de suivre la bannière de Jésus-Christ. En peu de temps il se vit entouré d'un grand nombre de disciples zélés, pour lesquels il fit bâtir son couvent : celui-ci ne devait pas servir seulement de retraite pour les solitaires, mais aussi d'école où la jeunesse pouvait se former à la fois aux sciences et à la piété. Ce monastère, appartenant à l'évêché de Liége, observait la règle de saint Benoît, quoiqu'on ne sache pas avec certitude si dans le principe et du temps de S. Tron, c'était un couvent de moines ou de chanoines réguliers. C'est ce même couvent, connu sous le nom de Saint-Tron, qui donna naissance à la ville qui porte aujourd'hui ce nom. Le saint prêtre fonda un autre monastère, près de Bruges, en Flandre, qui fut converti en abbaye de filles, et qui porta aussi le nom de Saint-Tron.

Notre saint fondateur mourut en 693. Peu de temps après sa mort, son tombeau devint célèbre par de nombreux miracles, et en 880 son corps fut solennellement levé de terre par Francon, évêque de Liége.

Saint Tron est nommé dans la plupart des martyrologes. Sa vie fut écrite par Donat, diacre de l'église de Metz, au huitième siècle.

Voyez Baillet sous le 23 Novembre et les Acta SS. Belgii selecta, V, 1-69, et Vita S. Trudonis Confessoris apud Hasbanos, auctore Gerardo Moringo, Louvain 1540, in-4°.

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+ S. GRÉGOIRE, ÉVÊQUE DE GERGENTI, EN SICILE.

D'après sa vie dans Métaphraste et dans Surius, p. 437. Voyez aussi Baillet sous le 23 Novembre.

Sixième siècle.

GRÉGOIRE naquit vers la fin du règne de l'Empereur Justin Jer, dans une bourgade du territoire d'Agrigente, aujourd'hui Gergenti, ville considérable de la Sicile, sur la côte méridionale. Ses parens qui étaient aussi charitables que riches et vertueux, le firent instruire avec grand soin dans les lettres et la piété chrétienne, et le laissèrent, vu les dispositions précoces de son esprit, entrer dans la cléricature dès l'âge de douze ans. A peine le germe de la vertu fut-il développé dans ce jeune homme plein d'espérances, qu'il entreprit un voyage dans la Terre-Sainte, afin que, que, rapproché du berceau de la chrétienté, il pût puiser dans les monastères d'Orient le véritable esprit de la science du salut et de la perfection. Après s'être exercé quelque temps à la discipline monastique dans une des maisons religieuses de Jérusalem, il fut fait diacre par le patriarche du lieu, que l'on croit être Eustache ou Macaire II. De la Palestine il se rendit à Constantinople, où il fut témoin de tout ce qui se passa au cinquième concile écuménique. On dit même que d'après le commandement des Pères de l'assemblée, il y parla, et fut généralement admiré à cause de son talent oratoire. A son retour en Sicile il se voua au service de l'église de Gergenti, où il fut ordonné prêtre. A la mort de l'évêque Théodore, sa vertu et ses capacités lui avaient acquis une célébrité si bien fondée, qu'il fut appelé par le clergé et par le peuple, à le remplacer. Ce ne fut qu'après bien des violences et une longue résistance de sa part qu'il

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se laissa imposer les mains. La vigilance et la charité avec laquelle il s'acquitta de toutes ses fonctions de l'épiscopat, fit voir que c'était Dieu même qui l'avait appelé à ce haut ministère, et l'avait doué de tant de qualités distinguées, afin de remplir avec éclat, et pour le bien de l'Eglise de Dieu et de l'humanité, la charge qui lui avait été confiée. Pour que sa vie ne s'écoulât pas dans une tranquillité et sécurité trop grande, Dieu permit à quelques malintentionnés de mettre sa patience et son humilité à l'épreuve. Nous ne savons quel fut le sujet de leurs accusations mais nous voyons que le Pape Grégoire-le-Grand s'interressa à sa cause et qu'il en voulut connaître lui-même (1). En 593 le Vicaire de Jésus-Christ écrivit à Maximien, évêque de Syracuse, pour lui demander les points d'accusations. Celui-ci cependant traîna l'affaire en longueur et augmenta par là les souffrances, mais aussi les mérites de l'évêque de Gergenti. Ce retard obligea le saint Pape de récrire à Maximien, pour le presser de lui envoyer toutes les informations de ce procès, afin de le terminer et de faire cesser le scandale qu'il causait dans la province. Si l'on peut se rapporter à ce que dit l'auteur de la vie de notre Saint, une femme de mauvaise vie aurait été instiguée par les ennemis du saint évêque, afin d'accuser celui-ci d'avoir eu des habitudes criminelles avec elle. Ses délateurs étaient Sabin et Crescentin, qui, fâchés comme le dit le biographe, de ce que Grégoire leur avait été préféré dans la nomination à l'épiscopat, le firent traduire devant le tribunal de l'exarque de l'Italie; son jugement fut renvoyé au Pape. Cependant le Saint fut gardé dans une étroite prison, poursuivi par l'outrage et la calomnie, jusqu'à ce que le Pape dans un synode de plusieurs évêques le déclarât innocent et le renvoyât absous. Ses délateurs furent condamnés au

(1) Epist. 12, Lib. 2.

bannissement, mais par l'intercession du saint évêque leur peine leur fut remise. La femme accusatrice se soumit à une pénitence exemplaire. Baillet, cependant, tient toute cette histoire pour très-suspecte. Ce qui est certain c'est que le bienheureux prélat mourut d'une sainte mort. Nous ignorons s'il survécût au saint Pape Grégoire. Le martyrologe romain marque sa fête au 23 Novembre. Lorsque l'auteur de sa vie parle des monothélites, il paraît confondre notre Saint avec un second Grégoire, qui fut aussi évêque de Gergenti, sous le Pape Agathon, et qui assista l'an 680, au concile de Rome, qui était de 150 évêques.

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S. JEAN DE LA CROIX, PREMIER CARME DÉCHAUSSÉ.

Tiré de sa vie, qui est à la tête de ses œuvres; de la vie de sainte Thérèse par Villefore, t. I, p. 292, 318; t. II, p. 132. Voyez la vie du Saint par le P. Honoré de Sainte-Marie, et par le P. Dosithée de Saint-Alexis, tous deux religieux du même ordre. La seconde, qui est beaucoup plus étendue que la première, a été imprimée à Paris en 1727, 2 vol. in-4°. Voyez aussi la vie de saint Jean de la Croix par Collet, prêtre de la congrégation de la mission, Paris, 1769, in-12.

L'AN 1591.

SAINT JEAN, dont la famille portait le nom d'Yépez, était le plus jeune des enfans de Gonzales d'Yépez. Il naquit en 1542, à Fontibère, près d'Avila, dans la Vieille-Castille. Sa mère lui inspira de bonne heure une tendre dévotion pour la Sainte-Vierge aussi mérita-t-il d'être délivré de plusieurs dangers, par une protection visible de celle qu'il invoquait avec tant de ferveur.

Sa mère, devenue veuve, resta sans secours, chargée

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