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Le véritable gnostique, ajoute-t-il, doit aimer Dieu pardessus toutes choses, et les créatures pour Dieu; rien ne doit être capable de le séparer de l'amour de Dieu. Il supporte avec patience tous les accidens de cette vie, et ne s'occupe que des moyens de s'unir au souverain bien : jamais il ne se laisse emporter par la colère; il prie continuellement pour obtenir la rémission de ses péchés, avec la grâce de ne plus pécher à l'avenir et de pratiquer la vertu. Dans le septième livre, saint Clément parle de la vertu de son gnostique.« Il s'applique, dit-il, de toutes ses forces à honorer Dieu et à l'aimer; à écouter, à imiter son Verbe qui s'est fait homme pour notre salut; il est doux, honnête, affable, patient, charitable, sincère, fidèle, tempérant; il méprise les biens de ce monde, et est dans la disposition de tout souffrir pour JésusChrist; il ne fait rien par ostentation, et ses actions n'ont d'autre motif que l'amour de la justice et de la bonté » de Dieu. Enfin, c'est un homme entièrement saint et tout divin. Le gnostique prie en tous lieux, mais principalement en secret et dans le fond de son cœur ; il prie sans cesse, le matin en se levant, à midi, en voyage, lorsqu'il se repose, cherchant en tout à glorifier Dieu, » à l'exemple des Séraphins dont il est parlé dans Isaïe. » Il distingue les véritables gnostiques, d'avec les hérétiques connus sous ce nom, et qui troublaient alors l'Eglise par leur abominable doctrine sur une perfection imaginaire. Pour prémunir les fidèles contre les erreurs et les extravagances des faux mystiques, il explique la nature et l'étendue de chaque vertu théologale, et montre sur-tout en quoi consiste l'amour pur. Il apprend à ne pas confondre la résignation avec l'indifférence; il traite de l'activité, de la transformation et de l'union mais de manière qu'il évite les extrêmes, et qu'il fixe les bornes qui séparent la mysticité des illusions du fanatisme.

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Le traité intitulé, quel riche sera sauvé? est une explication des paroles que Jésus-Christ adressa à un jeune homme riche dont parle l'Evangile (5). L'auteur y montre qu'il n'est point nécessaire, pour être sauvé, de renoncer aux richesses, pourvu qu'on en fasse un bon usage. Il y traite aussi de l'amour de Dieu et du prochain, ainsi que de la pénitence, dont il prouve l'efficacité par l'histoire de ce jeune voleur que saint Jean convertit.

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Le Pédagogue de saint Clément, divisé en trois livres est un excellent abrégé de morale, où l'on voit de quelle manière les bons chrétiens vivaient dans ces premiers temps. L'auteur fait voir dans le premier livre, que Jésus-Christ est le maître, le conducteur, le pasteur des hommes, qui tous ont besoin d'être instruits; et que la vie d'un chrétien doit être une suite non interrompue d'actions vertueuses. On trouve dans le second livre des règles de conduite par rapport à certains devoirs particuliers, comme l'abstinence, la mortification, l'humilité, la prière, l'aumône, la chasteté, tant dans l'état du mariage que dans celui de la virginité. Suivant la doctrine de S. Clément, il faut préférer une nourriture simple, ne fût-ce que par raison de santé ; un seul repas par jour doit suffire, deux tout au plus ; c'est-à-dire, outre le souper, un déjeûner de pain sec, sans boire. Le Saint prouve, contre les encratites, que l'usage modéré du vin est permis, mais il le défend aux jeunes gens. Il s'élève avec force contre le luxe dans les meubles et la vaisselle. Il veut qu'on dorme peu, et jamais le jour; qu'on commence la nuit par la prière, et qu'on ne soit plus au lit lorsque le jour paraît. Il prouve contre les païens, que toutes les actions impures sont des crimes aux yeux même de la raison. Dans le troisième li

(5) Marc. X.

vre,

il traite de la modestie et de plusieurs autres vertus. Il le conclut par exhorter ses lecteurs à écouter les divines leçons de Jésus-Christ, qu'il remercie de ce qu'il l'a fait membre de son Eglise. La prière qu'il lui adresse est également adressée au Père et au Saint-Esprit. Cet ouvrage renferme d'excellentes maximes pour arriver à la perfection chrétienne; mais on ne pourrait le traduire qu'en adoucissant certaines expressions, par égard pour les mœurs actuelles (6).

Photius observe que le style de saint Clément est fleuri, élégant et sublime dans le Pédagogue et dans l'Exhortation aux gentils, quoique sa diction ne soit point parfaitement pure. Nous avons observé que le style des Stromates avait quelque chose de plus dur que celui des autres ouvrages du saint docteur. Mais on admire dans tous une vaste érudition. Saint Jérôme appelle saint Clément le plus savant des écrivains ecclésiastiques (7). Théodoret (8) dit qu'il surpassait tous les autres par l'étendue de ses connaissances. Saint Alexandre de Jérusalem et les anciens auteurs font de grands éloges de la sainteté de sa vie.

Saint Clément mourut à Alexandrie, avant la fin du règne de Caracalla, qui fut assassiné en 217. On ne trouve

(6) Photius, cod. 109, donne un extrait de plusieurs erreurs qui se trouvent dans un livre de saint Clément, intitulé Hypotyposes. Nous n'avons plus qu'un fragment de cet ouvrage, sous le titre d'Extrait de la doctrine orientale de Théodote (de Palestine). L'écrit dont il s'agit avait été corrompu par les hérétiques, suivant Photius. Saint Clément copiait aussi quelquefois les sentimens des philosophes et de quelques autres auteurs, sans cependant les adopter ou les approuver. Ceci a diminué le poids de son autorité dans les points de doctrine: mais il est certain qu'il a vécu et qu'il est mort dans la communion de l'Eglise, et qu'il condamnait toutes les hérésies qu'elle avait proscrites.

(7) Cat. et ep. ad Magn.

(8) Hæret. Fab. 1. 1 c. 8.

point son nom dans le martyrologe romain; mais il est dans celui d'Usuard, qui a été long-temps en usage dans la plupart des églises de France. Benoît XIV a fait une savante dissertation (9), pour prouver qu'il n'y a point de raison suffisante d'insérer son nom dans le martyrologe romain; mais l'autorité de plusieurs calendriers, et l'exemple des hagiographes, nous ont déterminés à donner ici sa vie. Il est nommé en ce jour dans le martyrologe de l'église de Paris, qui est le même que celui d'Usuard, mais avec des additions (10).

Voyez Tillemont, t. III; Ceillier, t. II; Jean Potter, évêque d'Oxford, puis archevêque de Cantorbéry, dans sa belle édition des œuvres de saint Clément d'Alexandrie, avec des notes, imprimée à Oxford en 1715, t. I, p. 1; t. II, p. 10, 40 et seq. Voyez aussi les œuvres du Saint, réimprimées à Venise er 1758, sous ce titre, Clementis Alexandrini Opera recognita per Joan. Potterum Episc. Oxon. adjectis quæ Fabricius ediderat ad Calcem Operum S. Hippolyti fragmentis, et præfixá Clementis vitá ex Baillet latinè versá per doctorem Maso.

(9) Elle est à la tête du martyrologe romain qu'il donna en 1749, et il l'adressa en forme de bref au Roi de Portugal.

(10) Le P. Sollier, un des continuateurs de Bollandus, observe, dans son édition du martyrologe d'Usuard, not. 16, p. 720, que les nomɔ de Clément d'Alexandrie et de Mélèce ne se trouvent dans aucun calendrier antérieur à Usuard; mais il marque en même temps sa surprise de ce que les éditeurs du martyrologe romain se sont fait un scrupule de nommer le premier. Voyez aussi Henschénius, t. VI, Maïï, p. 777. Dans quelques-unes des dernières éditions d'Usuard, la fête de saint Clément est marquée au 19 Décembre. (Voyez Sollier, ibid. p. 753.) Il est loué pour l'universalité de ses connaissances dans celle de D. Bouillart. Le docte Bénédictin a donné le vrai martyrologe d'Usuard, d'après un ancien manuscrit de Saint-Germain-des-Près, monastère où l'auteur écrivait en 863. Ce manuscrit, qu'on regarde comme la copie originale d'Usuard, est chargé de corrections faites de la même main (*).

(*) Voir ci-dessus t. XV, p. 213.

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S. MARUTHAS, ÉVÊQUE EN MÉSOPOTAMIE.

Vers l'an 449.

S. MARUTHAS, un des plus illustres docteurs de l'église syrienne, fut élevé sur le siége épiscopal de Tagrite ou Martyropolis, en Mésopotamie, province alors soumise à l'empire d'Occident, quoique située sur les frontières de la Perse. Il composa les actes des martyrs qui souffrirent dans la persécution de Sapor, laquelle dura depuis l'an 340 jusqu'à l'an 380. M. Etienne Assémani a retrouvé une partie de cet ouvrage, qu'il a publié en 1748. Le saint évêque composa aussi des hymnes en l'honneur des martyrs, et sur plusieurs autres sujets. Elles ont été insérées avec celles de saint Ephrem dans l'office chaldaïque que récitent les maronites, les jacobites et les nestoriens. Il recueillit les reliques de plusieurs martyrs de Perse, et les distribua dans l'empire romain, afin d'attirer sur ceux qui en étaient possesseurs, les bénédictions du Ciel.

Il fit un voyage à Constantinople en 411, afin d'engager l'Empereur Arcade à recommander les chrétiens à Isdegerde, qui était monté sur le trône de Perse dix ans auparavant. Mais les divisions qui régnaient à la cour, et qu'occasionnait l'injuste persécution suscitée contre S. Chrysostôme, rendirent ses démarches inutiles. Il crut donc devoir retourner en Mésopotamie. L'année suivante, il fit un second voyage à Constantinople. Saint Chrysostôme le recommanda à la veuve Olympiade, et la pria de l'assister en tout ce qui dépendrait d'elle, désirant qu'il obtint ce qu'il sollicitait en faveur de l'église de Perse, pour laquelle il témoignait un grand zèle (1).

(1) S. Chrysost. ep. 14.

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